Vincent van Gogh, homme de lettres (07/11/2011)

 

 

Les ouvrages de Wouter van der Veen

sur Vincent van Gogh

 

 

En 2007, Wouter van der Veen a soutenu une thèse intitulée Van Gogh, homme de lettres. Littérature dans la correspondance de Vincent van Gogh. On peut lire ICI l’intégralité de ce travail qui s’intéresse aux nombreuses lectures du peintre qui fait partie des plus grands écrivains d’expression néerlandaise du XIXe siècle.

 

 

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Vincent van Gogh, Lettres, Actes Sud, 2009

 

 

EXTRAITS

 

« Le présent essai a pour objet le rapport entre Van Gogh et ses lectures, dans le cadre de son évolution spirituelle et intellectuelle, et dans les limites de ce qu’il mentionne dans sa correspondance. […] Cette étude tente donner une vision complète et approfondie de Van Gogh tel qu’il se profile à travers les références littéraires dans sa correspondance : un homme passionné de littérature, à la recherche de textes applicables à sa propre réalité, puisant dans ses lectures des idées, du divertissement et du soutien moral. Plutôt que de chercher à savoir ce qu’il avait pris dans la Bible, puis dans Michelet, puis dans Zola, l’étude présente s’interroge sur ce que ces textes et auteurs ont en commun, faisant la démonstration d’une continuité étonnante. L’analyse de la matière littéraire assimilée (ou rejetée) par Van Gogh permet de mieux comprendre quels étaient les moteurs essentiels de sa pensée, au-delà de tout paradigme prédéfini. »

 

CouvVanderVeen.png« Ses lectures reflètent fidèlement ses préoccu- pations et ses centres d’intérêt ; elles contribuent à nourrir ses réflexions, et fournissent les appuis nécessaires pour justifier ses actes les plus discutables. La littérature lui paraît aussi importante que la peinture. Elle l’a formé, influencé, et rassuré sur sa propre originalité. Cependant, Van Gogh, grand réfractaire au sens critique toujours en alerte, ne se laisse pas impressionner par n’importe quel texte. Son enthousiasme, qu’il cultive, ne l’aveugle pas. Il gère attentivement l’influence que ses auteurs de prédilection peuvent avoir sur lui. Il aime les rebelles, les intransigeants, les actions claires, les écritures simples et viriles. Les livres qu’il lit sont le reflet de sa personnalité. Ceux qui le caractérisent le mieux sont La Case de l’oncle Tom, de Beecher-Stowe, A Christmas Carol, de Dickens, Les Misérables, de Victor Hugo, Germinie Lacerteux, des Goncourt, et enfin Tartarin de Tarascon de Daudet. Des livres qui lui parlent d’humanité, du quotidien, et enfin de ses rêves. Les personnages de ces livres sont ceux qu’il rencontre et qu’il aime. Ce sont également des personnages auxquels il s’identifie : souvent seuls contre tous, opprimés, sensibles, attendrissants et incompris. »

 

CouvVanderVeen1.jpg« Le français, sous la plume du peintre, devient un terrible champ de bataille où s’af- frontent une volonté de correction, née de sa passion pour la culture française, et un besoin intransigeant d’expri- mer ce qu’il estime nécessaire de l’être. Les forces sont inégales. La volonté d’expres- sion l’emporte toujours sur le désir de correction grammaticale, même si cette dernière ne s’avoue jamais vaincue. Le déséquilibre perpétuel qui s’installe ainsi entre signifiant et signifié donne naissance au sens dans la prose française de Van Gogh. Dans cette optique, il n’est plus étonnant de constater que Van Gogh néglige les éléments les moins signifiants du français – la ponctuation, l’accentuation, les signes graphiques formels comme les traits d’union et les cédilles – et qu’en même temps il s’acharne infructueusement à maîtriser l’imparfait du subjonctif – qui témoigne d’un niveau de langage élevé, dont l’utilisateur appartient naturellement à une certaine forme d’élite.

« Les puissants effets de style que Van Gogh atteint par endroits dans sa prose résultent presque toujours d’un abandon des conventions syntaxiques, au profit d’une juxtaposition de termes épurée d’une bonne partie des éléments non-signifiants de la langue. Ce mécanisme, qu’on observe autant dans son recours fréquent au style télégraphique que dans ses nombreux sauts abrupts d’une idée à l’autre, sans transition, est une des composantes essentielles de son langage. Ce qui paraît à première vue abscons et désordonné est pour une grande partie le résultat d’une sélection drastique opérée systématiquement dans ce domaine peu ouvert auxinitiatives personnelles qu’est la langue française. ‘‘En tant que quant à moi’’ est sans doute la formule qui caractérise le mieux le langage de Van Gogh : académiquement, c’est parfaitement incorrect ; au niveau de la puissance et de la signification, c’est tout à fait éloquent. »

 

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Dans un ouvrage plus récent, Wouter van der Veen revient, en collaboration avec Peter Knapp, sur les 70 derniers jours de Vincent van Gogh à Auvers-sur-Oise : 

  

  

Vincent van Gogh s’installe le 20 mai 1890 à Auvers-sur-Oise, et passe les soixante-dix derniers jours de sa vie dans la petite Auberge Ravoux. En deux mois, il peint presque autant de tableaux que Klimt en toute une vie. Ce livre réunit pour la première fois l’ensemble de ses dernières œuvres, et les met en regard avec les lettres, souvent illustrées, qu’il a écrites à son frère Theo, à sa belle-sœur Johanna, à sa famille et à ses amis. En étudiant de près cette correspondance, ainsi que d’autres documents inédits, Wouter van der Veen met aussi en évidence, pour la première fois, le rôle de Johanna Bonger dans la reconnaissance de l’œuvre de Van Gogh.

Cet ouvrage contient le fac-similé du brouillon d’une lettre à Theo, que Vincent van Gogh portait sur lui le jour de son suicide.

 

 

LES AUTEURS

Co-fondateur des éditions Arthénon, docteur ès lettres et historien d’art, Wouter van der Veen est conseiller scientifique du Musée Van Gogh d’Amsterdam, enseignant à l’Université de Strasbourg et directeur délégué de l’Institut Van Gogh d’Auvers-sur-Oise.

De 1999 à 2009, il a fait partie de l’équipe de chercheurs qui a examiné les lettres de Vincent van Gogh dans le cadre de l’édition de la correspondance complète et critique de l’artiste. Il est l'auteur, entre autres, de Van Gogh, A Literary Mind (Musée Van Gogh/Waanders, Amsterdam/Zwolle, 2009), de Dans la chambre de Vincent (Éditions Desmaret, 2004), ainsi que des commentaires du film Derniers jours à Auvers (Productions Camera Lucida, 52’, 2007) de Peter Knapp.

 

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Mathieu Wernet. Peintures, éd. Arthénon

 

Plasticien, photographe, directeur artistique et cinéaste de renommée mondiale, concepteur de la collection Profil des Arts aux Éditions du Chêne, Peter Knapp a été deux fois récompensé du prix du Meilleur livre d’art de l’année (pour Giacometti, et Lumières de Chartres). En 2007, il a réalisé le documentaire Derniers jours à Auvers, puis, en 2009, coréalisé avec François Bertrand un documentaire Imax, Moi, Van Gogh.

Résolument centré sur le travail du peintre, ce dernier film est un voyage inédit, en très grand format (70 mm), au cœur de l’œuvre de l’artiste, une plongée dans son univers et ses créations, qui s’éloigne du cliché pour nous rapprocher de l’homme. À l’origine du projet Vincent van Gogh à Auvers, Peter Knapp en a, avec talent et passion, assuré la direction artistique. Également professeur à l’Académie Julian et enseignant à Sciences-Po, Peter Knapp a analysé les aspects chromatiques et la méthode de Van Gogh à travers son parcours professionnel.

 

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édition anglaise de Vincent van Gogh à Auvers,

éd. Monacelli Press

 

 

 

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