Michel Bartosik (20/02/2009)
Famille écrite
Disparu le 1er février 2008 à l’âge de 59 ans, Michel Bartosik laisse six recueils de poésie ainsi qu’un grand nombre d’essais et de critiques. Membre d’un groupe d’une douzaine de poètes anversois dont quelques dandys, les Pink Poets (1972-1982), collaborateur des revues Hand, Impuls et Impuls/De tafelronde, il a cosigné en 1975 un manifeste en faveur d’une poésie axée sur la langue et non sur l’anecdotique tout en renvoyant à la tradition maniériste des XVIe et XVIIe siècles. Durant les dernières années de sa vie, Bartosik a donné de très belles contributions sur la poésie dans De leeswolf et Poëziekrant, faisant partager avec tact son amour de certaines œuvres contemporaines ou plus anciennes. Cet homme discret, dont l’œuvre est restée confidentielle, a vu son dernier recueil Geschreven familie (Famille écrite, Gand, PoëzieCentrum, 2003) couronné par une prestigieuse distinction littéraire. Très exigeant à l’égard de sa propre œuvre, retravaillant sans cesse ses créations avant de les publier, il reniait plus ou moins la première moitié de sa production. Polyglotte, il a laissé de rares vers en français ou encore en anglais. Nous proposons ci-dessous la traduction de deux poèmes de Geschreven familie.
La chair fondante d’une pêche
qui se fait jus (quand quelqu’un
près de toi en dépouille le velours),
morceaux émiettés de ton pain
et mie humectée dans la bouche gorgée
après gorgée la dernière chose
que nous ayons imaginée ensemble, un repas
à étaler sur des heures, expectative du pauvre,
désarroi d’enfants, à tes lèvres
on a porté le jour suivant l’eau
glacée tu l’as repoussée
toile de Louisa Chevalier
La porte refermée, vient
la délicatesse des fruits.
Deux mains apeurées les ont disposés
au soleil, derrière les vitres.
Un pouce, le soir, sépare
en évitant de trop trembler
la blettissure du pourri.
Quelqu’un, quelque part, rêve encore, goûte
le geste avec lequel tu soulèves d’entre eux
le plus petit, mastiques, jusqu’à l’exténuation, une chose
trop sèche
traduction D. Cunin
Œuvres poétiques
Omtrent vos Reynaert 3 (À propos de Maître Renart 3, en collaboration avec Peter Bormans, Geert Currinckx et Freddi Smekens, 1968)
Linguïstiek (Linguistique, 1975)
De verzamelnaam der eenzaamheid (Le nom générique de la solitude, 1976)
Rigor mortis (1980)
Sunt lacrimae (1990)
Geschreven familie (Famille écrite, 2003)
addendum : en 2013, le PoëzieCentrum de Gand a réuni l’ensemble de l’œuvre poétique de M. Bartosik sous le titre Schroomruil
éd. Koen Van Baelen, Peter Bormans, Anneleen De Coux, Matthijs de Ridder ; postface Erik Spinoy
Merci à Louisa et à Koen
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