Contes de filles en fleurs (17/08/2010)
Un recueil de contes de Marita de Sterck
Anthropologue et romancière, l’Anversoise Marita de Sterck parcourt depuis quelques dizaines d’années le monde et les livres à la recherche de contes qui évoquent l’entrée des jeunes filles dans l’âge nubile. Les éditions Manteau viennent d’en réunir 60 en provenance des cinq continents : Stoute meisjes overal. Volksverhalen over liefde en lef (Filles intrépides du monde entier. Contes sur l’amour et l’audace).
Ce volume de près de 300 pages au graphisme soigné, destiné à un public d’adolescents, s’ouvre par une préface exposant les thèmes majeurs abordés : l’amour, l’érotisme, la transformation du corps, les rites de passage, les menstrues, le choix du partenaire, la création de l’homme et de la femme... La qualité littéraire des textes est mise en avant et il est vrai que le passage de l’oral à l’écrit qui a constitué une bonne partie du travail est remarquable. Après les cinq parties du livre : Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie, l’auteur a ajouté des précisions sur les choix qu’elle a opérés, sur sa démarche ainsi que sur l’origine de chaque texte. Ceux-ci proviennent pour une part d’ouvrages publiés en différentes langues (Gérard Meyer, Veronika Görög-Karady, Suzanne Lallemand, E. Jacottet…), mais ils sont proposés dans des versions parfois enrichies, le reste étant le fruit des recherches menées par Marita de Sterck elle-même (auprès de Touaregs, d’habitants du Congo, de Trinité-et-Tobago, de l’Amazonie, d’Inde, de Roumanie, du Portugal, de Polynésie, des déserts australiens... et aussi de villages de Belgique). Le livre se termine par une bibliographie et un index thématique.
Naviguant entre le rêve et le cauchemar, ces contes nous permettent de revisiter ceux qui nous sont familiers (Grimm, Perrault, etc.), mais en les peuplant d’organes sexuels placés aux endroits les plus insolites, d’animaux qu’on ne s’attend pas forcément à croiser – beaucoup de serpents certes, mais aussi des tapirs, des dauphins, des araignées… – et en y glissant des scènes graveleuses, crues, voire cannibalesques. Le chaperon rouge a seize ans, le loup ne parvient pas à manger la grand-mère en une fois ; or voilà que la jeune fille commence à avoir faim... Quelques titres suffiront à donner une idée du dépaysement qui attend le lecteur et les lectrices intrépides : « La fille qui rejeta tous les garçons pour épouser un lion », « Au temps où les pénis poussaient encore sur les arbres », « Comment le vagin a fini par trouver sa place », « Le coyote qui épousa sa propre fille », « Le dauphin rose qui suivit la fille qui perdait son sang », « Serpent le jour, homme la nuit », « La princesse qui épousa un cochon »… Une suite de voyages et un régal de lecture !
Daniel C.
Il existe une édition pour les adultes : Bloei. Zestig volksverha- len uit de hele wereld die van meisjes vrouwen maken. (En fleurs. Soixante contes du monde entier qui font des filles des femmes). Elle présente en réalité exactement le même contenu que celle proposée aux plus jeunes.
01:14 | Lien permanent | Tags : contes, flandre, afrique, asie, érotisme, nubilité, perrault | Facebook | Imprimer |