Hiver hollandais (26/08/2010)
Un poème d’Anna Enquist
Romancière qui conquiert de plus en plus de lecteurs en France grâce aux traductions publiées aux éditions Actes Sud, Anna Enquist a aussi à son actif un certain nombre de recueils de poésie. Si l’ine- xorable écoulement du temps et la relation mère-enfants forment la toile de fond d’une grande partie de ces poèmes – plus encore depuis la mort accidentelle de sa fille en 2001 –, d’autres reflètent son amour de la musique ou portent sur des sujets « légers », par exemple… le football, une autre de ses passions. Enquist se produit souvent tant aux Pays-Bas qu’au-delà des frontières avec Ivo Jans- sen; tandis qu'elle lit certaines de ses œuvres, le pianiste interprète des pièces de Chopin, Schumann, Debussy... Leur collaboration a débouché sur la publication de deux petits volumes de poésie accompagnés d’un CD. Quelques poèmes d’Anna Enquist ont paru en traduction française dans la revue Septentrion (n° 1, 1996; n° 2, 2001; n° 3, 2003; n° 1, 2009), dans l'anthologie Le Verre est un liquide lent (Farrago, 2003) ou encore dans Europe, n° 909-910, 2005. Celui qui suit, bien que très court, restitue tout un univers de sensations, de sons, d’impressions visuelles, familier à tout Hollandais. Les onze villes dont il est question sont une allusion au quasi mythique Elfstedentocht.
WINTERDAG
Mijn zoon was zeven jaar; zijn schaatsen
waren veel te groot. Wij zagen vissen en
een kikker onder ijs, suisden langs riet,
langs elf verzonnen steden, aten bevroren
chocola en zaten op de wal. Wij vonden
in het veen een potscherf. Heel de wereld
lag helder en droog aan onze voeten.
JOUR D’HIVER
Mon fils avait sept ans ; ses patins étaient bien trop grands. On a vu sous la glace des poissons, une grenouille, rasé roseaux et cités imaginées, onze, mangé du chocolat gelé, on s’est assis sur la terre ferme. Dans la tourbe, on a trouvé un tesson de pot. Le monde entier, limpide et sec, s’étendait à nos pieds.
L’œuvre poétique d’Anna Enquist
(la liste ci-dessous comprend plusieurs anthologies)
Soldatenliederen (Chants de soldats), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1991.
Jachtscènes (Scènes de chasse), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1992.
Een nieuw afscheid (Un nouvel adieu), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1994.
Kerstziekte (Maladie de Noël), gravure sur bois C. Andriessen, Apeldoorn, De Witte Mier, 1994 [édition bibliophilique].
Voel je de wind? (Tu sens le vent ?), Amsterdam, Thomas Rap, 1995 [édition bibliophilique].
Klaarlichte dag (Plein jour), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1996.
De gedichten, 1991-2000 (Les Poèmes, 1991-2000), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2000.
De tweede helft (La Deuxième mi-temps), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2000.
Hier was vuur: gedichten over moeders en kinderen (Ici un feu brûlait. Poèmes sur les mères et leurs enfants), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2002.
De tussentijd (L’Intervalle), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2004.
Alle gedichten (Tous les poèmes), De Arbeiderspers, 2005.
Kerstmis in februari: de vroege gedichten (Messe de Noël en février : premiers poèmes), Amsterdam, Singel Pockets, 2007.
Drie gedichten, (Trois poèmes), litho Sam Drukker, Hilversum, Uitgeverij 69, 2007 [édition bibliophilique].
Nieuws van nergens (Nouvelles de nulle part), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2010.
Recueils en traduction
Ein neuer Abschied (Un nouvel adieu), trad. Gregor Seferens, Munich, Luchterhand, 1999 [édition bilingue allemand/ néerlandais].
The fire was here: poems about mothers and children, traduction et introduction David Colmer, New Milford, CT, Londres, The Toby Press, 2003 [édition bilingue anglais/néerlandais].
« Winterdag » est extrait du recueil Hier was vuur qui rassemble des poèmes paru antérieurement dans De gedichten 1991-2000 et De tweede helft.
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