Total Swarte (26/01/2012)
Jopo de Pojo & C°
« S’il est un artiste de ma connaissance qui mérite d’être qualifié de ‘‘prince parmi les hommes’’, c’est bien Joost Swarte. Prince parmi les hommes des cavernes, en réalité : généreux, affable, il est à l’évidence exempt de cette misanthropie qui affecte tant d’entre nous, auteurs de BD. On peine à croire qu’il fut des nôtres, à présent qu’il s’est épanoui comme designer, architecte et artiste complet. Ce livre pourtant, le premier recueil intégral (et inexcusablement tardif) de ses travaux BD, en apporte la preuve. Difficile de présenter un auteur sans connaître la totalité de sa production. Hormis la traduction anglaise de L’Art moderne et quelques planches parues dans RAW, le magazine fondé par Art Spiegelman et Françoise Mou- ly dans les années 80, j’ai pu décrypter relativement peu d’histoires de Joost. Pour autant, j’ai été à même de lire, étudier, copier, voire plagier quantité de ses dessins ; la démocratie visuelle précise de son approche m’a conduit, en tant que jeune dessinateur, à réfléchir sur la signification de notions comme clarté et lisibilité opposées à confusion et expressivité ; les premières l’emportent nettement sur les secondes. Le lecteur va donc devoir tenir compte du matériau restreint dont j’ai disposé (toutes les traductions n’étant pas disponibles au moment de rendre ce texte) et savourer le fait qu’il découvrira en même temps que moi un grand nombre de ces BD. » À la différence de Chris Ware qui écrivait ces lignes fin 2009, le lecteur français peut donc dorénavant plonger à souhait dans les facéties de Jopo de Pojo et dans bien d’autres créations du maître de la ligne claire qu'est Joost Swarte. L’album Total Swarte rassemble les histoires en bande dessinée du Néerlandais disséminées dans près de vingt publications (Vrij Nederland, Métal Hurlant, Hollands Diep, Furore…).
Le style de Swarte est un mariage exubérant des lignes d’Hergé, de l’humour de Harvey Kurtzman et de la typographie de Cassandre, unis à la perfection sur la même page. Les compositions, qui comprennent le plus souvent des bâtiments, un environ- nement urbain, un paysage futuriste, une topographie délirante, répondent à une exigence stricte, qui s’apparente à De Stijl et sans laquelle il ne pourrait ordonner l’absurde.
Steven Heller
Le travail de Swarte nous impressionne par son vocabulaire graphique. Dans nos villes crues et vulgaires, la limpidité de son dessin saute aux yeux. Il désenlaidit les choses. J’aime Joost Swarte : il ne bavarde pas, il a quelque chose à dire.
Roman Cieślewicz
Parmi les bédéistes, Joost Swarte est à mes yeux le plus littéraire tout en étant un maître incontesté lorsqu’il s’agit de restituer l’architecture et les impres- sions d’espace.
Rudy Kousbroek
Joost Swarte allie une intelligence visuelle raffinée à un réel sens de l’humour et du récit. Il se livre à des expériences dans le cadre d’une tradition, cherchant des solutions à la fois audacieuses et simples.
Art Spiegelman
Il y a dans ce regard une part énervée, une part ravie, mais il est toujours jubilatoire. Swarte s’approprie les éléments de la vie moderne urbaine, il en fait des jouets tendres ou monstrueux, comme un enfant qui philosopherait, découvrant, un peu ahuri, un monde un peu absurde.
Christian de Portzamparc
Entretien avec Joost Swarte (néerlandais sous-titres anglais)
Joost Swarte, en français
Joost Swarte, Total Swarte, Denoël Graphic, 2012, préface de Cris Ware,
traduction Lili Sztajn & Corinne Julve (anglais) & Daniel Cunin (néerlandais),
144 pages (titre original : Bijna Compleet)
Survol en images...
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