Poème au roi Guillaume II (20/03/2016)
Hommage à un grand collectionneur
Voici deux ans, à travers l’exposition « Une passion royale pour l’art », les villes de Saint-Pétersbourg, Dordrecht et Luxembourg ont rendu hommage à l’un des plus grands couples de collectionneurs d’art du XIXe siècle, le roi Guillaume II (1792-1849) des Pays-Bas et son épouse, fille et sœur de tsars, Anna Pavlovna (1795-1865). Ce roi, le traducteur et poète Auguste Clavareau – présenté ailleurs sur flandres-hollande, mais absent semble-t-il de l’Histoire des traductions en langue française. XIXe siècle (Verdier, 2012) – l’a célébré lors de sa disparition. Bien que né à Luxembourg et de confession catholique, il s’est rallié à la famille royale de son pays d’adoption. Le poème ci-dessous est l’une des nombreuses œuvres de circonstance témoignant de son attachement à la Maison d’Orange-Nassau.
Une passion royale pour l’art
Guillaume II des Pays-Bas et Anna Pavlovna
catalogue de l’exposition à la la Villa Vauban (12/07/14 - 12/10/14)
sous la direction de Sander Paarlberg et Henk Slechte
Zwolle, WBOOKS, 2014.
GUILLAUME II,
AU TOMBEAU ROYAL DE DELFT
Cessez vos chants de deuil, Peuples, faites silence !
Qu’on n’entende en ces lieux que le bruit des sanglots.
Le funèbre convoi vers la tombe s’avance :
La Néerlande a perdu son père, son héros !
Guillaume-Deux n’est plus !... Cette tête si chère,
Qui n’a pu de la mort conjurer les rigueurs,
Va reposer auprès de son illustre père,
Et Delft ouvre ses murs à l’objet de nos pleurs.
Le voilà ce Monarque aimé d’un peuple brave !
Sous le linceul, il dort du suprême sommeil !
Le voilà l’héritier du grand nom de Batave,
Qui de la liberté nous rendit le soleil !
Suivons, pleins de respect, le char des funérailles ;
Que nos pleurs recueillis montent vers l’Éternel !
À ces restes sacrés, échappés des batailles,
Dans nos cœurs ulcérés dressons tous un autel.
À genoux, Néerlandais, devant l’Être des Êtres !
Prions ! au Roi des Rois offrons notre douleur ;
Prions, pour que le sol fécondé par nos ancêtres
Prospère encore en gloire, en vertus, en grandeur !
Prions, un nouveau règne en ce moment commence.
Au milieu des États qui s’écroulent partout,
La Néerlande est en paix et maintient sa puissance ;
En face des écueils la Néerlande est debout.
Dans ces jours orageux qui fut l’appui du trône ?
Qui lui donna la force et défendit ses droits ?
C’est l’amour pour le front qui portait la couronne.
L’attachement du peuple est la garde des Rois.
Son fils nous l’a promis, il suivra son exemple ;
Car le sang des Nassau fait palpiter son cœur.
Sur son trône affermi l’univers le contemple
Et sur lui la Patrie a placé son bonheur.
Entends-nous, ô grand Dieu ! daigne, dans ta sagesse,
En protégeant le Sceptre exaucer notre espoir ;
C’est à toi qu’aujourd’hui notre douleur s’adresse ;
Que nos vœux accomplis signalent ton pouvoir !
Giillaume-Deux n’est plus ; mais que son ombre amie,
Dans de rudes travaux aide et guide son fils ;
Qu’elle éclaire ses pas ; et, comme un bon génie,
Qu’elle veille des Cieux sur notre heureux pays !
Et Vous, ô noble Reine, ô veuve inconsolable,
Qui pleurez un époux arraché de vos bras,
Vous n’auriez pas subi le coup qui vous accable
Si nos cœurs avaient pu le sauver du trépas ! !...
Silence ! De nos Rois s’ouvre la tombe auguste !
Adieu, Guillaume, adieu, pour la dernière fois,
Dors près de tes Aïeux ; dors du sommeil du juste !...
Peuple, Dieu l’a voulu ! — Vive Guillaume-Trois !
Maestricht, 25 mars 1849
Courrier du Grand-Duché du Luxembourg, 4 avril 1849
Un aperçu de l’exposition « Une passion royale pour l’art »
telle qu’elle s'est tenue à Dordrecht
14:25 | Lien permanent | Tags : guillaume ii des pays-bas, anna pavlovna, auguste clavareau, poésie, traducteur, peinture, maastricht, russie, dordrecht | Facebook | Imprimer |