Le Slalom soft (25/09/2009)
LE NOUVEAU RECUEIL
DU POÈTE FLAMAND Paul BOGAERT
À travers 29 séquences réparties en 5 volets (précédés ou non d’un argument), le Slalom soft nous entraîne sur les toboggans d’un centre de loisirs aquatique ou encore sous une immense cloche de verre qui abrite un système écologique fermé.
LA QUATRIÈME
L’Année du Bouillon. Au bureau, l’atmosphère est tendue. On doit inventer des noms alors que la climatisation ne marche pas comme elle le devrait. Au paradis aquatique règnent effervescence et enthousiasme, en particulier dans les toboggans. Jusqu’au moment où le maître-nageur rencontre des problèmes. Des noyés et des coachs personnels l’interrogent. Il tente de se concentrer. Mais le niveau a baissé. Le mal est fait.
Dans le Slalom soft, Paul Bogaert se focalise sur le travailleur qualifié qui s’active dans sa cloche de verre surchauffée ; dès qu’on l’appelle pour un excrément, il se précipite de-ci de-là « selon la grotesque chorégraphie à la longue épuisette ».
En fonctionnaire, quelqu’un viendra me cueillir
comme sur l’écran d’une série.
On sera bien surpris
de me voir en sortir gommé.
Abstraction faite de cela (revoilà ce gland, licencie-le)
j’entends une sirène,
le gyrophare caresse les façades sans doute
comme l’autre fois, tu te souviens, il s’agissait de faire évacuer
Le Je sais Tout.
Long poème d’un tenant, le Slalom soft se laisse scinder en courtes unités avant de se reformer en un ensemble qui risque à tout moment de se rompre sous vos pieds.
UN POÈME
Tu mens puis filtres
Tu mens puis filtres
l’accessoire, le commentes
l’humectes le tires le tends
et dans l’évocation des faits bien entendu le tisonnes.
Accessoire qui
rond et sensible aux majuscules
traîne alors dans les conclusions comme s’il
exploitait ce hotspot in.
Ou bien tu mens puis tombes dans l’habituel
dans l’explication bouche bée
dans le laborieux flip-flap que l’on voit trop souvent.
le poème en langue originale
L’AUTEUR
Paul Bogaert est né en 1968. En 1996 paraît son premier recueil, WELCOME HYGIENE. Tracassé par un état de surconscience, le poète porte sur lui-même et les autres un regard qui engendre une impression d’étrangeté.
On retrouve ces attitudes mentales et sensorielles exacerbées dans le recueil Circulaire systemen (Systè- mes circulaires, 2002) : Paul Bogaert y explore la fascination qu’il éprouve pour tout ce qui est rotatif. Le système circulaire fermé procure une impression de sécurité, mais aussi de malaise. L’auteur crée, sur un ton pseudo-scientifique, des sortes de machines langa- gières poétiques qui opposent le quotidien au systématique.
Après avoir publié AUB (SVP) en 2006, Paul Bogaert a signé l’essai Verwondingen (Blessures, Centre de Poésie, Gand, 2008) dans lequel il explore les secrets de la poésie en analysant la chanson serbe retenue pour le concours de l’Eurovision en 2007. Son éditeur Meulenhoff/Manteau vient de faire paraître le Slalom soft, son quatrième recueil.
En une dizaine d’années, Bogaert s’est affirmé comme l’une des voix les plus remarquables de la poésie flamande. Le site de l’auteur propose quelques poèmes des différents recueils en traduction française.
des poèmes du slalom soft ont paru dans une traduction de Paul Bogaert & Daniel Cunin dans la revue Deshima, d'autres paraîtront dans Action poétique, décembre 2010 ; une dizaine ont été imprimés dans une plaquette Poètes de Flandre - Paul Bogaert
09:45 | Lien permanent | Tags : poésie, littérature, flandre, belgique, traduction | Facebook | Imprimer |