Deshima, une île, une revue (09/02/2009)
Une jeune revue
Deshima, revue française des mondes néerlandophones
Deshima est la seule revue française consacrée aux pays et territoires relevant - en partie ou totalement - de la néerlandophonie, à savoir les Pays-Bas, la Belgique, l'Afrique du Sud, le Nord de la France, le Surinam, Aruba et les Antilles néer- landaises, la Namibie, l'Indonésie.
Deshima (ou Déjima) était une petite île artificielle dans la baie de Nagasaki au Japon. Les Néerlandais ont eu l’autorisation de s’y installer dès 1641 pour y faire du commerce avec les Japonais. Seule fenêtre du Japon sur l’Occident pendant des décennies, elle a été un lieu d’échanges culturels entre une élite japonaise lisant et parlant le néerlandais et des marchands de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales ainsi que des savants, dont trois ont réalisé des découvertes importantes et ont contribué à faire la richesse de certains musées : Engelbert Kaempfer (1651-1716), Carl Thunberg (1743-1828) et Philipp von Siebold (1796-1866). Cette situation a aussi permis à des Néerlandais, qui ont laissé de nombreux témoignages écrits, de faire une fois l’an le voyage de l’île jusqu’à la capitale.
Quelques écrivains ont choisi Deshima comme cadre d’un roman : Bertus Aafjes (1914-1993) qui, dans Een lampion voor een blinde (Un lampion pour un aveugle, 1973), conte une aventure du juge Ooka ou encore Nicolaas Berg (pseudonyme de Peter Rietbergen) dont le roman historique Dood op Deshima of: de Weg en de Orde (Mort à Deshima ou : Le Chemin et l’Ordre, 2000) met en scène un médecin néerlandais et son jeune disciple japonais au milieu du XVIIe siècle. Titia, the First Western Woman in Japan (2003) narre de manière romancée l’existence de l’aïeule de l’auteur – le Canadien René Bersma –, une Néerlandaise qui, malgré l’interdiction faite aux étrangères de se rendre au pays du soleil levant, a tenu à accompagner son mari à Deshima, devenant ainsi la première et la seule femme non japonaise (avec ses deux servantes) à fouler le sol de l’île avant l’ouverture du pays au reste du monde. Quant à l’auteur britannique David Mitchell, il prépare un roman historique sur Deshima à la période 1790-1805.
Aujourd’hui, l’île de Deshima est perdue au milieu d’un océan de routes et de buildings, mais des traces du passage des Néerlandais y sont toujours palpables.
Fondée en 2007, la revue Deshima (annuelle) accueille des articles de spécialistes des sciences humaines ou exactes, des textes anciens oubliés ainsi que des nouvelles ou des poèmes d’écrivains d’expression néerlandaise traduits en français (par exemple des nouvelles de Beb Vuyk et de Louis Couperus dans le numéro de 2008). Deux numéros ont paru à ce jour proposant pour le premier un dossier sur le boire et le manger aux Pays-Bas, tandis que le deuxième s’intéresse à « la Hollande, radeau submergé par les vagues ». Le troisième qui sera publié au printemps 2009 portera sur l'anthropologue J.P.B. de Josselin de Jong ainsi que sur certains savants nordiques et leur approche des Indes néerlandaises.
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