Le poète Guillaume van der Graft (24/03/2014)
Parler à l’eau lente
Guillaume van der Graft (pseudonyme de Willem Barnard, Rotterdam 1920 – Utrecht 2010) est un poète et prosateur néerlandais. Auteur d’une bonne trentaine de recueils, il a réuni, au crépuscule de son existence, environ 300 de ses poèmes dans Praten tegen langzaam water. Gedichten 1942-2007. Een keuze (Parler à l’eau lente. Poèmes 1942-2007. Un choix, éd. de Prom, 2007, avec CD). De même, il a opéré une sélection parmi les milliers de pages de son Journal : Een dubbeltje op zijn kant. Dagboeken 1945-1978 (2005) et Anno Domini. Dagboeken 1978-1992 (2004), puis, en 2009 : Een zon diep in de nacht. De Verzamelde Dagboeken 1945-2005 (Un soleil tout au fond de la nuit. Journaux 1945-2005). Issu d’un milieu modeste, il a fait des études de littérature et de théologie. Pasteur de l’Église réformée néerlandaise (Nederlandse Hervormde Kerk) jusqu’en 1975, il a contribué à l’établissement de l’édition du Liedboek voor de Kerken (1973) et publié des études relevant de son ministère et plus largement de sa soif de saisir l'indicible.
Parallèlement, il n’a cessé d’édifier son œuvre littéraire, collaborant à diverses revues, publiant quelques pièces de théâtre ou encore le compte rendu de ses voyages en Angleterre, pays qu'il ché- rissait particulièrement: Papier als reisgenoot (Papier, compagnon de route, 1975). La théologie et la mythologie occupent une place prépondérante dans sa production poétique de même, d’ailleurs, que la sensualité ou encore le thème de l’écriture. Le volume Verzameld vertoog (1989) rassemble une bonne part de ses études et réflexions. Des ouvrages comme Stille omgang (1992), qui propose une méditation très personnelle sur la Bible, et Orthodox of niks (Orthodoxe ou rien, 2008), ainsi que divers essais sur la poésie, concilient fibre artistique et curiosité de l’homme religieux après que Willem Barnard fut devenu membre de l’Église vieille-catholique.
Guillaume van der Graft était le père de l’écrivain Benno Barnard.
Dit schrijf ik onderweg
gaandeweg onderweg naar een ergens
zo elders dat het ook wel nergens wordt genoemd
uitersten gaan elkaar vinden,
zenit en nadir, noord nadert zuid
en de voorraad wereld vermindert
ik heb niet geschreven wat ik weet
wat ik niet wist heb ik geschreven.
Ceci je l’écris chemin faisant
peu à peu en chemin vers un quelque part
tellement autre part qu’on l’appelle parfois nulle part
les extrêmes vont se toucher,
zénith et nadir, nord et sud
et la réserve en monde diminue
je n’ai pas écrit ce que je sais
ce que je ne savais pas je l’ai écrit.
Praten tegen langzaam water
Praten zoals regenwater
praat tegen langzamer water,
transfiguratie van drift:
een minnende mond, een beminde,
samenzijn, namen verbinden
met namen, in spiegelschrift
weten hoe anderen heten,
gaan tot de wieg van het licht.
Parler à l’eau lente
Parler comme l’eau de pluie
parle à l’eau plus lente
transfiguration de l’instinct :
une bouche aimante, une bien-aimée,
être ensemble, unir des nommés
entre eux, savoir en écriture
spéculaire le nom des autres,
gagner le berceau de la lumière.
(trad. D. Cunin)
Entretien (en néerlandais) avec Guillaume van der Graft
autre entretien vidéo : ICI
Teruggezongen, in memoriam Guillaume van der Graft, Baarn, Atlanta Pers, 2013 (hommage par 13 poètes)
Dix poèmes de Guillaume van der Graft ont paru en traduction française dans Deshima, n° 7, p. 257-266.
André Troost, Dichter bij het Geheim: leven en werk van Willem Barnard/Guillaume van der Graft, 1998 (l'un des ouvrages consacrés au poète)
20:58 | Lien permanent | Tags : guillaume van der graft, willem barnard, poésie, pays-bas, néerlandais, protestantisme, hollande, littérature, traduction | Facebook | Imprimer |