Énumère, énumère
Arjen Duinker, planétaire
Né à Delft en 1956, Arjen Duinker est l’auteur du roman Het moeras (Le marais, 1992) et des recueils de poésie Rode oever (Rive rouge, 1988), Losse gedichten (Poèmes épars, 1990), De gevelreiniger en anderen (Le ravaleur de façades et d’autres, 1994), Het uur van de droom (L’heure du rêve, 1996), Zaap Zaap Kwaririp (1997), Ook al is het niet zo (Même si c’est pas comme ça, 1998), De geschiedenis van een opsomming (L’histoire d’une énumération, 2000), Misschien vier vergelijkingen (Peut-être quatre comparaisons, 2002), De zon en de wereld (Le Soleil et le Monde, 2003, poème pour 2 voix avec CD), De zon (Le Soleil, 2003), Zeester: Kwartet voor twee stemmen (Étoile de mer : Quatuor pour deux voix, 2007), et, avec Karine Martel, de En dat? Oneindig (Et cela ? Infini, 2005). Des anthologies de son œuvre ont paru en anglais, français, italien, persan, portugais et russe. Dans le cadre du projet Wereldgedicht (Poème planétaire), son poème « La pierre fleurit » (ci-dessous), publié dans le recueil L’heure du rêve, a été traduit dans près de 250 langues. Arjen Duinker a conçu et publié avec le souffleur de verre Bernard Heesen et la graphiste Désirée Achterkamp deux volumes de l’encyclopédie De wereld van de glasblazer (Le monde du souffleur de verre). Il a par ailleurs réalisé plusieurs projets (lectures, publications…) avec le poète Yang Lian.
Arjen Duinker, juillet 2003
La pierre fleurit
La pierre fleurit.
La pierre qui ne saurait fleurir,
Mais comme elle fleurit !
Elle a des fleurs multicolores.
De la couleur des nuages que la lune éclaire,
De la couleur de tes yeux, mon amour,
Et vives.
De la couleur d’idées gaies,
Multicolores comme des vagues se déroulant à perte de vue.
Comme elle fleurit la pierre,
Comme elle fleurit la pierre qui ne saurait fleurir...
Elle a l’odeur du vent qui disperse les gémissements,
Elle a l’odeur de l’évidence,
Du sang,
Des marrons chauds,
De l’agitation de la rue.
Elle a l’odeur d’une liberté de voir et de sentir
Et charme des papillons chamarrés.
Voilà comme elle fleurit, la pierre,
La pierre qui ne saurait fleurir.
Je m’en reviens,
Je m’en reviens, mon amour, avec l’une de ses fleurs.
(trad. D. Cunin)
le poète dit ce poème dans la langue originale
12ème Festival de poésie de Meddelín
Dans la poésie de Duinker, la pensée s’ordonne selon les modèles coordonnés dont le poète se trouve équipé. De là provient l’absence répétée d’un sujet poétique dans son œuvre : les poèmes semblent naître à la simple demande de la grammaire duinkerienne, de dispositions grammaticales singulières qui occupent la place qui revenait au sujet poétique traditionnel (…). Depuis que j’ai lu le recueil L’histoire d’une énumération, il me plaît de regarder amateurs de poésie et critiques littéraires qui lisent les auteurs in, édités par les éditeurs in, et qui sont de surcroît des amateurs de l’art in, comme des cochons qui prennent plaisir à manger des mandarines de première qualité, conscients de leur importance et de la valeur qu’ils revêtent. Ce qui leur échappe, c’est ce qui les fait exploser une fois qu’ils ont lu la poésie de Duinker.
J.H. de Roder
Arjen Duinker en traduction française
L’histoire d’une énumération (anthologie), Paris, Caractères, 2003.
« 6 poèmes » (avec Karine Martel), Europe, n°925, mai 2006.
« Déviation ; Poème humain ; De toute façon ; De deux l’un ; Tu vois les yeux ; De Bric-à-Brac à Etna », 2004.
« Dix paires d’yeux pour Yang Lian » (poèmes), Neige d’août, n° 10, printemps 2004.
« Six poèmes », Estuaire, n° 117, Outremont, Canada, février 2004.
« Les désirs et les sens (poème à quatre voix) », Po&sie, n° 103, mars 2003.
« Trois poèmes », Estuaire, n° 113, Outremont, Canada, février 2003.
« 5 poèmes », Le verre est un liquide lent. 33 poètes néerlandais, Tours, Farrago, 2003
« La signification de l’eau », Septentrion, n°3, 2001.
« Poèmes », Action Poétique n° 156, 1999.