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  • Francis Jammes à la flamande

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    Voici quelques années, nous avons donné une ébauche de la réception de Francis Jammes dans les terres néerlandophones ainsi que la traduction d’une série d’articles consacrée au poète par un chroniqueur d’expression néerlandaise (voir Cahiers Francis Jammes, n° 2-3). Pour ajouter une page à ce petit tableau, voici la traduction libre, signée par un certain Berten Fonteyne, de « La Vie », poème qui clôt le recueil Ma fille Bernadette (poème d’octobre 1909, publié initialement dans la NRF, 1910, n° 12, p. 440-442). Cette traduction a été publiée dans Pogen. Maandschrift der jonge gedachte in Vlaanderen (Tenter. Mensuel de la jeune pensée flamande), novembre 1923, n° 8, p. 248. Les pages suivantes de ce numéro sont consacrées aux Lettres à sa fiancée de Léon Bloy, sous la plume du journaliste Jan Boon. Éditée à Gand, cette revue confidentielle réunissant des auteurs flamands et néerlandais d’obédience catholique – dont des religieux – a cessé d’exister après le deuxième numéro de 1925 ; neuf avaient paru la première année – en 1923 – et douze en 1924. Nous ne disposons d’aucune information sur le traducteur. (D .C)

     


     

    « Une Vie, une Œuvre » par Paule Chavasse, 13 novembre 2008, France Culture 

     

     

    VAN HET HUIZEKE

     

    Het leven is net ’n heel klein huizeke

    dat staat langs den weg, mijn Bernadetje!

    ’n heel simpel huizeke met grove muren,

    vervuld van eerlijkheid,

    en in welks hof we druivekes plukken

    en hazelnootjes.

    Daarna gaan we heen.

     

    Bekijk ’ns goed dat kleine huizeke

    met zijn miniatuur-pui;

    het is er zoals wij er zijn

    en erover heen schuift haastig het getij.

     

    Wat blijft er wel zo al van dat alles

    als de laatste stonde heeft ingeluid,

    die stonde waarin gelijk een waterstriem

    een geknielde schaduw weent?

    God.

     

    Enkel God blijft dan nog

    God! ’t is te zeggen:

    het grote huis waaruit we nooit zullen heengaan.

    Het huis waar, op de pui,

    de biddende engel, de ogen sluit.

     

    Maar, Bernadetje, terwijl jij in dat leven bent,

    leer het goed hoe dat leven is. -

    Ken het lijk je een les kent die je aandachtig

    tot het einde hebt gevolgd,

    en die je geboeid heeft tot het laatste woord.

     

    En als dan je zacht, gewelfd voorhoofdje

    op zal staren van dat grote boek

    waarin je spelde van het brood dat uit het koren groeit

    en van de wijn die uit de druiven druipt,

     

    dan zul je best begrijpen

    hoe innig lief dat huizeke is;

    dat huizeke langs den weg waarin niets bizonders is

    maar waar er vier hartjes wonen

    je vader, je moeder, je meetje

    en jij.

     

    En kijk ’ns! in onzen ochtend

    welven de hemelen over onze daking

    heel gulden als maagdehonig

     

     


     Georges Brassens chante « La Prière » de Francis Jammes, 1965

     

     

    LA VIE

      

    La vie est comme une petite maison bâtie sur le bord d’un sentier, ô ma Bernadette !

    une maison toute simple aux gros murs honnêtes

    dans le jardin de laquelle on cueille du chasselas et des noisettes.

    Puis l’on s’en va.

     

    Vois la petite maison

    avec son perron.

    Elle est là comme nous sommes là, et la saison avance à grands pas.

     

    Qu’est-ce qui demeure

    de tout cela quand a sonné la dernière heure, celle où comme un filet d’eau une ombre à genoux pleure ?

    Dieu.

     

    Il reste Dieu, c’est à dire la maison

    d’où jamais nous ne sortirons,

    la maison où l’ange en prière sur le perron ferme les yeux.

     

    Mais apprends bien, ô Bernadette, pendant que tu es dans la vie,

    comment elle est, cette vie : sache-la comme une leçon qu’on a suivie

    du bout du doigt et qui t’aura ravie

    jusqu’à la fin.

     

    Et quand ton front si doux et bosselé

    se relèvera du grand livre où tu auras épelé

    le pain qui naît du blé

    et le vin du raisin,

     

    tu comprendras combien la petite maison est chère,

    la maison sur le sentier dans laquelle il n’y a rien d’extraordinaire,

    mais où vivent quatre cœurs : ton père, ta mère, ta grand’mère et toi.

     

    Et voici que le ciel

    doré comme le miel

    après notre réveil

    s’élève sur le toit.

     

    Francis Jammes

     

     

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