Jan Arends, le fou écrit
(La Haye 1925 - Amsterdam 1974)
Jan Arends, dessin de Rik Hagt
Fils d’une orpheline, lui-même enfant non reconnu - du moins a-t-il prétendu tout cela et bien d’autres choses pour tromper son lecteur -, Jan Arends a mené une vie de solitaire ponctuée de plusieurs internements en asile. Ces séjours comme ses obsessions masochistes lui inspireront un magnifique texte en prose, Keefman (1972), monologue d’un aliéné qui s’adresse à son psychiatre (dont il existe une traduction de J. Arons sous le titre Monsieur Roquet dans Le Fou parle, revue trimestrielle d'art et d'humeur, n° 28, juin 1984, p. 29-37). Ce texte a été adapté pour la scène tandis que la vie de l’écrivain a été portée à l’écran.
Son œuvre restreinte (moins de 500 pages) se compose en partie de poèmes « télégraphiques » dans lesquels domine l’incapacité de vivre : « Même / la caresse d’une main / me fait / mal ». Son premier recueil porte en exergue cette mention en français : de quelques petits mots / que les autres n’ont pas. Jan Arends s’est défenestré le 21 janvier 1974, le jour de la parution de son second recueil.
1965 Gedichten (Poèmes)
1972 Keefman (Keefman)
1974 Lunchpauzegedichten (Poèmes à l’heure du lunch)
1974 Ik had een strohoed en een wandelstok (nouvelles, posthumes)
1975 Nagelaten gedichten (Poèmes posthumes)
1984 Verzameld werk (Œuvres complètes)
plusieurs rééditions assez récentes
Witte Dieren (Animaux blancs, 2010), court métrage de Marius Bruijn
basé sur une courte prose de Jan Arends
Illustration d’Olivier Besson pour Monsieur Roquet
un poème sans titre de Jan Arends,
tiré de son premier recueil, repris dans OEuvres complètes,
éd. Thijs Wierema, préface Koos van Weringh,
Amsterdam, De Bezige Bij, 1994, p. 329.
Ik ben Je suis
de dorst la soif
van het water. de l’eau.
De vrouw La femme
met de harde mond à la bouche dure
de steen la pierre
die een zoon qui doit accoucher
moet baren. d’un fils.
De waarheid La vérité
van het weten du savoir
met het denken au penser
van een dier. d’animal.
En daarom C’est pourquoi
zijn mijn handen mes mains sont
sprookjes des contes de fées,
en strelend ijzer, du fer qui caresse,
gras en paarden de l’herbe, des chevaux
en witte bloemen. et des fleurs blanches.
Ik ben Je suis
de honger la faim
van voedsel, de la nourriture,
ik ben je suis
de dorst la soif
van het drinken, du boire,
ik ben je suis
het drinken le boire
van water. de l’eau.
(trad. Daniel Cunin)
Hans Keller parle de Jan Arends
(quelques images et propos du poète)
la biographie écrite par Nico Keuning, 2003