POÈTE NATIONAL
Lieke Marsman
Tous les deux ans, on désigne aux Pays-Bas un poète national chargé d’insuffler vie à différents projets et de publier un certain nombre de poèmes reflétant notre époque. En ce 21 janvier 2021, c’est Lieke Marsman qui prend la relève. De cette jeune femme gravement touchée par la maladie, des poèmes ont paru en traduction dans l’anthologie Poésie néerlandaise contemporaine, édition bilingue, Le Castor Astral. En français, on peut également lire le roman Le Contraire d’une personne, paru aux éditions Rue de l’Échiquier en 2019, lequel comprend d’ailleurs quelques poèmes. En voici deux autres encore inédits en français. Les originaux figurent dans Man met hoed (Homme au chapeau), volume qui regroupe les premiers recueils de Lieke Marsman.
Lieke Marsman sur France Culture (2019)
Le nouveau recueil de Lieke Marsman, In mijn hand (Dans ma main), 2021, éditions Pluim
Je n’en veux à personne
Se donner à autrui a pour conséquence :
on veut être cet autre, celui-là même
qui nous obtient. La solitude est, non un sentiment,
mais une suite d’actes : notre main
qui s’empare de la sienne à lui, qui caresse
son épaule à elle, qui reste posée
là un petit moment.
Qu’y a-t-il de changé ?
À supposer que vous ne me laissiez pas tranquille,
je me sentirai obligée de donner un peu plus.
Un poème de Lieke Marsman, traduction de Hans Hoebeke
Que des devenirs
Je n’ai pas besoin de mettre fin
à une chose irrévocablement immobile.
Je n’ai pas à me dissimuler dans le visage d’autrui,
ni à perdre le moral à cause de ça. Il me faut dessiner ce qui
se révélera être une carte géographique, entreprendre un voyage,
être aussi belle et increvable que des mots, que des devenirs.
Je n’ai pas besoin d’ouvrir une porte
pour la laisser entrer.
Rien que fermer une fenêtre
qu’elle cherchera à briser.
Traduit du néerlandais par Daniel Cunin