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Stefan Brijs - Page 2

  • Le Faiseur d'anges - Presse

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    Le roman de Stefan Brijs

    dans l’aire francophone

     

     

    Stefan Brijs signera son roman Le Faiseur d'anges au Salon du livre de Bondues le samdi 13 mars de 14h00 à 17h00. Les Parisiens pourront le retrouver ou le découvrir à l'Institut Néerlandais le vendredi 26 mars à partir de 18h30 (en compagnie des auteurs néerlandais Tomas Lieske et Charlotte Mutsaers).

     

     

    Extraits de quelques articles publiés sur Le Faiseur d’anges

    (éditions Héloïse d’Ormesson, 2010)

     


    brijs,roman,traduction,littérature,néerlandais,flandre« Ce roman est haletant et dérangeant. Haletant, d’abord. Le lecteur plonge dans ces 464 pages avec vigueur, se laisse happer, attirer par le suspens et les promesses tenues. Difficile de ne pas vouloir connaître le fin mot d’une histoire qui tient, par son rythme, non par son genre, du thriller. Quitter
    Le Faiseur d’anges est difficile. Belle qualité, celle que l’on attribue aux très bons romans populaires, ce que ce livre est assurément. La construction est pour beaucoup dans cet effet de lecture : Brijs a conçu son roman en trois parties de taille sensiblement égales. Il nous amène d’abord à découvrir une situation pesante, dans le bon sens de ce mot, de par ses mystères, nous conduit ensuite aux origines du trouble pour, enfin, relater le fin mot de cette histoire. Dérangeant, aussi. L’antihéros de cette histoire est un personnage à la Dickens, perdu dans le quotidien des années 80, dans une province germanique, à la frontière de la Belgique, de l’Allemagne et de la Hollande. Du reste, dans la ville où se déroule la majeure partie de cette histoire, il est possible d’accéder à un endroit, les Trois Frontières, où vous pouvez vous tenir à cheval sur les trois pays. […] Le roman est servi par le talent de conteur de l’écrivain, comme par la qualité de l’ensemble des – nombreux – personnages. Par le thème aussi, puisque Brijs pose des questions dérangeantes sur notre présent, concernant les relations entre science et religions, le poids d’un certain scientisme parfois encore prégnant, la question du clonage et de notre désir fou d’immortalité. Il montre aussi les pesanteurs des années 80 du XXe siècle dans les provinces perdues de l’Europe du Nord. L’ensemble est fort prenant, d’une richesse impossible à résumer en ces lignes, et se lirait d’une traite si la nuit était plus longue. Brijs n’a pas la prétention d’être nobélisable, simplement celle de conter des histoires. Il y parvient ici de manière passionnante, non sans troubler son lecteur. »

    Matthieu Baumier (La Vie littéraire)

     

     

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    Alexis Liebaert, « Satan est-il roux ? »,

    Marianne, 13-19 février 2010

     

     

    Quel regard portez-vous sur ce personnage ?

    Je ne le juge ni le condamne, je laisse le lecteur se faire sa propre opinion. Je voulais que, dans un premier temps, celui-ci nourrisse à son égard les mêmes préjugés défavorables que les villageois. Si, en arrivant, Hoppe a conscience d’être à la limite de ce qu’il est permis de faire, il perd progressivement tout sens de la réalité. En réalité, l’essentiel, pour moi, n’était pas de mettre l’accent sur le clonage mais de trouver une histoire riche d’un point de vue dramatique. Ce qui m’intéresse, c’est la perspective narrative. En tant qu’auteur, je regarde tout de haut, comme si mon roman était un jeu d’échecs sur lequel je déplaçais les pions.

    brijs,roman,traduction,littérature,néerlandais,flandreLe clonage est pourtant au centre de l’intrigue.

    Il est le moyen employé par Victor Hoppe pour atteindre son but qui est de « chercher à se jouer de Dieu ». De ce thème central découlent les autres : la lutte entre le bien et le mal, les dangers que représentent préjugés et superstitions, le conflit entre science et religion, la frontière entre folie et génie à supposer qu’il y en ait une…

    Au fil du roman, la question de Dieu s’impose avec de plus en plus de force jusqu’à occuper toute la dernière partie.

    Il est impossible de parler du clonage sans en tenir compte. Et chez Hoppe, deux croyances s’opposent, celle en Dieu et celle dans la science. En fait, il est totalement schizophrène, ce qui explique son rejet de Dieu et son attirance pour le seul Jésus. Il veut rester un enfant pour lequel Dieu est une abstraction.

    Entretien Michel Paquot – Stefan Brijs, « Clonage aux Trois Frontières »,

    Vers l’Avenir, 18 février 2010, p. 12-13

     

     

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    Entretien de l'auteur avec Bernard Roisin,
    Le Journal du Médecin, 26/02/2010 (extrait)

     

     

    Ange ou démon ?

    La littérature belge se porte à merveille ; pour preuve, ce magnifique roman flamand, heureusement traduit en français. L’histoire d’un médecin en guerre contre Dieu, lancé dans des recherches sur le clonage. Le tout dans un minuscule village aux trois frontières, aux confins de la Belgique, des Pays-Bas et de l’Allemagne, sur le fil ténu d’une éthique dont plus personne ne semble percevoir les contours.
On s’attache à ces êtres pourtant rudes, laids, forts et fragiles à la fois. Des hommes qui jouent au démiurge, des enfants, anges sans aile, jouets dociles de leur humain créateur mais qui, sur le chemin de croix de leur vie, ne rencontre aucune aide divine.
Brijs évite les écueils d’un moralisme facile. Au-delà des questions de bioéthique, c’est la lutte éternelle de l’homme contre la mort et le sort injuste sur lequel, malgré toute son intelligence et tous ses efforts, il n’a finalement pas beaucoup de prise. Un roman à la fois très belge et tout à fait universel.

    Vincent Engel, 7 mars 2010, sur edern.be

     

    Stefan Brijs retrace la sombre destinée de ce généticien qui joue à Dieu  le Père dans Le Faiseur d'ange (Héloïse d'Ormesson), un  thriller métaphysique sur les errances du progrès. Quel est donc le  secret de ce damné qui revient au pays natal escorté de monstrueux  triplés ? On est soufflé par la fibre romanesque et la puissance d'évocation de cet écrivain flamand qui dissèque l'humain (trop humain)  avec une truculence digne des tableaux de Bosch ou de Bruegel.  Phénoménal !

    Augustin Trapenard, Elle, 21/04/2010

     

     

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    Isabelle Ellender, La Voix du Nord, 11 mars 2010

     

     

    Les enfants vieux

    Une histoire glaçante et brillante, où science et religion s’assemblent dans un cocktail détonant

    « Aujourd’hui, écrit l’auteur, on dirait de Victor Hoppe qu’il souffrait très certainement du syndrome d’Asperger. » Une forme d’autisme dont étaient atteints entre autres Léonard de Vinci et Einstein. Génie incompris, que ses parents firent enfermer à sa naissance dans un asile, Victor Hoppe est persuadé d’être une réincarnation de Jésus. Tourmenté par les religieuses dont une seule tentera de lui apprendre à lire, puis brimé dans un internat tenu par des moines, il se croit investi d’une mission divine : le clonage, seule façon de se mesurer à Dieu, qui l’a abandonné.

    Avec une excellente maîtrise de la chronologie, Stefan Brijs dévoile la genèse tout en progressant dans l’intrigue. Autour du docteur, les morts s’accumulent.

    Nathalie Six, Le Figaro, 11 mars 2010

     

     

    […] Ce roman va bientôt, et dans un crescendo efficace et crédible, nous emporter vers une fin proprement halluci- nante. […] Bien sûr, on peut lire cette fiction réaliste, qui confine cependant au fantastique, comme une réécriture du mythe de Frankenstein, dans une vision où l'aventure scientifique ne peut rivaliser avec Dieu et ne mène qu'au désastre, selon une tradition morale, trop bien établie. En ce sens, on est en droit de considérer ce roman comme un brin réactionnaire, déniant à l'homme le droit de corriger la nature. Si l'on trouve Stefan Brijs excessif dans son propos mystique et antiscientiste, il a le mérite de poser d'indéniables problèmes éthiques.

    Thierry Guinhut, Le Matricule des Anges, n° 112, avril 2010

     

     

    Sinistres clones

    photo: J. Cunin

    StefanBrijsPhotoJcuninBondues13032010.pngSi vous suivez l’actualité scientifique, vous croyez sans doute que le premier clone de mammifère était une brebis, nommée Dolly, née en Ecosse en 1996. Je le pensais aussi. Mais nous nous trompions. Dès 1980, le Belge Victor Hoppe, alors à l’université d’Aix-la-Chapelle, en Alle- magne, avait fait naître trois souris par clonage. Malheu- reusement, il ne réussit jamais à reproduire cette performance et, plutôt que de répondre aux questions d’une commission d'enquête de l’université, il préféra démis- sionner de son poste en 1984 pour se retirer dans son village natal de Wolfheim. […] Il y a d’ailleurs du Victor Frankenstein dans Victor Hoppe : médecin génial, sa volonté de faire le bien se perverti lorsqu’il imagine qu’il peut égaler, voire surpasser Dieu. En voulant régler ses comptes avec ce dernier, il finira mal, non sans laisser derrière lui la possibilité de recommencer. Les lecteurs qui s’interrogeraient sur l’utilité de faire des lois en matière de bioéthique seront à n’en pas douter convaincus de leur nécessité après avoir refermé le livre.

    Luc Allemand sur larecherche.fr

     

     

    Ce vaste roman est assez unique en son genre, pas tant par le sujet traité que par sa perspective sur certaines pro- blématiques et son montage. Mieux vaut le dire de suite, si le roman est excellent en soi, il est tout aussi dérangeant. Dès le départ se construit un suspense basé sur un secret que l’on devine effroyable, et au fur et à mesure que l’on avance, tout ce que l’on avait imaginé se confirme de façon plus terrible encore.

    Tout commence dans un petit village de la Belgique germanophone, aux Trois Frontières, une zone reculée et un peu oubliée du Royaume belge, où l’on voit les paisibles villageois faire face à l’arrivée mystérieuse du Doktor Hoppe et de ses trois étranges enfants. L’ambiance est étouffante, tous les faits et gestes du docteur sont analysés avec minutie et les exagérations ne sont pas rares. Les superstitions et préjugés vont bon train. Mais peu à peu les inquiétudes des villageois se trouvent justifiées. Quelque chose d’étrange et de terrible est réellement à l’œuvre.

    […] Même si le lecteur devine assez vite la source scientifique du mal qui entoure les trois petits « anges », le suspense reste entier jusqu’à la fin en se concentrant sur l'évolution du docteur et les conséquences de ses actes, depuis sa naissance jusqu’au dénouement. Le texte est intense, lourd de sens et le suspense toujours haletant. L’écriture est riche, vivante et tout simplement magnifique. Et il s’avère bien difficile de refermer ce livre avant la fin.

    Le Faiseur d’anges de Stefan Brijs est un thriller haletant et fortement dérangeant, plongeant le lecteur dans les dangers d’une science sans conscience. Un roman qui ne laissera personne indifférent.

    À lire à tout prix !

    Bibliotheca 8 février 2010

     

     

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    exemplaire unique en chocolat belge du roman

     

     

    L’utopie d’un faiseur d’anges

    Chaque individu porte un secret qui se transmet de génération en génération et constitue son empreinte psychique se révélant à travers sa lignée, paternelle ou maternelle. C’est dans cet ordre d’idées que Stefan Brijs a voulu montrer les forces inconscientes qui sommeillent au fond de chaque être. En mettant l’accent sur un dénominateur commun : le rapport entre le bien et le mal. La frontière entre les deux notions est souvent ténue, comme dans Le Faiseur d’anges. Dans le désordre de ce thriller médical et diabolique, le docteur Victor Hoppe, éternel insurgé qui s’avérera plus tard surdoué mais associable, s’interroge sans fin, échafaude des hypothèses, imagine "l’après" comme pour tenter d’y lire le sien. Pris dans ce désir fou de tout anticiper, maîtriser, essayer, il va se livrer à l’inconcevable. […] Fin psychologue, Brijs propose également un nouvel éclairage sur la figure du bourreau ordinaire, incarné ici par un marginal rejeté par la société. Avec ce récit qui ravive le débat, toujours d’actualité, sur les manipulations génétiques, l’écrivain plonge son lecteur dans un climat de mort sans recours et sans respiration. L’héritage génétique qui constitue ce nœud inextricable où l’individu se prend au piège de ce que les Grecs appelaient le destin et que seule la conscience peut, avec quelque chance, transformer en liberté. Ce nœud social fait d’ailleurs notre lien à l’Histoire.

    Jacques Hermans, La Libre Belgique, 29/03/2010

     

     

    Stefan Brijs ou l'art de la lenteur

     

    un des projets de couverture du roman

    CouvFaiseurdAnges.jpg[…] Les différentes couches de ce livre aux mille lectures – roman de mœurs, thriller scientifique, fantaisie régionale, récit de formation – se mettent peu à peu en place. Dans un essai sur la fameuse région des Trois Frontières que Stefan Brijs lit au même moment (« comme par hasard »), il croise un médecin qui soigne les mineurs gratuitement. L’histoire déteint doucement sur la fiction, et par jeu il reprend même les noms véritables des villageois. « Au-dessus de la mêlée, comme un Dieu pour les personnages », il découvre qu’il est à sa place, « comme si tout cela n’était qu’un simple échiquier avec des pions ». Habilement, il évite le discours religieux ou éthique, et dote le docteur Hoppe du syndrome d’Asperger, ce qui lui permet « d’aborder la question du bien et du mal d’une autre manière, et de motiver sans justifier ses actions ». Encore une fois, il précise : « C'est l’écriture du roman qui a fait de Victor ce qu’il est, c’était la seule façon de rassembler les pièces du puzzle. »

    Chez Stefan Brijs, en effet, la mécanique dramatique prime sur tout le reste, ce qui rend son texte aussi réjouissant que froid comme une lame – et ouvert aux interprétations. Dans la première partie, il tait la maladie de Victor, et laisse le lecteur « libre » de rentrer dans le jeu des rumeurs villageoises. En virtuose de la construction romanesque, il « joue avec les émotions du lecteur », et méticuleusement, il affine le rythme de sa phrase, qui épouse la perception de son personnage. Il évite de trop décrire : « Trois phrases ici ou là, quand c’est nécessaire, mais rien de plus. »

    S’il se documente beaucoup, lisant des livres et des revues, fouillant Internet (« Cela permet de gagner du temps, surtout quand on est lent ! »), il se contente de ressources scientifiques et géographiques. Point de littérature, ni de parodies mythologiques. « Certains lecteurs croient voir un peu de Frankenstein, ici, de Prométhée, là, voire de James Ensor – mais je n’y suis pour rien. Si je les avais vus, j’aurais tout fait pour les enlever. » Cinq ans après la parution de son livre, Stefan Brijs ne l’a pas relu : « J’aurais trop peur de corriger ou de changer des choses. Moi, je m’occupe du prochain. Celui-là appartient au lecteur. »

     

    Nils C. Ahl, Le Monde des Livres, 16/04/2010

     

     

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  • Parution du Faiseur d'anges

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    LE FAISEUR D'ANGES

    EN LIBRAIRIE LE 21 JANVIER

     

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    Petite visite chez le romancier Stefan Brijs

    peu avant la parution de la traduction française de De engelenmaker

    Le Faiseur d'anges

     

     

     

    ...Quand j’entends les réactions de nombreux lecteurs, j’ai l’impression d’avoir réussi. Ils ont entre les mains une histoire qui ne s’arrête pas, qui est même relancée au moment où ils referment le roman. Le succès que le livre a rencontré en Flandre et en Hollande, mais aussi ailleurs puisqu’il est à présent traduit en une dizaine de langues, s’explique je pense par le fait que les gens en parlent entre eux : « As-tu lu Le Faiseur d’anges ? Mon Dieu, c’est atroce et en même temps fantastique. Lis-le, tu verras. » Depuis 2005, le succès ne se dément pas : chaque jour, de nouveaux lecteurs découvrent le roman et s’exclament : Waouh ! Ils expriment un sentiment d’abomination mêlé à de l’admiration.

    Stefan Brijs

     

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    Le Faiseur d'anges, trad. Daniel Cunin,

    éd. Héloïse d'Ormesson, 2010

     

     

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  • Un roman aux coloris ensoriens

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    LE FAISEUR D'ANGES DE STEFAN BRIJS

     

     
     

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    Le Faiseur d'anges, Héloïse d'Ormesson, janvier 2010

     

    Né juste après la Seconde Guerre mondiale, Victor Hoppe, rouquin défiguré par un bec-de-lièvre, a été rejeté par ses parents et placé dans un établissement catholique pour déficients mentaux. Sous son autisme - un cas d'Asperger -, l'enfant cache en fait une intelligence hors du commun. Il parviendra à suivre une scolarité plus ou moins normale avant de devenir médecin, spécialiste d'embryologie et de génétique. Nommé chercheur dans une université alle- mande, il développe au début des années 1980 un projet fou.

    Avec une belle maîtrise de la composition, Stefan Brijs situe une bonne partie de son roman De engelenmaker dans un village des Trois Frontières, ce lieu « coincé entre les fortes cuisses de Vaals la Hollandaise et d'Aix-la-Chapelle l'Allemande » où se rencontrent les frontières de l'Allemagne, des Pays-Bas et de la Belgique. Tout comme dans son roman précédent (Aigle, 2000), l'auteur excelle à mettre en scène un personnage asocial dont l'existence, déterminée par un enfermement autistique et des capacités intellectuelles hors du commun, va de plus en plus être placée sous le signe d'une obsession : Victor rejette le Dieu de la Bible, à ses yeux personnification du Mal, et se voit comme un nouveau Jésus, l'homme bon par excellence. Son identification est telle qu'il va la pousser au-delà du concevable.

    L'opposition entre monde rural crédule et recherche scientifique de pointe offre dans le « finale » un aspect un peu caricatural, voire un peu kitsch, bien dans une certaine tradition littéraire et picturale flamande, celle du « grotesque ». Le romancier réunit alors tous les villageois de Wolfheim pour brosser une scène à la James Ensor où le burlesque côtoie l'atroce.

     

     

    LE MOT DE L'ÉDITEUR

     

    Wolfheim, paisible bourgade aux confins de la Belgique, de l'Allemagne et des Pays-Bas, est agitée par le retour inattendu du docteur Hoppe, un enfant du pays parti depuis longtemps. La surprise est d'autant plus grande que le médecin emménage seul avec ses trois fils, des triplés qui partagent la même troublante difformité physique. Les rumeurs vont bon train, mais les compétences du docteur font taire les réticences des villageois. Pourtant, le mystère autour de sa descendance s'épaissit.

    Jusqu'où peut-on repousser les limites de la vie ? Entre exploit scientifique et délire métaphysique, Stefan Brijs construit un suspense haletant et dérangeant, qui explore les dangers d'une science sans conscience.

    Peut-on se jouer de Dieu ?

     

     

    UN EXTRAIT

     

    De engelenmaker, éditions Atlas

    couvEngelen.jpgDoktor Hoppe, qui avait troqué sa blouse blanche contre un long pardessus gris, entra dans le café Terminus à reculons : les villageois virent son dos voûté avant de découvrir la large nacelle bleu foncé qu'il porta it devant lui au bout de ses bras tendus. Alors même que tout le monde pouvait constater les difficultés qu'il éprouvait à passer dans la porte, personne ne remua le petit doigt. Pour se précipiter vers lui, Werner Bayer attendit qu'il fût entré et qu'il considérât les lieux d'un air dépaysé, à la recherche d'un endroit où poser son fardeau. En hâte, Werner débarrassa alors une table des verres qui l'encombraient et, d'un geste ample, montra la surface ainsi libérée ; pendant ce temps, Florent Keuning, assis près de là, s'arrangea pour gagner une autre table.

    - Ici, posez-la ici, dit Werner.

    - Merci, dit le docteur.

    Sa voix surprit les consommateurs, dont Jacob Weinstein qui l'entendait pour la première fois. Le père de Meekers L'Asperge avança sa bouche près de son oreille et chuchota :

    - C'est à cause de son bec-de-lièvre. Il aspire trop d'air.

    Le sacristain hocha la tête de haut en bas, quand bien même sa surdité partielle l'empêchait de vraiment comprendre ce que Meekers venait de dire. Bouche bée, il suivait chaque mouvement du docteur qui, penché sur la nacelle, entreprenait de détacher de la capote la protection en plastique parsemée de gouttes de pluie.

    - Que voulez-vous boire, Herr Doktor ? demanda Werner.

    - De l'eau.

    - De l'eau ?

    Le docteur fit oui de la tête.

    - René, un verre d'eau pour Herr Doktor. Et pour euh...

    Il tendit une main hésitante en direction de la nacelle.

    - Ils n'ont besoin de rien, dit le docteur avant d'ajouter, comme s'il éprouvait le besoin de se justifier : Je m'occupe bien d'eux.

    - Je n'en doute pas, dit Werner.

    LeFaiseurDanges.pngTout le monde saisit cependant à quel point sa réponse était contrainte, sauf, manifestement, le docteur qui resta impassible. Toujours penché sur la nacelle, il rabattit la capote. Puis il détacha le tablier bleu et l'écarta. Les clients qui se trouvaient à quelques mètres firent un pas en arrière ou reculèrent leur chaise. Seuls ceux qui se tenaient derrière risquèrent un œil en se dressant sur la pointe des pieds, mais aucun ne parvint à regarder dans la nacelle.

    Vacillant un peu sur ses jambes, le docteur gardait le silence près de la table. Ses yeux fixaient le sol. On n'entendait plus un bruit si ce n'est le vieux ventilateur fixé au plafond. Dans ce silence gênant, Werner sentait tous les yeux fixés sur lui.

    - Hé, Werner, donne donc à boire au docteur, cria René Moresnet.

    Dans la main, le patron tenait un verre d'eau. Tout le monde suivit des yeux le verre qui passa de main en main ; en le prenant, le docteur adressa à Werner un hochement de tête poli.

    - Merci, dit-il, et il fit un pas de côté de sorte à ne plus gêner le passage : Je vous en prie, approchez-vous, Herr Bayer.

    Werner avança d'un pas hésitant.

    - Ils ne font pas de bruit du tout, observa-t-il. Ils dorment ?

    - Non, non, ils sont réveillés, répondit le docteur en jetant un coup d'œil à la nacelle.

    - Ooh...

    Avec mille précautions, Werner se pencha et crut distinguer le haut de la tête des bébés.

    - C'est des filles ? demanda-t-il.

    - Non, trois garçons.

    - Trois garçons, dit-il à son tour d'une voix lente et on l'entendit déglutir.

    Se glissant devant le docteur, il se planta à côté de la nacelle. En face, Florent Keuning lui décocha un clin d'œil. Après avoir brièvement redressé le coin droit de sa bouche, Werner adressa une nouvelle fois la parole au docteur :

    LeFaiseurDanges.png- Comment s'appellent-ils ?

    - Michaël, Gabriël et Raphaël.

    Un brouhaha s'éleva dans tout le café ; d'effroi, Freddy Machon s'écria, plus fort qu'il ne l'aurait voulu :

    - Les anges exterminateurs !

    Il était clair que le Doktor Hoppe ne savait au juste où regarder. Tentant de se donner une contenance, il but de l'eau à petites gorgées. C'est alors que Jacob Weinstein, auquel les mots de Machon avaient échappé, intervint.

    - Comme les archanges, n'est-ce pas, Herr Doktor ? Les messagers de Dieu, cria le sacristain, persuasif et comme désireux de faire étalage de ses connaissances bibliques.

    Le docteur opina du chef mais garda le silence.

    Toujours près de la nacelle, Werner s'impatientait. Il prit de nouveau la parole :

    - Quel âge ont-ils au fait, Herr Doktor ?

    - Presque neuf mois.

    Il tenta de souvenir de son propre fils à cet âge-là. De la taille qu'il avait. Tenta de se souvenir s'il avait déjà des dents.

    Mains dans le dos, yeux plissés, il se pencha tout doucement en avant. L'image qu'il avait gravée dans la tête le fit grimacer comme quelqu'un qui mord dans un aliment aigre. Planté derrière son comptoir, René Moresnet vit Werner ouvrir un œil puis l'autre. Ce dernier fit glisser à deux reprises son regard sur la nacelle, du haut vers le bas et du bas vers le haut. Puis son visage se rasséréna tout à fait.

    - Ah ! quelle surprise ! Ils se ressemblent tous les trois ! s'écria-t-il en poussant un soupir de soulagement.

    Par-dessus son épaule, il jeta un coup d'œil au docteur puis reporta une fois de plus son regard sur la nacelle.

    Doktor Hoppe hocha la tête.

    - Comme trois gouttes d'eau. Alors que personne ne m'en croyait capable.

    Des rires s'élevèrent, mais le visage du docteur restant impassible, beaucoup se demandèrent s'il fallait prendre sa remarque pour une boutade. Werner ne s'en soucia pas et invita les autres à approcher :

    - Allez, il faut pas rater ça !

     

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    L'AUTEUR

     

    CouvDeVerwording.gifStefan Brijs est né en Flandre (Genk) à la fin de l'année 1969. En 1999, il met fin à sa carrière d'enseignant pour se consacrer entièrement à la littérature. Faisant une belle place au réalisme magique, De verwording (Perdition, 1997), son premier roman, avait marqué les esprits et révélé un talent que viendront confirmer Arend (Aigle, 2000) et le court roman Twee levens (Deux vies, 2001) qui se déroule lors du soir de Noël 2000. Stefan Brijs a rendu hommage à plusieurs écrivains dans une série de programmes télévisés (Émile Verhaeren,  Ernest Claes, Alice Nahon, Willem Elsschot, le poète Herman De Coninck...) ainsi que dans de très beaux essais biographiques (sur les auteurs d'expression française et d'expression néerlandaise Neel Doff et André de Ridder ; sur les Flamands Jan Emiel Daele, Maurice Gilliams, Georges Hebbelinck, Richard Minne, N.E. Fonteyne, Gustaaf Vermeersch, Paul Kenis, Karel van de Woestijne, Ernest van der Hallen, René De Clercq, Victor J. Brunclair et Roger van de Velde ; sur les écrivains de la ville de Turnhout). C'est alors qu'il va toucher le grand public grâce au Faiseur d'anges vendu à plus de 100 000 exemplaires, couronné par plusieurs prix littéraires et traduitCouvBrijsVergeet.jpg dans une dizaine de langues. Depuis, l'écrivain travaille à une ambitieuse fresque romanesque qui conduira le lecteur en Angleterre à l'époque de la Grande Guerre. 

    Stefan Brijs admire les œuvres de Nabokov, Haruki Murakami, Maurice GilliamsLouis Paul BoonJeroen Brouwers ou encore celles de Richard Minne, un poète encore inconnu en France.

    D. Cunin