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L’Ornement des noces spirituelles, traduction d’une des œuvres de Ruysbroeck (ou Jan van Ruusbroec) par Maurice Maeterlinck a eu un grand retentissement. On la lit toujours, elle a encore été rééditée en 1990, soit un siècle après sa parution, alors que venait de voir le jour chez Brepols l’édition de référence, à savoir le volume III des œuvres complètes du mystique flamand : Opera omnia III. Die geestelike brulocht. De ornatu spiritualium nuptiarum (1988, texte moyen néerlandais annoté et présenté en regard de la traduction latine de Sirius et d’une nouvelle traduction anglaise).
Parmi les écrivains qui ont tout de suite manifesté leur enthousiasme, on relève le SuisseÉdouard Rod (1857-1910). C’est sa critique accueillie en page 3 de la Gazette de Lausanne du 2 mai 1891 que nous reproduisons ci-dessous.
The Blue Bird (1918) de Maurice Tourneur d'après M. Maeterlinck
Béatrice Arnac chante Et s'il revenait un jour de M. Maeterlinck
Secrétaire perpétuel de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, l’homme de théâtre et traducteurbruxellois Jacques De Decker nous offre régulièrement, grâce à sa connaissance du néerlandais, son point de vue sur des œuvres d’écrivains de Flandre ou des Pays-Bas. Sur le site espace-livres.be, il propose ainsi des chroniques (écrites et/ou enregistrées, courtes et/ou longues) dont certaines se rapportent, à un titre ou à un autre, au domaine néerlandophone.
Hommage à Harry Mulisch à la suite du décès du romancier
[…] La galaxie Maeterlinck, on le voit, est un univers en expansion, mais au centre duquel il demeure comme dans l’ombre, alors qu’il devrait être, ces temps-ci, au centre de l’attention. Le 9 novembre dernier, on aurait pu rappeler à grand bruit que cent ans jour pour jour auparavant, on lui décernait à Stockholm le prix Nobel de littérature, le seul qu’un auteur belge ait jamais décroché : or, l’anniversaire est passé sous silence. En juillet prochain devrait se commémorer le cent cinquantième anniversaire de sa naissance. On ne peut pas vraiment parler de mobilisation massive… Le purgatoire se fait long. […]
[…] Lanoye ? Un décathlonien de la culture, une machine de guerre qui propulse ses fusées porteuses dans toutes les directions, et dont le premier carburant pourrait bien être le génie. […]
[…] Maurice Carême est non seulement l’un des grands ambassadeurs de la langue française, mais l’un des rares poètes connu aux quatre coins du monde pour sa capacité d’initier les enfants à l’alchimie des mots. La simplicité de sa langue, ciselée au départ d’un vocabulaire élémentaire, d’une syntaxe cristalline, est le premier atout de cet enchanteur qui a appliqué généreusement le précepte de Lautréamont qui disait que la poésie devait être faite par tous et non par un. […]
[…] Deux de ces bons génies du monde de l’édition viennent de disparaître, et on ne leur rendra jamais assez hommage. Il y a eu, il y a quelques mois, le tragique accident de circulation, sur la route de Genève à Paris, qui coûta la vie àVladimir Dimitrijević, mieux connu dans le monde des livres sous le nom de Dimitri. Il dirigeait, à Lausanne, « L’Age d’homme », et son officine était une des plaques tournantes de la vie intellectuelle européenne. D’abord parce que ce Serbe d’origine avait œuvré passionnément à une meilleure connaissance des lettres slaves en occident. Mais il ne s’était pas seulement voué à cette mission. […] Il a accueilli des dizaines d’écrivains belges, auxquels il a, de plus, largement ouvert une écoute internationale, bien plus que des éditeurs nationaux n’auraient pu l’assurer. Il était l’homme des défis insensés, comme d’entamer les œuvres théâtrales complètes d’Hugo Clausen français, qu’il avait bien entendu confiées àAlain van Crugten.
L’autre géant de l’édition qui nous a quitté est, lui, un Belge qui a donné une formidable leçon de service au livre à toute la francophonie :Hubert Nyssen. Il n’est pas exagéré de dire qu’il a bouleversé la philosophie éditoriale de fond en comble. D’abord en fondant Actes Sud en Arles, et non à Paris. Quel scandale, et quel handicap il s’est de la sorte imposé ! […]