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luuk van middelaar

  • Le réveil géopolitique de l'Europe

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    L’Europe géopolitique – actes et paroles

    Quatre conférences prononcées au Collège de France

     

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    Luuk van Middelaar, Le réveil géopolitique de lEurope,

    Paris, éditions du Collège de France, janvier 2022

     

     

    Né en 1973 à Eindhoven, Luuk van Middelaar est un historien et philosophe néerlandais. Il occupe la chaire « Fondements et pratique de l’Union européenne et de ses institutions » à l’Université de Leyde. Il est par ailleurs chroniqueur au principal quotidien néerlandais, le NRC. De 2010 à 2014, il a été la plume et l’un des conseillers du premier président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Politicide, son premier livre, propose une étude critique de la pensée philosophique française de l’après-guerre. En 2015, avec Philippe Van Parijs, il a edité After the Storm. How to save democracy in Europe. Deux des ouvrages de Luuk van Middelaar ont paru à ce jour en traduction française, aux éditions Gallimard : Le Passage à l’Europe. Histoire d’un commencement (2012 ; Socrates Prijs 2010, Prix du Livre européen 2012, Prix Louis Marin 2012 de l’Académie des Sciences morales et politiques) et Quand l’Europe improvise. Dix ans de crises politiques (2018).

    luuk van middelaar,europe,collège de france,conférences,traduction,pays-bas,géopolitiqueDans ses écrits, l’auteur néerlandais tente de cerner et d’analyser au plus près les plus récentes évolutions qui secouent nos sociétés tout en prenant la mesure de leurs répercussions sur l’Europe, c’est-à-dire tant sur les institutions bruxelloises que sur chaque gouvernement des pays membres. En ce printemps 2021, il a été invité par le Collège de France à inaugurer le « Cycle Europe » en prononçant quatre conférences sous l’intitulé « L’Europe géopolitique – actes et paroles ». L’occasion de s’interroger sur la place et l’action du Vieux continent sur la scène géopolitique qui a connu, ces dernières décennies, de véritables chamboulements. Comment se définir et se penser, dans le temps et dans l’espace, face à la Chine, face à la Russie, face aux États-Unis ou encore face à la Turquie alors que ces puissances conquérantes remélangent les cartes stratégiques ?

    Présentation : « Nous aborderons dans ce cycle Europe les aspirations de l’Union européenne, en tant qu’ensemble, à se montrer comme un acteur respecté sur la scène mondiale et à peser davantage sur le cours des événements. Ce vœu d’une Europe plus "géopolitique", plus ''stratégique", voire "souveraine", exprimé depuis quelques années par de nombreux dirigeants (dont le président français et la présidente de la Commission), ne se traduit que difficilement dans les actes. Afin de remédier à cette situation, la doctrine bruxelloise tend à regarder du côté des réformes institutionnelles ou d’une adaptation des politiques. Nous suggérons, au contraire, qu’il convient en premier lieu d’effectuer un changement d’ethos, de mentalité et de vision du monde. Afin de retrouver un rôle d’acteur, l’Europe doit sortir de la pensée universaliste et intemporelle où elle a trouvé refuge après 1945, tant sur le plan des valeurs que sur celui de l’économie. Elle doit assumer la finitude de l’espace et du temps, réapprendre le langage du pouvoir, entamer, en somme, une vraie métamorphose libératrice – aussi douloureuse soit-elle. L’expérience enseigne toutefois que seule la nécessité pourra faire sortir les Européens de leur place privilégiée dans les coulisses de l’Histoire ; choc après choc, pas à pas. Plutôt que d’ajouter au chœur des exhortations qui se font entendre régulièrement, nous examinerons comment les Européens réagissent depuis 2015 aux événements disruptifs et réorganisent leur Union en conséquence.

    luuk van middelaar,europe,collège de france,conférences,traduction,pays-bas,géopolitique» Quatre thèmes principaux illustrent ce réveil à contrecœur : découverte de la finitude territoriale, dans la reconnaissance d’une frontière extérieure commune, notamment à l’occasion des crises ukrainienne (2014-2015) et migratoire (2015-2016), et lors de l’intimidation turque en Méditerranée orientale (2020) ; découverte de la finitude économique, vivement ressentie sous le choc de la rareté médicale lors de la pandémie de la covid 19, et, plus largement, dans une nouvelle dépendance vis-à-vis de la Chine de Xi Jinping ; découverte de la finitude temporelle et de la solitude, enfin, qui se joue dans le lent abandon par les États-Unis de leur rôle de protecteur du continent européen. Ces découvertes, tâtonnements et pertes d’innocence successifs ne pourront déboucher sur une Europe actrice et maîtresse de son destin que s’ils sont accompagnés d’un récit. N’est-ce pas là la plus ancienne façon de s’inscrire dans le temps, le meilleur moyen de transformer la douleur de la finitude en une force ? Sans souveraineté narrative, pas d’autonomie stratégique. Ces quatre exercices de géopolitique seront reliés par quelques thèmes transversaux : nouvelle importance de la publicité et de l’espace public ; glissements de pouvoir entre États européens, notamment entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ; réformes institutionnelles et rapport droit/politique au sein des instances de l’Union. »

     

    Une version légèrement revue de ces conférences, fruit de la collaboration entre l’auteur et son traducteur Daniel Cunin, a été éditée sous le titre Le réveil géopolitique de lEurope aux éditions du Collège de France (collection Conférences, janvier 2022).

     

     

    L'Europe face aux voisins russe et turc : la frontière (1)
     

    L'Europe face à la Chine : la rareté (2)

    L'Europe et les États-Unis : la solitude (3)

    L'Europe et l'entrée dans l'Histoire : le récit (4)

     

     

    RTBF - Le Grand Oral de Luuk van Middelaar

     

     

  • Prix du Livre Européen pour Luuk van Middelaar

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    Le Prix du Livre européen 2012 vient d’être attribué, dans la catégorie « Essai », au Passage à l’Europe du Néerlandais Luuk van Middelaar. Après les différentes phases de sélection, deux autres titres restaient en course : La Constitution de l’Europe de Jürgen Habermas (Allemagne) et Par la haute mer ouverte d’Eugenio Scalfari (Italie). Les trois ouvrages ont été publiés en traduction française dans différentes collections des éditions Gallimard. Quant au roman couronné, il s'agit du Jour où la Vierge a marché sur la Lune de Rolf Bauerdick (traduit de l'allemand par Odile Demange, Le Nil).

    Le Passage à l’Europe a également remporté en France le prix Louis Marin 2012, décerné par l’Académie des Sciences morales et politiques pour récompenser une œuvre de sciences humaines.

     

    CouvLuuk2012.png

    Gallimard, « Bibliothèque des Idées », 475 p., janvier 2012

    traduction Daniel Cunin & Olivier Vanwersch-Cot

     

     

    « Le Passage à l’Europe raconte comment un ensemble d’États européens s’efforce de devenir l’expression politique du continent, comment ce corps politique en évolution est né, comment il change de forme, remplit un certain espace, se cherche une voix et souffre d’un manque d’oxygène public. J’emploie le mot ‘‘passage’’ pour trois raisons. Pour évoquer un mouvement dans le temps et dans une certaine direction, pour éviter les inconvénients des termes habituels (‘‘intégration’’, ‘‘construction’’), et enfin pour souligner une analogie entre les métamorphoses de ce corps politique et les ‘‘rites de passage’’. Ces rites, ces pratiques cérémonielles qui assurent une continuité symbolique dans les moments de rupture d’une vie individuelle (naissance, baptême, mariage, couronnement…), Arnold Van Gennep les a analysés il y a un siècle en aiguisant notre regard à propos des formes intermédiaires à même de lier un stade à un autre. D’où le rôle de premier plan que jouent dans notre Passage les entre-deux que sont le seuil, la porte ou le pont, symboles figurant d’ailleurs sur les billets en euros ; d’où l’importance — qui se révèle capitale — qu’il y a à distinguer entre un pas et un saut ; d’où l’attention qu’il convient de porter aux noms et au fait de rebaptiser instances et institutions.

    « Histoire d’un commencement : ce livre l’est parce qu’il scrute une genèse lente, poussée par les événements, sans chercher à fournir le dernier mot. L’Europe ne se réduit pas à quelques kilomètres carrés de bâtiments à Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg. L’Europe est à un passage. Et nous avec elle. » (Avant-propos, extrait)

     

    QUATRIÈME DE COUVERTURE


    CouvLuukvanMiddelaar.jpg
    Ce livre raconte un événement lent et majeur : la genèse d’un ordre politique européen. 

    Il évite le jargon et les poncifs des manuels ; ceux-ci cachent bien plus les enjeux du pouvoir qu’ils ne les éclairent. Il ne spécule pas une quelconque finalité. Il n’est pas « pour » ou « contre » l’Europe – peut-on l’être d’ailleurs ?

    Le Passage à l’Europe distingue trois sphères européennes. La sphère externe, celle du continent et de l’ancien « concert des nations » ; la sphère interne des institutions et du Traité, source de grandes attentes ; enfin, imprévue et non perçue, une sphère intermédiaire, celle où les États membres, rassemblés autour d’une même table, se découvrent peu à peu coresponsables d’une entreprise commune, parfois malgré eux. Cette sphère intermédiaire, dont le Conseil européen des chefs d’État ou de gouvernement est devenu l’expression institutionnelle, est le théâtre des tensions entre l’un et le multiple. Tensions qui font la force et la faiblesse de l’Union comme en témoigne la crise de l’euro. 

    Livre d’histoire, en ce qu’il prend au sérieux l’expérience des hommes politiques qui ont façonné l’Europe depuis soixante ans : l’importance des mots, la soif des applaudissements, l’implacable pression des événements.

    Livre de philosophie, en ce qu’il veut savoir ce qu’est la politique avant de trancher sur l’existence d’un corps politique européen : qu’en est-il, en Europe, de la capacité à prendre des décisions contraignantes, à agir dans le flux du temps, à établir un lien avec les gens ?

    L’un et l’autre, en ce que l’auteur considère que la vérité de la politique ne se comprend que dans le temps.

     

    couvpoliticide.pngNé en 1973, Luuk van Middelaar, philosophe et historien, ancien chroniqueur au quotidien NRC Handels- blad, est lauteur de Politicide. La Mise à mort du politique dans la philosophie fran- çaise (1999). Après avoir travaillé tant à Bruxelles, au sein du cabinet d’un commissaire européen, qu’au Parlement néerlandais, il est depuis 2010 la plume du premier Président du Conseil européen, Herman Van RompuyLe Passage à l’Europe a remporté le prix Socrate 2010 récompensant le meilleur livre de philosophie écrit en néerlandais.

     

     

  • Le Passage à l'Europe (3)

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    Réception de l’ouvrage de Luuk van Middelaar (suite)

     

     

    « L’Europe, une grande histoire qui ‘‘nous’’ concerne » 


    luuk van middelaar,le passage à l'europe,gallimard,pays-basJamais plus qu’aujourd’hui il ne sera sans doute opportun de souligner la saisissante actualité du livre Pavane pour une Europe défunte du philosophe Jean-Marie Benoist qui éclaire la crise dans laquelle l’Europe se trouve actuellement plongée. Plus de trente ans après sa publication, sa lecture, en effet, ne saurait manquer d’étonner le lecteur tant l’appréciation que son auteur y fait d’une Europe enlisée dans sa marche, qui ne l’empêche pas pour autant de lancer un appel, une adjuration pressante à ne pas y renoncer, coïncide avec le constat navré que nous pouvons faire aujourd’hui sur l’édification d’une Europe politique ébranlée par la crise financière de sa monnaie unique. Et cela au moment où se désigne à notre attention un livre de réflexion racontant la genèse de cet ordre politique européen intitulé Le Passage à l’Europe et sous-titré Histoire d'un commencement du philosophe et historien néerlandais Luuk Van Middelaar d’après qui le mouvement de ce passage à l’Europe, qui n’est en rien un « bond » mais le résultat de l’action commune de la France et de l’Allemagne, se décompose en trois temps, depuis les années de la fondation (1950-1957), en passant par le séjour dans la Communauté (1958-1989) jusqu’à l’époque qui court après la chute du mur de Berlin (1989 à aujourd’hui), grand événement à la fois « indéfinissable et bouleversant », dont le choc géopolitique a chargé le mot « Europe » de nouvelles significations en même temps qu’il aura poussé les Européens de l’Ouest à tenir un nouveau rôle. […]

    Quoi qu’il en soit, toute la question pour Luuk Van Middelaar est de savoir si « les motifs politiques du vivre-ensemble dament en dernier ressort le pion aux intérêts économiques ». Une évidence, voudrait-on croire, mais quiconque lit les commentaires suscités par la crise constate que tel n’est pas le cas. Aussi plus que jamais le véritable enjeu de l’Europe est-il bel et bien là. Luuk Van Middelaar, dont l’ouvrage est certainement le seul (et pourtant il n’en a pas manqué) qui puisse contribuer aussi efficacement à la compréhension des événements des soixante dernières années de l’Union européenne […]

    Eryck de Rubercy, « L’Europe, une grande histoire qui ‘‘nous’’ concerne », La Revue des Deux Mondes, avril 2012.

     

     

    Entretien avec Luuk van Middelaar à la librairie Filigranes

    (2 parties)

     

     

    « Le ‘‘secret de la table’’ »


    Le Passage à l’Europe de Luuk van Middelaar est l’un de ces livres qui permet de prendre du recul dans un débat européen qui se donne le prochain sommet européen, lequel a maintenant lieu presque chaque mois, comme horizon. À l’obsession du présent, et d’un futur proche toujours présenté comme menaçant, il répond par une analyse à la fois historique, philosophique et sociologique des soixante dernières années de construction européenne. Et c’est probablement le grand mérite de ce livre qui, par ailleurs, est consacré à une institution de plus en plus centrale et néanmoins méconnue qu’est le Conseil Européen, composé des chefs d’États et de gouvernements.

    Analyse historique du rôle des États dans la construction européenne, le livre repose sur l’idée qu’une sphère des États membres serait en cours de formation et occuperait l’espace existant entre la sphère communautaire (comprenant les institutions européennes) et la sphère des États européens (dont tous ne sont pas membres de l’UE). « Ici, le mouvement naît (comme dans la sphère externe) de la recherche par chaque État de son intérêt particulier, mais aussi (là réside la surprise) d’une conscience croissante d’un intérêt commun. » L’analyse historique de l’auteur tente de montrer que dès les moments fondateurs, les Ministres européens agirent ensemble « en tant que club » en dehors des compétences limitées des traités initiaux. À travers plusieurs crises, Luuk van Middelaar démontre combien cette dynamique de club a engendré un mouvement dont les États ne peuvent plus se départir, mouvement qui est tant une opportunité qu’une contrainte puisque les États membres sont en quelques sortes condamnés les uns aux autres. L’auteur revient ainsi sur plusieurs moments symptomatiques du « passage à l’Europe », crise de la chaise vide ou Convention pour l’avenir de l’Europe en s’appuyant sur un vaste renfort de détails historiques souvent peu mis en avant par les manuels. [lire la suite]

    Philippe Perchoc, « Le '''secret de la table'' », nonfiction.fr 

     

     

     « Si l’Europe m’était contée »


    luuk van middelaar,le passage à l'europe,gallimard,pays-bas« On ne partagera pas forcément la position de l’auteur. Un fédéraliste trouvera que son explication du rôle et de l'importance de la sphère intermédiaire ressemble à une justification. Quant à son exposé sur la nécessité de laisser le temps faire son travail, il peut apparaître comme de la complaisance aux yeux de ceux qui s’impatientent face à la lenteur avec laquelle se construit l’Europe, perdant ainsi du terrain dans un monde qui évolue rapidement. Cela dit, Luuk van Middelaar se défend de prendre parti. Il veut simplement décrire les mécanismes à l’œuvre pour mieux les comprendre, et ainsi agir plus efficacement. Mieux faire est déjà un pas vers le paradis... En tout cas, voici un livre d’histoire et de philosophie politique très bien écrit, ce qui ne gâche rien, et dont la lecture est stimulante. »

    Mariano Fandos, « Si l’Europe m’était contée », Syndicalisme Hebdo, 11/05/2012

     

     

    Europe : pour y voir clair, par Jacques Pilet

    On est pour, on est contre. Mais que sait-on au juste de l’histoire de l’Europe, de son véritable état actuel ? L’actualité économique obscurcit le champ politique. Un jeune historien et philosophe néerlandais, Luuk van Middelaar, raconte cette expérience unique en mots simples et percutants: Le Passage à l’Europe, histoire d’un commencement. Utile pour dépasser les clichés.



    Dans Le Passage à l’Europe, le philosophe et historien néerlandais Luuk van Middelaar analyse la formation de cet étrange objet politique qu’est l’Union européenne. Profond et critique, réaliste et souvent drôle, ce « passage » décrit les soixante dernières années comme un « commencement », qui s’est accéléré avec la crise de l’euro. 


    Dans votre livre, vous moquez les efforts de la Commission européenne pour mettre en œuvre ce que vous appelez la « stratégie allemande » visant à fabriquer une « nation européenne » fondée sur l’identité et la culture... par opposition à la stratégie « romaine », fondée sur le clientélisme, et à la grecque, qui s’appuie sur le vote démocratique...

    Je suis un peu ironique, en effet... et Bruxelles manque d’humour. Il fallait trouver un ton libre pour casser les discours en place et poser des questions fondamentales sur ce qu’est l'autorité ou la fondation d’un ordre politique. Je ne nie pas toutefois que le sentiment du « nous » européen ne peut provenir que d’une identité commune. Il y a bien quelque chose qui se dessine à partir du XVe siècle où l’on identifie l’Europe à une partie du monde, la nôtre. Robert Schuman ne l’a pas inventé le 9 mai 1950. Cela a pu marcher parce qu’on a mobilisé une conscience souterraine, l’idée que quelque chose comme l’Europe existe à travers sa diversité.

    […]

    N’est-ce pas trop demander aux dirigeants nationaux d’avoir un double rôle de défenseurs des intérêts nationaux à Bruxelles et de représentants de l’Union européenne chez eux ?

    Voir la chancelière allemande Angela Merkel arriver le soir à Bruxelles au Conseil européen, alors qu’elle s’expliquait le matin devant Bundestag à Berlin a quelque chose de fascinant. Cela renforce la politique européenne. Des gens se sont inquiétés ces deux dernières années du rôle croissant des dirigeants nationaux. Mais c’est lié à la crise. Les décisions étaient si importantes qu’il fallait que les chefs d’État et de gouvernement s’en mêlent. Nous n’assistons pas à une renationalisation de la politique européenne, mais à une européanisation des politiques nationales. En ce sens, nous vivons un vrai moment de passage.

    Florence Autret, entretien avec l’auteur, « Une européanisation des politiques nationales », La Tribune, 20-26/05/2012

     

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    Un entretien à lire sur la Toile, mené par François Quinton : nonfiction.fr

     

     « L’Europe s’est forgée par des moments de rupture », entretien mené par Olivier Guez


    Entretien radiophonique : « Luuk van Middelaar : Europe, genèse d’un renouveau ? » présenté par Rémi Praud et Anne-Sophie Michel


  • Le Passage à l'Europe (bis)

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    Réception de l’ouvrage de Luuk van Middelaar

     

     

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    Après avoir présenté Le Passage à L’Europe de Luuk van Middelaar le 28 novembre 2011, le temps est venu de s’arrêter sur les échos qu’éveille cet essai publié dans la collection « Bibliothèque des Idées » chez Gallimard.


     

    Luuk van Middelaar reçu à l’émission « L’invité des Matins » (France culture) le 20 février 2012 




    Dans « Quand l’euro deviendra un instrument de puissance » (La Croix, 16/02/2012), Jean-Christophe Ploquin rend compte de l’ouvrage de Luuk van Middelaar à l’occasion d’un colloque organisé le 15 février par le groupe de réflexion EuropaNova : Avec un œil neuf, il y déroule le fil d’une construction européenne vieille déjà de 60 ans mais qui n’en est, selon lui, qu’à ses débuts. Il observe les frictions entre les modèles identitaires, entre les systèmes politiques, entre l’Europe des États, l’Europe des citoyens et l’Europe bureaucratique. Il se passionne pour « la naissance de cet univers où les intérêts nationaux et européens cohabitent, où ce sont des politiciens nationaux qui assument un rôle européen, qui se sentent coresponsables d’une entreprise commune. Aujourd’hui, l’Europe n’est pas en train de s’unifier culturellement, assure-t-il. Ce qui nous unit, on ne s’en aperçoit souvent que de l’étranger. L’européanité est presque insaisissable. La question n’est donc pas : comment va-t-on devenir Européen ? C’est : comment va-t-on vivre ensemble? Quel sentiment d’appartenance au club va-t-on développer ? Nous ferons l’Europe en imprégnant les États de ce sentiment, pas en forçant une intégration des États.Après la paix et la prospérité, la puissance doit être le prochain grand projet de l’Europe, prône Luuk van Middelaar, qui avait 16 ans lors de la chute du mur de Berlin. C’est un désir des citoyens et une nécessité pour les États. Les Européens ne peuvent fuir cette idée au moment où le monde vit dans le rapport de forces. Il faut faire vivre cette idée dans la population alors que ces dix dernières années, on l’a euphémisée en présentant l’Europe comme un ‘‘acteur’’ de la scène internationale. »

    Ce Néerlandais se doute que le chemin sera long. Il vient de « l’autre pays du ‘‘non’’ », les Pays-Bas, dont les habitants rejetèrent eux aussi par référendum en 2005 le traité constitutionnel européen. « Le ‘‘non’’ français marquait le désir d’une autre Europe alors que le ‘‘non’’ néerlandais manifestait le souhait de moins d’Europe », analyse-t-il.


    Fondapol a proposé un débat sur le livre en présence de : Luuk van Middelaar, Marcel Gauchet, Jean-Louis Bourlanges, Dominique Reynié & Christophe de Voogd



    Parole à présent au Belge Jacques de Decker

     

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    « Hourrah pour l’Europe ! »

     

    Il y a des livres devant lesquels, faute de temps, d’espace et surtout de recul, le chroniqueur se trouve réduit à une seule forme de commentaire : l’effet d’annonce. L’évènement est tel que l’essentiel est d’instiguer le public à y aller voir lui-même toutes affaires cessantes, parce qu’on se trouve devant un ouvrage qui provoque un avant et un après sa parution.

    La même attitude s’est imposée à moi, il y a, plus de vingt ans, lors de la parution du Nom de la Rose. Je me suis contenté de dire dans un bref article, « allez-y voir vous-mêmes, c’est trop important, on reviendra sur la question plus tard ». Ce même choc, sur le plan de l’essai cette fois, on le ressent à la lecture de l’essai de Luuk van Middelaar Le Passage à l’Europe. Histoire d’un commencement. C’est un jalon, een mijlpaal, comme on dit en néerlandais, langue de l’auteur qui est Hollandais, superbement transposé en l’occurrence dans la version française de son ouvrage par ses traducteurs Daniel Cunin et Olivier Venwersch-Cot. On ne pourra plus parler valablement de l’Europe désormais sans en tenir compte.

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    La littérature sur l’Europe, le pamphlet récent de Hans Magnus Enzensberger l’a illustré, est le plus souvent dénigrante. Il est facile de se moquer d’un enfant qui apprend à marcher, et il est tout aussi condamnable de sacrifier à cette sévérité déplacée. Or, l’Europe com- mence, elle est toujours engagée, comme le sous-titre de cette magnifique synthèse, qui se lit comme un passionnant récit, le souligne, dans son « commencement ».

     Qu’est-ce qui éclaire sa réussite, en-dehors, du savoir, de l’effort, du talent littéraire de l’auteur ? Deux éléments majeurs : Van Middelaar est un historien et philosophe de moins de quarante ans. En d’autres termes, il n’a jamais vécu dans un autre espace qu’européen, fût-il en cours de constitution, processus qui n’aura d’ailleurs, tout porte à le croire, jamais de fin. D’autre part, répétons-le, il est un citoyen des Pays-Bas. Or, si l’on doit laisser une chose à nos voisins du Nord, c’est qu’ils ont de l’Europe une grande expérience, puisqu’ils en sont membres fondateurs, et qu’au surplus ils n’ont cessé de la soumettre à leur vigilance critique, avec le pragmatisme et le rationalisme qui les caractérisent. Car n’oublions pas que si la France est le pays de naissance de Descartes, les Pays-Bas furent l’une de ses terres de refuge et d’élection.

    C’est que Van Middelaar a la tête philosophique autant qu’historique ou politologique. Il cite Machiavel, Hobbes, Erasme, Hegel, quelques grands esprits européens qui savaient penser au-delà des frontières nationales, que séparaient cependant des guerres sanguinaires, il ne renvoie qu’à très peu de penseurs contemporains, dont on doit admettre qu’à la différence d’Edgard Morin et de quelques rares autres, ils ont bien peu « pensé leur continent ». En fait, son magnifique livre ouvre une voie : celle d’une philosophie ancrée dans le réel qui prendrait l’Europe pour objet. S’étonnera-t-on dès lors que l’une des consciences les plus actives de l’Europe d’aujourd’hui, et son représentant le plus emblématique, Herman van Rompuy, ait repéré ce jeune prodige et ait fait de lui l’un de ses collaborateurs les plus proches ?

    Jacques De Decker (La Marge)

     

     

    Joëlle Kuntz offre dans l’édition du 4 février 2012 du quotidien suisse Le Temps un bel aperçu du Passage à l’Europe

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  • Le Passage à l’Europe

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    Histoire d’un commencement 

     

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    Gallimard, « Bibliothèque des Idées », 475 p., janvier 2012

    traduction Daniel Cunin & Olivier Vanwersch-Cot

     


    « Le Passage à l’Europe raconte comment un ensemble d’États européens s’efforce de devenir l’expression politique du continent, comment ce corps politique en évolution est né, comment il change de forme, remplit un certain espace, se cherche une voix et souffre d’un manque d’oxygène public. J’emploie le mot ‘‘passage’’ pour trois raisons. Pour évoquer un mouvement dans le temps et dans une certaine direction, pour éviter les inconvénients des termes habituels (‘‘intégration’’, ‘‘construction’’), et enfin pour souligner une analogie entre les métamorphoses de ce corps politique et les ‘‘rites de passage’’. Ces rites, ces pratiques cérémonielles qui assurent une continuité symbolique dans les moments de rupture d’une vie individuelle (naissance, baptême, mariage, couronnement…), Arnold Van Gennep les a analysés il y a un siècle en aiguisant notre regard à propos des formes intermédiaires à même de lier un stade à un autre. D’où le rôle de premier plan que jouent dans notre Passage les entre-deux que sont le seuil, la porte ou le pont, symboles figurant d’ailleurs sur les billets en euros ; d’où l’importance — qui se révèle capitale — qu’il y a à distinguer entre un pas et un saut ; d’où l’attention qu’il convient de porter aux noms et au fait de rebaptiser instances et institutions.

    « Histoire d’un commencement : ce livre l’est parce qu’il scrute une genèse lente, poussée par les événements, sans chercher à fournir le dernier mot. L’Europe ne se réduit pas à quelques kilomètres carrés de bâtiments à Bruxelles, Luxembourg et Strasbourg. L’Europe est à un passage. Et nous avec elle. » (Avant-propos, extrait)

     

     

    couvpassageNL.pngLe Passage à l’Europe présente une version revue et actualisée du Passage naar Europa (Historische Uitgeverij, 2009), dont la parution avait été saluée par l’historien français Christophe de Voogd : « C’est prendre un risque très calculé que d’annoncer, avec la récente parution à Amsterdam du Passage à l’Europe, histoire d’un commencement, du jeune philosophe et historien Luuk van Middelaar, l’arrivée d’un livre, directement tiré d’une thèse de doctorat, qui fera date dans l’abondante littérature sur la construction européenne. Car pour tout ceux, qu’ils soient europhiles ou eurosceptiques, qui déplorent l’abstraction et/ou la partialité d’ouvrages parfois décevants sur cet irritant ‘‘objet politique non identifié’’, voici l’antidote si longtemps attendu.

    « Par sa dimension résolument interdisciplinaire et internationale d’abord : Luuk van Middelaar manie, avec érudition et virtuosité, références juridiques et philosophiques, invoque politologues et historiens, de toute époque et de toute nationalité. []

    « Par l’ampleur des sujets traités ensuite : rien moins que les 60 années de construction communautaire : non seulement les grandes étapes mais aussi le secret des négociations de la CECA à celles du traité de Lisbonne, les péripéties autour des symboles européens (drapeau, hymne et monnaie) mais encore l’histoire de l’eurobaromètre… : le tout replacé dans le cadre de la politique internationale, de la guerre froide au 11 septembre et articulé, de manière très novatrice, avec la longue durée de l’idée européenne.

    « C’est en effet par son approche d’ensemble du phénomène européen que l’auteur affirme sa plus grande originalité : au lieu de sombrer comme tant d’autres dans une nouvelle discussion sur le sexe des anges (l’Europe est-elle une réalité ‘‘ancienne’’ ? ‘’contemporaine’’ ? ‘‘intergouvernementale’’ ? ‘‘supranationale’’ ? ‘‘fédérale’’ ? ‘‘économique’’ ? ‘‘géographique’’ ? ‘‘politique’’ ? ‘‘technocratique’’ ? ‘‘démocratique’’ ? ‘‘chrétienne’’ ? ‘‘laïque’’ ? ), Van Middelaar précise d’entrée son angle d’attaque : prendre tous ces mots au sérieux, non comme des tentatives de description mais comme des éléments de stratégies opposant des pays, des milieux, des intérêts : bref, comme autant d’enjeux de pouvoir. » 

     

    QUATRIÈME DE COUVERTURE


    CouvLuukvanMiddelaar.jpgCe livre raconte un événement lent et majeur : la genèse d’un ordre politique européen.
     

    Il évite le jargon et les poncifs des manuels ; ceux-ci cachent bien plus les enjeux du pouvoir qu’ils ne les éclairent. Il ne spécule pas une quelconque finalité. Il n’est pas « pour » ou « contre » l’Europe – peut-on l’être d’ailleurs ?

    Le Passage à l’Europe distingue trois sphères européennes. La sphère externe, celle du continent et de l’ancien « concert des nations » ; la sphère interne des institutions et du Traité, source de grandes attentes ; enfin, imprévue et non perçue, une sphère intermédiaire, celle où les États membres, rassemblés autour d’une même table, se découvrent peu à peu coresponsables d’une entreprise commune, parfois malgré eux. Cette sphère intermédiaire, dont le Conseil européen des chefs d’État ou de gouvernement est devenu l’expression institutionnelle, est le théâtre des tensions entre l’un et le multiple. Tensions qui font la force et la faiblesse de l’Union comme en témoigne la crise de l’euro. 

    Livre d’histoire, en ce qu’il prend au sérieux l’expérience des hommes politiques qui ont façonné l’Europe depuis soixante ans : l’importance des mots, la soif des applaudissements, l’implacable pression des événements.

    Livre de philosophie, en ce qu’il veut savoir ce qu’est la politique avant de trancher sur l’existence d’un corps politique européen : qu’en est-il, en Europe, de la capacité à prendre des décisions contraignantes, à agir dans le flux du temps, à établir un lien avec les gens ?

    L’un et l’autre, en ce que l’auteur considère que la vérité de la politique ne se comprend que dans le temps.

     

    couvpoliticide.pngLuuk van Middelaar (1973) est philosophe et historien, auteur de Politicide. L’assassinat du politique dans la philosophie française (1999) et ancien chroniqueur au quotidien NRC Handelsblad. Après avoir travaillé tant à Bruxelles, au sein du cabinet d’un commissaire européen, qu’au Parlement néerlandais, il est depuis 2010 la plume du premier Président du Conseil européen, Herman Van Rompuy. Le Passage à l’Europe a remporté le prix Socrate 2010 récompensant le meilleur livre de philosophie écrit en néerlandais.

     

     

    Luuk van Middelaar en néerlandais à propos de son Passage à l'Europe