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Littérature jeunesse - Page 2

  • Contes de filles en fleurs

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    Un recueil de contes de Marita de Sterck

     

     

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    Anthropologue et romancière, l’Anversoise Marita de Sterck parcourt depuis quelques dizaines d’années le monde et les livres à la recherche de contes qui évoquent l’entrée des jeunes filles dans l’âge nubile. Les éditions Manteau viennent d’en réunir 60 en provenance des cinq continents : Stoute meisjes overal. Volksverhalen over liefde en lef (Filles intrépides du monde entier. Contes sur l’amour et l’audace).

    Ce volume de près de 300 pages au graphisme soigné, destiné à un public d’adolescents, s’ouvre par une préface exposant les thèmes majeurs abordés : l’amour, l’érotisme, la transformation du corps, les rites de passage, les menstrues, le choix du partenaire, la création de l’homme et de la femme... La qualité littéraire des textes est mise en avant et il est vrai que le passage de l’oral à l’écrit qui a constitué une bonne partie du travail est remarquable. Après les cinq parties du livre : Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie, l’auteur a ajouté des précisions sur les choix qu’elle a opérés, sur sa démarche ainsi que sur l’origine de chaque texte. Ceux-ci proviennent pour une part d’ouvrages publiés en différentes langues (Gérard Meyer, Veronika Görög-Karady, Suzanne Lallemand, E. Jacottet…), mais ils sont proposés dans des versions parfois enrichies, le reste étant le fruit des recherches menées par Marita de Sterck elle-même (auprès de Touaregs, d’habitants du Congo, de Trinité-et-Tobago, de l’Amazonie, d’Inde, de Roumanie, du Portugal, de Polynésie, des déserts australiens... et aussi de villages de Belgique). Le livre se termine par une bibliographie et un index thématique.

    Naviguant entre le rêve et le cauchemar, ces contes nous permettent de revisiter ceux qui nous sont familiers (Grimm, Perrault, etc.), mais en les peuplant d’organes sexuels placés aux endroits les plus insolites, d’animaux qu’on ne s’attend pas forcément à croiser – beaucoup de serpents certes, mais aussi des tapirs, des dauphins, des araignées… – et en y glissant des scènes graveleuses, crues, voire cannibalesques. Le chaperon rouge a seize ans, le loup ne parvient pas à manger la grand-mère en une fois ; or voilà que la jeune fille commence à avoir faim... Quelques titres suffiront à donner une idée du dépaysement qui attend le lecteur et les lectrices intrépides : « La fille qui rejeta tous les garçons pour épouser un lion », « Au temps où les pénis poussaient encore sur les arbres », « Comment le vagin a fini par trouver sa place », « Le coyote qui épousa sa propre fille », « Le dauphin rose qui suivit la fille qui perdait son sang », « Serpent le jour, homme la nuit », « La princesse qui épousa un cochon »… Une suite de voyages et un régal de lecture !

    Daniel C.

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     Il existe une édition pour les adultes : Bloei. Zestig volksverha- len uit de hele wereld die van meisjes vrouwen maken. (En fleurs. Soixante contes du monde entier qui font des filles des femmes). Elle présente en réalité exactement le même contenu que celle proposée aux plus jeunes.

     

     

     

  • L’enfer à la maison

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    Le premier roman de David de Poel

     


    Bedrukt-papier, n° 1, nov. 2009

    CouvBedruktPapier.pngPeu connu encore, il est pourtant le plus grand écrivain néerlandais, puisque le cerveau où il conçoit ses nouvelles et romans est perché à plus de 2, 10 m du sol. Écrivant depuis ses plus jeunes années, David de Poel – né à Groningue en 1973 – suit son chemin en réalisant peu à peu ses rêves, par exemple celui de fonder une revue dont il serait l’unique rédacteur, un de ces een- manstijdschrift dont il existe une belle tradition en Hollande : Bedrukt-papier a ainsi vu le jour en novembre 2009, un premier numéro dans lequel l’auteur publie des entretiens avec un éditeur et des confrères dont il admire l’œuvre ainsi que deux nouvelles : l’une évoque de manière hilarante une activité à laquelle David de Poel se livre dans la ville où il réside, Amsterdam : contre quelques dizaines d’euros, l’écrivain vient lire le soir à votre domicile, à l’heure où vous vous couchez – il s’assied près de votre lit, vous berce de sa voix et vous n’avez plus qu’à vous endormir. À moins que vous ne l’ayez fait venir pour autre chose…


    En 2004, David de Poel a publié son premier roman : De buitenstaander (L’Exclu). Un garçon prénommé Baldwin nous raconte son existence, entre le moment où sa mère meurt dans un accident (il a environ 6 ans) et la fin de sa scolarité en primaire. Son père s’est assez rapidement remarié ; or, le garçon est brimé et battu par sa belle-mère. Il subit les choses en secret, son père refuse d’ailleurs de regarder la réalité en face. Ses grands-parents projettent de l’aider, mais sa grand-mère meurt à son tour. Comment le garçon peut-il échapper à l’enfer qu’il vit sous le toit familial ? Portée par une belle écriture simple et subtile, cette histoire traite de façon crédible, sans tomber dans le mélodrame, un sujet grave. La cinquantaine de courts chapitres se referme sur une fin ouverte. L’auteur brosse un beau portrait d’une belle-mère psychopathe et d’un père aveuglé par l’amour. Il propose aussi une belle évocation des premiers sentiments amoureux qu'éprouvent des enfants d'environ 10 ans. Un livre pour adolescents et pour les plus grands aussi (il n’a d’ailleurs pas été publié aux Pays-Bas dans une collection jeunesse) auquel David de Poel a donné une suite : Blauwzeer (Blessure bleue, éd. Aspekt, 2007).

     

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    illustration : peinture de Barend Blankert, Jeune qui dort


    David de Poel a réuni certaines de ses nouvelles dans Mannen in pakken, de grootste viezeriken die er zijn (XX uitgevers, 2005), recueil traduit en japonais. Il a par ailleurs rendu hommage à certains écrivains comme Boudewijn Büch – romancier, bibliophile et réalisateur de documen- taires qui aimait faire partager ses passions ou encore sa fascination pour les dodos. En vrai amoureux de la lit- térature de son pays, De Poel a aussi écrit une biographie de l'auteur Frans Pointl dont on attend la parution.

     


  • Un Raspoutine flamand

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    Quand des hommes se réincarnent en marionnettes


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    Guy Didelez (source : embee.be)


    De l’immense production de l’auteur jeunesse et scénariste flamand Guy Didelez, retenons le roman policier Raspoetine (Raspoutine, 1987), primé et réédité régulièrement depuis plus de 20 ans (le plus récemment aux éditions Abimo). Cette histoire qui s’adresse aux collégiens narre les aventures de Bram, Sofie en Bert. Ces ados décident de mener une enquête sur Peter, leur nouveau camarade de classe qui ne manque pas de les intriguer. Ce garçon plutôt réservé s’est attiré les foudres d’un des professeurs à cause de son bégaiement. Mais Peter cache en réalité certains talents et même des pouvoirs plutôt inquiétants. Lui qui éprouve des difficultés à s’exprimer correctement se révèle être un excellent ventriloque - un don que lui a transmis son père disparu dans des circonstances mystérieuses. De ce père, il a également hérité de vieilles et sinistres marionnettes avec lesquelles il vit dans une bien étrange demeure. L’une de ces marion- nettes, celle qui a une tête de Raspoutine, ne serait-elle pas la réincarnation d’un défunt ?

    L’amitié qu’éprouve le trio pour Peter va-t-elle permettre à ce dernier de découvrir les tenants et les aboutissants de la mort de son père et de se libérer du mauvais sort que quelqu’un semble avoir jeté sur lui ? Que va-t-il advenir du professeur qui joue au tyran avec ses élèves et dont Peter souhaite la mort ?

     

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    une des éditions de Raspoutine


    Dix ans après avoir donné à ses lecteurs ce roman captivant qui marie trame classique et ingrédients fantastiques, Guy Didelez a écrit une suite, Le Retour de Raspoutine, où l’on retrouve les mêmes personnages.

    Raspoutine a été traduit en suédois et en norvégien. À l’époque, le roman a reçu le prix du meilleur polar flamand, récompense en principe uniquement décernée à des livres destinés à un public d’adultes.

    À ce jour, alors que plusieurs de ses ouvrages sont traduits en allemand, un seul est disponible en français : Bons baisers d’Andromède (trad. Martine Bom, CERA, Namur, 1998). Il s’agit en réalité de l’un des nombreux titres qu’il a écrits en collaboration avec le touche-à-tout Patrick Bernauw.

     


  • La Paix de Nimègue

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    Le poète Jaap Robben

     

     

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    Henri Gascard, La signature du traité de paix de Nimègue entre la France et l’Espagne, Musée Valkhof


     

    Né en 1984 aux Pays-Bas, Jaap Robben est auteur et metteur en scène.  Il a publié à ce jour les recueils Twee Vliegen (Deux mouches, 2004), De nacht krekelt (La Nuit grillonne, 2007) et Zullen we een bos beginnen? (Et si on commençait une forêt ?, 2008), trois livres illustrés réunissant des textes pour enfants. Son éditeur, De Geus, publiera cette année un roman jeunesse rehaussé d’illustrations de Benjamin Leroy, le dessinateur flamand qui a signé celles de Zullen we een bos beginnen?.

    Le 29 avril 2010, le musée Valkhof de Nijmegen, ville dont Robben est actuellement le « poète officiel », a ouvert une salle baptisée « salle de la Paix de Nimègue ». Lors de l’inauguration, Jaap Robben a lu un poème écrit pour l’occasion. Il en a présenté les traductions espagnole et française.




    Comment nous sommes devenus voisins

     


    Où nous nous trouvons, ça s’appelait

    ici

    et le lointain

    là-bas.


    Jusqu’à ce qu’une ligne sépare soudain

    notre herbe de celle des autres.


    Un trait bien plus fin que rien

    fit que dès lors nous fûmes pareils

    et tout le monde au-delà

    en réalité tout autre.



    ***

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    Mais c’est pour les enfants (et les plus grands) que Jaap Robben prend le plus de plaisir à écrire. Ci-dessous un poème du recueil Zullen we een bos beginnen ?

     

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    Toute l’eau vient-elle de nos chagrins ?



    Peut-on reconnaître mes larmes

    dans le bleu du globe terrestre ?


    Se rencontrent-elles

    dans la vapeur du thé ?

    dans la forte averse

    qui tient ma fenêtre éveillée ?


    Peut-être deux d’entre elles

    se retrouvent-elles

    dans un glaçon suspendu à un pont

    à moins que ce ne soit

    jamais ailleurs

    que sur une joue.

     

    (traductions : Daniel Cunin)


  • La Fille sans cœur

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    ÊTRE OU PARAÎTRE

    La plus belle fille du monde s’entend dire par un amoureux éploré : « Tu n’as pas de cœur. » Voilà pourquoi elle se met en quête d’un cœur auprès d’un sculpteur, d’un peintre, du boucher du village, du forgeron ou encore du boulanger. Chacun lui en donne un de fortune en échange d’un morceau de sa beauté. Un conte sur le paraître, la vanité du paraître, la beauté intérieure.

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    C’était une belle fille. Jamais encore on n’avait vu une fille aussi belle.

    Elle était belle comme les premières fleurs du printemps, comme un rayon de soleil sur l’eau, comme une clairière au milieu des bois.

    Quand elle passait dans la rue, les oiseaux s’arrêtaient de chanter. Les hommes ôtaient avec respect leur chapeau. Les cloches se taisaient.

    Aucun miroir ne pouvait la voir sans se fendre, sans tomber par terre en mille morceaux.

    Elle, ça la laissait froide.

    Elle n’avait pas besoin de miroir pour savoir combien elle était belle.


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    Néerlandais né en 1957, Pieter van Oudheusden est un grand connaisseur de la bande dessinée. Il a écrit de nombreux scénarios, a traduit beaucoup de BD françaises et belges ainsi que des livres pour enfants. Sa biblio : ici

    L’illustratrice flamande Goele Dewanckel vient de fêter ses 50 ans ; elle illustre des livres depuis 1997 dont 5 ont paru aux éditions du Rouergue.

     

     

     

     

    Pour les plus petits, Pieter van Oudheusden a également publié aux éditions du Rouergue, avec la complicité d’Isabelle Vandenabeele, Mon ombre et moi.

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    « Une ombre si elle pouvait parler... elle en raconterait des choses. Le petit garçon de cette histoire se fait ici le porte-parole de son alter ego. Observateur de premier plan, il décrypte les comportements de sa compagne de tous les jours et évoque leur complicité. » (www.ricochet-jeunes.org)  « Un petit garçon vit avec son ombre, qu’il personnifie comme son double, il la nomme “Elle”. Ainsi, elle le suit au gré de sa journée : Elle marche devant moi... sous l’eau, elle nage en cachette, derrière mon dos… elle aime bien regarder la télé… L’ombre s’envole à la tombée de la nuit, et l’enfant vit à travers elle une autre vie : Elle danse avec les indiens… En Chine, elle monte sur la scène des théâtres... Mais, le matin, elle se dépêche de revenir près de l’enfant, épuisée : Ça t’étonne, après une nuit pareille ? la gronde-t-il. Une qualité graphique, un texte bleu sur fond écru, une mise en page alternant découpages et collages, et la gravure sur bois, accompagnée de couleurs primaires. » (C.G, www.sitartmag.com)

    un document qui reprend des illustrations d’Isabelle Vandenabeele :

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    Lien permanent Imprimer Catégories : Littérature jeunesse 0 commentaire