Le traducteur / The translator / De vertaler
Un film de Richard Lecoq
Le Traducteur, Fiction Noir & Blanc, Super 8mm, 1996, avec Jean Louis Berdat, Karina Krawczyk
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Un film de Richard Lecoq
Le Traducteur, Fiction Noir & Blanc, Super 8mm, 1996, avec Jean Louis Berdat, Karina Krawczyk
« À quoi sert la littérature ? »
Un discours de Hubert Nyssen (2007)
Vidéo de l’intégralité du discours
Extrait
« […] Pas un livre qui, d’une certaine façon, ne soit un appel au désir donc à une forme d’insurrection. Espoir et désespoir, élans et chute, proférations et silences sont alors des manières de manifester la reconnaissance du désir comme un premier pas dans la conquête d’une liberté, celle d’être présent dans le grand concert des humains. Les écrivains qui sont honorés ici le savent, et je sais qu’ils le savent parce que je l’ai lu dans leurs livres.
Or une œuvre de littérature ne va jamais seule comme peuvent aller une sculpture, un dessin ou une sonate qu’il ne faut ni modifier ni travestir quand on change de territoire. La littérature, elle, est irriguée par la langue dont elle se sert. Volens nolens elle est fille de sa langue mère, elle est portée par cette langue qu’en même temps elle déploie et elle porte. Une langue qui la contraint et qu’elle contraint, qui l’entrave et qu’elle débride, qui la défie et qu’elle défie. Une langue si chargée d’histoire, de règles, de traditions et de souvenirs, qu’il n’est pas un livre qui, par les traces et sédiments de cette langue, ne traîne avec lui des réminiscences du passé, des fragments de la mémoire collective et l’un ou l’autre scintillement d’une culture ancienne. Toutes choses dont les nuances échapperaient à notre perception sans le concours essentiel de la traduction. Car si une œuvre littéraire est en soi une traduction de ce qu’elle entend représenter, elle ne peut offrir d’accès aux lecteurs d’une autre langue sans le concours de sa propre traduction. C’est l’une de ces évidences dont Paulhan disait avec humour qu’il est dans leur nature de passer inaperçues : sans la traduction, sans les traducteurs qui sont à leur manière des écrivains, la littérature resterait tribale.
Voilà peut-être d’abord à quoi elle sert, la littérature. Par l’intelligence et la force de ses représentations, par leur multiplicité, et avec le concours de ses traductions, elle sert à nous éclairer sur le monde en ses multiples états, à nous en révéler les hideurs et les splendeurs, les astres et les désastres, à nous faire comprendre sa logique et ses contradictions, à nous faire sentir sa cruauté et sa tendresse. Elle sert, la littérature, à nous permettre de nommer le monde en sa diversité, et elle nous autorise par la lecture, qui est elle-même une traduction, à l’enrichir de nos propres percepts avant de la transmettre à nos successeurs. »
Ce discours a été prononcé en septembre 2007 à l’occasion de la remise du titre
de docteur honoris causa de l’Université de Liège
à Nancy Huston, Paul Auster, Alberto Manguel et Bahiyyih Nakhjavani.
Les lettres néerlandaises aux éditions Actes Sud : ici
Hubert Nyssen, à livre ouvert (2009)
documentaire de Sylvie Deleule
Entretien avec H. Nyssen
3 autres entretiens avec H. Nyssen sur le site de Jacques de Decker
Voix de Belgique
En 2001, l’émission « Courant d’Art » a proposé un documentaire sur la traduction littéraire. Il donne la parole à Caroline Lamarche qui évoque brièvement le travail de son traducteur en anglais, ainsi qu’aux traducteurs Françoise Wuilmart, Rose-Marie François et Patrick Grilli.
Écrivain elle-même, Rose-Marie François a traduit des auteurs allemands, autrichiens, lettons et suédois, mais aussi quelques poètes d’expression néerlandaise : Eddy van Vliet, Hans van de Waarsenburg et Eric Derluyn, (D’un bond léger dans l’immortalité. Kleine sprong in onsterfelijkheid, recueil bilingue, 1987).
Fondatrice et directrice du Centre Européen de Traduction littéraire (C.E.T.L.), Françoise Wuilmart s’est elle aussi distinguée par ses traductions de l’allemand. On lui doit également des transpositions d’œuvres d’écrivains flamands et néerlandais (roman, essai, pièce de théâtre) : Peter Verhelst (Cette fleur est ma révolution), Kristien Hemmerechts (Jeudi 15h30), Marijke Schermer (Le Couple Alpha), Douwe Draaisma (Pourquoi la vie passe plus vite à mesure qu’on vieillit)… On peut l’entendre s’exprimer sur le thème « traduire, c’est traduire la culture » : ici
Quant à Patrick Grilli, il a signé des traductions de romans de Jeroen Brouwers (L’Éden englouti, Rouge décanté), Frans Kellendonk (Corps mystique), Tim Krabbé (L’œuf d’or), Kristien Hemmerechts (Ana- tomie d’un divorce, Le jardin des innocents), Marcel Möring (La Fabuleuse histoire des Hollander) ainsi que d’ouvrages des historiens Jan Romein (Les Fondements sociaux et économiques du fascisme) et H.L. Wesseling (Le Partage de l’Afrique, Les Empires coloniaux européens 1815-1919).
Parole aux traducteurs
La Machine à traduire (Les Shadoks)
Avant de donner à la paroles à des traducteurs de divers horizons, écoutons Jacques Gélat, auteur des romans Le Traducteur (2006) et Le Traducteur amoureux (2010) publiés aux éditions José Corti.
Entretien avec Claude Porcell (1946-2008), traducteur, à propos de son travail sur les pièces de Thomas Bernhard
Philippe Jaccottet. Traduire pour vivre
Robert Davreu, traduire Sophocle
Robert Davreu sur James James Cañón (Dans la ville des veuves intrépides)
Maria Efstathiadi à propos de l’écriture et de la traduction
Arthur Langerman à propos de sa traduction du yddish d’un recueil de nouvelles de Sholem Aleikhem (1859-1916). Entretien radio : ICI
Brice Matthieussent à propos de son roman Vengeance du traducteur
Entretien avec Alain Walter, traducteur de l’œuvre du poète japonais Bashô
Georges Nivat, traducteur de Soljenitsyne
Pascal Collin à propos de sa traduction de Hamlet mise en scène par David Bobée
Interview de Régis Boyer
Petit entretien au bar à vin : Andreï Kourkov et son traducteur Paul Lequesne
Entretien avec Nicolas Richard, traducteur de Vice Caché de Thomas Pynchon
Georges-Arthur Goldschmidt à propos de traductions de classiques allemands
Annie Curien : la traduction comme expérience d'un cheminement - à propos de la traduction de poèmes de Leung Ping-kwan
Voir aussi
L’écrivain Hugo Loetscher s’exprime sur l’importance de la traduction de ses livres en français : ICI
les entretiens à propos du film Traduire de Nurith Aviv
divers entretiens sur le blog du CITL et sur ce blog : ici, ici, ici, ici & ici.
Entretien avec Henri Deluy
A propos de son recueil L'Heure dite et l'anthologie Poètes néerlandais de la modernité
photo : Rozalie Hirs & Thomas Möhlmann