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Peintres-Graveurs - Page 10

  • Intermède Kees van Dongen

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    Van Dongen

    par Anita Hopmans

     

     

    Anita Hopmans, qui a consacré plusieurs ouvrages au peintre néerlandais, retrace le parcours de ce dernier à travers des images d'archives (version néerlandaise sous-titrée en anglais) à l'occasion de l'exposition All eyes on Kees van Dongen (Musée Boijmans Van Beuningen, 18 septembre 2010 – 23 janvier 2011). 

     


     

     

     

     

  • Sam Dillemans

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    "Rembrandt, ce n'était pas autrefois

    Rembrandt, c'est demain"

     

     

    Extrait d'un documentaire (néerlandais, sous-titres anglais) sur le peintre flamand Sam Dillemans : La Folie du détail de Luc Lemaître et Sam Degreave.

    "L'art ne connaît pas de compromis." ou "On ne doit pas vivre avec son temps, on doit vivre en poésie."

     

     

     

    vidéo (1'30 mn de plus) sans sous-titres mais avec une meilleure image

     

    Sam Dillemans et la boxe (NL)

     

     

     

     

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  • En Hollande

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    Hollande d’antan, par Cyriel Buysse

     

     

    Cyriel Buysse 

    buysse14.jpgUn petit texte anecdotique que le romancier flamand a écrit en français en guise de préface à un album de vingt-cinq lithographies exécutées par l’artiste gantois Armand Heins (1856-1938) d’après des croquis de voyage : En Hollande. Au fil de l’eau et sur les calmes rives..., Gand, N. Heins, 1902, in-folio non paginé. Cet ouvrage étant rare, nous reprenons cette présentation telle qu’elle a été publiée dans les Extraits choisis (1942) de Cyriel Buysse que l’on doit à M.G. van Severen. De son vivant, le graveur et aquarelliste A. Heins était une des figures majeures de la vie culturelle de Gand. Resté célibataire, il a pu consacrer une grande partie de sa vie à son art, évoluant entre autres dans les milieux avant-gardistes. Il s’est montré soucieux de croquer nombre de vestiges du passé et d’éléments du folklore flamand. Certaines de ses œuvres, par exemple des affiches et des couvertures de livres, témoignent de son attrait pour l’Art Nouveau. Dans sa ville natale, une exposition a retracé il y a peu son parcours (Musée d’Archéologie Industrielle et de Textile, du 21/11/2009 au 25/04/2010). On pourra découvrir ses dessins dans l’Inventaire  archéologique de Gand et dans des dizaines de publications (en français et en néerlandais) qui accordent une belle place à la Flandre, à la Hollande ou encore au Nord de la France.

     

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    A. Heins, Vue de Hoei, gravure, 1881

     

     

     

    Au fil de l’eau et sur les calmes rives

     

    D’un voyage en bateau, - flâne délicieux d’un artiste en plein air, avec de longs arrêts là où tentait le paysage, tantôt glissant au fil de l’eau en contemplation muette, tantôt à terre sur les rivages verts et calmes, l’œil aux aguets et le crayon agile, - Heins nous a rapporté ses impressions multiples de l’étrange et émouvante Néer- lande.

    Voici d’abord la belle Zélande moyenâgeuse et fantastique : au loin, derrière le fin miroitement de l’eau, une longue ligne basse et plate, d’où vaguement émergent de minces cheminées d’usines, des cônes de moulins, avec les ailes en croix, et le fouillis touffu des vergues et des mâtures. D’un vol oblique les mouettes blanches et grises planent, accompagnant de petits cris aigus les barques inclinées, dont la proue, ainsi qu’un soc de labour, fend d’un sillon de blanche écume l’eau glauque et clapotante. Des steamers lourds paraissent, des dragues et des grues rugissent avec des bruits de chaînes ; puis, tout d’un coup, sans transition, c’est l’existence enclose et calme de quelque ville très ancienne ; un rectiligne « gracht » bordé d’immenses ormes aux frondaisons sombres, et tous les vieux pignons serrés les uns contre les autres comme de curieuses têtes étrangement encapuchonnées qui toutes se penchent un peu vers l’avenue déserte, pour voir si rien ne viendra troubler la morne paix et la quiétude profonde, de leur antique et monotone petite vie.

    On y sent la vie de famille, dans toutes ces curieuses petites maisons serrées, pressées les unes contre les autres. Il doit faire bon y vivre le soir sous la lampe, dans cette atmosphère si typique de « gezelligheid » hollandaise, un mot dont nulle autre langue, ni le « gemüthlich » allemand, ni le « confortable » français ni le « cosy » anglais, ne parvient à donner exactement l’équivalent, avec tout ce qu’il com- porte de charme doux et intimement familial. (1)

    T. Van Rysselberghe, Armand Heins peignant en plein air (détail),

    1881, Musée des Beaux-Arts de Gand

    ArmandHeinsparTheovanR.pngPuis, au sortir de la cité ancienne, c’est aussitôt la large rivière entre ses rives plates, plus élevée parfois que les prairies à perte de vue environnantes, et dont l’isolent de fortes digues. Ce sont les vraies grandes routes de la Hollande, - les chemins qui marchent, comme disait Pascal -, ces rivières majestueusement larges et calmes, domptées par le génie tenace de l’homme, portant et conduisant l’activité prudente et raisonnée de ce peuple, flegmatiquement audacieux et fort. Au delà, à droite, à gauche, jusqu’aux confins de l’horizon où, pareils à des joujoux d’enfants, les ailes des moulins s’agitent, paissent, sur les immenses étendues d’émeraude, les riches troupeaux. On dirait des fleurs innombrables et lentement mouvantes, qui, irradiées parfois en groupe sous le poudroiement flamboyant du soleil, s’animent des couleurs et des formes les plus fantastiques. Et tout au haut, sous la coupole des ciels immenses, on semble voir ces troupeaux reflétés en nuages sur l’azur.

    Puis viennent les petits ponts capricieux qui font penser à des potences, arc-boutées sur des petits canaux d’intérieur qui s’enfoncent au loin dans les étendues vertes. De lentes barques y glissent, poussées à la gaffe ; un chariot antique, bizarrement peinturluré, est arrêté devant, et sous la bâche blanche apparaît un couple de paysans qui se rendent à quelque marché ou kermesse : l’homme en noir, ses longs cheveux blonds et bouclés coupés droits sur la nuque, la femme comme une petite idole, tout en or et couleurs éclatantes, les bras nus étranglés par la manche courte et collante, la taille étrangement ramassée et fortes, les hanches démesurées d’ampleur sous le ballonnement extravagant de la crinoline surchargée de jupes. Un morne bourg est là, avec ses maisonnettes et ses moulins, qui fut jadis une florissante ville, témoin encore l’église énorme, beaucoup trop vaste pour la population restreinte, avec sa tour carrée et haute, calée sur des éperons, ainsi qu’une forteresse. On a peine à se figurer que le catholicisme a édifié ce temple-là. Il paraît avoir perdu de sa grâce, de sa sveltesse épanouie. Une foi plus robuste et plus farouche, sans apparat, s’y est installée et semble en avoir modifié l’aspect. Autrefois il charmait ; aujourd’hui il impose. Il est devenu le temple de Luther et de Calvin.

    Couple de Marken en habits traditionnels, vers 1900

    1900Marken.pngPuis ce sont, dispersés au hasard des étapes, quantité de petits coins inattendus et souvent d’une intimité charmante. Voici, à l’ombre des vieux tilleuls, une vieille petite maison comme nous en rencontrons en Flandre : un toit caduc en chaume, de frustes petites fenêtres aux volets branlants et aux minuscules carreaux verdâtres enchâssés de plomb, derrière lesquels on s’attend à voir quelque vieille grand’mère derrière son rouet (2), et tout au long de l’humble façadette crépie au lait de chaux un épa- nouissement d’antiques fleurs que nous ne connaissons plus, et que cultivaient avec amour nos ancêtres. Voici un vieux castel des seigneurs de jadis, ruine encore altière, drapée sur des bastions crénelés d’épais manteaux de lierre ; voici, tout au bout d’une étroite ruelle, que bordent de précaires massifs, un escalier de bois vermoulu. Point n’est besoin de demander où nous sommes et où cet escalier nous mène : les masures sont de pauvres chaumines de pêcheurs, et l’escalier ouvert sur l’espace monte à une digue d’où l’on contemple la mer. Voici Marcken, groupement désolé de cabanes sans ombrage, Marcken sans un arbre et isolée de la vie, Marcken pareille au loin à un radeau flottant et qu’une lame un peu forte semble devoir à jamais engloutir. Voici, spectacle étrange, un grand moulin sur une maison qu’il semble enfoncer en terre ; voici des barques amarrées, toutes pareilles, de même forme et de même couleur, de même vaillance calme sur cet élément qui est le véritable élément du peuple de Néerlande.

    Et de tout cela se dégage le grand charme d’une chose vécue avec intensité et supérieurement rendue par un artiste dont l’œil observateur était constamment en éveil et dont l’âme enthousiaste était profondément émue.

     

    Cyriel Buysse

     

     

    (1) Sur ces termes gezelligheid et gezellig, voir ce qu’en dit Alphonse de Châteaubriant dans son récit Instantanés aux Pays-Bas : « moins une nuance encore intraduite - le confortable dans l’intimité et l’intimité dans le confortable ».

    (2) On songe à la vielle grand-mère au rouet de la nouvelle de Buysse « Greutmoeder Renske », dont la version  française s’intitule « Grand’mère Renske ».

     

     

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    A. Heins, Projet de fresques pour la salle des fêtes du Palais du Cinquantenaire

    à Bruxelles,

    crayon, encre de chine et aquarelle. 37 x 105 cm.

     

     

  • Découverte de Charley Toorop

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    Retour sur la rétrospective Charley Toorop

     

     

    C. Toorop, Autoportrait, 1929, © Ad Petersen

    TooropAdPetersen.jpgPour la première fois, on a pu voir en France un grand nombre de toiles de la Néerlandaise Charley Toorop. Le commissaire de l'exposition, Gérard Audinet - aujourd'hui directeur de la Maison Victor Hugo -, évoque cette création dans la vidéo ci-dessous. Le magnifique double catalogue publié par le Musée d'art moderne de la ville de Paris et Paris Musées présente un long texte biographique de Marja Bosma, une étude de Carel Blotkamp sur le Repas des amis, l'un des tableaux les plus ambitieux de la peintre, ainsi qu'une contribution de Catherine Gonnard (« Trois générations: construction d'une artiste ») et une autre de Gérard Audinet (« Alterportrait »). Parallè- lement, l'Institut néerlandais a organisé une expo- sition axée sur des documents privés de la fille de Jan Toorop (lettres, dessins, photos, ect.). On peut en retrouver l'essentiel dans le catalogue Charley Toorop privée dont le texte a lui aussi été écrit par la spécia- liste de l'oeuvre de la Hollandaise, Marja Bosma, conservateur au Centraal Museum Utrecht. Relevons que l'historienne de l'art Cartherine Jordy a consacré un article à Charley Toorop : « Charley, fille de Toorop ou l'amour du travail » dans le numéro 4 de la revue Deshima.

     

     

    Charley Toorop au Musée d'Art moderne

    voir aussi :

    Rétrospective Charley Toorop au Musée d'Art Moderne sur Culturebox ! 

     

    « Tu m’écris que je dois un peu me régler sur toi. Je le veux bien. Mais tu comprendras que me régler complètement sur toi, à l’instar d’une femme qui aime, qui ne travaille pas, qui n’a pas de vie à elle, pour ma part je ne le pourrai peut-être jamais. Mais je peux tout de même beaucoup. […] Et ce sera toujours comme ça, il me faudra être seule de temps en temps. Cela ne veut pas dire que je suis plus loin de toi, ce serait plutôt le contraire. Je pense peut-être plus à toi que lorsque que je suis à tes côtés, très fidèle et très unie à toi. C’est certes là une grande différence entre nous – toi, tu as tant de mal à être seul – tu ressens cela comme un abandon. Moi j’aspire parfois à être seule (toute seule, sans même les enfants) et ne me sens pas pour autant abandonnée, jamais, presque jamais…

    Ainsi, j’espère que tout ira entre nous, ça pourrait être tellement bien. Mais voilà, je n’ai qu’un seul seigneur et maître, là est le malheur, mon travail – ou plutôt cet impératif : m’isoler pour atteindre la concentration dont j’ai besoin quand je suis seule – bien que je sois capable de t’incorporer toi et le reste dans cette solitude. »

     

    Lettre de Charley Toorop à Arthur Lehning,

    été 1928, Ploumanac'h (trad. D. Cunin)

     

    une lecture d'extraits de cette correspondance amoureuse

    a été faite par Marie de Bailliencourt

    à l'Institut néerlandais le 8 avril 2010 

     

     

    L'oeuvre de Charley Toorop en images

     

     

  • Le plus français des Hollandais

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    Kees van Dongen nous parle

     

    un entretien en français (1960)

     

    Christian MEGRET est allé rencontrer VAN DONGEN (83 ans) dans son atelier. Celui-ci, palette à la main, s'interrompt pour parler de son plaisir de peindre. Devant un portrait de Brigitte Bardot, il parle de sa rencontre avec l'actrice. Puis il évoque son enfance en Hollande, sa famille modeste, ses débuts dans la peinture, la réaction de sa mère quand il a peint un cheval sur un drap (tableau) et son arrivée à Paris un jour de 14 juillet. Il raconte ses premières années à Paris : il dormait à la belle étoile dans les "fortifs" (fortifications à St Ouen), faisait des dessins d'enfants dans les squares, participait à des combats truqués dans les fêtes foraines puis il a vécu à Montmartre au Bateau Lavoir et rencontré Picasso. Fin des années 20, VAN DONGEN a des contrats (différents tableaux), on le classe dans "les fauves", il fait beaucoup de portraits de "mondains" (portraits de Madame Dubonnet, de Madame Meunier, d'un américain fortuné, d'Anatole France). Il a appris beaucoup de choses dans la première moitié de sa vie, la plus rude. Il ramène tout à la peinture, "c'est un vice". Il ne regrette qu'une chose dans sa vie, que ce ne fut pas assez difficile car il aime la lutte. (INA)

     

     

     

     

    Un passage du livre de Van Dongen

    La Vie de Rembrandt, Flamarion, 1927

     


    rembrandt,peinture,littérature,van dongen,hollande,franceSi un boxeur américain laissait pousser ses cheveux, portait des moustaches et une barbiche, il ressemblerait à Rem- brandt. Un boxeur poids lourd est le meilleur homme pour interpréter physiquement Rembrandt au cinéma ou au théâtre, car Rembrandt a une tête d'artiste sur un corps d'athlète. On croise des gens dans la rue. On croit rencontrer Rembrandt ! Ce sont des peintres aussi, mais toujours des peintres en bâtiment, ou ceux qui font des tableaux de chasse pour les stores de charcuterie, ou encore des agents de la police des moeurs déguisés en artistes.

    Ce sont en général des gens qui aiment à se chamailler, à boire, à chanter des romances et à s'affubler de chapeaux de femme à plumes ou à fleurs. Ils sont photogéniques, et la moindre sensa- tion s'inscrit instantanément sur les traits de leurs visages mobiles. Un simple mal de dents les trouble à l'extrême ; toute la douleur et toute la souffrance de l'humanité qui aime boire et trousser les filles se trouvent inscrites sur leur masque.

    Ainsi Rembrandt, avec, en plus, le génie.