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  • Leeuwarden, trois fois capitale

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    Leeuwarden, trois fois capitale

     

    Leeuwarden, chef-lieu de la Frise, est l’une des deux capitales

    européennes de la culture 2018.

    Pour l’occasion, la ville s’est refait une beauté.

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    Se rendre en Frise, c’est une véritable aventure, nous dit le poète Jacques Darras, parti un jour sur les traces de Descartes du côté de Franeker qui comptait, de 1585 à 1811, la plus ancienne université des Pays-Bas après celle de Leyde. Pas même une ville, à peine une bourgade – imagine-t-on par exemple Orthez, phare universitaire français ? –, Franeker illustre à merveille l’une des singularités de cette Province hollandaise : préserver un art de vivre à taille humaine. Sa capitale, Leeuwarden (Leuvarde, écrivait-on autrefois en français), n’est guère plus peuplée qu’Avignon ou Tourcoing.

     

    Couleur eau, ciel, nénuphar jaune 

    On peut pressentir la particularité de cette contrée en empruntant en voiture la longue digue (plus de 32 kilomètres) qui relie la Hollande septentrionale à l’Ouest de la Frise. La mer des Wadden – qui figure dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco – et ses îles se profilent à l’horizon. La toponymie nous fait humer une autre culture que celle de la Hollande. Si l’on choisit de gagner ces terres septentrionales par la voie ferrée, en pleine saison de patinage de vitesse, on risque fort, à l’approche de Heerenveen, de voir les wagons envahis par des flots de gens vêtus de bleu, blanc, rouge et brandissant des drapeaux tricolores. Point de larges bandes verticales, mais quatre étroites diagonales bleues et trois blanches, celles-ci rehaussées de sortes de cœurs rouges, en réalité sept feuilles de nénuphar jaune. Les couleurs frisonnes. Sport national, le patinage de vitesse donne lieu, en plein hiver, lorsque les températures s’y prêtent – au moins 15 cm d’épaisseur de glace –, à un événement d’ampleur nationale, un « marathon » (200 kilomètres) en plein air, petit tour de Frise qui passe par onze « villes » : le Elfstedentocht ou Alvestêdetocht en frison (départ et arrivée à Leeuwarden).

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    Certaines de ces « villes » ne sont en fait que des petits villages, par exemple Hindeloopen, célèbre dans le monde entier pour ses intérieurs richement peints. Si Leeuwarden n’offre pas des habitations décorées de la sorte, elle regroupe quantité de demeures pleines de charme, tenant plus de la maison de poupées que du gratte-ciel – même si l’Achmeatoren, avec ses 115 mètres, constitue le plus haut building du Nord des Pays-Bas. Il suffit de s’éloigner du centre-ville et d’arpenter les proprettes ruelles aux demeures mitoyennes pour admirer l’attention que portent les Leeuwardois à leur jardinet, leur façade, leurs fenêtres, leur intérieur. Le souci du quotidien apparaît aussi sur l’eau et les chaussées : petits bateaux-mouches et transports en commun privilégient les énergies renouvelables. Peu à peu, l’écologie gagne du terrain. Dans une artère commerçante, la friterie sert la pomme de terre biologique locale agrémentée d’une sauce « à la frisonne ». Plus d’un restaurant chic concocte des mets à base de fruits et de légumes cultivés dans la région, ceci dans le respect de la nature. Principalement destiné aux enfants, le Natuurmuseum Fryslân contribue à souligner l’importance du cadre naturel de la région. Si la terre frisonne s’est façonnée contre les éléments naturels, le Frison semble aujourd’hui soucieux de préserver la nature qu’il a conquise sur la nature.

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    L'Académie des Arts

     

    Lân fan taal– Pays des langues

    Désignée capitale européenne de la culture 2018 – au côté de la Maltaise La Valette – Leeuwarden en a profité pour se refaire une beauté. Le quartier de la gare et nombre de bâtiments publics ont disparu un temps derrière les échafaudages. Ainsi de l’hôtel de ville surmonté du carillon hérité d’une église qui menaçait ruine. Dans cette région de Réforme, municipalité et catholicisme semblent faire bon ménage comme en témoigne également la sculpture Amor Dei, commandée par la ville et érigée au pied de l’église Saint-Boniface. Avec son clocher qui culmine à 85 mètres, cette basilique néo-gothique est le deuxième édifice les plus élevé de la ville – l’une des créations les plus remarquables de Pierre Cuypers (1827-1921), le bâtisseur du Rijksmuseum et de la Gare centrale d’Amsterdam –, qui abrite un orgue du Français Aristide Cavaillé-Coll. Adossée à ce lieu de culte, la maison paroissiale porte le nom de l’un des Frisons les plus connus – moins certes que Peter Stuyvesant –, le bienheureux Titus Brandsma (1881-1942), érudit carmélite s’étant opposé au nazisme et ayant péri à Dachau.

    Les travaux entrepris en vue de l’année 2018 ont sans doute pour point culminant l’édification de l’OBE. Ce nouveau bâtiment, situé à l’ombre de l’Oldehove – la tour de Pise locale, clocher jamais terminé car il menaçait de s’effondrer – a pour vocation d’accueillir diverses manifestations et activités autour de la langue. À quelques pas de là, dans le parc Prinsentuin, un « jardin des langues » accueillera les enfants, et un pavillon des langues « mineures » comme le basque, l’estonien, le leeuwardois (le frison connaît de nombreuses variantes). Tout ceci pour dire que Leeuwarden entend bien mettre en avant, au cours de cette année 2018, la richesse que peut représenter le bilinguisme et une culture régionale bien comprise et bien transmise au sein d’une culture nationale.

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    En face de l’OBE se dressent trois foyers culturels. Le Tresoar (Centre de l’Histoire et de la Littérature frisonnes, qui abrite une bibliothèque et des archives), l’Historisch Centrum Leeuwarden (lieu qui abrite les archives historiques de la région et des expositions) et, entre les deux, Afûk. Ce libraire-éditeur, qui fêtera dans quelques années son centenaire, entend « relier et partager » (ferbine en diele) en défendant le patrimoine linguistique de la Province et en favorisant le multilinguisme. Outre des ouvrages scolaires, historiques et littéraires, il publie une revue culturelle De Moanne (le mot signifie « lune » ou « mois ») qui propose des articles en frison ou en néerlandais (les deux quotidiens locaux, Het Friesch Dagblad et De Leeuwarder Courant consacrent d’ailleurs eux aussi un peu de place à l’idiome local). D’autres éditeurs sont établis dans la capitale frisonne. Le généraliste Elikser a ainsi ses locaux et sa propre librairie au rez-de-chaussée d’une jolie bâtisse du centre (photo). Un peu plus loin, au bord du quai Emma, on trouve la maison Het Nieuwe kanaal. Les éditions Wijdemeer viennent de publier une Histoire de la gastronomie frisonne, des recettes datant des XVIIIe et XIXe siècles. Quant aux éditions Stanza, elles privilégient la poésie d’expression néerlandaise. Un passage par quelques librairies permet de constater que littérature jeunesse, roman et poésie en frison sont des genres vivaces. Les traductions ne manquent d’ailleurs pas non plus : Jules Vernes ou encore Albert Camus sont disponibles dans l’idiome local. Le riche catalogue (littérature et art) d’un autre éditeur, Bornmeer, établi pour sa part dans une bourgade, manifeste le dynamisme de la culture frisonne à travers maintes publications dans les deux langues officielles des Pays-Bas.

     

    Figures de Leeuwarden

    Le visiteur qui se rend au Fries Museum avant le 3 avril pourra y parcourir une exposition consacrée à l’une des personnes les plus illustres de Leeuwarden, non pas Saskia, l’épouse de Rembrandt, mais Margaretha Geertruida Zelle (1876-1917), plus connue sous le nom de Mata Hari, fusillée à Vincennes voici un siècle. De nombreux objets, documents et lettres d’époque (en particulier celles qu’elle a adressées à son mari) éclairent la vie mouvementée de la courtisane. On peut même y admirer une jarretelle qu’elle a peut-être portée. Dans la ville elle-même, les vitrines des boutiques regorgent de représentations de cette icone, d’objets divers et même d’un pouf et d’un fauteuil ayant un rapport avec elle. Sur le Kelders, en face pour ainsi dire de sa maison natale, se dresse une statue la figurant en train de danser. Au n° 15, à quelques pas du n° 33 où elle a vu le jour, vivait à l’époque le jeune juif Alexandre Cohen (Leeuwarden, 1864 – Toulon, 1961), avant qu’il ne se lance en France dans l’aventure anarchiste (il fut l’un des condamnés du Procès des Trente) et ne devienne un fougueux publiciste puis un journaliste reconnu, sympathisant de la mouvance maurassienne.

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    Leeuwarden a également vu naître quelques artistes ayant acquis une renommée au-delà des frontières. Ainsi, l’architecte, théoricien, peintre et dessinateur Hans Vredeman de Vries (1527-1609) a-t-il été l’un des esprits les plus influents de son temps. Nommons aussi le portraitiste Wybrand de Geest (1592-vers 1661), surnommé l’Aigle frison, et Margaretha de Heer (vers 1600-vers 1665) qui excellait dans la figuration d’animaux et dans l’art de la nature morte (photo ci-dessus). Plus près de nous, on pense au plasticien M.C. Escher (1898-1972) auquel le Fries Museum rendra d’ailleurs hommage à partir de la fin avril. D’autres initiatives mettront son œuvre en lumière dans différents lieux de la Province. Personnalité locale, le peintre autodidacte Gerrit Benner (1897-1981) a célébré le paysage frison sans jamais succomber à l’abstraction totale. Quant au sculpteur et médailleur Pier Pander (1864-1919), bien qu’il ait vu le jour à Drachten, deuxième ville de la Frise, il a malgré tout droit à son propre musée dans le Prinsentuin.

    Quelques fils de Leeuwarden se sont illustrés dans les belles lettres. Sous le nom de Piet Paaltjens, François Haverschmidt (1835-1894) a laissé des proses et des poèmes qui ont marqué son temps, son principal recueil ayant d’ailleurs été transposé en français à la fin du XIXsiècle. Considéré comme l’un des poètes néerlandais majeurs du XXe siècle, J. Slauerhoff (1898-1936) est surtout un romancier et nouvelliste hors pair dont trois œuvres sont disponibles en traduction aux éditions Circé. Le roman policier populaire a eu en Havank (1904-1964) l’un de ses principaux représentants ; il a situé nombre de ses intrigues en France. Autre figure de premier plan du monde littéraire originaire de la capitale frisonne : l’auteur et éditeur Bert Bakker (1912-1969), fondateur de l’une des revues majeures de la seconde moitié du XXe siècle, Maatstaf. Si ces différents écrivains se sont distingués dans la langue néerlandaise, d’autres ont préféré rester fidèles à leur langue natale. Tel est par exemple le cas du politicien le plus célèbre de Leeuwarden, Pieter Jelles Troelstra (1860-1930).

    Rares sont à ce jour les œuvres de cette littérature traduites en français. On citera Tjerne le Frison, de Gysbert Japiks (1603-1666), considéré comme le père des lettres frisonnes (ouvrage traduit du frison et présenté par Henk Zwiers, collection « L’aube des peuples », Paris, Gallimard, 1994) et le recueil De mer et d’au-delà / Fan oer see en fierder de Tsjêbbe Hettinga (1949-2013), regardé comme le poète majeur de la Frise (trad. Kim Andringa, Paris, L’Oreille du Loup, 2008). Ce « barde » devenu aveugle a d’ailleurs passé les trente dernières années de sa vie à Leeuwarden. Son œuvre poétique vient de paraître dans une édition bilingue frison/néerlandais chez un grand éditeur amstellodamois. Preuve que la culture de ce Pays basque des Pays-Bas parvient à se maintenir et à s’épanouir sans heurts, dans un esprit pacifié avec sa grande sœur.

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    Grandeur d’autrefois et d’aujourd’hui

    Le temps où Leeuwarden pouvait être regardée comme la capitale de la république des Sept Provinces-Unies est certes bien loin. C’était au XVIIe siècle, la ville était alors la résidence des stadhouders dont descendent les Orange-Nassau. Quelques édifices majestueux témoignent toutefois encore de cette glorieuse époque (par exemple De Waag, photo ci-dessus), de même que la présence, dans le temple des Jacobins, de ce qu’il reste des tombeaux de ces prestigieux devanciers, monuments en partie dévastés en 1795 par la fureur révolutionnaire. Les siècles passés sont d’ailleurs restitués avec goût à travers une centaine d’objets hétéroclites, au Fries Museum ; ceux présentés à l’Historisch Centrum Leeuwarden permettent de compléter ce tableau. C’est un autre voyage dans le temps que propose Het Princessehof, magnifique musée de la céramique, tout juste rénové, sis dans l’ancien palais de la princesse Marie-Louise de Hesse-Cassel (1688-1765). Une façade latérale de la brasserie qui porte le nom de cette régente – mère de Guillaume IV d’Orange-Nassau (1711-1751) – a été transformée en fresque qui représente les portraits des différents souverains d’Europe liés à ces stadhouders. Lien continu entre le passé et le présent. Entre la vieille cité préservée, mais aussi ses voisines et ses environs, et les dizaines d’événements de toutes sortes qui vont ponctuer cette année 2018 et lui conférer un nouveau lustre. Petit bémol toutefois pour une ville qui met en avant les langues : le riche programme est disponible en allemand, en anglais, en frison, en néerlandais, mais pas, semble-t-il, en français :

    https://www.friesland.nl/en/european-capital-of-culture

    http://leeuwarden2018.nl/eng/

     

    Daniel Cunin

     

    article paru dans Septentrion, n° 1, 2018, p. 19-24.

     

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : Escapades, Histoire Hollande 0 commentaire
  • Le peintre Thomas Cool

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    Années à la Villa Strohl-Fern

     

     

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    En 2010, une exposition rehaussée d’une publication dun format original (1) a permis de redécouvrir le peintre Thomas Cool (1851-1904). Cet homme né en Frise a fait assez tardivement le choix de la vie artistique. Il a placé la Rome ancienne au cœur dune œuvre à laquelle le Stedelijk Museum d’Amsterdam a consacré une rétrospective posthume en janvier-février 1916.

    Th. Cool a laissé quelques traces dans la littérature néerlandaise. On pense que le personnage Duco van der Staal du roman Langs lijnen van geleidelijkheid (2) de Louis Couperus est en partie basé sur la figure de ce Hollandais qui affirmait « ne jamais peindre ce qu’il voyait, mais ce qui transportait ses yeux vers une vie plus élevée ». De son côté, Maurits Wagenvoort (1859-1944) a brossé un portrait du talentueux artiste (sous les traits du peintre Terhaer) et de ses proches dans son roman anarcho-parisien De droomers (Les Rêveurs, 1900). Cet écrivain, contemplant à nouveau des œuvres de son défunt ami en 1930 à l’occasion d’une exposition organisée à La Haye, réitère son admiration en parlant « d’une facette géniale de son inspiration ».

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    Forum Romanum, pastel

     

    Mais c’est essentiellement grâce à Tine, l’une de ses filles, que les lecteurs ont mieux fait connaissance avec Thomas Cool. En 1928, la jeune femme publiait Wij met ons vijven in Rome dont une traduction anglaise a vu le jour récemment grâce à l’initiative d’un homonyme et arrière-petit-fils du peintre (3). Certes, l’ouvrage, qui a connu un réel succès, s’adressait à un jeune lectorat ; mais pour nous, il offre un témoignage sur une famille qui, de 1892 à 1896, a vécu dans le cadre privilégié de la Villa Strohl-Fern. L’Alsacien Alfred Wilhelm Strohl l’avait acquise en 1879 ; il l’aménagea pour en faire un point de chute pour des artistes. Ainsi, Rilke y a séjourné au début du XXe siècle. Légué au gouvernement français, le lieu a abrité à partir de la fin des années cinquante le Lycée Chateaubriand. En 2012, une exposition a remis en mémoire ce passé glorieux où la Villa accueillait nombre de personnages de renom.

    Interieur du Dôme de Milan

    thomas cool,frise,pays-bas, Gabriele D’Annunzio, rené doumic, rome,italie,sculpture,peinture,littérature,louis couperus,cornelis veth,maurits wagenvoort,tine cool,villa strohl-fernÀ l’époque où Th. Cool travaille à Rome, le critique d’art allemand Albert Zacher lui rend visite. Cette rencontre a inspiré à ce dernier une belle page publiée dans le Franfürter Zeitung du 9 juin 1895. Il est permis de penser que les hommes de lettres Gabriele D’Annunzio et René Doumic sont eux aussi passés par l’atelier du Frison. Dans la Ville Éternelle, la colonie hollandaise, que Couperus et Wagenvoort fréquentaient, comptait alors au moins deux autres artistes en vue : le sculpteur Piet Pander (1864-1919) et le paysagiste Romolo Koelman (1847-1920).

     

    D. Cunin 

     

    (1) Willem Winters, Thomas Cool. Een Friesch schilder. 1851-1904, Leeuwarden, Perio, 2010.

    (2) On peut en lire la traduction récente en anglais de la main de Paul Vincent : Inevitable.

    (3) C.A. (Tine) Cool,  The five of us in Rome. An artist’s family in Villa Strohl-Fern in Rome 1892-1896, traduit du  néerlandais par Th. Cool, La Haye, 2011. 


    Quelques images de l’exposition « Artisti a Villa Strohl-Fern » (2012)

     

     

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    The five of us in Rome

    QUATRIÈME DE COUVERTURE

     

    The Five of us in Romeis the delightful story told by a young girl who arrives in Rome in 1892 almost 5 years old and who leaves in 1896 as a 9-year old. Her father is an art painter who rents an atelier with family living quarters in the Villa Strohl-Fern, a mansion full with other artists, situated in a lush park close to Villa Borghese and the Academies of Art - in this period still on the outskirts of Rome. The story received the prize of the best book for girls in 1928 in Holland.

    Given the amassed artistic talent at the Villa Strohl-Fern and its particular role in art history Tine’s book has become a remarkable historical document as well. It relates about life at the Villa in its early years, and the family story connects with historical figures from this special place and period. This first translation in English includes many historical links that do not appear in the 1928 Dutch original.

    Thomas Cool

    thomas cool,frise,pays-bas,peinture,littérature,louis couperus,cornelis veth,maurits wagenvoort,tine coolAround 1895 countries had kings and emperors, people rode in horse drawn carriages and steam trains, the telephone was only an invention. Nations had the Prix de Rome for their best young art talents to study in the Eternal City. Many of them later made a name. The painter from Holland is older and comes with his wife and three children, all paid for by his father, a manufacturer. He has his aim in art: “Rembrandt opened our eyes by painting directly what the world offers. He taught us his effects of light and dark. Above all, according to me, he embodies the phenomena in nature and the dramatic sentiment by which I experience the world.” When his daughter Dientje gets ill with malaria perniciosa he has to choose between his family and his desire of artistic fulfillment in Italy. All the while Tine’s eye and heart record how it is to be a young girl in a foreign land and in that garden between artists.

    Tine’s style in Dutch is lofty and tinges on the formal. This English translation is more fluid but the lofty Father and Mother have been retained. This edition is not intended as a children’s book but is for readers with an interest in cultural history and the joy in life.

    Tine Cool (1887-1944) was a garden architect and writer.

     

     

    UN EXTRAIT

    «The Pantheon », p. 111-114

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    Panthéon, Rome, huile

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    Th. Cool, Messe à Saint-Pierre 

     

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    Cornelis Veth, « Architectuurschilder van beteekenis »

    De Telegraaf, 3 juillet 1930

     

     

     

  • Le Juif et les révolutionnaires

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    Alexandre Cohen passe à l’attaque

     

     

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    Alexandre Cohen et sa mère Sara Jacobs, 1868

     

    Il y a 150 ans, jour pour jour, naissait Jozef Alexander Cohen – plus connu sous le nom d’Alexandre Cohen – à Leeuwarden, en Frise. À cette occasion, nous reproduisons quelques documents dont l’un des premiers textes que l’anarchiste a publié en français un peu plus de six mois après son installation à Paris, alors qu’il avait fui son pays natal et qu’il avait été expulsé de Belgique.

    Attaque2.pngPublié le 5 janvier 1889 dans L’Attaque. Organe Socialiste Révolutionnaire, l’article dénonce, avec la fougue que l’on connaît au Néerlandais, l’antisémitisme de la gauche radicale française ; il est dirigé contre un fidèle collaborateur de ce même hebdomadaire. Émile Violard, qui devait donner l’ouvrage Le banditisme en Kabylie (1895) puis plusieurs études sur la Tunisie, avait en effet, une semaine plus tôt, fourni une contribution intitulée « En Algérie. Le Juif » (L’Attaque, 29 décembre 1888) qui commençait par ces lignes « C’est là la vraie plaie de l’Algérie. Partout on rencontre le Juif, on le sent dans tous les coins ; ça grouille, ça remue, ça foisonne ; ça vend son vote, ses complaisances, comme Esaü vendait son droit d’aînesse », se poursuivait en enfonçant le clou : « Étonnez-vous, après cela, des émeutes périodiques dirigées contre les marchands de lorgnettes. Mais ce qui nous surprend, nous, c’est que tous ceux qui ont dans les veines autre chose que de l’orgeat, Français ou Arabes, n’aient pas encore jeté à la mer ces fils d’Israël, ces accapareurs du commerce et de la finance, ces crapuleux mendiants qui s’approprient au moyen de complaisances coupables, les plus belles propriétés de l’Algérie ! », avant de se terminer par des invectives empruntées à La Juiverie algérienne (1888), livre d’un autre socialiste anarchiste, Fernand Grégoire : « Mort aux Juifs ! Arrière le peuple de Jéhovah ! »

     

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    LE JUIF ET LES RÉVOLUTIONNAIRES

     

    L’Attaque est véritablement révolutionnaire, c’est-à-dire essentiellement indépendante : je puis donc y écrire quelques lignes en réponse à une étude sur le Juif en Algérie du citoyen Émile Violard paru dans le dernier numéro du journal.

    Pourquoi pousser un cri de haine contre le Juif et vouloir l’extermination de sa race ?

    Athée et socialiste révolutionnaire, d’origine israélite, — juive si vous voulez, – je déteste et hais dans n’importe quel peuple, n’importe quelle race, n’importe quelle classe, la rapacité, l’usure et le vol, bref tous les vices dont la pourriture de la société actuelle est la seule et unique cause. Mais de là à exiger la mort d’une race, d’un peuple entier, il y a loin. Supprimez la propriété individuelle — qui est la cause — et les conséquences disparaîtront forcément avec elle.

    Nous autres, révolutionnaires, nous luttons journellement contre les maux de la société, et c’est là notre devoir, mais nous n’avons pas le droit, — et moins que n’importe qui, humanitaires que nous sommes — de poursuivre de notre haine, de notre mépris, les victimes des institutions sociales.

    A. Cohen (1894, à Londres)

    attaque3.pngPour les Juifs, qui, pendant de longs siècles ont été persécutés, humiliés, chassés de partout, enfermés comme des pestiférés dans les ghettos et de force séparés des autres peuples, et qui, dans ce dix-neuvième siècle, sont encore contemplés comme une race inférieure, la seule revanche, la seule compensation dans le Moyen Âge, a été : amasser de l’or, dominer par les richesses acquises leurs impitoyables persécuteurs, les voir à leurs pieds.

    Aux Indes Néerlandaises, les Chinois jouent encore aujourd’hui le même rôle envers les pauvres Javanais, que le gouvernement de rastaquouères des Pays-Bas leur livre corps et âme, pour les voler et les empoisonner avec de l’opium. Le trésor néerlandais se trouve très bien de ces libéralités et les fonctionnaires du dit gouvernement aussi. Mais est-ce que cela nous autorise à demander l’extermination des Chinois et à vouer à l’anéantissement toute la race jaune ?

    Dans cette époque de putréfaction bourgeoise et de vomissure boulangiste, les consciences se troublent. Certains socialistes, oubliant les juifs Spinoza, Heine, Marx et Lassalle, semblent revenir à des idées et des théories victorieusement réfutées, même par les précurseurs de la bourgeoisie du siècle dernier. La conception esclavagiste « des races supérieures et des races inférieures » est irrévocablement condamnée par les socialistes. Elle ne saurait donc être émise aujourd’hui, vingt-quatre ans après la fondation de l’Internationale, où les paroles inaugurales de cette association de travailleurs furent qu’on poursuivrait l’égalité de tous les êtres humains, sans distinction de race, de couleur et de sexe.

     

    ALEXANDRE COHEN

    L’Attaque, 5 janvier 1889

     

     

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    gravure sur bois de Georges Rohner illustrant l’édition originale de

    In opstand (1932), premier volume des souvenirs de Cohen    

     

     

     Dans la tourmente :

    A. Cohen salué en tant que traducteur

      

    En 1893, A. Cohen a transposé en français sous le titre Âmes Solitaires la pièce de Gerhart Hauptmann Einsame Menschen que Lugné-Poë souhaitait monter ; le Hollandais connaissait le metteur en scène depuis un certain temps et faisait partie des figurants – « avec Fénéon, avec Barrucand, avec plus ou moins tous les collaborateurs de L’En-dehors, et avec une équipe de fidèles du Père Peinard » – du quatrième acte de L’Ennemi du peuple d’Ibsen joué le 11 novembre de la même année. Au moment de la « première » dont parle le jeune critique bruxellois Hippolyte Fierens-Gevaert (1870-1926) dans la chronique ci-dessous, Cohen venait d’être arrêté dans le cadre de la répression des menées anarchistes qui, à la suite de l’attentat de Vaillant du 9 décembre 1893 au Palais Bourbon, devait déboucher sur le retentissant procès des Trente ; qui plus est, le Préfet de police n’allait pas tarder à interdire la représentation d’Âmes Solitaires. Dans un volume de ses souvenirs (In Opstand), le publiciste précise, non sans se tromper légèrement sur la date : « L’interdiction portait moins d’ailleurs sur la pièce que j’avais traduite que sur la personnalité du traducteur qui, le soir de la générale, le 15 ou le 16 décembre, était sous les verrous. » Des auteurs, dont Paul-Napoléon Roinard et Zola, allaient s’employer en faveur du Hollandais.

    alexander cohen,alexandre cohen,anarchisme,antisémitisme,emile violard,algérie,l'attaque,frise,leeuwarden,anniversaire,pays-basToute cette affaire a occupé un certain temps les parlementaires français. Plusieurs périodiques – entre autres Les Annales politiques et littéraires du 28 janvier 1894 – rapportent que « sans une histoire de lettres saisies par la police chez M. Alexandre Cohen, et contre la lecture desquelles les socialistes et l’extrême gauche ont vivement protesté », la prise de parole par le député, médecin et écrivain Paul Vigné d’Octon (1859-1943), n’eût probablement pas fait beaucoup de bruit. « L’auteur de Chaire noire et d’Eternelle blessée a raconté, non sans esprit d’ailleurs, la pièce de Gerhart Hauptmann. C’est une espèce de drame bourgeois, où les personnages échangent des vues sur l’amour immatériel, et qui met en scène l’éternelle lutte du devoir et de la passion. Elle n’a rien de bien subversif en soi ; elle est peu dangereuse et comme l’a très spirituellement dit M. Denys Cochin : ‘‘mieux valait la laisser jouer, elle ne l’eût pas été longtemps ; au bout de quelques représentations les âmes solitaires auraient été celles des spectateurs’’. » Ces mêmes journaux de caricaturer les opinions du Hollandais, inconditionnel de toujours de la France : «  Ce que l’on a voulu surtout, en l’interdisant, c’est empêcher une manifestation des anarchistes, prévenir une apothéose que nous aurions à regretter. En effet, M. Alexandre Cohen professe à l’égard de la France, cette France si généreuse pourtant, si accueillante aux étrangers, des sentiments profondément hostiles. Dans les lettres de lui qui ont été lues par le ministre de l'intérieur, il dit ‘‘qu’il n’a pas assez de crachats pour elle’’, il bafoue l’alliance russe, il traite le maréchal de Mac-Mahon, de ‘‘vieil équarrisseur’’ et ces injures ne sont pas les moindres ; il en est dans sa correspondance, de plus grossières, de plus odieuses : nous les passons, par respect pour le lecteur. »

     

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     Le Journal des débats politiques et littéraires, 14 décembre 1893

     

     

     

    A. Cohen détenu à Amsterdam

     

    L’article suivant évoque le séjour en prison qu’a effectué Cohen à Amsterdam en 1896-1897, après son exil londonien et l’annulation de sa condamnation à 20 ans de travaux forcés : « M. Alexandre Cohen, ce jeune homme de lettres hollandais, traducteur des œuvres de Gérardt (sic) Hauptmann, qui fut expulsé comme anarchiste, puis compris dans le fameux procès des Trente et condamné par défaut à vingt ans de travaux forcés, était revenu récemment en France pour se faire juger sérieusement. Avant-hier, il comparaissait devant la cour d’assises et était acquitté sans grands débats. Mais si M. Cohen a été absous par les jurés, il ne l’a pas été par la police… » (« Expulsion d’Alexandre Cohen. Après l’acquittement, ré-expulsé », Le Radical, 2 septembre 1895).

    Multatuli, par F. Vallotton, La Revue Blanche, 1896

    alexander cohen,alexandre cohen,anarchisme,antisémitisme,emile violard,algérie,l'attaque,frise,leeuwarden,anniversaire,pays-basLa plaidoirie de Me Georges Desplas ainsi que les explications par forcément sincères du prévenu (« Interrogé par le président, il s’est exprimé à peu près en ces termes : ‘‘Je suis Hollandais. Condamné à six mois de prison pour crime de lèse-majesté envers le roi des Pays-Bas, j’ai passé en Belgique, puis je suis venu en France, j’ai collaboré à l’En-dehors, toutefois je n’y ai écrit qu’un seul article. J’ai connu intimement Fénéon et Kampffmeyer, mais dans mes entretiens avec eux il n’a jamais été question d’anarchie. Au moment du procès des XXX, j’étais expulsé de France, j’habitais Londres, j’ai vainement demandé un sauf-conduit pour venir me défendre à côté de mes camarades, que vous avez acquittés. Aujourd’hui, je fais appel à votre justice.’’ » [« L’un des Trente », Le Radical, 1er septembre 1895]) l’emportèrent donc sur le réquisitoire de l’avocat général qui n’avait pourtant pas omis de rappeler l’amitié qui liait Cohen à Émile Henry.

    En novembre 1887, arrêté à La Haye pour majesteitsschennis (insulte à l’égard de la personne du roi Guillaume III qu’il avait traité de « Gorille ! »), l’anarchiste avait été condamné à six mois de prison, peine qu’il n’effectua donc que près de dix ans plus tard puisqu’il avait, à l’époque des poursuites, fui la Hollande. Le chroniqueur salue l’action de Cohen en faveur des lettres bataves ; il allait bientôt donner des pages de Multatuli à la Revue blanche

     

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    Le Radical, 1er septembre 1896 / 15 Fructidor an 105

     

     

     

  • A. Cohen, de l'anarchisme au monarchisme

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    Alexandre Cohen

    (Frise, 1864 - Toulon, 1961)

     

    Né à Leeuwaarden, le publiciste néerlandais Alexander Cohen se fit connaître par la virulence de ses articles dans la presse anarchiste. Il vivait à Paris durant la fameuse période des « marmites » où il se lia d’amitié avec, entre autres, Félix Fénéon et Émile Henry, et se retrouva d'ailleurs à Londres suite à la répression
gouvernementale. Devenu correspondant pour le plus grand
quotidien néerlandais de l’époque, mais aussi pour plusieurs journaux
français, il s’affirma comme l’un des plus ardents défenseurs de la France
lors du premier conflit mondial, cherchant même à partir au front – à l’âge de 50 ans – puisqu’on avait fini par lui accorder la nationalité
française. Collaborateur, à une époque, de la Revue blanche, ce polémiste juif
qui s’était employé à faire découvrir aux lecteurs français l’œuvre du rebelle
 Multatuli, devait peu à peu adopter des convictions maurrassiennes et
se déclarer royaliste. Il a partagé pendant plus de soixante-cinq ans la vie d’une Française, Élisa Germaine (Kaya) Batut (1871-1959). Alexandre Cohen est décédé à Toulon après y avoir vécu plusieurs dizaines d’années, oublié de presque tous.

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    Œuvres d’Alexander Cohen

    De Paradox (Le Paradoxe, brûlot dont A. Cohen était le seul rédacteur, 1897-1898).
    Uitingen van een reactionnair 1896-1926 (Manifeste d’un réactionnaire 1896-1926) Baarn, Hollandia-Drukkerij, 1929.
    In opstand (En révolte, autobiographie), Amsterdam, Andries Blitz, 1932.
    Van anarchist tot monarchist (De l’anarchisme au monarchisme, autobiographie, suite), Amsterdam, De steenuil, 1937.
    Multatuli, Pages choisies, traduites par Alexandre Cohen, préface d’Anatole France, Paris, Mercure de France, 1901.



    Autres éditions

    Uiterst links, jounalistiek werk 1887-1896 (Extrême gauche. Œuvre journalistique, 1887-1896), choix de textes et présentation Ronald Spoor, Amsterdam, De Engelbewaarder, 1980.
    Uiterst rechts, journalistiek werk 1906-1920 (Extrême droite. Œuvre journalistique, 1906-1920), choix de textes et présentation Ronald Spoor, Amsterdam, De Engelbewaarder, 1981.
    Alexander Cohen. Brieven 1888-1961 (Correspondance d’Alexandre Cohen), édition Ronald Spoor, Amsterdam, Prometheus, 1997.
    Een andersdenkende (Un anti-conformiste), choix de textes et présentation Max Nord, Amsterdam, Meulenhoff, 1959.

     

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    page de titre du choix de textes de Multatuli

    traduits par Alexandre Cohen

    et portrait de Multatuli gravé sur bois par J. Aarts

     

    Dans un hommage qu’il rend à Félix Fénéon (Le Journal, 29 avril 1894), Octave Mirbeau évoque Alexandre Cohen : « (…) voilà que, tout à coup, j’apprends que M. Félix Fénéon a été arrêté par la police. “Anarchiste dangereux et militant ” disent les notes, association de malfaiteurs, et toute la série des accusations en usage ! Il est vrai que, à part ces indications très vagues, les renseignements précis nous manquent. Comme principal motif à cette arrestation, si extraordinairement imprévue, on allègue que la police trouva, dans l’une des poches du pardessus de M. Félix Fénéon, une boîte en nickel, “sur laquelle était collé un portrait d’homme, et qui contenait des capsules de petit modèle ”. Voilà une boîte qui me paraît de la même famille que ce dangereux tube, ce mystérieux tube, ce tube si épouvantant, trouvé chez M. Alexandre Cohen, lequel tube, après de méticuleuses expériences et de prudents dévissages, fut reconnu, finalement, pour être une canne. (…) Fénéon connaissait beaucoup Alexandre Cohen, Cohen habitait en face de chez lui. Les deux amis se voyaient souvent, unis l’un à l’autre par une commune passion de la littérature et de l’art. (…) Lors de l’expulsion de Cohen, Fénéon continua à ce dernier la fidélité de son affection. Il tenta, par des démarches courageuses, d’intéresser quelques personnes à cette détresse, de rendre à cet exilé l’exil moins amer et plus supportable. Il fit cela, tout bravement, tout naïvement, pensant que ce n'était pas un crime, puni par les lois, que de ne pas abandonner un ami malheureux, et de s’employer à lui être utile et consolateur. »



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     Alexandre Cohen revêtu de l'uniforme français en 1914