Le traducteur / The translator / De vertaler
Un film de Richard Lecoq
Le Traducteur, Fiction Noir & Blanc, Super 8mm, 1996, avec Jean Louis Berdat, Karina Krawczyk
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Un film de Richard Lecoq
Le Traducteur, Fiction Noir & Blanc, Super 8mm, 1996, avec Jean Louis Berdat, Karina Krawczyk
Entretien avec Ferry
dessinateur de l’album
Ferry & Marc Ryckaert, Casterman, 2011
À l’instar des voyages d’Alix dans le monde antique, Les Voyages de Jhen invitent le lecteur à explorer l’époque médiévale, dans les pas du personnage créé par Jacques Martin. Après Venise, Paris ou Carcassonne, Jhen s’arrête à Bruges. Nous traversons la cité flamande, guidés par la verve érudite de l’historien Marc Ryckaert et les dessins de Ferry (pseudonyme de Fernand Van Vosselen). Au terme de cette promenade, Ferry, installé au Café Vlissinghe, raconte à Edmond Morrel le plaisir qu’il a eu à ressusciter la « Venise du Nord » :
mise en couleur : Hilde Manhaeve
traduction : D. Cunin
« À quoi sert la littérature ? »
Un discours de Hubert Nyssen (2007)
Vidéo de l’intégralité du discours
Extrait
« […] Pas un livre qui, d’une certaine façon, ne soit un appel au désir donc à une forme d’insurrection. Espoir et désespoir, élans et chute, proférations et silences sont alors des manières de manifester la reconnaissance du désir comme un premier pas dans la conquête d’une liberté, celle d’être présent dans le grand concert des humains. Les écrivains qui sont honorés ici le savent, et je sais qu’ils le savent parce que je l’ai lu dans leurs livres.
Or une œuvre de littérature ne va jamais seule comme peuvent aller une sculpture, un dessin ou une sonate qu’il ne faut ni modifier ni travestir quand on change de territoire. La littérature, elle, est irriguée par la langue dont elle se sert. Volens nolens elle est fille de sa langue mère, elle est portée par cette langue qu’en même temps elle déploie et elle porte. Une langue qui la contraint et qu’elle contraint, qui l’entrave et qu’elle débride, qui la défie et qu’elle défie. Une langue si chargée d’histoire, de règles, de traditions et de souvenirs, qu’il n’est pas un livre qui, par les traces et sédiments de cette langue, ne traîne avec lui des réminiscences du passé, des fragments de la mémoire collective et l’un ou l’autre scintillement d’une culture ancienne. Toutes choses dont les nuances échapperaient à notre perception sans le concours essentiel de la traduction. Car si une œuvre littéraire est en soi une traduction de ce qu’elle entend représenter, elle ne peut offrir d’accès aux lecteurs d’une autre langue sans le concours de sa propre traduction. C’est l’une de ces évidences dont Paulhan disait avec humour qu’il est dans leur nature de passer inaperçues : sans la traduction, sans les traducteurs qui sont à leur manière des écrivains, la littérature resterait tribale.
Voilà peut-être d’abord à quoi elle sert, la littérature. Par l’intelligence et la force de ses représentations, par leur multiplicité, et avec le concours de ses traductions, elle sert à nous éclairer sur le monde en ses multiples états, à nous en révéler les hideurs et les splendeurs, les astres et les désastres, à nous faire comprendre sa logique et ses contradictions, à nous faire sentir sa cruauté et sa tendresse. Elle sert, la littérature, à nous permettre de nommer le monde en sa diversité, et elle nous autorise par la lecture, qui est elle-même une traduction, à l’enrichir de nos propres percepts avant de la transmettre à nos successeurs. »
Ce discours a été prononcé en septembre 2007 à l’occasion de la remise du titre
de docteur honoris causa de l’Université de Liège
à Nancy Huston, Paul Auster, Alberto Manguel et Bahiyyih Nakhjavani.
Les lettres néerlandaises aux éditions Actes Sud : ici
Hubert Nyssen, à livre ouvert (2009)
documentaire de Sylvie Deleule
Entretien avec H. Nyssen
3 autres entretiens avec H. Nyssen sur le site de Jacques de Decker
Voix de Belgique
En 2001, l’émission « Courant d’Art » a proposé un documentaire sur la traduction littéraire. Il donne la parole à Caroline Lamarche qui évoque brièvement le travail de son traducteur en anglais, ainsi qu’aux traducteurs Françoise Wuilmart, Rose-Marie François et Patrick Grilli.
Écrivain elle-même, Rose-Marie François a traduit des auteurs allemands, autrichiens, lettons et suédois, mais aussi quelques poètes d’expression néerlandaise : Eddy van Vliet, Hans van de Waarsenburg et Eric Derluyn, (D’un bond léger dans l’immortalité. Kleine sprong in onsterfelijkheid, recueil bilingue, 1987).
Fondatrice et directrice du Centre Européen de Traduction littéraire (C.E.T.L.), Françoise Wuilmart s’est elle aussi distinguée par ses traductions de l’allemand. On lui doit également des transpositions d’œuvres d’écrivains flamands et néerlandais (roman, essai, pièce de théâtre) : Peter Verhelst (Cette fleur est ma révolution), Kristien Hemmerechts (Jeudi 15h30), Marijke Schermer (Le Couple Alpha), Douwe Draaisma (Pourquoi la vie passe plus vite à mesure qu’on vieillit)… On peut l’entendre s’exprimer sur le thème « traduire, c’est traduire la culture » : ici
Quant à Patrick Grilli, il a signé des traductions de romans de Jeroen Brouwers (L’Éden englouti, Rouge décanté), Frans Kellendonk (Corps mystique), Tim Krabbé (L’œuf d’or), Kristien Hemmerechts (Ana- tomie d’un divorce, Le jardin des innocents), Marcel Möring (La Fabuleuse histoire des Hollander) ainsi que d’ouvrages des historiens Jan Romein (Les Fondements sociaux et économiques du fascisme) et H.L. Wesseling (Le Partage de l’Afrique, Les Empires coloniaux européens 1815-1919).
Poésie pour Cy Twombly
R. Jooris, photo T.V.d.V.
Né en 1936 en Flandre, Roland Jooris a publié ses premiers poèmes voici plus d’un demi-siècle. Aujourd’hui, il est reconnu comme l’un des poètes majeurs d’expression néerlandaise. Sa poésie se caractérise par une formidable force d’expression et une grande pureté des lignes et du discours. Critique d’art, il a écrit sur l’œuvre des peintres Raoul De Keyser, Gust De Smet, Eugène Leroy, Dan Van Severen et Roger Raveel. Jusqu’en 2005, il était d’ailleurs le conservateur du musée Roger Raveel à Machelen-aan-de-Leie.
À l’occasion de l’exposition Cy Twombly. Photographs 1951-2010 organisée au musée Bozar, il a été invité à écrire un poème à partir d’une photographie de l’artiste américain.
CY TWOMBLY: studio
Samenhang
van chaos stug
gedrongen aan de kant
bijeen
als tussen antieke voetstukken
van zuilen het gemompeld
monumentale
de niet te duiden stilte
het wazige
dat een opgeveegd
vergeten is
in zijn donkere kamer
ruimen de dingen
voor vermoeden
plaats
CY TWOMBLY : atelier
Cohérence
du chaos rigide
tassée sur le côté
tout d’un tenant
comme entre le piédestal antique
de colonnes le monumental
grommelant
l’indéterminable silence
le vague
qui est un oubli
poussé au balai
dans sa chambre noire
aux suppositions
les choses font
une place
traduction D. Cunin
Studio (Lexington, 2009)
De Roland Jooris, on peut lire en français une évocation
de Pierre Reverdy : « Solesmes », in Deshima, n° 4, 2010.
Roland Jooris lit son poème Zelfportret (Autoportrait)
ZELFPORTRET
Wat ongeschonden
in hem huist
het is geen zuiverheid
het is geen kind
dat met nog stompe letters
schrijft
het is een blik
die rauw en ongenadig
kijkt
het is wat tegenstrijdig
hem ontwricht
en dwingt
het is weerbarstigheid
AUTOPORTRAIT
Ce qui demeure
intact en lui
ce n’est pas de la pureté
ce n’est pas l’enfant
écrivant encore
avec des lettres obtuses
c’est un coup d’œil
cru et sans pitié
qui regarde
c’est ce qui contradictoirement
le disloque et
le force
c’est l’esprit réfractaire
traduction Frans de Haes