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J.J. Slauerhoff - Page 2

  • Écume et cendre

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    Des nouvelles

    de J. Slauerhoff

     

     

    couvécumeetcendre.png

     

    Les éditions Circé poursuivent la publication des œuvres en prose de J. Slauerhoff. Après les romans Le Royaume interdit et La Révolte de Guadalajara, voici un premier recueil de nouvelles,  Écume et cendre. Il s’agit de la réédition d’un volume devenu introuvable paru en 1975 aux Éditions Universitaires / Jean-Pierre Delarge dans une traduction de Selinde Margueron, née Roosenburg.

     

    On peut lire sur ce blogue une des plus courtes nouvelles de Jan Jacob Slauerhoff : ici.

     

     

    le mot de l’éditeur

     

    écumeetcendre4.pngJan Jacob Slauerhoff, un des écrivains néerlandais les plus originaux de l’entre-deux-guerres, est né à Leeuwarden, en Frise, le 14 septembre 1898. Individualiste né, constamment torturé par le besoin de changement, voire le bouleversement, contempteur convaincu de la réalité bourgeoise, Slauerhoff fait déjà entendre les accents d’une contestation globale des divers systèmes sociaux.

    Ce « poète maudit, errant et réprouvé » (C. Nooteboom), ce « dernier chevalier à la triste figure » du romantisme néerlandais a engendré une nombreuse et turbulente progéniture littéraire.

    Grâce à la variété du style et de l’inspiration, mais surtout à l’image qu’il y donne de sa personnalité tourmentée, chaque nouvelle illustre l’une des facettes de cet homme étonnant. « L’Héritier », histoire de Kasem Hussein qui rêva d’être riche, et la fortune venue, ne rencontra que déboires et déceptions, rappelle les contes « orientaux » du XVIIIe siècle et leur aimable scepticisme. Dans « La fin du chant », à l’atmosphère poétique, Slauerhoff décrit l’errance d’un homme à la recherche d’un indéfinissable salut à travers les absurdités et les banalités d’une existence désenchantée. Conrad semble avoir inspiré « Le dernier voyage du Nyborgt » qui, poussé sur l’infini du Pacifique par quelque obscure fatalité, entraîne son équipage à la mort. « Larrios » est la navrante histoire d’un marin désemparé, dont la vie n’a plus d’autre sens que la quête, poursuivie au cours d’étranges expériences, d’une femme un instant entrevue. Enfin, c’est dans un esprit d’understatement typiquement  anglo-saxon que « Such is life in China » décrit avec réalisme une journée de quelques européens échoués aux flancs de l’immense empire qui tolère avec indifférence leurs manies, leurs trafics et leurs illusions. 

     

    extrait

     

    ecumeetcendre6.pngL’obscurité était perma- nente ; l’ouragan dé- chaînait les flots avec une furie toujours plus violente, et ceux qui, avec le navire, étaient pourchassés à travers ces étendues désertes, accomplissaient leur tâ- che sans une plainte, sans un chant, sans une parole, comme s’ils n’appartenaient plus au nombre des vivants. C’était en vain que Fröbom faisait distribuer deux verres de rhum par jour, augmenter les rations : ils restaient silencieux et indifférents, le saluant à peine quand il descendait de la dunette et traversait le vide de l’avant-pont vers la proue endommagée. Là il restait, séparé d’eux par le vide du milieu et le grand mât paraissait si éloigné et si haut, n’étant plus caché et s’étendant comme un vaste écran devant le pont arrière où la vie s’était réfugiée. Se tenant ainsi, sans être protégé, dans l’espace, il perdait la notion du temps : depuis combien de temps naviguaient-ils sous le ciel bas, tourmentés par les hautes lames, sans soleil, loin de la route, à l’avant d’un vent fraîchissant sans cesse et qui semblait provenir de tous les recoins de l’univers ?

    Il lui semblait que l’air se refroidissait, et en secret il lui arrivait de boire pour lutter contre le froid. Le mécanicien restait invisible ; dans leur poste les matelots, dans la mesure où ils n’étaient pas de quart sur le pont, restaient ruisselants et silencieux dans un coin, obsédés par la pensée de la relève ; alors on leur apportait du café brûlant, mais le vent en répandait la moitié avant qu’il n’ait atteint leur bouche. Dans le poste l’eau était sur le plancher, parfois à hauteur de genou ; ils sautaient de caisse en caisse vers leur couchette pour y rester trempés et transis jusqu’à la veille suivante ; chacun d’eux se confinait dans son silence et dans son propre désespoir, mais un même désir de se retrouver secs et calmement étendus, rien de plus, les travaillait, et c’était là la ecumetcendre5.pngseule notion dont ils fussent encore conscients. La nourriture, les femmes, tout cela avait reculé loin derrière la limite de ce qu’ils pouvaient espérer encore comme issue : une côte où le vent tomberait et le bateau se coucherait, et eux aussi, une baie pour y mouiller, pour échouer au besoin, où ils pour- raient rester étendus, au besoin à jamais.

    page de titre de l'édition de 1975 

      

    Le dernier voyage du Nyborgt  

     

     

     

     

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    couverture - édition 1975

     

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    quatrième - édition 1975

     

     

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  • Nouvelle chinoise

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    L'agonie du vieux fou,

    entiché d'écriture

     

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    Lo T'ong, connu pour son Histoire de la troisième dynastie, a laissé par ailleurs maints poèmes ainsi qu'une histoire d'amour. Pour ce qui est des poèmes, lors du grand autodafé qui eut lieu sur l'ordre de l'empereur Yuan, le dernier des Liang, ils ont tous disparu.

    De l'histoire d'amour subsiste un manuscrit conservé à la grande bibliothèque du couvent de Kalgan. Mais il est illisible, les pages en sont recroquevillées, leurs bords calcinés, l'encre est diluée et effacée, comme si le manuscrit avait été à la fois brûlé et recouvert d'eau.

    Il est en outre à moitié déchiré en son milieu.

    Lo T'ong avait pour habitude de travailler durant les premières heures de la nuit ; le jour, pour subvenir à ses besoins, il était changeur. Le soir, il se lavait les mains, souillées par les pièces de cuivre, et se mettait à écrire.

    Quand il eut, au bout de vingt ans, terminé son ouvrage historique et reçu quelques taëls, il crut pouvoir jouir pleinement du repos qu'offrent le soir et la nuit ; vieux et décrépit, il pensait avoir suffisamment d'argent pour s'offrir deux coupes de vin chaque soir avant le coucher. Mais il dormait mal et, le matin, était beaucoup plus fatigué que lorsqu'il consacrait la moitié de la nuit à son travail.

    Ainsi, il se réinstalla un soir à la petite table près de la fenêtre, trempa son pinceau dans l'encre et commença à tracer des caractères.

    Et, comme si cela allait de soi, il se mit à décrire les aventures d'un couple d'amants qui vivaient de l'autre côté du grand fleuve. Tout se déroulait, au début, dans la légèreté et la gaieté, Lo T'ong pouvant parcourir avec eux les doux et sombres sentiers des forêts, cueillir des fleurs lors de la fête de la floraison, allumer des feux d'artifice au Nouvel An, ou encore assister à leurs secrètes rencontres, la nuit.

    Passer de la sorte le reste de sa vieillesse à goûter des jouissances qu'il n'avait pu pour sa part partager, lui convenait. Malgré lui, de la tristesse se glissa dans son histoire ; au vin de la joie des amants vint se mêler l'absinthe des douleurs et des déceptions, à la pureté de leur amour, la fausseté des rapports familiaux.

    CouvLenteEiland.jpgLo T'ong fit son possible pour tout ramener dans les voies de la vraie joie. Il renonça à boire du vin et se procura l'encre la plus noble et le meilleur papier. Rien n'y faisait. Il augmenta la dose de vin et, à quelques reprises, s'endormit ravi, persuadé d'avoir donné une tournure favorable aux aventures de ses amants. Mais lorsque le soir venu, il parcourait ce qu'il avait écrit la veille, il relevait qu'un nouvel événement apparemment réjouissant avait, à son insu, posé le germe de développements néfastes. Il ne pouvait s'imaginer être l'auteur de ces lignes ; ne voulait-il pas uniquement le bonheur du couple ? Quelqu'un ne volait-il pas le manuscrit dans le courant de la nuit pour le modifier imperceptiblement à chaque fois, alors qu'il dormait ?

    Devenu plus sombre encore, il glissait à chaque fois son manuscrit sous son oreiller, après en avoir fait une copie qu'il dissimulait derrière la double paroi de bambou pour les comparer le matin venu : non, ils ne se différenciaient en rien, et pourtant l'histoire prenait un tour toujours plus triste, à tel point que les amants en venaient à penser au suicide. Lui les mettait en garde par le moyen de paraboles frappantes, mais le désir d'une mort libératrice ne cessait de croître en eux. Il leur dépeignit l'effroi qui domine l'existence des ombres de ceux qui abrègent délibérément leur existence ; pourtant leurs pensées s'arrêtaient toujours plus aux parages de la mort, et ils s'entretenaient des différents modes d'en finir : feuille d'or, poison, cordon de soie. La jeune fille surtout, tourmentée par sa mère et ses frères, ne cessait d'y songer ; un jour, elle acheta un cordon de soie, mais Lo T'ong, dont la tête inclinait déjà vers le traversin, fit en sorte, dans une dernière ligne écrite d'une main tremblante, que le cordon se trouvât volé juste avant la nuit par un serviteur qui en avait lui aussi quelque utilité.

    Arrivé à ce point, Lo T'ong ne put aller plus loin, la dernière source de joie était tarie : il les fit sombrer tous deux dans un profond sommeil provoqué par une maladie fulgurante, et se mit à errer à son tour la nuit, craignant, s'il demeurait chez lui, de se lever dans son sommeil et de mettre en scène leur suicide.

    Un soir, il fut dans l'incapacité de sortir ; sa jambe droite l'affligeait depuis longtemps, il souffrait du mal de la vieillesse, anémie subite. Le temps, de surcroît, était sombre, le vent faisait rage, la pluie tombait, le fleuve se précipitait en poussant devant lui de grosses vagues. La maison, qui se dressait à proximité de la berge, était ébranlée sur ses bases. Lo T'ong faisait les cent pas dans sa chambre fermée de toutes parts, mais marquait à chaque fois un arrêt en passant près de la table jouxtant la fenêtre.

    Soudain, il s'assit, décidé à laisser fuir le couple vers le pays qui s'étend derrière les montagnes, au couchant, et à leur faire entamer là une vie nouvelle et paisible. Mais il écrivit : « ... dans la nuit livrée à la tempête, ils furent poussés tous deux à quitter leur demeure respective et se rencontrèrent sur les bords du fleuve impétueux. Le vent emportait leurs baisers ; le battement de l'eau couvrait leurs paroles. Le courant entraînait le sable de la rive ; bien qu'ils restassent au même endroit, le niveau de l'eau bouillonnante s'approchait d'eux... »

    Une brusque bourrasque enfonça la fenêtre et il les vit sur la berge opposée, là-bas, de l'autre côté du courant ; des éclairs ne cessaient d'aller de lui à eux et de eux à lui.

    CouvDeGids2008Slauerhoff.jpgEt sa main se mouvait toujours. Il voulut se lever, leur crier quelque chose, mais sa main se trouva plaquée sur le papier. Il saisit le manuscrit et voulut le jeter dans les hautes flammes de l'âtre ; le feu s'étouffa comme si Lo T'ong avait déversé des cuves d'eau dessus, alors que le manuscrit reprenait sa place sur la table. À ce moment-là, il sentit sa présence : un démon aux douze bras le tenait par le cou, forçait ses jambes à se plier et sa main droite à écrire. Les autres tentacules s'étaient enroulées autour de ses reins et de son cerveau pour en extraire cette phrase : « Et alors, ils se noyèrent ! »

    Mais il avait encore la main gauche libre, et n'avait-il pas toutes ses dents, à quatre-vingt ans passés ?

    Il saisit le manuscrit de sa main qui n'écrivait pas, planta les dents au bord et tira...

    La vague qui, sur l'autre berge, menaçait le couple désespéré, se rabattit vers le côté-ci, pénétra dans la maison de Lo T'ong et envahit la chambre, écumante et roulante. Quand elle se retira, le vieil homme gisait sans vie sous sa table, et le manuscrit, rejeté dans un coin de la pièce...

    Les amants, de l'autre côté, renoncèrent au dernier moment à leur dessein criminel ; frôlant la folie de l'autodestruction, la femme avait senti qu'elle portait un enfant, le jeune homme, qu'un noble esprit voulait donner sa vie pour leur salut.

    Ils partirent pour le pays qui s'étend derrière les collines, au couchant ; le jeune homme occupa plus tard de hautes fonctions ; ils furent heureux avec leur descendance.

     

    J.J. Slauerhoff (1898-1936)

     

    © traduction du néerlandais : Daniel Cunin

     

    Titre original

    « De doodstrijd van de dwaze oude,

    in 't schrijven verliefde »,

    Het lente-eiland en andere verhalen (1933).

     

     

    illustrations

    Robert H. Van Gulik, Erotic Colour Prints of the Ming Period, 1951

    J. Slauerhoff, Het Lente-eiland, photographies de Marco van Duyvendijk, conception graphique Rick Vermeulen, édition bilingue néerlandais/chinois de la nouvelle « Het lente-eiland », trad. Cheng Shaogang, 2009, ISBN: 978-90-813385-1-6

    De Gids, n° 362, avril 2008 consacré à Jan Slauerhoff

     

    Voir aussi sur ce blog

    « Slauerhoff & Macao -

    Un poème français de J.J. Slauerhoff »

     

    Merci à B.A. & à M.L.

    CouvLenteEiland.jpg

     

  • Le Royaume interdit

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    MACAO, CAMOES

    & LA CHINE

     

     

    Après La Révolte de Guadalajara (2008),

    les éditions Circé publient un nouveau roman

    de Jan Jacob Slauerhoff,

    le plus célèbre sans doute : Le Royaume interdit.

     

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    Le mot de l’éditeur

     

    Né en Frise en 1898, poète et romancier, JAN JACOB SLAUERHOFF est l’un des grands classiques de la littérature hollandaise du vingtième siècle. Après ses études, il voyage en tant que médecin de bord, naviguant entre l’Europe et les Indes hollandaises, la Chine, le Japon, l’Amérique et l’Afrique du Sud. Souvent étiqueté comme écrivain maudit, « rebelle », « provocant », « poète de la désillusion », il exprime dans son écriture une réelle modernité, tant dans des recueils de poésies (Archipel, 1923) ou de nouvelles (Écume et cendre, 1930) que dans ses romans Le Royaume interdit (1932), La Vie sur terre (1934) et le posthume La Révolte de Guadalajara (1937). Il meurt en 1936.

    Les romans de Slauerhoff traitent de choses tout à fait ordinaires : de la recherche du bonheur, du franchissement des limites, de la soif d’aventures qui défient la fantaisie. Vers le milieu du XVIe siècle, le poète Luiz de Camões embarque à destination de l’Inde, ignorant que le Roi du Portugal veut l’exiler à Macao. C’est une époque mouvementée, une époque de conquêtes. C’est ainsi que ce voyage en mer, d’abord calme, devient une véritable aventure où l’on risque sa vie – mais ce n’est pas tout : d’étranges rêves hantent Camões, dans lesquels il ne couche pas ses vers sur le papier mais les envoie à travers l’espace. Près de 400 ans plus tard, un inconnu, opérateur radio irlandais, perd son identité. Des souvenirs étrangers se substituent aux siens, quelqu’un prend possession de lui. Un poète, dont les vers sont immortels, et une femme, dont l’amour dépasse les frontières du temps et de l’espace, se retrouvent ainsi après plusieurs siècles dans l’Empire du Milieu, le royaume interdit, qui devient pour eux le symbole d’une nouvelle liberté.

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    Extrait de la postface

    « Aux royaumes de Slauerhoff »

     

    Février 1927. Sur le Tjimanoek, bâtiment qui assure la liaison entre Java, la Chine et le Japon, le médecin de bord assiste Mme Cameiros da Silva qui accouche. Il a les plus grandes peines du monde à extraire le fœtus, mort dans le ventre de la mère. Celle-ci va tout de même survivre. Quelques mois plus tard, en juin, lors de son second séjour à Macao, ce même médecin rend visite aux époux Da Silva ; le mari, pour remercier le praticien néerlandais d’avoir sauvé sa femme, lui offre une édition des Os Lusíadas. Cinq ans après, dans les premiers numéros de Forum, revue cofondée par Eddy du Perron, voit le jour aux Pays-Bas le roman Le Royaume interdit dans lequel tant la ville de Macao que la vie en mer et l’auteur des Lusiades occupent une place primordiale.

    L’idée initiale de ce roman, le polyglotte Jan Jacob Slauerhoff (1898-1936) n’a pas attendu de lire (ou relire) Camões pour l’avoir. Entre septembre 1925 et septembre 1927, profitant de ce que les bateaux sur lesquels il servait mouillaient dans différents ports chinois ou encore à Hong-Kong et Macao – à 4 heures de distance l’une de l’autre à l’époque –, il a rassemblé des éléments qui lui serviront à composer une part essentielle de son œuvre, les poèmes, nouvelles et romans « chinois ». Ainsi, dès 1928, Macao devient le titre de l’un des cycles du recueil Oost-Azië. Certains poèmes de la plaquette française, Fleurs de marécage (1929), évoquent eux aussi, non sans nostalgie, cette ville singulière au glorieux passé, en partie éteinte, que l’écrivain préférait à la moderne Hong-Kong. En feuilletant le journal que Slauerhoff a laissé, les notes qu’il a prises au cours de différents voyages, sa correspondance ou encore des esquisses de nouvelles dont certaines remontent au tout début 1927, on relève maints passages qui figurent, sous une forme plus ou moins retravaillée, dans Le Royaume interdit. Par exemple, des éléments autobiographiques sur la traversée de Hong-Kong à Macao resurgissent dans l’évocation du radio de bord, personnage sans nom, qui embarque alors qu’il est hanté par l’esprit de Camões. Il est probable toutefois que l’édition des Os Lusíadas ait aidé Slauerhoff à préciser la place à donner au poète portugais dans son histoire.

    CouvVWSlau.jpg

    En plus d’être un roman sur l’éternelle errance – c’est là, disons le d’emblée, le thème central de toutes les œuvres de celui qu’on a pu baptiser « la catastrophe errante », ce médecin incapable de se fixer sur le continent, cet amant toujours en chemin vers une autre femme, vers la même femme, à l’image du marin de la nouvelle « Larrios » du recueil Écume et cendre (1930) –, Le Royaume interdit présente la singularité de déboussoler le lecteur qui se trouve dans l’impossibilité de ranger le roman dans une catégorie précise, en raison des variations permanentes de perspective qu’il offre au plan narratif comme au plan temporel et de la dimension onirique et démoniaque de nombre de ses pages. Quiconque croit, au bout de quelques-unes d’entre elles, avoir ouvert un roman d’aventures risque de rester à quai ; de même, on est loin du roman historique, du roman psychologique, voire du roman exotique pourtant prisé à l’époque. Qui est qui ? Qui parle ? Qui écrit au juste ? Comment le grand poète portugais, banni de son pays au XVIe siècle, peut-il revenir au XXe pour tenter de se glisser dans le corps d’un banni plus ou moins volontaire ? Quel est le rapport entre ce Camões désabusé, qui a laissé des mots et des vers qui ont fait le tour du monde, et le radio de bord qui envoie pour sa part des mots codés dans les airs ? Comment expliquer tous les parallèles entre ces deux existences que séparent plusieurs siècles, l’origine sociale, la langue maternelle… ? Parallèles qui, par endroits, rapprochent les deux solitaires misanthropiques au point de les confondre – métempsychose ? –, par exemple dans la scène ou le radio de bord se retrouve devant la célèbre église São Paulo de Macao, dont ne se dresse plus que la façade :

    Vitraux élevés, porte fermée ; il fit un petit tas de pierres, se hissa sur le rebord d’une des fenêtres, se pencha et vit que derrière cette façade l’église était dévastée ; il regarda le vide pavé de pierres tombales. Des vautours se tenaient sur les vestiges de bancs. Il se laissa tomber, les oiseaux s’envolèrent, l’un d’eux passa tout près de lui, il trébucha sur un bloc de pierre puis s’étala dans une stalle vermoulue. Empêtré dans une masse de bois mou, il se débattit, la vermoulure lui bouchait les yeux et le nez. Étouffant, il parvint tout de même à se remettre sur ses jambes. Entre-temps, l’église s’était relevée, elle était pleine de silhouettes qui allaient et venaient, la plupart montaient sur des bancs entassés sous les fenêtres et, par ces ouvertures, déchargeaient de lourds mousquets. Devant l’une d’elles, un vieux moine était en train d’actionner un canon. Par intermittence, une balle sifflait dans l’église. Il se tenait près de l’autel. Un homme en bel uniforme, mais le crâne orné d’une couronne de cheveux argentés, lui remit, au nom de Dieu, un lourd fusil. Il gagna une fenêtre, laissa ses doigts aller et venir sur le canon et la platine rouillés. Des balles étaient posées sur le rebord de la fenêtre. Il regarda en contrebas le versant de la colline : des silhouettes tentaient de gagner l’endroit où était édifié l’église, et il en tombait sans cesse ; il se mit à tirer machinalement dans le tas. Son épaule encaissait le recul de l’arme, mais il n’entendait pas les coups partir ;  après quelques secondes, il voyait une flamme vaciller sur son lourd mousquet. (…)

    D. Cunin

     

    Principales sources

    sur Le Royaume interdit

     

    CouvAriePos.jpgOutre la biographie – Wim Hazeu, Slauerhoff. Een biografie, 1995 – et les quelques livres consacrés à Slauerhoff et la Chine – Arie Pos, Van verre havens. Het werk van Slauerhoff en de Chinese werkelijkheid, 1987 ; W. Blok & K. Lekkerkerker (éd.), Het China van Slauerhoff. Aantekeningen en ontwerpen voor de Cameron-romans, 1985 ; Eep Francken, Over Het verboden rijk van J. Slauerhoff, 1977 –, on peut lire en français la thèse de Louis Fessard, Jan Jacob Slauerhoff (1898-1936). L’homme et l’œuvre, Nizet, Paris, 1964 ou encore l’article de W. Blok, « Expérimentation temporelle dans le roman Het verboden rijk de J. Slauerhoff », Écriture de la religion, écriture du roman. Textes réunis par Charles Grivel. Mélanges d’histoire de la littérature et de critique offerts à Joseph Tans, Groningen/Lille, Centre Culturel Français de Groningen/Presses Universitaires de Lille, 1979, p. 123-137. La thèse récente de Hendrik Gerrit Aalders, Van ellende edel. De criticus Slauerhoff over het dichterschap (2005), fournit de nombreux éléments sur l’importance qu’ont revêtu certains poètes français pour l’écriture de Slauerhoff (Villon, Samain, Verlaine, Laforgue, Jarry, Rimbaud, Baudelaire, Segalen…). La suite de la postface revient en particulier sur le rôle fondamental qu’a joué l’œuvre de Tristan Corbière pour l’écrivain néerlandais.

     

    Voir sur ce blog Slauerhoff & Macao

    ET Slauerhoff, entre révolte et dérive

     

    Les alter échos de Jan Jacob Slauerhoff,

    par Mathieu Lindon

    « Une étrange violence, physique et intérieure, habite le Royaume interdit. Dès la deuxième page du prologue, est décrit l’affrontement de deux flottes du XVIe siècle, lorsque le Portugal œuvre à la colonisation asiatique. « La nuit, on continua de se battre à la lumière des torches ; des chaloupes armées participèrent aux combats tandis qu’une multitude de requins, ces hyènes des batailles navales, se disputaient les noyés en sang. » Cette flamboyance austère, cette cruauté sans atermoiement sont des caractéristiques de l’œuvre de Jan Jacob Slauerhoff....»

     

     

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  • Slauerhoff & Macao

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    Un poème français

    de J.J. Slauerhoff

     

     

     

    SAN MIGUEL DE MACAO

     

     

    La façade s’élève, rigide comme un rocher, devant la décrépitude du sanctuaire. Pas un pilier, pas une arche ne reste de la somptuosité ancienne.

    Debout comme une stèle, s’élevant du sein de l’éternel, elle domine l’espace, – temple du ciel avec le soleil comme rosace en sa coupole.

    Les saints pâles, priant dans leurs vitraux, sont brisés avec eux. À travers les trous vides, l’azur vibre et les rayons, les oiseaux, passent à leur gré.

    Les tout-puissants, taillés dans la pierre sur le portail, la Mère de Dieu portant le globe, l’Amiral au beau milieu de sa flotte, n’ont pu subir cette nef étroite derrière eux.

    Ils ont détruit tout : murailles, piliers, toits, jusqu’à l’horizon, jusqu’à l’espace ; le seul temple digne de leur puissance s’étend autour d’eux tandis que la ville se consume humblement à leurs pieds.

     

    couvmarécage.png

    © photo :

    Jeanne Verbij-Schillings & Bibliothèque universitaire de Leyde

     

    Parmi les œuvres du poète, romancier et essayiste Jan Slauerhoff (1898-1936), on relève une œuvre en langue française, la plaquette hors commerce Fleurs de marécage, (A.A.M. Stols, Bruxelles, 1929, lettre-préface de Franz Hellens). (1) La plupart des poèmes – 13 – sont des adaptations ou des traductions de poèmes que l’auteur avait lui-même écrits en néerlandais ; « San Miguele de Macao » est par exemple une adaptation de « Kathedraal St. Miguel », publié dans le recueil Oost-Azië en 1928. Les 7 autres, le poète-médecin les a écrits directement en français.

    Il avait commencé à composer Fleurs de marécage aux Indes néerlandaises, bénéficiant du regard critique du grand connaisseur des lettres françaises Johannes Tielrooy. (2) Puis, en 1929, grâce à l’éditeur de Maastricht Stols, Slauerhoff rencontre l’écrivain Franz Hellens qui avait traduit certains de ses poèmes en français ; le Néerlandais souhaite que son confrère bruxellois lise le recueil et écrive une préface. Hellens accepte, se proposant même de corriger les textes français. Le manuscrit va également passer entre les mains de l’ami Eddy du Perron qui semble avoir émis des réserves sur quelques tournures françaises ; c’est d’ailleurs ce dernier – bibliophile singulier, du Perron a consacré une part de la fortune familiale à éditer des livres hors commerce – qui assure la mise en page de la plaquette.

    Fleurs de marécage paraît finalement au cours de l’été 1929 (tirage : 75 exemplaires) avec une lettre de Franz Hellens en guise de préface. Jan Slauerhoff souhaite l’offrir à des proches et des connaissances, en particulier ceux et celles qui ne lisent pas le néerlandais, entre autres sa maîtresse françaises Claire Fouletier ; sans doute Jane Pesante, Bretonne que le poète rencontre à Nice en août 1929 a-t-elle elle aussi hérité d’un des exemplaires des Fleurs.

    Macao – ville où Slauerhoff s’est rendu deux fois – est au cœur d’autres poèmes – le nom de la cité est même le titre de l’une des deux parties du recueil Oost-Azië, cycle dédié à Constançio José da Silva –, mais aussi de son grand roman, Le Royaume interdit (1932), qui nous conduit au royaume des ombres en mettant en scène le poète portugais Camoens et un homme du XXe siècle, radio de bord, deux êtres dont vies, corps et âmes vont se confondre. Certains édifices religieux de l’ancien comptoir portugais occupent une place importante dans ce livre : un couvent livré aux flammes, une église où sont réfugiés des hommes qui défendent la ville contre des assaillants… On découvre à la fin du roman une évocation d’un édifice délabré, fantôme – l’église São Paulo –, proche de celle que propose le poème ci-dessus. D'ailleurs, l'église San Miguel, c'est en réalité l'église São Paulo  :

    …il s’entêta et se retrouva tout à coup devant un large escalier dominé par la façade rigide de la cathédrale ; tout en haut, perçant le ciel grisâtre de la nuit, la croix noire. Il monta d’un pas lent l’escalier, tête baissée afin de veiller à ne pas trébucher : les marches étaient lisses et désagrégées. Quand il sentit qu’il n’y en avait plus, il leva les yeux : il venait de poser les pieds sur le parvis, le front de l’église était noir, semblable à une imposante pierre tombale verticale ; aucune lumière ne filtrait par les vitraux. Il savait que derrière cette surface inerte se cachait une chose horrible ; impossible de faire demi-tour, l’escalier semblait s’être effondré derrière lui ; sous la menace de ce gouffre béant, il avança, étourdi, à grandes enjambées, vers la cathédrale. (3)

    SaoPauloMacao.jpg

    (photo : source)

     

    On notera que dans « San Miguel de Macao » – tout comme dans l’« Aube à Macao » du même recueil –, Slauerhoff a abandonné dans son adaptation la disposition en strophes, obtenant un résultat qui n’est pas sans rappeler les Stèles de Victor Segalen, écrivain et médecin de bord avec qui on l’a d’ailleurs bien souvent comparé. Le Néerlandais est d’ailleurs « certainement le premier à avoir jamais traduit un texte de Segalen : “Aan de Reiziger”, en 1930, traduction publiée dans le recueil “chinois” de Slauerhoff Yoeng Poe Tsjoeng, est une adaptation de “Conseil au bon voyageur” des “Stèles du bord du chemin”. On est frappé par les points communs entre les deux hommes : tous deux étaient médecins de bord et d’infatigables voyageurs ; tous deux ont laissé une œuvre exceptionnellement variée et, pour l’un comme pour l’autre, le Royaume Interdit a constitué une importante source d’inspiration. » (4)

    Terminons en citant un quatrain du poème « Fin de siècle », qu’appréciait beaucoup Eddy du Perron et qui illustre assez bien l’état d’esprit de Slauerhoff :

    Or, ce dédain superbe de s’en aller,

    En souriant, le long du précipice,

    Au charme paisible de la vallée,

    Vaut bien le bonheur et tous les délices.

     

    édition 1986

    CouvMarécage.jpg(1) Fleurs de marécage connaîtra une réédition la même année, sans doute à l’instigation d’Eddy du Perron, une troisième, augmentée, en 1934 et une dernière en 1986 chez Nijgh & Van Ditmar (avec en regard les textes néerlandais de l’auteur ou les traductions de Hans van Straten). Une part des données de cette notice sont empruntées à Wim Hazeu, Slauerhoff. Een biografie, De Arbeiderspers, 1998 (3ème éd. augmentée) et à Kees Snoek, E. du Perron. Het leven van een smalle mens, Nijgh & Van Ditmar, 2005.

    (2) Johannes Tielrooy (1886-1953), critique et universitaire. Admirateur d’Anatole France, de Victor Hugo, de Voltaire, il a consacré plusieurs études à Barrès (dont un livre en 1918) et rédigé une thèse en français : Conrad Busken Huet et la littérature française (E. Champion, 1923) ; devenu universitaire après un long séjour aux Indes néerlandaises, il a publié en 1938 aux éditions du Sagittaire un Panorama de la littérature hollandaise contemporaine ainsi que, toujours en langue française, La Hollande et l’Indonésie, Bruxelles, Le Flambeau, 1958. Sa grande étude (1948) sur Ernest Renan – dont il a traduit en 1945 Qu’est-ce qu’une nation est disponible en français : Ernest Renan, sa vie et ses œuvres, trad. Louis Laurent, préf. René Lalou, Mercure de France, 1958. Citons encore un ouvrage en néerlandais consacré à Chateaubriand (1936) et une longue étude sur Racine (1951). Son épouse, Jacoba Tielrooy de Gruyter, a également publié en français : Kabar Anghinn, Impressions de Java et de Bali, présentation Luc Durtain, croquis A. Breetvelt, Les Œuvres représentatives, 1932 (sans oublier des articles sur la poésie hollandaise dans YGGDRASILL. Bulletin Mensuel de la Poésie en France et à l’Etranger, 1937). Sa seconde ( ?) épouse a traduit en néerlandais La Pharisienne de François Mauriac.

    (3) J. Slauerhoff, Le Royaume interdit, trad. Daniel Cunin, Circé, 2009.

    (4) Maarten Elzinga, Victor Segalen (1878-1919), musicus, reiziger, etnoloog, dichter, fotograaf, arts, archeoloog, catalogue de l’exposition organisée à la Maison Descartes, 11 novembre-20 décembre 2000, p. 7 (photo ci-dessous). À cette occasion a eu lieu le colloque « Slauerhoff & Segalen : exotistes ».

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    Voir par ailleurs un texte de J. Slauerhoff,

    « Le cas Lautréamont »,

    traduit en français par Fiel Heuvelmans

    et publié dans la revue de Frans Hellens,

    Le Disque vert, n°4, 1925

     

     

  • Slauerhoff, entre révolte et dérive

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    La Révolte de Guadalajara

     

     

    « Il m’arrive de penser que ce nomade frison, descendant de Rimbaud et traducteur de Rubén Dario, auteur de fados et de soleares, imprégné de la saudade, cette singulière variante portugaise de la mélancolie, était un cinquième hétéronyme de Pessoa, resté caché jusqu’à nos jours, une ombre hollandaise, chinoise, portugaise, espagnole derrière Ricardo Reis, Alberto Caeiro et Alvaro de Campos et derrière le grand marionnettiste lui-même : cinq messieurs des années 1920 et 1930 qui, “à Lisbonne sur le Tage”, se promenaient le long des canaux en parlant de Camões, de Vasco de Gama et d’aguardiente. »

    Cees Nooteboom

     

     

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    Médecin du bord fasciné par la Chine, grand voyageur, éternel tourmenté, auteur dans sa courte vie d’une œuvre importante et variée, Jan Jacob Slauerhoff (1898-1936) présente plus d’un point commun avec Victor Segalen dont il a sans doute été le premier à traduire un poème (« Conseil au bon voyageur », traduction parue dans le recueil Yoeng Poe Tsjoeng, 1930). Féru de littérature française – ayant en particulier beaucoup pratiqué dans sa jeunesse Albert Samain, Jules Laforgue, Tristan Corbière, Nerval… –, il publie en 1929 Fleurs de marécage, un recueil de ses propres poèmes écrits directement en français ou adaptés du néerlandais, avec une lettre de Franz Hellens en guise de préface. Dans une partie de sa production poétique, Slauerhoff distille ce qu’il a goûté de meilleur au cours de ses nombreux séjours en France et au fil de ses lectures d’écrivains d’expression française. Il écrit de nombreux articles et essais sur eux, traduit poèmes et nouvelles de Jarry, Verlaine, Baudelaire, Laforgue, Samain, Corbière… Mais l’aventurier en lui sait aussi s’enthousiasmer en découvrant par exemple Seul à travers l’Atlantique d’Alain Gerbault.

    Alternant séjours en Hollande – où, comme l’a relevé Pascal Pia, il ne parvenait pas à trouver sa place – et mois sur les mers, passant d’un port à l’autre, menant une existence professionnelle et amoureuse instable, il se lie d’amitié à Shanghai avec le capitaine et médecin Paul Fouletier – à qui il dédiera son roman Het leven op aarde (La Vie sur terre, 1934) – et l’épouse de ce dernier, Claire, qui sera un temps sa maîtresse. Cherchant à s’établir en Chine comme médecin, il demande à Malraux, rencontré en 1930, quelques renseignements, lequel lui répond : « Je ne pense vous renseigner que très mal : lorsque j’étais à Canton, presque tout était nationalisé par le bolchewisme. Je ne connais plus personne à Canton : tous mes camarades ont été plus ou moins tués. »

    Ayant succombé à la tuberculose, J. Slauerhoff a laissé un roman posthume, La Révolte de Guadalajara, disponible aujourd’hui en français (éditions Circé, 2008) avec une postface de Cees Nooteboom. Circé rééditera prochainement un recueil de nouvelles, Écume et cendre, et publiera un autre roman, Le Royaume interdit, dans lequel l’écrivain hollandais nous fait partager, à travers un magistral prisme spatio-temporel, sa fascination pour l’Asie et pour le poète portugais Camões.

    (D.Cunin)

     

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    Se déroulant dans un Mexique mi-imaginaire mi-historique (l’époque de la guerre des Cristeros), La Révolte de Guadalajara narre les aventures d’un Occidental qui va passer aux yeux du petit peuple pour le Rédempteur et être utilisé comme tel par certains dans des buts politiques. Outre une mise en cause à la fois impitoyable, satirique et cocasse des idéologies, cette fable propose sans doute en filigrane une critique du taoïsme.

     

    Mathieu Lindon

    sur La Révolte de Guadalajara : ICI

    Le Matricule des anges, n° 98,

    novembre-décembre 2008, par Camille Decisier : ICI

     

    Photo de J. Slauerhoff vêtu à la chinoise dans :

    W. Blok en K. Lekkerkerker (eds.),

    Het China van Slauerhoff.

    Aantekeningen en ontwerpen voor de Cameron-romans,

    La Haye, Nederlands Letterkundig Museum

    en Documentatiecentrum, 1985.

     

    L’ouvrage de référence sur J. Slauerhoff

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    Wim Hazeu,
    Slauerhoff. Een biografie,
    Amsterdam/Anvers, De Arbeiderspers, 1995
     
     
     
     
    Lien permanent Imprimer Catégories : Auteurs néerlandais, J.J. Slauerhoff 0 commentaire