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Traductions-Traducteurs - Page 34

  • Le Cheval ailé

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    Quelques regards sur Psyché de Louis Couperus

     

     

    CouvCouperusPsyché.png

     

    C’est en août 1897 que Louis Couperus s’est mis à écrire Psyche ; en novembre, le texte est terminé. Entre-temps, l’écrivain a suggéré à son éditeur de le faire illustrer par un des jeunes artistes symbolistes hollandais. Un peu plus tard, c’est lui-même qui avancera le nom de Toorop, lequel avouera beaucoup apprécier l’œuvre de Couperus : à son sens, elle se prête comme aucune autre à son talent de dessinateur. Psyche a d’abord paru dans la revue De Gids début 1898 avant de sortir en novembre en volume. Ce sera une des œuvres du Haguenois parmi les plus vendues de son vivant. En exergue, Couperus a placé deux phrases de Metamorfoze (1897), son autobiographie esthétique en même temps qu’un de ses livres les plus remarquables :

    « … Ne pleure plus, va dormir, et si tu ne peux dormir, je te dirai un conte, une jolie histoire de fleurs, de pierres précieuses et d’oiseaux, d’un jeune prince et d’une petite princesse… Car le monde n’a rien à offrir si ce n’est un simple conte… »

     

    CouvCouperusTournée.jpg

    Ouvrage de H.T.M. van Vliet richement documenté

    sur les tournées effectuées par Couperus dans son pays

     

    Si le projet d’une édition illustrée a dû être abandonné en raison de coûts jugés trop élevés par L.J. Veen, le livre se distingue tout de même par la magnifique couverture dessinée par Jan Toorop (voir ci-dessus) ; Couperus ne la trouva toutefois pas à son goût. La seconde édition (1899) comprendra un dessin du peintre. L’épouse de Louis Couperus devait écrire une adaptation pour le théâtre (1916) à l’époque où Couperus, rentré dans son pays natal à cause de la guerre, lisait fréquemment des passages de Psyche devant des auditoires choisis de différentes villes néerlandaises. Ses « tournées » littéraires sont restées célèbres, en particulier du fait de sa voix et de sa diction singulières. (1)

    Dans la présentation du volume Psyché et Fidessa paru en traduction française en 2002, Gilbert Van de Louw évoque Couperus en ces termes : « Quand Louis Couperus publie Psyché (1897) et Fidessa (1898), c’est un auteur confirmé qui présente au public une œuvre litté­raire dans le sens moderne qu’a pris ce mot dans ces années-là. Il s’est fait connaître à travers Noodlot (Fatalité, 1891) traduit en anglais la même année et Eline Vere […] L’auteur n’a pas qualifié ses créations de “conte”. C’étaient pour lui des “récits”, mais on voit dans l’ensemble de son œuvre bon nombre de ces “variations sur un thème” inspirées par l’hu­meur du moment. Des “variations” comme en musique. Barbe bleue y défile ou encore les légendes des Indes. Ce qui importe dans tout cela, c’est le travail que l’auteur fait sur la source, comme on le faisait à l’époque classique pour le théâtre. Médée, Rodogune, Esther ou Andromaque, pour ne rien dire de Phèdre, doivent autant à leur source qu’à la présentation des auteurs qui ont consacré leur renommée et figé leur image dans un certain sens : on voit mal Phèdre sans le faix de son tourment, Andromaque sans le souci pour son fils, Médée sans un amour transforméCouvPsycheFidessa.jpgen haine destructrice. Mais on ne voit plus ces femmes sans les atours de Corneille ou de Racine, parce que ces auteurs leur ont donné une consistance psychologique et une densité littéraire à l’abri du temps. […] Couperus, dans un genre plus intime et merveilleux, fait revivre le personnage de Psyché ou la légende de la Licorne. Il introduit ses héroïnes dans le monde du merveilleux, montrant par là même que la modernité est un lien avec le passé, non pas une cassure. Le genre du conte est en vogue à l’époque, non seu­lement pour les enfants, mais pour un public adulte. Transporté dans un mode symbolique, un univers de rêve, l’auteur y projette son monde à lui. » (2)

    Ce « monde à lui », le lecteur français avait pu le découvrir quatre-vingts ans plus tôt. Une première traduction de Psyche avait en effet paru en français sous le titre Le Cheval ailé (trad. J. [= Félicia] Barbier, Paris, Éditions du Monde nouveau) l’année de la mort de Couperus, avec une préface de Julien Benda. Avant de reprendre certains points de vue publiés en français sur Psyche, disons, sans faire injure aux traducteurs, que la version de Félicia Barbier (3) simplifie en de nombreux endroits l’original et que celle de David Goldberg (4) tend à ajouter des fioritures. Il faudrait les fondre en une seule pour obtenir un juste équilibre.

    La critique de langue française n’a en réalité pas attendu 1923 pour commenter le « roman féérique » de Couperus. Outre Louis Van Keymeulen et Léo J. Krijn, déjà mentionnés sur ce blog (partie IV de la notice « Louis Couperus par Louis Van Keymeulen »), un certain Pauw. nous disait dès la fin du XIXe siècle : « Parmi les plus belles choses nouvellement parues, citons en première ligne le délicieux conte Psyché, le dernier ouvrage de Louis Coupérus. […] Le talent de l’auteur s’y montre dans toute sa splendeur ; il y a trouvé un vaste champ à son extraordinaire fantaisie. Il y déploie pleinement sa belle faculté évocatrice de visions éblouissantes, qui enveloppent d’une douce atmosphère de rêve. Quoiqu’il emprunte plusieurs thèmes aux mythes et aux légendes qui sont de toute éternité, l’œuvre, dans son ensemble, n’en est pas moins originale. Louis Coupérus possède un style admirable, souple et vigoureux. Il trouve des expressions éminemment suggestives – et dans ses descriptions, il déploie une variété et une richesse incomparables. Ses phrases sont rythmées et harmonieuses. Ses mots sont choisis avec soin et groupés selon le goût musical le plus subtil. Il chante plutôt qu’il ne parle ! Tant pour la richesse extraordinaire de l’imagination et l’idée philosophique que pour la beauté supérieure de la forme, Psyche est un ouvrage qui peut être compté parmi les plus parfaits de toute la littérature contemporaine. » (5)

    ChevalAiléTitre1.jpg

    Page de titre différente de celle qui mentionne comme traductrice une certaine J. Barbier

     

    D’autres plumes vont s’exprimer un quart de siècle plus tard à l’occasion de la parution du Cheval ailé. (6) Parmi elles, la jeune Christiane Fournier (7) qui se fera connaître comme critique, reporter ou encore comme romancière, et qui, à l’époque, collaborait justement aux éditions du Monde Nouveau. C’est d’ailleurs dans la revue éponyme qu’elle publie cinq pages consacrées à l’œuvre du romancier hollandais : « Couperus, fils de Platon et de Perrault » (janv.-février 1924, p. 48-52). Alors que Couperus estimait qu’il fallait se laisser porter par la fraîcheur de l’histoire plutôt que d’en faire une lecture trop métaphysique, la jeune Française va tenter de concilier les deux approches :

    « Mythe platonicien de l’existence de l’âme et de sa chute, ce Cheval ailé ; mythe chrétien de sa rédemption dissimulé sous le voile transparent du plus beau des contes de fées, celui que petit nous rêvions dans l’émerveillement de nos imaginations neuves. Philosophie symbolique et mystique du temps au paresseux passé, au subtil avenir, au joyeux présent. Lacet de ces trois étapes curieusement solidaires dans l’impondérable limite morte, puis ressuscitée, du vertigineux devenir. Grave problème des essences, mais chanté gaiement par la voix des bacchantes. Grand geste de l’amour, mais pudiquement masqué derrière les ailes diaphanes de Psyché. Vision du péché, qu’ironise la flûte du Satyre. Expiation ; larmes versées ; descente aux enfers ; résurrection des morts : le tout est candeur et science à la fois ; transparence, mais d’un horizon ; naïveté attendrie de celui qui est las de douter.

    Pourquoi tant chercher ? Le secret n’est point si caché que chacun ne le puisse découvrir ; le poème ne veut point d’exégèse ; et ce serait pitié si ces quelques lignes, déchargeant la création de son symbole, venaient à crever la bulle de savon.

    CouperusPortraitJanVeth1892.jpgUn roi avait trois filles, raconte Apulée ; mais Couperus parfait la création. L’une, Emeralde, aux yeux de pierres précieuses, dont les courtisans chuchotaient que son cœur était de rubis ; Astra, la seconde, qui cherchait à surprendre la science sous le mouvement mystérieuse- ment ordonné des étoiles ; et Psyché, timide et nue, enfant couronnée de boucles blondes, parée de ses ailes versicolores, de ses ailes fragiles qui ne la soulevaient point et la laissaient, vaincue, attachée à la terre.

    Platon chargeait-il ses mythes des pensées comme les commentaires l’ont exigé ? Ce qui reste de plus précieux dans la promenade élyséenne des âmes que nous raconte le Phèdre ce doit être la grâce hellénique que la science n’a point déflorée plutôt que la démonstration possible de la préexistence ou de la survivance. La sensibilité se satisfait de la fable et, pour croire, elle ne calcule pas.

    Psyché habitait le royaume du Passé. Le roi son père avait bien cent ans. “Couronné de trois cents tours, le palais royal se dressait jusqu’aux nues.” Psyché errait le long des créneaux, contemplait l’horizon infini, et rêvait. Elle rêvait des choses qu’elle ne connaissait point. Bonheur et tristesse tout à la fois ; celle-ci est dans celui-là contenue, et qui se dit heureux sans avoir battu le chemin triste qui conduit au jardin enchanté du présent ?

    Du haut des tours du palais, l’Âme aperçut la Chimère et en devint amoureuse ; car elle brillait de tous les mirages des vertigineux avenirs et s’élevait à de troublants infinis. L’enfant timide et nue se suspendit au cou du Cheval aux puissantes ailes pour entreprendre l’éternel voyage. »

    Ce voyage, c’est l’histoire narrée par Couperus, dont Christiane Fournier retrace alors les grandes lignes avant de conclure :

    « Par quelle étrange audace marquons-nous de correspondance deux mondes qui n’ont point de commune mesure ? Psyché, dont l’infidélité vient de tuer Eros, rachètera-t-elle l’inéluctable ? Quel impossible et quel inefficace, dira-t-on. N’importe ! Il convient que le pécheur travaille dans la peine. Et voici remporté le triomphe du platonicien-chrétien. C’est justement le mystère de cette équivalence qui sert à justifier le dogme de la préexistence et de la survivance de l’âme. La conclusion prouve la majeure. Prouver ? Que prétentieux et docte est le mot appliqué à une œuvre où l’imagination candide d’un artiste défend à la raison l’accès. Au reste la logique se moquera : paradoxe ou conte de fée ? Ce peut n’être pas davantage ; mais s’il n’en faut pas plus pour que jaillisse la vérité profonde ! Il y a un enfer au moins : celui de Dante. Il y a certes un oiseau bleu et des forêts magiques et des fées très belles, très jeunes et très puissantes qui changent en carrosses les citrouilles et en princes les valets. Chacun de nous qui l’a cru, a suspendu à l’arbre enchanté du conte, une parcelle de vérité.

    Voilà bien pour défier les sceptiques, sectateurs insensibles d’une science qui n’entend pas la légende. Ils veulent raisonner le mythe et la croyance : c’est jouer au tennis avec des balles de plomb. Psyché existe, ardente et pure, déchue, souffrante, expiatoire ; rachetée enfin au Paradis des bienheureux.

    Mais qui disait que nous n’avions pas d’âme ? »

     

    ChevalCritique.jpg

    Renée d'Unan, La Pensée française, 11/10/1923

     

     

    NOTES

     

    CouvPsyche1992.jpg(1) Les éléments relatifs à l’édition hollandaise de Psyche sont empruntés à la postface du volume 14 des Œuvres complètes de Louis Couperus, volume que l’on doit à H.T.M. van Vliet, J.B. Robert et M. Boelhouwer (L.J. Veen, 1992).

    (2) Gilbert Van de Louw, « Introduction », Psyché / Fidessa, Contes et légendes littéraires, traduits du néerlandais par David Goldberg, Presses Universitaires du Septentrion, Villeneuve-d’Ascq, 2002, p. 7 et 9. Relevons que Couperus a tout de même à l’occasion employé le terme « conte » à propos de Psyche, par exemple dans des lettres à son éditeur et à son ami Ram. Voir aussi le passage mis en exergue.

    (3) On doit à Félicia Barbier d’autres traductions d’œuvres néerlandaises : Noto Souroto, « Orient et Occident », Le Monde nouveau, fév. 1926 ; Nico van Suchtelen, Le Sourire de l’âme (De stille lach, 1916), Paris, Éditions du Monde nouveau, 1930 ; Henri Borel, Wu-Wei. Fantaisie, inspirée par la philosophie de Lao-Tsz’, Paris, Éditions du Monde Nouveau, 1931, réédition sous le titre : Wu Wei. Étude inspirée par la philosophie de Lao-tseu, Paris, Éditions G. Trédaniel, 1987. Pour ce qui est de la préface de Julien Benda, voir la note 11 : ICI.

    (4) Né en 1969, David Goldberg a pour sa part donné une très belle traduction d’un roman de Tommy Wieringa, Joe Speedboot, Actes Sud, 2008. Autres titres traduits : Bert Keizer, Danse avec la mort. Journal d’une liaison fatale, La Découverte, 2003 ; Connie Palmen, Tout à vous, Actes Sud, 2005 ; Rob Riemen, La Noblesse de l’esprit : un idéal oublié, préface de George Steiner, NiL, 2009…

    (5) « Lettres néerlandaises : Psyche par Louis Coupérus, Amsterdam, L.J. Veen », Mercure de France, III, 1899, p. 837 et 839.

    PsychéRevueDesLectures15101923.png
    Revue des Lectures, 15 octobre 1923
     

    (6) L’existence de cette traduction s’explique peut-être par le rôle joué par Adrienne Lautère (née Heineken), une femme d’origine hollandaise (des critiques ont pu souligner « sa connaissance imparfaite du génie de notre langue »), auteur des Lettres de la Hollande neutre (1920) ou encore de L’Âme latine de M. Louis Couperus, romancier hollandais, cette dernière étude justement aux Éditions du Monde nouveau, également en 1923. (voir à propos d’Adrienne Lautère sur ce blog la notice « La Saint-Nicolas », catégorie : « Contes Légendes Traditions »)

    (7) Voir sur cette femme aujourd’hui bien oubliée « Christiane Fournier et son œuvre », Marie-Paule Ha, dans l’introduction à la réédition du roman Homme jaune et femme blanche, L’Harmattan, 2008, p. VII-IX). Christiane Fournier à la télévision française en 1959 : ICI.

     

    Le portrait de Louis Couperus a été réalisé en 1892

    par l'artiste hollandais Jan Veth (1864-1925)

     

    PageTitrePlumePsyché.png

    La couverture de la revue La Plume

    contemporaine de la couverture ci-dessus dessinée par Jan Toorop

     

     

     

  • Instantanés d’Australie

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    Regarder le soleil d’Anne Provoost



    Éditeur de l’Histoire de la Littérature néerlandaise (1999), Fayard propose dans son catalogue de littérature étrangère plusieurs romans d’Erwin Mortier (Marcel, Ma deuxième peau, Temps de pose) et son récit Les Dix doigts des jours. Un autre auteur flamand vient de faire son entrée aux côtés de Nabokov, Kadaré, Sciascia, Soljénitsyne… Il s’agit d’Anne Provoost, surtout connue dans le monde néerlandophone pour ses essais et ses ouvrages jeunesse (Le Piège, trad. Francoise de Brebisson, Seuil, 1997). Avec Regarder le soleil (traduction de Marie Hooghe), elle signe un roman qui sollicite d’abord le regard.

    ProvoostCouvSoleil.jpg

    « Née en 1964, récompensée par de nombreux prix, Anne Provoost est néanmoins une quasi-inconnue en France, à l’exception du Piège (Seuil, 1997). Regarder le soleil répare une lacune évidente, mais classe d’emblée son auteur parmi les écrivains exigeants dont la prose réclame du temps – le temps du poème et du voyage. (…) L’une des caractéristiques de Regarder le soleil est de laisser en suspens un grand nombre de ses pistes sous le vent et le soleil du cœur de l’Australie. Le roman ne dit que ce qu’il décrit. C’est sa justesse et sa pureté. En faisant de la sensualité méticuleuse d’une enfant solitaire la colonne vertébrale de son livre, Anne Provoost prend le risque d’un roman ambitieux et radical, où l’intrigue est une préoccupation secondaire. » (Nils C. Ahl, Le Monde des Livres, 27/08/2009)



    LE MOT DE L’ÉDITEUR


    Dans un ranch de l’outback australien, une fillette, Chloé, vient de perdre son père. Elle reste seule avec sa mère, Linda, qui devient progressivement aveugle. Linda continue de faire tourner la ferme, mais elle perd peu à peu le contrôle de la situation... et de sa fille, qui profite de cette liberté toute relative pour errer dans la campagne. En une série de chapitres narratifs nous est dépeinte, par le biais de l’enfant, la lente décomposition de la mère. De grandes émotions sont décrites, mais de manière voilée, ainsi que l’on doit regarder le soleil : indirectement, ou à travers un filtre. Un roman poignant, admirablement servi par une sobriété de moyens qui lui confère une étrange poésie et un charme insidieux, comme la poussière rouge du bush.


     

    POINT DE VUE

    Tout le livre – à l’exception de l’avant-dernier chapitre – est narré au présent par Chloé : celle-ci rapporte par bribes ce qu’elle voit, perçoit, entend, vit : conversations des adultes, bruits, changements du paysage, passage d’une saison à l’autre… En retenant cette optique, l’auteur essaie d’exposer avec authenticité la complexité psychologique d’une petite fille qui n’est pas encore à même d’exprimer tout ce qu’elle ressent. Les vides de la narration restituent la perception enfantine : on ignore pourquoi les parents ont quitté la Belgique, on ignore comment la chute du père s’est réellement produite, on passe brutalement d’une saison à l’autre…

    ProvoostAnnePortret.jpgÀ côté du thème du deuil, le roman s’intéresse essentiel- lement au regard, mais le regard qui est en danger – comme l’annonce le titre du livre « regarder dans le soleil » (ce que fait la mère, à travers les négatifs de photos) : tant le regard de la mère en deuil qui perd la vue que celui de la très jeune narratrice solitaire qui voit ce que sa mère ne voit plus, mais sans vraiment comprendre ce qu’elle voit. La relation mère-fille doit sans doute beaucoup aux romans d’Alice Munro : la mère se reconnaît dans sa fille mais elle tente en même temps de se retrouver elle-même en s’éloignant mentalement de son enfant. Ce qui (dés)uni mère et fille trouve sans doute sa formulation la plus marquante dans la scène où Linda prend le volant à la tombée de la nuit, contre l’avis de Chloé : peu après, elle écrase un wombat femelle : la femme qui devient aveugle écrase un marsupial lui-même plus ou moins aveugle ; son premier souci est alors de voir si elle a également écrasé le petit que la mère porte en principe dans sa poche.

    À ces regards s’ajoute celui de la romancière, un regard qui privilégie l’inspiration picturale. Le roman se caractérise en effet par une lenteur extrême de la narration, de nombreuses descriptions (belles toiles « poétiques », brossées avec sobriété et stylistiquement soignées) des paysages sauvages aux différentes heures du jour, aux différentes saisons, avec des arrêts sur image (une tempête, un incendie qui menace les rares habitations, souvent aussi la flore et la faune locales : les animaux incarnent l’incapacité de communiquer qui est aussi celle de l’enfant) ; sur ces descriptions et les dialogues se greffe un jeu permanent, fait de suggestions, entre ce que le lecteur sait et le malaise qu’éprouve Chloé.

    Le dernier chapitre, où tout se couvre de neige autour de la ferme, est certainement le plus réussi des douze. Mais la plupart d’entre eux ont d’abord été conçus comme des nouvelles, et cela se ressent un peu. (D.C.)

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    couverture de l'édition néerlandaise, Querido, Amsterdam

     

     

    ENTRETIEN AVEC L’AUTEUR


    Pourquoi avoir situé votre roman en Australie, alors que vous vivez en Belgique ?

    La situation géographique est très importante, l’histoire a toujours des liens avec les lieux où elle se déroule. A l’époque de l’écriture de ce livre, je voyageais sans cesse. Je n’ai supporté ces perpétuels changements de lieu qu’à la condition de pouvoir, chaque fois, en rapporter des nouvelles. Si j’ai choisi de jouer sur une grande diversité de lieux, l’Australie est sans doute le pays qui m’a le plus fasciné : on se trouve plongé dans une nature, monumentale et étrange à la fois. Ce lieu évoque pour moi à la perfection le sentiment de « se perdre ». Ainsi, j’ai ramené de ce voyage deux petites histoires, comme des autres pays que j’ai visités, et ce fut le point de départ de ce roman...

    Comment ces fragments sont-ils devenus un livre ?

    Après en avoir écrit quatre ou cinq dans ces conditions, j’ai découvert que si chaque histoire était issue de lieux différents, une constante les reliait toutes : le regard qu’une enfant pose sur sa mère qui souffre. Le fil rouge était là sans que je m’en sois aperçu ! Ce fut une très étrange expérience, tout à fait nouvelle. Mais, rétrospectivement, elle me parait la conséquence inconsciente de mon besoin, à l’époque, de m’isoler. Je pense avoir écrit ici le roman le plus « introspectif » de ma carrière. (la suite : ici)


    extrait du roman lu par Danielle Losman : ici


    Anne Provoost - entretien vidéo en anglais : ici

     


    trailer du film Failing (2001) de Hans Herbots, tourné en Ardèche, adaptation du roman Vallen (Le Piège)




    pages françaises sur le site de l'auteur : ici

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  • Les Somnambules

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    Un entretien avec l'auteur

     

     

    Premier album BD du dessinateur flamand Randall Casaer (titre original Slaapkoppen, éd. Oogachtend, 2007), Les Somnalmbules a été présenté au Festival d'Angoulême 2009. A l'image de l'illustration des albums jeunesse, la BD flamande est en plein boum !

     

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    Les Somnambules, trad. Daniel Cunin, Casterman, 2009

     

     

    entretien radio avec l'auteur (2 parties)


    podcast


    podcast

     

    entretien Le Soir : ici

     

     

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    A la lecture de votre livre, on peut se demander ce qui relève de la construction et de l'écriture automatique...

    C’est un gros travail de construction. La première inspiration est très fluide. On tente de mettre ça en forme, en image, en histoire, en essayant de recréer ce premier sentiment. Mais je me suis bien amusé à faire la composition, à mettre des références, des éléments qu’on ne comprend pas au début mais qui s’éclairent à la fin. C’est moins efficace que de travailler de A à Z, mais beaucoup plus amusant.

    On a l'impression d'un récit qui part à la dérive, puis se démultiplie en histoires gigogne...

    Oui, c’est un peu ça. Mon idée de départ était de faire un récit sans moteur. Dans un récit classique, le personnage a un but, doit trouver un équilibre. Les deux personnages du début de l’histoire n’ont pas d’intention, pas de problème, n’ont rien à faire, ne font rien. Ils ne réalisent même pas qu’ils vivent une sorte d’aventure. Mais je ne pouvais pas continuer indéfiniment, il fallait bien qu’à un moment il se passe quelque chose, alors on fait des histoires dans l’histoire. Pour montrer aussi ce que je pouvais faire, en changeant de formes de narration.

    lire la suite de cet entretien de Randall C. avec Olivier le Busy, La Libre Belgique : ici

     

     

    L'humour décalé de Randall C. plonge le lecteur dans un univers de rêves mis en abyme. Deux couples de personnages s'interrogent sur le rêve et la réalité, le langage, l'environnement surréaliste de leur imaginaire débridé où « les nuages ne chantent pas si ce n'est en silence »... On entre dans cet album comme dans une musique absurde matérialisée dans des dessins et des textes vertigineusement drôles et instables... Un auteur est né...et son premier album est un ravissement magique.  (Edmond Morrel)

     

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    voir aussi l'article de Nicolas Ancion : « C'est très bon signe quand on termine une BD et qu'on a du mal à la comparer à une autre. (...) Les somnambules est un récit hors pair, avec un pied chez Lewis Caroll et l'autre chez Henri Michaux, tendance Monsieur Plume (...) Les somnambules est un grand livre. Un magnifique album, qui inaugure un genre nouveau, qui ne serait pas le roman graphique mais le poème graphique, un développement narratif inédit qui s'intéresse moins au devenir des personnages plongés dans le réel qu'au développement quasi sans limite de leur imaginaire. Époustouflant et déroutant. Que demander de plus ? »

     

     

  • Une gloire de la Flandre

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    Le traducteur Charles Grolleau

    à propos de Guido Gezelle

     

     

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    Guido Gezelle 

     

    S’il fut « un parfait écrivain, un rare poète, un grand chrétien » (1), Charles Grolleau (1867-1940) se distingua aussi en étant éditeur de J.-K. Huysmans et, essentiellement par nécessité financière, un traducteur prolifique (Chesterton, Blake, Wilde, Omar Khayyam, Sienkiewicz…). Tant sa poésie que ses traductions recueillirent les éloges, par exemple sous la plume du jeune critique Louis Thomas dans l’Art Moderne du 28 octobre 1906 :

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    Charles Grolleau ne lisait pas le néerlandais. Toutefois, il a ramené d’un séjour en Flandre un petit ouvrage consacré au plus grand poète flamand du XIXe siècle, Guido Gezelle : Une gloire de la Flandre. Guido Gezelle. Prêtre et poète (1830-1899) a paru en 1917 dans la collection « Bellum » chez Georges Crès. L’étude de Grolleau, dédiée à dom Bruno d’Estrée o.s.b., est suivie d’un choix de poèmes empruntés aux Poèmes choisis (1858-1899), traduits du flamand par Émile Cammaerts et Charles Van den Borren, Louvain, Charles Peeters, 1908. Grolleau reprend les mots de ces passeurs : « Guido Gezelle n’est pas un poète local, un Défrécheux brugeois, un “Mistral du Nord”. Sa langue participe davantage du néerlandais littéraire que du patois flamand. Il n’a pas tenté de fixer par l’écriture une tradition orale ; il a infusé le sang jeune de locutions parlées dans le corps anémié d’une écriture conventionnelle. Il a restauré à l’aide du patois qui en avait conservé l’empreinte, la langue littéraire médiévale. […] Ce n’est pas un artiste isolé, c’est un des grands maîtres – le plus grand peut-être, à l’époque moderne – des lettres néerlandaises. »

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    Puis il ajoute lui-même : « Que ne donnerions-nous pas pour entendre ce que la nature nous dirait par la bouche d’un saint ? Elle a parlé souvent et saint Bernard et saint François d’Assise et saint François de Sales et des milliers dont nous connaissons quelques-uns et des milliers que nous ne connaîtrons jamais ont redit de ses paroles, mais souvent, chez eux, la poésie n’était que la servante d’une haute et puissante maîtresse : la sainte Théologie, et c’est la poésie toujours servante peut-être mais parlant d’elle-même et de son commerce direct avec tous les reflets de Dieu, c’est le chant spontané d’une âme sainte que nous demandons avec les cris de la soif et de la faim. Eh bien ! cette poésie-là, nous l’avons par Guido Gezelle. Jamais âme plus mélodieuse, anima plena modulatione, comme dit l’Imitation, ne nous aura parlé ainsi du Dieu qu’elle adorait, de l’œuvre des six jours gardant pour les seuls yeux de ceux qui prient la trace lumineuse des mains paternelles. Et tous ceux qui ont connu l’humble vicaire de Courtrai et tous ceux qui ne connaissent que son œuvre ont, sans toucher imprudemment au trésor que cache le mot de sainteté, prononcé le nom de “saint” en parlant de Gezelle. »

    La nécrologie rédigée par L. Lefebvre nous apprend que, le 15 juin 1940, Charles Grolleau « fuyait, en automobile ; au cours de cet exode, surpris par un bombardement, son cœur fragile n’a pas pu résister : il s’est effondré mort, sans un mot, dans les bras de sa femme, l’admirable compagne de sa vie et de sa pensée […]. On l’a enterré dans un village déjà évacué, sans cercueil, sans prêtre. »

     

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    (1) Ce sont les termes employés par Lefebvre dans la nécrologie qu’il consacre à son ami près de six mois après le décès de ce dernier (La Croix, 8 décembre 1940). Il n’est pas inutile de relever que Grolleau a collaboré à la célèbre Histoire littéraire du sentiment religieux en France de H. Brémond.

     

     

     

     

    Guido Gezelle en néerlandais

    http://www.gezelle.be/

    http://users.belgacom.net/merton/indexgg.htm

    http://www.dbnl.org/auteurs/auteur.php?id=geze002

     

    deux biographies récentes sur Guido Gezelle

    C. D’haen, De wonde in ’t hert: Guido Gezelle: een dichtersbiografie, Tielt, Lannoo, 1987.

    M. Van Der Plas, Mijnheer Gezelle: biografie van een priester-dichter (1830-1899), Tielt/Baarn,  Lannoo/Anthos, 1990.

     

     

    vidéo Guido Gezelle & Paul van Ostaijen réunis


     

     

  • Anatole France à propos de Multatuli

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    La préface aux Pages choisies de Multatuli

     

     

    Anatole France

    multatuli,anatole france,alexandre cohen,mercure de franceEn 1901, la Société du Mercure de France publie un volume de textes de l’un des auteurs les plus marquants du XIXe siècle néerlandais, Multatuli (pseudonyme d’Eduard Douwes Dekker, 1820-1887), dans une traduction d’Alexandre Cohen, alors critique au Mercure de France. Dans ce même périodique, Henri de Régnier écrit à propos de cet ouvrage : « M. Anatole France qui sait écrire un livre, sait aussi écrire une préface. Il en a composé de charmantes et celle qui précède l’édition en cinq volumes des œuvres de Jean Racine (Lemerre, 1869) est admirable. De même, les quelques pages où il nous présente aujourd’hui la traduction que M. Alexandre Cohen nous offre de Multatuli sont précises, élégantes et judicieuses. Au préambule magistral de M. Anatole France, M. Cohen ajoute d’intéressants détails sur la vie et l’œuvre de l’Essayiste Hollandais. Nous voici donc doublement avertis de goûter un écrivain nouveau pour nous, d’autant mieux que tout ce que nous savons de lui commande l’estime. Nul doute en effet qu’Eduard Douwes Dekker n’ait été un honnête homme et un libre esprit. Avant d’être un auteur franc et hardi, Multatuli fut un fonctionnaire probe et juste. Résident aux îles Moluques et à Java, il dénonça les abus du pouvoir colonial et n’ayant pu obtenir satisfaction du gouvernement, il en appela à l’opinion publique dans son roman de Max Havelaar. M. Cohen nous analyse la substance de ce livre qui valut à son auteur de puissantes et longues rancunes. Dès lors, Multatuli ne cessa de poursuivre dans ses écrits les divers préjugés moraux et sociaux de son temps et de son pays. Il y employa des armes diverses, l’invective et l’ironie, la fiction et l’apologue, la maxime et l’épigramme. Une pareille attitude a droit au respect et M. Alexandre Cohen a bien fait de nous aider à connaître Multatuli en nous permettant de le lire, sinon dans son entier au moins en ses endroits principaux et les plus caractéristiques. » (« Littérature. Multatuli : Pages choisies, traduites par M. Alexandre Cohen, préface d’Anatole France », Mercure de France, août 1901, p. 493-494).

    Nous reproduisons ci-dessous la préface écrite par Anatole France (p. 5-8) en l’accompagnant de la table des matières de ce livre de 358 pages. Dans une longue notice (p. 9-57), Alexandre Cohen présente « le milieu réfractaire où se débattit le génie de l’auteur ». Les Pages Choisies ont connu au moins une réédition (1902). Il convient de ne pas les confondre avec cette autre édition : Multatuli, Pages choisies, choix, présentation et traduction du néerlandais par Lode Roelandt, avec la collaboration de Alzir Hella, préface de Henry Poulaille, notice biographique de Julius Pée, Bruxelles/Paris, Labor, 1938 (réédition, Paris, Office français du livre, 1943). 

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    PRÉFACE

     

    Eduard Douwes Dekker, Hollandais, qui occupa longtemps à Java un emploi dans l’administration coloniale, publia, sous le nom de Multatuli, lors de son retour dans son pays, un roman, Max Havelaar, dans lequel il révéla les abus de l’autorité coloniale dans les Indes néerlandaises. M. Alexandre Cohen, compatriote de Multatuli, a, comme lui vécu à Java. Il était donc particulièrement capable de nous faire connaître Multatuli et son œuvre. C’est à quoi il s’est appliqué dans le présent livre, que j’ai le plaisir de présenter aux lecteurs et qui contient une étude sur la vie de Dekker et une traduction française de morceaux choisis dans l’œuvre de cet écrivain.

    Multaluli n’est pas seulement l’auteur de Max Havelaar. Il a laissé beaucoup d’écrits sur la politique et la morale, sur les affaires et les mœurs des Hollandais. M. Alexandre Cohen, qui est un esprit très indépendant, ne prend point et ne nous donne point la pensée de Multatuli comme un corps de doctrine, et il n’impose cette pensée ni à lui ni à nous. Il m’a même averti que, soucieux avant tout de faire connaître son auteur, il a choisi non pas les endroits par lesquels il lui semblait que Multatuli lui ressemblât le plus, mais les endroits ou Multatuli ressemblait le plus à lui-même. Les traducteurs et les anthologistes ont d’ordinaire moins de désintéressement. Ils ne trouvent leur auteur tout à fait agréable que s’il leur ressemble un peu.

    Ce par quoi Multatuli a charmé M. Alexandre Cohen, c’est son entière franchise et sa parfaite sincérité. Multatuli est un écrivain très extraordinaire : il dit ce qu’il pense. Il s’en trouve fort peu de cette sorte en Hollande et ailleurs. En tous pays, de tout temps, le nombre des hommes qui pensent est petit ; le nombre de ceux qui osent dire ce qu’ils osent penser est moindre. Ils n’y sont nulle part encouragés. La franchise est la moins sociable des vertus.

    Multatuli est enclin à rechercher l’origine des idées les plus communément acceptées et ces recherches le mettent souvent sur la voie de découvertes inattendues et précieuses. C’est ainsi qu’il a cru s’apercevoir que les vertus classées avaient toutes ou presque toutes un caractère essentiellement économique. Mais c’est ce qu’il faut lui laisser dire à lui-même. Il a dans le pessimisme une jovialité charmante et rien n’est plus divertissant que son amère bonne humeur.

    Ce Hollandais qui écrivait de 1859 à 1887 a un peu la manière d’un Français du XVIIIe siècle. Il rappelle nos philosophes d’avant la Révolution, par l’audace des idées, la liberté de l’esprit, la vivacité de l’expression, et par une bienveillante ironie. Il se moque des « dominés » presque aussi gaiement qu’ils raillaient les Jésuites et les Capucins. Il a, comme eux, le goût des contes orientaux. Quelques-uns de ses apologues sont aussi aimables que ceux de l’abbé Blanchet. De même que nos philosophes faisaient volontiers des dialogues avec des Chinois ou des Brahmanes, il se plaît à des conversations morales avec des Japonais. On est tenté de dire de telle page écrite par lui que c’est du Voltaire hollandais, j’entends du Voltaire peut-être un peu rude pour nous, mais non sans saveur.

    Sans connaître leur littérature, sans lire un mot de leur langue, nous savions que les Hollandais furent excellents dans la poésie comique et dans la satire. Leurs peintres nous l’avaient bien fait voir : Terborch, Pieter de Hooch, et Van der Meer de Delft sont d’excellents moralistes. Jan Steen est un Molière en son genre.

    On peut dire que Multatuli, que M. Alexandre Cohen nous révèle, est comme eux, mais avec la plume, un peintre spirituel et franc de l’homme et de la société.

    Anatole France

     

     

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    Multatuli, een zelfportret: het leven van Eduard Douwes Dekker, door Multatuli verteld, (Multatuli, un autoportrait : la vie d’Eduard Douwes Dekker racontée par Multatuli), Amsterdam, Bert Bakker, 2010

     

     

    Table des matières

    Préface (5)

    Notice (9)

     

    Lettres d’amour 1861

    Légendes d’autorité (61)

    Un jugement exemplaire (86)

    Crucifiement (89)

    Amour du mensonge (103)

    L’impresario (106)

     

    Idées 1862-1874

    Panification et immoralité (111)

    Une leçon de morale (113)

    Pygmée (115)

    Décomposition (118)

    Economie politique (124)

    Humour (128)

    Morale samoyède (135)

    Pontonniers superflus (137)

    Pas dans le programme (139)

    Ornis (140)

    Salut et ressemelage (144)

    De la loyauté en politique (146)

    Das komt vom lesen (150)

    Chez les amis (150)

    Un souvenir de Napoléon (167)

    Socrate (172)

    Le quartier juif d’Amsterdam (175)

    Dom Alonzo Ramirez (183)

     

    Les spécialités 1872

    Une définition (193)

    Du parlementarisme (195)

     

    Essais millionesques 1873

    Tombé des nues (225)

    Microcosme (235)

    Vieux-Delft (245)

    Dans la salle de jeu (255)

    Amourettes fluviales (288)

     

    Divers

    Jurisprudence (297)

    Je ne sais pas ou je mourrai (299)

    Faut-il écrire ? (302)

    Taxation d’hommes (308)

    Le dialogue japonais (312)

    Une démonstration (347)

     

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    annonce de la parution des Pages choisies,

    Journal des débats politiques et littéraires, 23/04/1901, p. 3