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Traductions-Traducteurs - Page 30

  • La fidélité, ça suffit !

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    Roman-feuilleton

    des poètes-traducteurs

     

     

    « L’intraduisible n’est pas une donnée empirique,

    c’est un effet de théorie. »

     

    Henri Meschonnic, Poétique du traduire 

     

     

    Prologue

     

    Sarah2.pngTout a commencé à cause d’une femme. Une américaine maladive qui a cru bon d’écrire un cycle intitulé « In a Hospital » inséré dans le recueil Flame and Shadow. Le plus stupide dans cette histoire, c’est que cette Sarah Teasdale étant morte depuis déjà trois décennies, on aurait pu la laisser tranquille. On aurait pu faire comme si elle n’avait jamais existé, comme si elle avait toujours été invisible, invue, non vue, inaperçue… Mais Robert Goffin, poète lui aussi – qui a d’ailleurs eu les honneurs de la collection « Poètes d’Aujourd’hui » de Seghers – a cru bon d’exhumer un poème de cette suicidée dans une étude « consciencieuse » (1) que tout le monde pourra lire dans le Bulletin de l’Académie de Langue et de Littérature Françaises (traduction : de Langue française et de Littérature belge d’expression française). Dans les pages en question, R. Goffin formule un point de vue peu original sur la traduction de la poésie : « sa pensée maîtresse revient à ceci : que, face aux secrets d’une langue, il y a ce qui s’avère aisément traduisible (le jeu des images, la pensée ou l’atmosphère poétique) et ce qui reste rétif à tout effort (le génie même des mots: leur richesse de sens, leur musique). » (2) Autrement dit, le traducteur en est Sarah16.pngsouvent réduit à des adaptations plutôt ap- proximatives quand elles ne sont pas trompeuses. Et ce passionné de jazz d’étayer sa thèse sur plusieurs exemples, c’est-à-dire des poèmes dans la langue originale et des transpositions assez littérales, dont le poème hospitalier de Sarah Teasdale The Unseen :

     

     

    the unseen

     

     

    Death went up the hall

    Unseen by every one,

    Trailing twilight robes

    Past the nurse and the nun.

     

    He paused at every door

    And listened to the breath

    Of those who did not know

    How near they were to Death.

     

    Death went up the hall

    Unseen by nurse and nun;

    He passed by many a door -

    But he entered one. 

     

     

     

    Premier épisode : tastatsat

     

    Marcel Hennart

    Sarah7.pngDans la chronique qu’il tient pour la revue Le Thyrse, le poète belge Marcel Hennart (né en France peu avant la fin de la Grande Guerre), traducteur lui aussi, s’intéresse au travail de son confrère wallon. Avec courtoisie, il salue l’extrême soin avec lequel Robert Goffin situe le problème tout en reprochant une certaine rugosité à la traduction qu’il propose de The Unseen. « Scrupuleusement, Robert Goffin n’a même pas osé traduire le titre ; en effet, il hésitait entre le trop littéral et inacceptable L’Invue (ou La non vue) et L’Invisible, qui apporte une nuance (de plus, il eût aimé employer le masculin, Death étant ce genre en anglais). » (3) Le choix opéré pour restituer nurse et nun ne le satisfait pas non plus. En effet, on est en droit d’émettre bien des réserves au sujet de cette tastatsat (Traduction / Adaptation / Substitution / Transposition / Acclimatation / Transformation / Soumission / Appropriation / Trahison) poétique :

     

    La mort monta dans le hall

    Sans être vue de personne

    Traînant ses robes de couchant

    Au delà de la nurse et de la nonne

     

    Elle s’arrêta à chaque porte

    Surveillant la respiration

    De tous ceux qui ne connaissaient pas

    La proximité de la mort

     

    La Mort monta dans le hall

    Sans être vue par l’infirmière et la nonne

    Elle passa le long de nombreuses portes

    Mais elle en ouvrit une.

     

     

    Ne se doutant en rien de l'avalanche de traductions qu’il va déclencher, Marcel Hennart y va lui aussi de la sienne :

     

     

    l’inaperçue

    (ce mot ajoute-il tellement ?)

     

    La Mort monta dans la grande salle

    nul ne l’a vue

    traînant ses robes de couchant

    outre l’infirmière et la religieuse

     

    Elle s’arrêta devant chaque porte

    elle écouta le souffle

    de tous ceux qui ne savaient pas

    combien ils étaient près de la mort

     

    La Mort monta dans la grande sallei

    inaperçue de l’infirmière et de la religieuse

    Elle passa devant bien des portes

     

    et en ouvrit une seule. 

      

     

    Deuxième épisode : du tac au tac

     

    Sarah8.pngLe temps passe. Sarah se rendort dans son linceul. Le Thyrse publie un numéro double consacré à O.V. de L. Milosz à l’occasion du vingt-cinquième anniversaire de sa disparition : « Il m’accompagne ainsi, je pense qu’il m’ensemence à mon insu, sans que je le visite bien souvent, comme un arbre pour lequel je serais un biotope favorable. Ils étaient quelques-uns de ce caractère dans mon verger privé, pas du tout de la même espèce. Et si l’on me demande pourquoi, je réponds comme Montaigne : Parce que c’est moi, parce que c’est eux. » (Patrice de La Tour du Pin). Paraît alors le numéro du mois de mai 1964 de la « revue d’art et de littérature » bruxelloise. Entre autres : deux pages consacrées à Quintes, premier roman de Marcel Moreau, un poème vraiment de circonstance intitulé Créer l’invisible, et les nouvelles munitions que sort Robert Goffin. Dans « L’éternel problème de la fidélité (suite) », il estime « la traduction du poème de Sarah Teasdale par Hennart […] meilleure que la [s]ienne » ; malgré tout, il en propose deux nouvelles. La première lui a été remise par le poète ardennais Elie Willaime :

     

    celle qu’on ne voit pas

     

    La Mort longea le couloir

    Inaperçue de tous

    Traînant des voiles crépusculaires

    Plus loin que la nurse et la nonne

     

    Elle hésita devant chaque porte

    À l’écoute de la respiration

    De ceux qui ne savaient pas

    Comme de la Mort ils étaient proches

     

    La Mort avança dans le couloir

    Invisible à la nurse et à la nonne

    Elle dépassa plus d’une porte

    Hormis celle par où elle entra.

     

     

    Sarah4.pngLa seconde est de sa propre main : « Les traductions de Hennart et de Willaime sont bonnes, mais, à mon humble sens, elles ne laissent pas l’impression d’un poème original et n’apportent pas de solution aux subtilités de la métrique et des rimes, qui me paraissent pourtant importantes, c’est-à-dire que la traduction devrait atteindre la perfection d’un poème original dont plus un mot ne peut-être changé » (4).

     

    l’inaperçue

     

    La mort monta dans le couloir

    Sans être observée par personne

    Traînant ses parures de soie

    Par delà la nurse et la nonne

     

    À chaque chambre elle écouta

    La respiration d’abord

    De ceux qui ne connaissaient pas

    La proximité de la mort

     

    Puis la mort au long du couloir

    Toujours invisible à chacune

    Longea plus d’une porte car,

    Pour finir, elle en ouvrir une.

     

     

    Sarah19.pngMais le traducteur d’immédiatement s’exclamer : « Hélas ! ce n’est pas parfait ! » Il n’est satisfait ni de l’emploi de nurse, ni du recours à certaines rimes - mais pourquoi chercher à tout prix des rimes ? - ni de la présence de mots su- perflus (car, puis, pour finir). « Cela prouve, comme mon article tendait à le démontrer, qu’une traduction parfaite est impossible. Ma traduction peut-elle laisser l’impression d’un poème non traduit ? C’est-à-dire, oserais-je publier cette traduction à côté d’un des poèmes de mon prochain livre ? » Serait-on moins doué en Belgique qu’aux Pays-Bas où quelques-uns des plus grands poètes du XXe siècle ont incorporé dans leurs Œuvres complètes nombre de traductions, à commencer par Martinus Nijhoff qui a donné son nom au prix le plus prestigieux récompensant les traducteurs ? En désespoir de cause, Robert Goffin – soutenu en cela par la rédaction de la revue – lance un appel aux lecteurs du Thyrse afin qu’ils donnent leur avis et éventuellement améliorent la version française du poème de la séduisante défunte. Était-ce bien sage ?

     

     

    Troisième épisode : taratata

     
    Sarah15.pngLes lecteurs ne s’étant pas fait prier, Le Thryse publie le mois suivant quelques réactions. Mais d’abord, Marcel Hennart tient à donner son avis. Une nouvelle fois, il souligne poliment la qualité de la réflexion de Robert Goffin avant de s’empresser de reconnaître les limites de sa seconde version : « l’apparence même d’échec de sa tentative confirme l’excellence de son étude pénétrante et bien pensée ». Que les choses sont bien dites en bien peu de mots ! Pour le chroniqueur, on est devant un problème insoluble en raison des géométries, des couleurs, des sonorités différentes des langues. On ne peut réussir « la quadrature du cercle ». Seule solution pour le traducteur : « présenter le mieux possible un travail épineux qu’il sait condamné d’avance à l’imperfection. Il peut rejoindre en cela l’angoisse du vrai créateur » (5). Imperfection, angoisse, créateur postiche : excusez du peu.

    C’est ensuite au chantre de Bruxelles, Louis Quiévreux, « diplômé de Cambridge, professeur d’anglais et d’espagnol », ainsi qu’il le rappelle lui-même, de s’exprimer sur le sujet. À la différence des autres, il se refuse à donner une traduction du poème. Les traductions, il n’y croit plus : « ne perdons pas nos efforts et notre temps à essayer de changer les couleurs, les sons, les pensées. Étudions les langues et lisons dans le texte ! » (6). On est sauvé : plus d’imperfection, plus d’angoisse, plus que des vrais créateurs. Son argumentation repose sur la catégorisation tainienne des langues (l’anglais étant celle de la poésie, le français celle de la prose, le papiamento celle de... de quoi au juste ?) ou encore sur le fait que les accents toniques « tombent, en français, immanquablement sur la dernière syllabe sonore ».

    Heureusement pour notre feuilleton, d’autres vont se montrer moins radicaux. L’auteur Raymond Deschamps est le premier à proposer un début d’analyse relativement à la thématique de l’invisibilité et à l’élément charnière constitué par unseen et nurse and nun : « Le poème est basée idéologiquement sur un rapport verbal interne ; il importe donc de maintenir ce rapport étroit d’expression à l’intérieur du poème traduit, mais faut-il absolument le laisser subsister dans les traductions entre les mêmes termes, alors que nurse and nun, même traduits par infirmière et religieuse, n’a pas en français la portée, la force de frappe et d’évocation poétique, qu’il a en anglais. » (7) En conséquence, il suggère de retenir comme mots-clés invisible et porte et se propose de rester fidèle à l’esprit du poème en privilégiant « l’idée de souveraineté de la Mort due à son invisibilité » et en maintenant le symbole essentiel même si ce n’est plus la vigilance de la nurse et de la nonne qui est trompée, mais celle, matérielle, de la porte. On a fait un pas en avant. Raymond Deschamps est aussi le premier à dire que Sarah20.pngla question de la fidélité est mal posée, mais il ne pousse pas sa réflexion assez loin : « le problème de la traduction du poème est bien un problème de fidélité, mais de fidélité à quoi ? à qui ? […] la fidélité au poète compte plus que la fidélité au poème ». (8)

    Sarah de profil

    Voici sa traduction, la cinquième de la confrérie de nos poètes-traducteurs :

     

    l’invisible

     

    La Mort invisible de tous

    Monta dans le couloir

    Traînant ses voiles de crépuscule

    Outre l’infirmière et la religieuse

     

    S’arrêta devant chaque porte

    Pour entendre respirer

    Ceux qui ne savaient pas

    Que la Mort était à leur porte

     

    Invisible et de porte en porte

    La Mort rôda dans le couloir

    Pour ouvrir enfin sans qu’on l’aperçut

    La porte choisie.

     

     

    Sarah12.jpgLa dernière voix qui s’élève dans cette livraison du Thyrse est celle du poète qu’abhorre le plus Amélie Nothomb, à savoir Maurice Carême. Mais peut-être la Métaphysique des tubes aura-t-elle fait long feu qu’on lira encore papi Maurice dans les écoles. Carême fait partie des rares écrivains belges d’expression française qui ont pris la peine de traduire certains de leurs confrères flamands. En la matière, son crédo a toujours été semble-t-il de restituer « le chant, l’enchantement, le mystère qui sont à la base de toute poésie valable » ; il estime qu’une « traduction littérale n’est jamais qu’une mauvaise prose ». Il préfère d’ailleurs réserver le terme de traduction à la prose et retient celui d’adaptation pour la poésie. Plutôt que de proposer à son tour une traduction de The Unseen, il donne une adaptation du ’t er viel ’ne keer (9), poème de Guido Gezelle, en guise d’illustration de sa méthode de travail :

     

    il tomba une fois

     

    Un jour, une feuille tomba

    sur l’eau.

    Un jour, il y eut une feuille

    sur l’eau.

    Et sur cette feuille, cette eau

    glissa.

    Et sur la feuille, cette eau-là

    glissa.

    La feuille se mit à tourner

    dans l’eau.

    La feuille était toute semblable

    à l’eau,

    Aussi souple et aussi pliable

    que l’eau,

    Aussi gaie, aussi indolente

    que l’eau,

    Aussi rapide, aussi mouvante

    que l’eau,

    Aussi ridée, aussi courante

    que l’eau.

    Ainsi, cette feuille gisait

    sur l’eau.

    Et l’on eût dit que cette feuille

    et l’eau

    N’étaient plus l’une, cette feuille

    et l’autre,

    l’eau, mais que la feuille était l’eau

    et l’eau,

    La feuille qui tomba un jour

    sur l’eau.

    Quand l’eau courait, la feuille aussi

    courait.

    Si l’eau stagnait, la feuille aussi

    stagnait ;

    Quand l’eau montait, la feuille aussi

    montait

    Et descendait quand descendait

    cette eau

    Et s’arrêtait quand s’arrêtait

    cette eau.

    Ainsi, sur l’eau, tomba un jour

    la feuille.

    Et le ciel était bleu et bleue,

    cette eau

    et blanche et verte et bleue était

    cette eau,

    Et la feuille riait quand l’eau

    riait,

    Mais l’eau était devenue comme

    la feuille

    Et la feuille était devenue comme

    de l’eau.

    Mon âme était cette feuille et

    cette eau,

    Tintant comme deux harpes (10), et

    sur l’eau

    Sur le bleu brillant et tranquille

    de l’eau,

    Je flottais comme dans un ciel

    bleu d’eau,

    Le bleu du ciel joyeux, du ciel

    de l’eau.

    Un jour, une feuille tomba

    sur l’eau,

    Il y eut, un jour, une feuille

    sur l’eau. (11)

     

     

    Quatrième épisode : Tacatacatac !

     

    Sarah17.pngC’est l’été. Après la lecture des essais « Montesquieu, Sylla et la dictature » et « Angoisse et liberté » (sur Kafka et Kierkegaard) ou encore d’une page de Pol Vandromme sur le dramaturge Michel de Ghelderode, les abonnés du Thyrse retrouvent Marcel Hennart et une nouvelle équipe de fleurettistes. La rédaction a dû opérer un choix parmi le nombreux courrier reçu. Elle retient cinq tastatsat accompagnées des commentaires de leurs auteurs. L’homme de lettres Ernest Degrange ouvre les hostilités : « Je crois être d’autant plus indiqué pour traduire The Unseen que je ne connais pas l’anglais, – ou si peu, […] je ne cours pas le risque d’être rivé scolairement, si je puis dire, au texte original ». Le Wallon a tout de même l’honnêteté de préciser que son épouse, qui « possède fort bien la langue des sœurs Brontë » l’a assisté. Refusant le mot à mot, « le superfétatoire alignement prosodique », il nous propose la version suivante du « lugubre » poème :

     

    l’inaperçue

     

    Inaperçue de tous, et dépassant la nurse et la nonne, la Mort, traînant ses atours crépusculaires, gagne le grand couloir.

    Elle s’arrêta devant chaque porte, prêtant l’oreille à la respiration de ceux qui ne se doutaient pas que la Mort fût aussi près d’eux.

    Inaperçue de la nurse et de la nonne, la Mort a gagné le grand couloir. Elle est passée devant bien des portes, – à l’exception d’une seule, par laquelle elle entra.

     

    La palette s’enrichit donc d’une version « en prose ». Un autre poète, le biblio- thécaire Roger Brucher va tenter pour sa part de préserver « l’accent, l’incantation et l’étroitesse de tracé du poème original » tout en flamandisant celui-ci avec sa « béguine » :

     

    l’insue

     

    La Mort glissa par le couloir

    sans que quiconque la devine

    tirant à soi ses draps de soir

    en négligeant nurse et béguine.

     

    Elle fit le guet à chaque porte,

    prêtant l’oreille au souffle court

    de ceux-là ignorant toujours

    cette très imminente voisine.

     

    La Mort glissa par le couloir,

    sans déranger nurse et béguine.

    Elle laissa là plus d’une porte,

    mais finit pourtant par en franchir une.

     

    Le traducteur défend le néologisme pour le titre « dans la mesure où la Mort n’est pas seulement inaperçue, mais insoupçonnée, non devinée ». Puis il explique brièvement quelques-uns de ses choix :

    Sarah6.png 

    Vient alors le tour d’un certain Jean Guimaud. Ne croyant guère aux notions de « fidélité » et d’« infidélité », il se contente, avance-t-il, de proposer de simples équivalences qui ne prétendent « à autre chose qu’à m’avoir un instant amusé ». La rengaine du traducteur plein de modestie. Peut-être le lecteur a-t-il lui aussi de quoi s’amuser entre ombre en rase-mottes et jolie fée :

     

    l’inaperçue

     

    Entre les femmes

    qui, soignant l’âme,

    veillent aux corps,

    rôde la mort.

     

    Emmitouflée

    de voiles noirs,

    elle est montée

    dans le couloir.

     

    Elle y écoute,

    s’y faufilant

    sans qu’on s’en doute,

    battre le temps.

     

    De porte en porte,

    son ombre basse,

    en rase-mottes,

    passe et repasse.

     

    Par l’une d’elles,

    elle est entrée

    furtive et belle

    comme une fée.

     

    Qui la craignait,

    l’aurait-il vue ?

    qui l’espérait,

    l’aurait-il eue ?

     

    Entre les femmes

    qui veillant l’âme,

    soignent les corps,

    rôde la Mort.

     

    Sarah au chapeau

    Sarah21.png

     

    G. Van der Straeten, traducteur, va s’efforcer pour sa part « de trouver un équivalent à l’allitération “nurse” et “nun” » :

     

     

    l’invisible

     

    Invisible pour tous

    En ses robes de crépuscule

    Glissant derrière la bonne et la nonne

    La Mort remonta le hall

     

    À chaque porte elle s’arrêta

    Écoutant le souffle

    De ceux qui ne savaient pas

    Combien près d’eux était la Mort

     

    Invisible à la bonne et la nonne

    La Mort remonta le hall

    Dont elle dépassa plus d’une porte.

    Mais par l’une d’elles elle entra. 

     

     

    Enfin, pour conclure la série, une dame, Marie Nohant. S’en sort-elle mieux ?

     

    l’inaperçue

     

    En longs voiles couleur de soir

    Sans être vue de personne,

    La Mort monta dans le couloir,

    Dépassa la nurse et la nonne.

     

    Aux portes, elle s’arrêta,

    De tous les souffles, à l’écoute.

    Derrière, nul ne soupçonna

    La Mort si proche sur sa route.

     

    Cachée à la nurse, à la nonne,

    La Mort arpenta le couloir,

    Choisit une porte – la bonne ! –

    Et l’ouvrit sans bruit dans le noir… 

     

     

     Épilogue

     

    Sarah18.png« Je serais heureux si plusieurs lecteurs […] s’essayaient eux-mêmes à ce petit jeu si difficile, pouvaient améliorer ce que nous avons fait à plusieurs et dire ce qu’ ils en pensent. » (12) À moins qu’il n’existe dans une anthologie ou un recueil une traduction de The Unseen de la main d’une personne qui n’a cure de la fidélité. « La fidélité a les meilleurs intentions du monde. Mais elle est elle-même la première dupe involontaire de son application et de sa bonne conscience. Rien de ce qu’elle entreprend ne saurait lui réussir. Elle pense étreindre un texte, et n’embrasse qu’un énoncé. » (13) Remplacez-nous les nonnes par de belles mignonnes.

     

     

     

    (1) Une version revue et corrigée de cette étude a semble-t-il paru dans Fil d’Ariane pour la poésie, Paris, Nizet, 1964.

    (2) Marcel Hennart, « L’éternel problème de la fidélité », Le Thyrse, n° 1, 1964, p. 27.

     (3) Ibid., p. 28.

    (4) « L’éternel problème de la fidélité (suite) », Le Thyrse, n° 5, 1964, p. 232.

    (5) « L’éternel problème de la fidélité (suite) », Le Thyrse, n° 6, 1964, p. 290.

    (6) Ibid., p. 291.

    (7) Ibid.

    (8) Ibid., p. 291-292.

    (9) Guido Gezelle, Dichtwerken, vol. 10, Amsterdam, L.J. Veen, 1951, p. 16-17. Il s’agit de la onzième édition revue des Laatste Verzen (Derniers poèmes). Le poème, ainsi que l’indique le sous-titre entre parenthèse, se veut une manière de souvenir du septuor de Beethoven ; il date de 1859.

    (10) Dans son anthologie Les Étoiles de la Flandre. Guido Gezelle, Karel van de Woestijne, Jan van Nijlen, Paul van Ostaijen, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1973, Maurice Carême a remplacé ces mots par : « deux accords se répondant ».

    (11) En voici la version originale :

    Sarah13.png

    Sarah14.png

    (12) Robert Goffin, Le Thyrse, n° 5, 1964, p. 232.

    (13) Henri Meschonnic, Poétique du traduire, Lagrasse, Verdier, 1999, p. 26.

     

     

  • Le deuxième regard

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    Une saynète de Louis Couperus

     

     

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    « Le deuxième regard » a paru dans la revue Deshima, n° 4, 2010, p. 205-211.

     

     

     

  • Marées & Gens de Flandre

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    Maurice Gauchez, les pêcheurs d'Ostende & Maurits Sabbe



    cassiers.png

    Illustration de H. Cassiers


    Né à Chimay, Maurice Gauchez (1884-1957) a passé une partie de sa vie à Anvers, ville qui forme le décor de plusieurs de ses romans. Poète précoce, essayiste à qui l'on doit entre autres une Histoire des lettres françaises de Belgique des origines à nos jours (1922), critique mais aussi éditeur (par exemple du dramaturge Michel de Ghelderode), il est aujourd’hui en grande partie oublié alors qu’il a été, de son vivant une figure importante des lettres belges, « la cheville ouvrière » d’ « une foultitude de banquets, de com- mémorations, d’hommages et de manifestations diverses ». « Le versificateur me laisse passablement indifférent, à quelques rares poèmes près ; le romancier a mal vieilli ; et si je consulte parfois le critique (Romantiques d’aujourd’hui, 1924 ; et À la recherche d’une personnalité, 1928), c’est pour mieux respirer l’air du temps », nous confie Henri-Floris Jespers avant de brosser un petit portrait de l’homme de lettres : « Conservateur par tempérament et par goût de l’ordre, profondément ancré dans le dix-neuvième siècle, ce détenteur de critères immuables et intemporels est fermement convaincu de la solidité de son travail. Marqué par la fraternité des armes, ce bon vivant recherche les contacts humains qui priment sur les divergences esthétiques. S’il se méfie par nature de tout radicalisme littéraire, il aura la largesse d’esprit (et le bon sens pratique) de ne pas combattre ouvertement les tendances modernistes, tout en gardant ses distances. C’est qu’il se veut avant tout rassembleur au service de cette défense et promotion passionnelles des “lettres belges” qui sera la grande affaire de sa vie. » (voir dans le Bulletin de la Fondation Ça ira, n° 34, le « Dossier portatif : Maurice Gauchez & Paul Neuhuys », repris sur le blog Ça ira !).


    Maurits Sabbe

    Maurits Sabbe (photo : AMVC)

    sabbemaurits.pngOutre de nombreuses œuvres « belges » ou « lotharingiennes », Maurice Gauchez a laissé quelques publications sur la Hol- lande comme le recueil de poèmes Images de Hollan- de. La louange de la terre (1911) et l’ouvrage illustré par Henri Cassiers Le Charme de la Hollande (1932), évocation de diver- ses villes : Rotterdam, Hoorn, Volendam, Amsterdam, Veere, Gouda, Axel, Enkhuizen, Zierikzee, Dordrecht, Edam en Marken… Par ailleurs, il a signé au moins une traduction d'un ouvrage néerlandais, à savoir Vlaamsche menschen sous le titre  Gens de Flandre (Bruxelles, Rex, Collection Nationale, 1935). Il s'agit d'un recueil du Brugeois Maurits Sabbe (1873-1938), des récits qui tiennent du conte, leur auteur s'étant beaucoup intéressé à l'histoire et au folklore de sa terre natale. Dans sa brève présentation, le Wallon nous dit :  « Le régio- nalisme aigu de ses récits, l'authentique personnalité ethnique des personnages qui s'y meuvent ont fait comparer fréquemment Maurits Sabbe à son lointain prédécesseur Jacob Jan Cremer...». Maurice Gauchez estime que le Flamand  « a su allier toutes ses qualités d'observateur, d'homme sensible et de styliste parfait » dans un exquis roman traduit en français en 1926 : Le Petit curé de Schaerdycke. Il souligne aussi les qualités d'essayiste de son confrère, lequel a entre autres donné en 1904 une étude rédigée en français sur le Dunkerquois Michel de Swaen. Dans leur Dictionnaire des littérateurs, F. Closset, R. Herreman et Etienne Vauthier proposent l'aperçu suivant sur cet intellectuel flamand très en vue durant l'entre-deux-guerres et apprécié par un large lectorat  :

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    Pour sa part, dans La Littérature flamande contem- poraine (1923), André de Ridder consacre plusieurs pages à Sabbe, mais on sent dans son propos plus de politesse que d’enthousiasme : « Ses livres dégagent une atmosphère tiède et cordiale, un parfum discret comme les vieilles chambres aux meubles cirés ; toutes les lumières y sont voilées et douces, les bruits s’y prolongent en sourdine. Dans cette œuvre, on voit partout surgir des coins de ville morte, des sites de villages proprets et fleuris, d’anciennes maisons provinciales. Des cœurs simples et purs se confessent, des silhouettes un peu vieillottes, toujours attendrissantes ou drolatiques défilent, sous un éclairage bleu pâle et rose clair. On est tout réjoui de lire couvsabbe1.pngces livres, comme de regarder d’anciennes es- tampes. On lie connais- sance avec eux comme avec de braves gens. Ils sont, du reste, comme une imagerie pittoresque et très folklorique de cette vieille Flandre, que le progrès n’a pas encore touché, où les bruits farouches du monde pénètrent à peine. Même dans le style de Sabbe, on rencontre des tournures archaïques, des images un peu démodées, des mots pieusement recherchés dans les vieux livres. Cette œuvre ne bouscule rien, n’innove guère ; elle ne creuse pas de sillon profond, elle ne révèle rien de ce que la vie a de dramatique et d’intense, elle ne résonne d’aucune musique contemporaine. Mais sa discrète et harmonieuse mesure, sa paisible ordonnance ont leur charme propre et des vertus qui se font de plus en plus rares. Cet art, sans cesser d’être personnel, est apparenté à ce que le romantisme réaliste et l’intimisme bourgeois de notre pays ont produit de meilleur […]  » On retrouve un jugement similaire chez un Marnix Gijsen (De literatuur in Zuid-Nederland sedert 1830) ou un August Couvsabbe2.pngVermeylen (De Vlaamse letteren van Gezelle tot heden) ; ces auteurs mettent tout de même en avant le talent de Sabbe à peindre Bru- ges, sa ville natale, à bien restituer certai- nes atmosphère ainsi qu'à compenser ses défauts par une tou- che d'ironie. Malgré ses réserves, André de Ridder traduira (avec la complicité de Willy Timmermans) une nouvelle des Vlaamsche menschen (« Het minnedicht van Jan Mijs ») pour La Revue belge (01/10/1925), un texte que Maurice Gauchez estimera ne pas devoir reprendre dans son volume Gens de Flandre. Passons à présent du traducteur au romancier  lui-même.

     

     

    Marées de Flandre

     

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    Dédié à Luc Durtain, le roman Marées de Flandre (1935) nous transporte dans une Ostende rustre et fruste où la tension dramatique se noue autour d’un groupe de pêcheurs, de deux ou trois figures ensoriennes et de quelques jeunes vendeuses de poissons que beaucoup d’hommes convoitent. Entre bagarres motivées par la jalousie, histoires et légendes narrées dans les cafés et les bals, et beuveries quotidiennes, on assiste à un affrontement des instincts. Les noms des personnages nous plongent immédiatement en Flandre : la famille Persyn, les Turloot, Pol Fliet, Tjeppe Deputter, Dikke Jef, Lange Pier…

    Pour le lecteur d’aujourd’hui, l’intérêt essentiel du livre réside certes dans le tableau d’une société et de traditions populaires disparus, mais ce qu’on goûte surtout, ce sont quelques passages où le vocabulaire français et flamand frétille et crâmignone. Certaines pages contiennent trois ou quatre, voire cinq ou six notes qui explicitent termes et expressions relatifs à la mer, mots néerlandais, dictons ou contexte flamad : drome, affourché, embossé, auloffée, guèbre, minque, crouchaut, Midzomervuren, weer-je, mannewar, kruisvossen, « Dieu avec vous, vent derrière »…

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    Une page de Marées de Flandre

     

    L’armée des harengs est sortie, comme chaque année, des cavernes mystérieuses que font les icebergs dans les mers polaires. Elle est descendue vers le sud. Amplifiant sa légendaire manœuvre, elle a détaché des corps d’armée distincts vers toutes les mers d’Europe. Ses soldats à dos vert galonné de noir, connaissent déjà l’âpre prix de la vie : comment, frai à peine animé, ont-ils échappé à la voracité de leurs propres ascendants et de leurs innombrables ennemis ? Menu fretin, par quel hasard ont-ils évité les hordes sans fin des affamés des eaux ? Les voici, pressés entre eux comme des grains de sable des plages ; dévorés par millions, ils ne sont déjà plus que les débris infinitésimaux d’un peuple pléthorique. La sélection naturelle n’a laissé survivre que les plus gras et les plus forts. Leurs masses myriadaires et brillantes se meuvent d’après des itinéraires tracés par un destin mystérieux. Escortées par des monstres avides, elles nourrissent baleines et requins, albatros, pétrels, mouettes et autres oiseau de mer, tandis qu’elles-mêmes se ravitaillent au détriment de milliards de plus faibles organismes vivants. Les esprots clairs et bleus, les aloses aux flancs mouchetés de pois noirs et que les Heystois, les Blankenbergeois, les Nieuportais et les Ostendais ont baptisées du joli nom de « poissons de mai », les anchois à museau amenuisé en lame de canif, fuient sur le passage de la farouche légion.

    Celle-ci, toutefois, quittant les profondeurs de l’océan, s’est rapprochée de la surface, et chemine au long des bancs qui, entre le Varne et le Colbart, face au cap Gris Nez, donnent aux confins occidentaux de la Mer Flamande, les diaprures et les moirures d’arcs-en-ciel sans cesse mêlés, dénoués, renouvelés.

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    signature autographe de Maurice Gauchez

  • Anthologie de Poètes Flamands (1942)

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    Une édition des « Cahiers du Journal des Poètes » en temps de guerre

     

     

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    Écrivain flamand, René J. Seghers* (Hasselt, 1904 - Bruxelles, 1974) avait commencé à écrire en français avant d’opter pour la langue néerlandaise. Il a publié des pièces de théâtre, des contes, de la poésie, des romans (dont on a pu relever la touche surréaliste) sans toutefois parvenir à se faire un nom. Spoken in de dwaaltuin (Fantômes dans le labyrinthe, 1956) est le seul de ses livres qui semble avoir franchi la frontière néerlandaise, De zingende kat (Le Chat qui chante, 1962) le seul à avoir été traduit en français (n° 4, collection Zénith, éd. Wellprint, 1966, trad. Charles Cordier). Un de ses poèmes (« Berceuse ») figure dans l’édition bilingue Anthologie de la poésie néerlandaise. Belgique 1830-1966 que l’on doit à Maurice Carême. Ami de Michel de Ghelderode, R.J. Seghers a d’ailleurs œuvré comme traducteur. Il a transposé en néerlandais quelques textes d’auteurs d’expression française (Charles Cordier) et a parfois traduit en français certains de ses confrères et compatriotes, en particulier les poètes qu’il a réunis dans une Anthologie de Poètes Flamands (1920-1942), le n° 93 des « Cahiers du Journal des Poètes » (100 exemplaires de luxe sur Featherweight dont 50 numérotés de 1 à 50 portent le signe du cœur couronné et 600 exemplaires sur Vélin, imprimés sur les presses de l’imprimerie Van Doorslaer de Bruxelles le 18 février 1942).

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    Dans son avant-propos, le traducteur nous dit qu’il s’est laissé guidé par le hasard, son tempérament et par sympathie pour puiser dans vingt années de publications diverses. En moins de 100 pages, il propose un, voire deux poèmes de 35 écrivains différents (lui compris), en retenant même trois de Pieter Buckinx (1903-1987) et cinq de Paul van Ostaijen. Il a réparti les traductions (qui ne sont pas accompagnées des originaux et qui ne cherchent pas à restituer la rime) en neuf thèmes : La foi, La mère, Le rêve, La joie, L’amour, La mer, L’inquiétude, La révolte, La mort. Citons un poème sans titre du volet central :

     

    Ce qui, plus loin qu’un nom

    est dans l’air, dans l’eau, sur la terre

    devient réalité quand tu parles

    et proche de moi, comme ta main :

     

    L’animal rapide et finement ciselé,

    l’oiseau et le jeune bateau,

    passent, – nouveau sortilège –, dans le vent

    qui souffle de tes lèvres ;

     

    Haut, loin, profondément, la vie

    fera son voyage, – mais l’origine

    en reste à la bouche ivre,

    ô barque blanche, gazelle, compagne.

      

     

    René Verbeeck (1904-1979)

     

     

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    Quelques remarques sur ce volume


    Daisne1.jpg- le poème « Fatigues » de Johan Daisne (1912-1978) - Gantois qui a inspiré deux films à André Delvaux et dont on peut lire en français un certain nombre d’œuvres, par exemple le beau roman Les Dentelles de Montmirail (trad. de Als kantwerk aan de kim, 1964) situé en grande partie dans le Comtat Ve- naissin - a été écrit en français par l’auteur.

    - le poème « Ô songer qu’il existe encore… » de Paul Verbruggen (1891-1966) a été transposé par la traductrice de ce dernier, Jane Molloy.

    - deux auteurs qui figurent dans cette anthologie ne sont pas à ce jour répertoriés dans la Bibliothèque numérique de la littérature néerlandaise (www.dbnl.org) : Trudo Hoe- waer et Joris Debruyne (orthographié De Bruyne dans le corps même de l’anthologie).

    - coïncidence amusante, alors que le 22 février 1942 était imprimé dans la clandestinité Le Silence de la mer de Vercors, quatre jours plus tôt était sorti des presses bruxelloises un poème de Ferdinand Vercnokke (1906-1989) portant le même titre. On peut d'ailleurs voir dans deux ou trois poèmes un appel silencieux à résister à l'occupant. 

    - la table des matières présente quelques coquilles : il convient par exemple de lire Paul de Ryck (et non Paul de Dyck), Luc Indestege (et non Luc Idestegen).

    - l’anthologie comprend trois strophes de Bert Decorte (1915-2009), poète qui a laissé de nombreuses et brillantes traductions d’auteurs français (Baudelaire, Villon, Apollinaire, Louise Labé…) ; d’autres auteurs présents dans le volume ont aussi traduit, mais de façon plus occasionnelle, des écrivains d'expression française.

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    Dictionnaire des Littérateurs, Maison Larcier, Bruxelles, 1946, p. 40

     

    * Un aperçu sur la vie et l’œuvre de Réné J. Seghers a été publié sous la plume de Paul Leenders dans Limburgse monografieën, 1993, n° 14.

     

     

     

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    deuxième de couverture

     

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    quatrième de couverture

     

     

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  • Philippe Claudel traduit en néerlandais

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    Un entretien avec le romancier lorrain Philippe Claudel dont les oeuvres sont publiées en traduction néerlandaise (8 titres transposés par les soins de Manik Sarkar) aux éditions De Bezige Bij. Avec Houellebecq, Claudel est l'un des écrivains contemporains français les plus en vue actuellement dans les terres néerlandophones.

     

     

     
    entretien enregistré à Bruxelles (Passa Porta)

    le 08/05/2010

    sous-titres néerlandais