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Voici quelques documents pour compléter la notice « La mort de Louis Couperus vue de Paris (1) ». Le romancier est bien mort en 1923 même si, quinze ans plus tard, L’Homme libre du 9 juin 1938 (p. 2) annonce « le 75e anniversaire du grand romancier Louis Coupérus ».
Mais arrêtons-nous tout d'abord sur le 9 juin 1923. Ce jour-là, à l'occasion des 60 ans de l'écrivain (il est né le 10 juin 1863), celui-ci est fêté en grande pompe à La Haye par des gens de lettres et des admirateurs. C'est à cette occasion qu'un petit film sera réalisé, retrouvé il y a seulement quelques années, le seul document de ce genre sur lequel on peut voir l'écrivain bouger, sourire et remuer les lèvres.
ci-dessous couverture et quatrième de couverture de la revue Les Marges qui a publié la veille du décès du romancier une de ses nouvelles, Les Courtisanes, dans une traduction de Paul Eyquem. Ironie du sort, cette quatrième fait la promotion d'un roman d'Eugène Montfort, qui s'intitule L'Oubli des morts. La revue contient entres autres des poèmes de Thomas Hardy et la première partie de Noémie Bodeau ou la morte maquillée de Marcel Jouhandeau.
Le Temps, 19 juillet 1923
Mercure de France du 1er août 1923
la mise en page marie la fin de Couperus et les débuts de Mata-Hari
Chronique des Lettres françaises, n° 8, mars-avril 1924, p. 257
Revue des Lectures, 15 août 1923
Le périodique L’Ère nouvelle revient, le 2 septembre 1923, sur la disparition de l’écrivain à l’occasion de la parution du Cheval ailé
Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.
Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.
Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.
Bart Van Loo est un auteur flamand francophile ; il écrit sur les lettres et la cuisine françaises : ici. Son prochain livre, qui paraîtra début 2010, porte sur le sexe et l’érotisme dans la littérature. Un de ses faits d’armes : à Amsterdam, il a porté avec Le Clézio une grosse valise pleine de livres de romanciers français en traduction néerlandai- se. Quelques pages de Paris aller-retour en français : PDF
Dans la vidéo ci-dessous, Bart Van Loo nous montre (1' 20 mn) les deux lettres de Victor Hugo à Camille Berru retrouvées récemment par Steven Van Impe, conservateur de la bibliothèque Henri Conscience d’Anvers. L’histoire de cette découverte racontée en français : ICI
À travers 29 séquences réparties en 5 volets (précédés ou non d’un argument),le Slalom softnous entraîne sur les toboggans d’un centre de loisirs aquatique ou encore sous une immense cloche de verre qui abrite un système écologique fermé.
LA QUATRIÈME
L’Année du Bouillon. Au bureau, l’atmosphère est tendue. On doit inventer des noms alors que la climatisation ne marche pas comme elle le devrait. Au paradis aquatique règnent effervescence et enthousiasme, en particulier dans les toboggans. Jusqu’au moment où le maître-nageur rencontre des problèmes. Des noyés et des coachs personnels l’interrogent. Il tente de se concentrer. Mais le niveau a baissé. Le mal est fait.
Dansle Slalom soft, Paul Bogaert se focalise sur le travailleur qualifié qui s’active dans sa cloche de verre surchauffée ; dès qu’on l’appelle pour un excrément, il se précipite de-ci de-là « selon la grotesque chorégraphie à la longue épuisette ».
En fonctionnaire, quelqu’un viendra me cueillir
comme sur l’écran d’une série.
On sera bien surpris
de me voir en sortir gommé.
Abstraction faite de cela (revoilà ce gland, licencie-le)
j’entends une sirène,
le gyrophare caresse les façades sans doute
comme l’autre fois, tu te souviens, il s’agissait de faire évacuer
Le Je sais Tout.
Long poème d’un tenant,le Slalom softse laisse scinder en courtes unités avant de se reformer en un ensemble qui risque à tout moment de se rompre sous vos pieds.
UN POÈME
Tu mens puis filtres
Tu mens puis filtres
l’accessoire, le commentes
l’humectes le tires le tends
et dans l’évocation des faits bien entendu le tisonnes.
Accessoire qui
rond et sensible aux majuscules
traîne alors dans les conclusions comme s’il
exploitait ce hotspot in.
Ou bien tu mens puis tombes dans l’habituel
dans l’explication bouche bée
dans le laborieux flip-flap que l’on voit trop souvent.
Paul Bogaert est né en 1968. En 1996 paraît son premier recueil, WELCOME HYGIENE. Tracassé par un état de surconscience, le poète porte sur lui-même et les autres un regard qui engendre une impression d’étrangeté.
On retrouve ces attitudes mentales et sensorielles exacerbées dans le recueilCirculaire systemen(Systè- mes circulaires, 2002) : Paul Bogaert y explore la fascination qu’il éprouve pour tout ce qui est rotatif. Le système circulaire fermé procure une impression de sécurité, mais aussi de malaise. L’auteur crée, sur un ton pseudo-scientifique, des sortes de machines langa- gières poétiques qui opposent le quotidien au systématique.
Après avoir publiéAUB(SVP) en 2006, Paul Bogaert a signé l’essaiVerwondingen(Blessures, Centre de Poésie, Gand, 2008) dans lequel il explore les secrets de la poésie en analysant la chanson serbe retenue pour le concours de l’Eurovision en 2007. Son éditeur Meulenhoff/Manteau vient de faire paraîtrele Slalom soft, son quatrième recueil.
des poèmes du slalom soft ont paru dans une traduction de Paul Bogaert & Daniel Cunin dans la revue Deshima, d'autres paraîtront dans Action poétique, décembre 2010 ; une dizaine ont été imprimés dans une plaquette Poètes de Flandre - Paul Bogaert
À côté des polars relativement classiques d’un Pieter Aspe, des enquêtes à faire froid dans le dos d’un Luc Deflo, on relève bien entendu en Flandre des thrillers purs et durs. L’un des maîtres incontestables du genre, c’est Patrick De Bruyn. Invitation à l’automutilation.
De même queJe tue à la campagnede Paul Clément (pseudonyme de Jacques-Pierre Amette),Verminkt (Mutilations, 2004) commen- ce par un visage défiguré auquel manque une oreille. Mais la comparaison s’arrête là. Cette fois, pas de narration flegmatique en quelques dizaines de pages ni de maîtresse aux formes plantureuses, mais 400 pages denses, une jeune fille mutilée dans sa chair et un père mutilé dans sa tête : seule la peur qu’inspire cette histoire pourrait amener le lecteur à lâcher le roman, voire à le jeter contre un mur.
Un home-jacking chez des gens sans histoire tourne mal : avant de prendre la fuite, un des agresseurs plaque un côté de la tête de la jeune fille de la famille dans une poêle brûlante ; la mère elle aussi est amochée. Alors qu’elles sont hospitalisées, le père va se retrouver seul dans la maison du drame, pris en étau entre l’angoisse de voir revenir les deux malfrats d’origine slave et un vif sentiment de culpabilité : il se reproche d’avoir été lâche au moment de l’agression, de n’avoir rien fait pour protéger sa fille et son épouse. Dès lors, cet homme au chômage, qui a tendance à se réfugier dans l’alcool et les films pornos, va être aspiré dans une spirale infernale. Du fait de sa fragilité psychologique, il s’enlise peu à peu dans un univers kafkaïen ; dans ses hallucinations, média, police, entreprises mafieuses, personnalités politiques locales jouent tous et toutes un rôle. Il va finir par douter de tout le monde, y compris de ses proches, et par voir des menaces dans la moindre chose. Autrement dit, en sombrant dans un délire de persécution, il entre en enfer.
La grande force de Patrick De Bruyn, c’est de livrer, à partir de données simples, et de gens comme tout le monde – sans déverser qui plus est des flots d’hémoglobine –, une histoire qui fait bien plus peur que le meilleur film d’horreur. Son roman, c’est une voiture au bord de laquelle il vous embarque pour foncer de bout en bout à 200 km/h sans vous donner l’occasion d’en redescendre. Dès les premières pages, cramponnez-vous : l’histoire vous prend d’emblée aux tripes. L’angoisse qui envahit le personnage principal ne tarde pas à vous submerger. Tout comme lui, vous vous retrouvez en plein cauchemar. Cerise sur le gâteau : l’humour est lui aussi au rendez-vous.
LE ROMANCIER
En une dizaine d’années, le chasseur de têtes Patrick De Bruyn (né à Halle, 1955) s’est affirmé comme l’un des maîtres, si ce n’estlemaître du suspense en Flandre. Alors qu’il rêvait de devenir cinéaste, il s’est mis à écrire. Il a 18 ans quand une de ses nouvelles est remarquée. Ce sera également le cas de son premier livre, un roman jeunesse publié en 1977,Angst om de Gijzelaars(Peur des kidnappeurs).
Toutefois, il faudra attendre 1998 pour voir paraître son premier thriller,File (Embouteillage). Il y est question de la peur op- pressante, qu’éprouve un chasseur de tête, de se retrouver dans un bouchon et de finir écrasé sous le chargement d’un poids lourd : deux de ses collègues sont morts peu avant dans des accidents sur l’autoroute. Suivra en 2000Indringer(Intrusion) dont une version refondue a paru en 2008 aux éditions Manteau : une femme ambitieuse qui aime son travail fait face à des gens qui, peu à peu et subtilement, s’immiscent dans son existence pour lui ravir ce qu’elle a de plus cher. En 2001,Vermist(Porté disparu) narre l’histoire d’une femme qui cherche à comprendre pourquoi son mari a disparu, pourquoi il lui avait caché qu’il avait perdu son emploi et comment il a pu se retrouver parmi les victimes « collatérales » du Concorde qui s’est écrasé près de Paris ; parallèlement, la personne sans scrupules responsable du licenciement de son mari reçoit des menaces de plus en plus inquiétantes. Dans ces pages, la catastrophe aérienne de juillet 2000 est exploitée pour accentuer les tensions. Deux ans après,Verdoemd(Maudit, 2006) s’ouvre sur un accident de la circulation : une femme renverse une passante et prend la fuite ; cette seconde de la vie de ces femmes va déclencher une suite d’événements cauchemar- desques.Verliefd(Amoureux, 2007) met en scène un homme marié qui tombe amoureux d’une femme mariée ; mais quand on tombe amoureux, on est très vulnérable. Entre ces deux personnes qui tiennent à garder le secret sur leur rencontre, tout commence par un banal échange de courriels, mais dès la première page, on comprend que les choses vont prendre un tour inattendu. L’amour, thème récurrent des œuvres de Patrick De Bruyn, est ici contrarié par un manipulateur hors pair. Après ces 4 livres au titre commençant par le même préfixe, le romancier a publié en 2008 Pas- sie(Passion) : un homme est accusé d’avoir tué un junkie, les preuves qu’il apporte de son innocence se retournent contre lui. Serait-il malgré tout le coupable ? L’auteur lit un passage de son roman :
Le premier tirage des livres de Patrick De Bruyn est d'environ 20 000 exemplaires. Sa nouvelleDe witte woede(Colère blanche) a fait l'objet d'un court métrage. Le roman Verminkt devrait également être adapté à l'écran.
surwww.geuzeinfo.com, une mine d’infor- mations en néerlandais sur Patrick De Bruyn
surwww.radio1.be, Patrick De Bruyn lit une de ses nouvelles (texte en néerlandais)