Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

flandres-hollande - Page 100

  • La Fille sans cœur

    Pin it!

    ÊTRE OU PARAÎTRE

    La plus belle fille du monde s’entend dire par un amoureux éploré : « Tu n’as pas de cœur. » Voilà pourquoi elle se met en quête d’un cœur auprès d’un sculpteur, d’un peintre, du boucher du village, du forgeron ou encore du boulanger. Chacun lui en donne un de fortune en échange d’un morceau de sa beauté. Un conte sur le paraître, la vanité du paraître, la beauté intérieure.

    CouvFilleSansCoeur.jpg

     

    C’était une belle fille. Jamais encore on n’avait vu une fille aussi belle.

    Elle était belle comme les premières fleurs du printemps, comme un rayon de soleil sur l’eau, comme une clairière au milieu des bois.

    Quand elle passait dans la rue, les oiseaux s’arrêtaient de chanter. Les hommes ôtaient avec respect leur chapeau. Les cloches se taisaient.

    Aucun miroir ne pouvait la voir sans se fendre, sans tomber par terre en mille morceaux.

    Elle, ça la laissait froide.

    Elle n’avait pas besoin de miroir pour savoir combien elle était belle.


    FillesansCoeur2.jpg

     

     

    Néerlandais né en 1957, Pieter van Oudheusden est un grand connaisseur de la bande dessinée. Il a écrit de nombreux scénarios, a traduit beaucoup de BD françaises et belges ainsi que des livres pour enfants. Sa biblio : ici

    L’illustratrice flamande Goele Dewanckel vient de fêter ses 50 ans ; elle illustre des livres depuis 1997 dont 5 ont paru aux éditions du Rouergue.

     

     

     

     

    Pour les plus petits, Pieter van Oudheusden a également publié aux éditions du Rouergue, avec la complicité d’Isabelle Vandenabeele, Mon ombre et moi.

    CouvMonOMbreEtMoi_0001.jpg

    « Une ombre si elle pouvait parler... elle en raconterait des choses. Le petit garçon de cette histoire se fait ici le porte-parole de son alter ego. Observateur de premier plan, il décrypte les comportements de sa compagne de tous les jours et évoque leur complicité. » (www.ricochet-jeunes.org)  « Un petit garçon vit avec son ombre, qu’il personnifie comme son double, il la nomme “Elle”. Ainsi, elle le suit au gré de sa journée : Elle marche devant moi... sous l’eau, elle nage en cachette, derrière mon dos… elle aime bien regarder la télé… L’ombre s’envole à la tombée de la nuit, et l’enfant vit à travers elle une autre vie : Elle danse avec les indiens… En Chine, elle monte sur la scène des théâtres... Mais, le matin, elle se dépêche de revenir près de l’enfant, épuisée : Ça t’étonne, après une nuit pareille ? la gronde-t-il. Une qualité graphique, un texte bleu sur fond écru, une mise en page alternant découpages et collages, et la gravure sur bois, accompagnée de couleurs primaires. » (C.G, www.sitartmag.com)

    un document qui reprend des illustrations d’Isabelle Vandenabeele :

    MonOMbreEtMoiill.jpg
    Lien permanent Imprimer Catégories : Littérature jeunesse 0 commentaire
  • Rik Wouters, peintre et sculpteur flamand

    Pin it!

     
     
    Un catalogue
     
     

    peinture,sculpture,flandre,belgique,poésie

    Rik Wouters : des origines à l’œuvre,  catalogue d’exposition : Palais des Beaux-Arts de Bruxelles du 23 févier au 26 mai 2002

     

    Plus de 250 pages, des centaines de reproductions (huiles, aquarelles, dessins, sculptures…) : le catalogue bilingue français/néerlandais de la rétrospective Rik Wouters organisée en 2002 est un émerveillement pour les yeux.

    RikWouters2.jpg
    RikWouters3.jpg

     

    Survol de l’œuvre en images

     

     

    RickWouters4.jpg

    « On y lira notamment une "Minuscule phénoménologie de l’influence chez Wouters", par Gérard Audinet, Conservateur au musée d'art moderne de la Ville de Paris. L’adjectif pêche par modestie, car ce savant regard extérieur – je veux dire non belge – aide à la compréhension de l’œuvre et montre comment Rik Wouters s’insère dans son époque, se prévaut d’illustres prédécesseurs (Ensor y compris) ou des écoles étrangères – l’art chinois qu’il découvre, tout en créant un style personnel. On apprendra ainsi que Wouters adulait Cézanne, tout en se méfiant de sa tendance "à l’abstraction" (…) L’ouvrage comporte aussi une analyse de l’influence d’Ensor sur Wouters, et des rapports que les deux artistes entretinrent. Elle est de Herwig Todts du Musée des Beaux-Arts d’Anvers. Surpre- nantes révélations aussi quand on lit l’estime qu’Ensor portait à Wouters au point de s’en méfier parfois, ou d’avoir des craintes de "diva". » (E. MdR, www.art.memoires.com)

     

    exposition virtuelle

    http://www.lemusee.be/orangerie.html

    le catalogue raisonné

    http://www.art-memoires.com/lmter/l3436/35rwoutersob.htm

    sur la sculpture de Rik Wouters

    http://www.art-memoires.com/lmter/l3436/34uclwouters.htm

    sur le catalogue

    http://users.skynet.be/pierre.bachy/wouters_rik.html

    guide du visiteur exposition Malines

    pdf

     

    Animation à partir du poème Hulde aan Rik Wouters (Hommage à Rik Wouters) du poète néerlandais Jacques Hamelink, par Lucette Braune



     

    Lien permanent Imprimer Catégories : Peintres-Graveurs 0 commentaire
  • HADEWIJCH, une inconnue

    Pin it!

     

     

    Comme bien peu de documents fournissent en français un exposé fiable sur l'écrivain mystique du XIIIe siècle Hadewijch, dont les textes font partie des plus anciens connus en moyen néerlandais, nous proposons un premier point sur cette figure hors du commun

     

     

    HADEWIJCH (dite d'Anvers),

    née au cours de la 1ère moitié du XIIIe siècle

     

    Quelques recoupements opérés sur la base de rares mentions manuscrites - telle De B(eata) Hadewige de Antwerpia - ont permis d'attribuer 4 textes rédigés en brabançon (l'un des dialectes « thiois » ou moyen néerlandais) à cette femme que l'on a coutume, aux Pays-Bas et en Flandre, d'appeler tout simplement Hadewijch. Aucun document n'a été retrouvé qui permettrait de mieux situer cette figure dans le temps et l'espace ; on s'accorde en général à voir en elle une représentante majeure et extrêmement cultivée du premier mouvement béguinal.

     

    couvVisionsHad.jpg

    éd. Imme Dros - Frank Willaert, 1996

     

    Les 14 Visions, 45 Poèmes Strophiques, 31 Lettres et 16 Lettres à rimes plates font partie - à côté des Sept manières d'aimer saintement de la moniale cistercienne Béatrice de Nazareth (1200-1268) - des plus anciens textes de la littérature moyen néerlandaise. La poésie d'une rare virtuosité de Hadewijch - qui est aussi la plus ancienne poésie mystique de langue vernaculaire occidentale connue - ainsi que sa pratique de plusieurs genres littéraires font d'elle un auteur hors du commun. Le raffinement de sa langue, le jeu complexe et paradoxal que proposent ses écrits entre forme et fond - sans doute ceux-ci étaient-ils beaucoup moins sibyllins pour les contemporains de la poétesse qu'ils ne le sont pour nous - ainsi que l'absence d'un exposé synthétique de sa pensée compliquent énormément une saisie conceptuelle de celle-ci. À l'image de l'expérience de la Minne (l'Amour) et de l'union fruitive avec l'Homme-Dieu et le Dieu trine que vit Hadewijch, ses écrits paraissent être plutôt faits pour agir sur le lecteur que pour être totalement appréhendés par l'esprit herméneutique. Les liens intimes qu'entretiennent ces vers et cette prose avec la musique, la liturgie et les traditions poétiques de l'époque ne font que renforcer leur beauté et leur singularité.

    L'influence de Hadewijch sur la mystique brabançonne (par exemple Ruusbroec) est certaine ; on parle d'École de Hadewijch (et non pas d'une Hadewijch II, personnage purement fantomatique) pour situer des textes qui s'inscrivent dans son lignage spirituel (Mélanges poétiques 17-29, Traité hybride, etc.). Il reste encore au médiéviste à déterminer la mesure dans laquelle ces différents écrits et ceux attribués à Hadewijch ont pu influer sur les auteurs rhénans.  (Daniel Cunin)

     

    Éditions donnant l'intégralité des textes de Hadewijch

    (plus certains textes de l'École de Hadewijch)

     

    HadewijchMIneIsal.jpgDe Visioenen van Hadewych, opnieuw uitgegeven door J. Van Mierlo, 2 vol., De Vlaamsche Boekenhalle, Leuven-Gent-Mechelen, 1924-1925 [Leuvense studiën en tekstuitgaven 10 & 11].

    Strophische Gedichten, opnieuw uitgegeven door J. Van Mierlo, 2 vol., Standaard-Boekhandel, Antwerpen-Brussel-Gent-Leuven, 1942 [Leuvense studiën en tekstuitgaven 13].

    Brieven, uitgegeven door J. Van Mierlo, 2 vol., Standaard-Boekhandel, Antwerpen-Brussel-Gent-Leuven, 1947 [Leuvense studiën en tekstuitgaven 14].

    Mengeldichten, opnieuw uitgegeven door J. Van Mierlo, Standaard-Boekhandel, Antwerpen-Brussel-Gent-Leuven, 1952 [Leuvense studiën en tekstuitgaven, 15].

    couverture d'un ouvrage de Frans van Bladel, contenant des traductions en néerlandais moderne de passages de Lettres, Chants et Visions de Hadewijch, 1 CD et de magnifiques illustrations

    (Davidsfonds, Louvain, 2002)

      

    Une nouvelle édition de référence du texte original des Poèmes vient de paraître avec une traduction en néerlandais moderne et 4 CD

    HadewijchDisque.jpg

    voir aussi sur Hadewijch

    l'article dans la catégorie Traductions-Traducteurs

     

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : Hadewijch & Moyen Âge 0 commentaire
  • Une gloire de la Flandre

    Pin it!

     

    Le traducteur Charles Grolleau

    à propos de Guido Gezelle

     

     

    vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau

    Guido Gezelle 

     

    S’il fut « un parfait écrivain, un rare poète, un grand chrétien » (1), Charles Grolleau (1867-1940) se distingua aussi en étant éditeur de J.-K. Huysmans et, essentiellement par nécessité financière, un traducteur prolifique (Chesterton, Blake, Wilde, Omar Khayyam, Sienkiewicz…). Tant sa poésie que ses traductions recueillirent les éloges, par exemple sous la plume du jeune critique Louis Thomas dans l’Art Moderne du 28 octobre 1906 :

    vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau

    Charles Grolleau ne lisait pas le néerlandais. Toutefois, il a ramené d’un séjour en Flandre un petit ouvrage consacré au plus grand poète flamand du XIXe siècle, Guido Gezelle : Une gloire de la Flandre. Guido Gezelle. Prêtre et poète (1830-1899) a paru en 1917 dans la collection « Bellum » chez Georges Crès. L’étude de Grolleau, dédiée à dom Bruno d’Estrée o.s.b., est suivie d’un choix de poèmes empruntés aux Poèmes choisis (1858-1899), traduits du flamand par Émile Cammaerts et Charles Van den Borren, Louvain, Charles Peeters, 1908. Grolleau reprend les mots de ces passeurs : « Guido Gezelle n’est pas un poète local, un Défrécheux brugeois, un “Mistral du Nord”. Sa langue participe davantage du néerlandais littéraire que du patois flamand. Il n’a pas tenté de fixer par l’écriture une tradition orale ; il a infusé le sang jeune de locutions parlées dans le corps anémié d’une écriture conventionnelle. Il a restauré à l’aide du patois qui en avait conservé l’empreinte, la langue littéraire médiévale. […] Ce n’est pas un artiste isolé, c’est un des grands maîtres – le plus grand peut-être, à l’époque moderne – des lettres néerlandaises. »

    vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau

    Puis il ajoute lui-même : « Que ne donnerions-nous pas pour entendre ce que la nature nous dirait par la bouche d’un saint ? Elle a parlé souvent et saint Bernard et saint François d’Assise et saint François de Sales et des milliers dont nous connaissons quelques-uns et des milliers que nous ne connaîtrons jamais ont redit de ses paroles, mais souvent, chez eux, la poésie n’était que la servante d’une haute et puissante maîtresse : la sainte Théologie, et c’est la poésie toujours servante peut-être mais parlant d’elle-même et de son commerce direct avec tous les reflets de Dieu, c’est le chant spontané d’une âme sainte que nous demandons avec les cris de la soif et de la faim. Eh bien ! cette poésie-là, nous l’avons par Guido Gezelle. Jamais âme plus mélodieuse, anima plena modulatione, comme dit l’Imitation, ne nous aura parlé ainsi du Dieu qu’elle adorait, de l’œuvre des six jours gardant pour les seuls yeux de ceux qui prient la trace lumineuse des mains paternelles. Et tous ceux qui ont connu l’humble vicaire de Courtrai et tous ceux qui ne connaissent que son œuvre ont, sans toucher imprudemment au trésor que cache le mot de sainteté, prononcé le nom de “saint” en parlant de Gezelle. »

    La nécrologie rédigée par L. Lefebvre nous apprend que, le 15 juin 1940, Charles Grolleau « fuyait, en automobile ; au cours de cet exode, surpris par un bombardement, son cœur fragile n’a pas pu résister : il s’est effondré mort, sans un mot, dans les bras de sa femme, l’admirable compagne de sa vie et de sa pensée […]. On l’a enterré dans un village déjà évacué, sans cercueil, sans prêtre. »

     

    vlaamse letterkunde,poésie,traduction littéraire,flandre,gezelle,bruges,charles grolleau

     

    (1) Ce sont les termes employés par Lefebvre dans la nécrologie qu’il consacre à son ami près de six mois après le décès de ce dernier (La Croix, 8 décembre 1940). Il n’est pas inutile de relever que Grolleau a collaboré à la célèbre Histoire littéraire du sentiment religieux en France de H. Brémond.

     

     

     

     

    Guido Gezelle en néerlandais

    http://www.gezelle.be/

    http://users.belgacom.net/merton/indexgg.htm

    http://www.dbnl.org/auteurs/auteur.php?id=geze002

     

    deux biographies récentes sur Guido Gezelle

    C. D’haen, De wonde in ’t hert: Guido Gezelle: een dichtersbiografie, Tielt, Lannoo, 1987.

    M. Van Der Plas, Mijnheer Gezelle: biografie van een priester-dichter (1830-1899), Tielt/Baarn,  Lannoo/Anthos, 1990.

     

     

    vidéo Guido Gezelle & Paul van Ostaijen réunis


     

     

  • Le Chapeau chinois

    Pin it!

    CONTES MERVEILLEUX POUR MÉLOMANES

     

    ChapeauChnois.jpgÉcrire pour ne pas oublier –ChapeauChnois.jpg

    oublier pourquoi on écrit –

    ce qu’on a écrit, l’oublier.

    T. de Vries

     

    Le Chapeau chinois schellenboom en néerlandais : nom d'un instrument formé d’un pavillon de cuivre, garni de clochettes et de grelots, que l’on brandit en tête de certaines fanfares –, tel est le titre d’un recueil de nouvelles, première œuvre traduite en français (1) de Theun de Vries (1907-2005). Autodidacte, ce Frison a acquis au cours de sa longue existence une vaste culture historique. Tout en voyageant beaucoup, il a mené de front, à certaines époques, des activités journalistiques, politiques (il a été député) et littéraires. « À maints égards, cet écrivain dont l’exceptionnelle longévité n’a d’égale qu’une production très abondante, constitue un cas à part dans le paysage littéraire néerlandais : communiste sincère pendant des décennies, avant de prendre petit à petit ses distances vis-à-vis du modèle soviétique, jusqu’à traduire en néerlandais Soljenitsyne dans les années 196o, Theun de Vries est aussi resté une figure de romancier relativement isolée car il se sentit peu concerné par la modernité littéraire et se tint résolument à l’écart des modes. On a pu voir en lui l’un des derniers représentants du cloisonnement idéologique qui prévalait dans la société néerlandaise, de l’entre-deux-guerres jusqu’aux années 1950. Cela ne l’empêcha nullement d’élaborer une œuvre personnelle et diversifiée […] avec une prédilection pour le roman et la nouvelle. Dans ceCouvTheunMaupassant.jpgdomaine, sa production pléthorique ne peut être comparée qu’à celle de son ami Simon Vestdijk (1898-1971) […]. De Vries partage avec Vestdijk la passion du roman historique, qu’il décline sous plusieurs formules :cycles (notamment La Dynastie des Wiarda, consacré à sa Frise natale), biographies romancées et récits ayant plus oumoins recours à la fiction (sur Rembrandt, Van Gogh, Molière, Spinoza, Marx) et bien entendu romans engagés, traitant de figureshéroïques (Hannie Schaft dans La Fille aux cheveux roux, porté à l’écran en 1981) ou de hauts faits de la Résistance néerlandaise (la grève de février 1941, dans la trilogie Februari), de même que d’événements révolutionnaires du passé (la révolte des gueux contre l’Espagne au XVIe siècle, la révolution de 1848, la Commune de Paris). » (2) À propos de révolution, il convient en outre de mentionner La Liberté se pare de rouge (1945), roman marxiste décrivant une Guadeloupe se libérant du joug de l’oppresseur – une réponse à L’Île au rhum de Simon Vestdijk (Phébus, 1991). Quant aux romans historiques portant sur de grands artistes, très documentés et symptomatiques d’une réflexion permanente sur l’essence de l’art, on relève encore Moergrobben (1964), inspiré de Jérôme Bosch, De vrouweneter (Le Mangeur de femmes, 1976), œuvre écrite dans des cafés parisiens, consacrée à Maupassant et Marie Bashkirtseff, ou encore Het motet voor de Kardinaal (Le Motet pour le Cardinal, 1960) qui nous entraîne dans l’entourage de Josquin des Prés. La musique occupe également un place centrale dans Fugue du temps (deux romans d’une fresque inachevée de la société hollandaise du XXe siècle dans laquelle un compositeur sert de fil rouge) et De dood kwam met muziek (La Mort est venue en musique, 1979), court roman dont la technique du close-up s’inspire de la Sonate d’automne de Bergman.

    CouvChapeauChinois.jpg

    Le Chapeau chinois, trad. Christian Marcipont, Martagon, 2009

    Si la vision épique que Theuns de Vries déploie souvent se retrouve dans quelques pages du Chapeau Chinois, on est surtout frappé par la qualité stylistique de l’ensemble : « Il est indéniable que la phrase de Theun de Vries, par sa grande musicalité, tantôt discrète, tantôt solennelle, donne à entendre. Son écriture, à cent lieues des expérimentations formelles des jeunes générations, atteint à une extraordinaire beautéplastique, jamais recherchée pour elle-même, mais toujours au service du récit, voire y tenant sa partie à l’égal des personnages. Sans contredit, ses qualités stylistiques ont contribué à faire de Theun de Vries un classique, avec tout ce que cette notion implique, de la part du lecteur, de fervente dévotion ou de distance révérencieuse. Le Chapeau chinois ne parle que de musique et – était-il meilleure façon de le faire ? – en parle musicalement. » (3) Dans cette suiteromanesque – au sens lavarendien du terme –, on est invité, parfois à la manière d’un détective, à entrer brièvement dans les univers de Robert Cambert, du violoniste Johann Georg Pisendel et de Vivaldi, de Chaliapine, de l’impératrice Marie-Thérèse et de Mozart, d’un jeune virtuose chinois à l’époque de la révolution culturelle. « Signor Rossini ou l’adieu à Pesaro » se compose de deux longues lettres de Rosini ; « La bataille de Waterloo », sans doute le texte le moins abouti, revient sur le sentiment de culpabilité vis-à-vis des juifs déportés ; enfin, « Les Trente-cinq noms », nouvelle qui occupe près de la moitié du recueil, prend son envol à Sisteron pour mettre en scène de façon burlesque les déboires d’un contemporain de Berlioz, apparemment promis à un bel avenir.

    CouvMotetTheun.jpg

    Se réclamant de Balzac, Theun de Vries nous a laissé des dizaines de gros volumes ; dans le dernier tiers de sa vie, il s’est toujours plus senti attiré par l’écriture de textes plus courts. Il n’a d’ailleurs pas hésité à retrancher des passages de certaines de ses œuvres lors de leur réédition. Comme l’écrit son traducteur, il est encore trop tôt pour dire ce que la postérité retiendra de cette production monumentale. Lui-même, qui a par ailleurs laissé une œuvre poétique en frison et nombre de traductions, ne se faisait d’ailleurs guère d’illusion en soulignant qu’on ne lit plus de Tolstoï que deux ou trois de ses œuvres.


    (1) L’écrivain a été traduit en de nombreuses langues, notamment celles des anciens pays du Bloc de l’Est, ce qui s’explique sans doute en partie par l’engagement communiste officiel de l’écrivain de 1936 à 1971. Dans les années cinquante, en particulier suite aux événements hongrois,  ses prises de position en faveur de l’URSS lui ont valu d’être renvoyé du PEN club et de la Société des Gens de lettres de son pays. Il finira par reconnaître publiquement ses erreurs.

    (2) Dorian Cumps, « Le Chapeau chinois : Contes musicaux hoffmanniens de Theun de Vries », Septentrion, 2009, p. 74-76. Le livre de Theun de Vries sur la Commune s’intitule Louise Michel, engel in het harnas (Louise Michel, ange armé pour la lutte, 1984) ; il réunit deux pièces radiophoniques ainsi qu’un essai.

    (3) Christian Marcipont, p. 6 de la préface du Chapeau Chinois.

    CouvVincentTheun.jpg
    le roman sur les années haguenoises de Vincent van Gogh



    Lien permanent Imprimer Catégories : Auteurs néerlandais 0 commentaire