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flandre - Page 17

  • L’épuisette à enfants

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    Un nouvel album de Geert de Kockere en français

     

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    Le premier album illustré par Kaatje Vermeire paraît en novembre 2010 aux éditions Rouergue. Il s’agit de La Grande Dame et le Petit Garçon - une histoire de châteaux de cartes et d'épuisettes à enfants - dont la version néer- landaise a été publiée aux éditions De Eenhoorn en 2007 avec un texte de Geert De Kockere.

    Depuis cette date, l’illustratrice, fidèle à son éditeur flamand, a collaboré avec Leen van den Berg (Over Lijstjes, Pannenkoeken en een Geheim Plan, 2008), Brigitte Minne (Mannetje en Vrouwtje krijgen een Kind, 2009) et Tine Mortier (Mare en de dingen, 2010). Une édition française de ce dernier album est en préparation. En 2008, Kaatje Vermeire a elle-même écrit et illustré une histoire (De V-vlucht van Otar) qu’on peut découvrir ICI (avec un autopotrait en guise de FIN). Dans un entretien, elle nous dit travailler plutôt à l’instinct, elle a besoin de « faire » avant de passer à une phase de réflexion.

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    couverture de De V-Vlucht van Otar 

     

      

     

    Le mot de l’éditeur

    La Grande Dame et le Petit Garçon 

     

    vermeire4.pngElle est grande, très grande. Avec son long manteau et ses robes amples, on dirait une ogresse. Elle habite la maison avec la cage sur le balcon. Les enfants pressent le pas devant chez elle car elle fait un peu peur. Et elle a toujours un gros sac plein à craquer : est-ce qu’elle y capture des enfants ?

    Un jour de marché, un petit garçon fait la connaissance de la grande dame. Dans son panier, il y a des oranges… Et sa voix est aussi douce que des dragées… Il décide de découvrir qui elle est…

    Entre mystère, peurs enfantines et merveilleux, une rencontre hors du commun dans un album fort et singulier. Le premier album de l’illustratrice Kaatje Vermeire, une découverte. 

     

     

      

    Un extrait

     

    La dame s’appelait Rosa. Rosa Vandersmissen. C’est ce qu’il avait trouvé dans un livre où figurent tous les gens. Rangés par rue et par numéro. Pratique. Rosa habitait la rue Haute. Au numéro 88. Il avait plutôt imaginé un prénom comme Bertha. Il avait lu quelque part que c’est comme ça qu’on appelait certains gros canons. Ou bien Hildegonde. Oui, elle aurait pu s’appeler Hildegonde. Un prénom d’un passé lointain et obscur. Mais Rosa, il ne s’y était pas du tout attendu.

    vermeire3.pngPendant une semaine, le petit garçon ne vit nulle part la dame. Ni dans la rue, ni chez elle. Ses fenêtres restaient fermées. Pas une seule fois les rideaux ne l’invitèrent à entrer. Il passait pourtant chaque jour devant la maison. Était-elle morte de faim ? Gisait-elle sans vie sur le sol froid de sa grande maison ? La dernière fois, quand elle lui avait donné la carte, il n’avait pas eu l’impression qu’elle avait grossi au point de ne plus pouvoir bouger, songea-t-il soudain. Il rassembla son courage et traversa la rue. Arriva juste devant la porte de Rosa. Rue Haute, numéro 88. Il regarda la sonnette. C’était un bouton noir. Il hésita, tendit le doigt puis… partit en courant.


     

    Pour la version néerlandaise de La Grande Dame et le Petit Garçon, Kaatje Vermeire a reçu plusieurs distinctions

     

     

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  • En Hollande

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    Hollande d’antan, par Cyriel Buysse

     

     

    Cyriel Buysse 

    buysse14.jpgUn petit texte anecdotique que le romancier flamand a écrit en français en guise de préface à un album de vingt-cinq lithographies exécutées par l’artiste gantois Armand Heins (1856-1938) d’après des croquis de voyage : En Hollande. Au fil de l’eau et sur les calmes rives..., Gand, N. Heins, 1902, in-folio non paginé. Cet ouvrage étant rare, nous reprenons cette présentation telle qu’elle a été publiée dans les Extraits choisis (1942) de Cyriel Buysse que l’on doit à M.G. van Severen. De son vivant, le graveur et aquarelliste A. Heins était une des figures majeures de la vie culturelle de Gand. Resté célibataire, il a pu consacrer une grande partie de sa vie à son art, évoluant entre autres dans les milieux avant-gardistes. Il s’est montré soucieux de croquer nombre de vestiges du passé et d’éléments du folklore flamand. Certaines de ses œuvres, par exemple des affiches et des couvertures de livres, témoignent de son attrait pour l’Art Nouveau. Dans sa ville natale, une exposition a retracé il y a peu son parcours (Musée d’Archéologie Industrielle et de Textile, du 21/11/2009 au 25/04/2010). On pourra découvrir ses dessins dans l’Inventaire  archéologique de Gand et dans des dizaines de publications (en français et en néerlandais) qui accordent une belle place à la Flandre, à la Hollande ou encore au Nord de la France.

     

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    A. Heins, Vue de Hoei, gravure, 1881

     

     

     

    Au fil de l’eau et sur les calmes rives

     

    D’un voyage en bateau, - flâne délicieux d’un artiste en plein air, avec de longs arrêts là où tentait le paysage, tantôt glissant au fil de l’eau en contemplation muette, tantôt à terre sur les rivages verts et calmes, l’œil aux aguets et le crayon agile, - Heins nous a rapporté ses impressions multiples de l’étrange et émouvante Néer- lande.

    Voici d’abord la belle Zélande moyenâgeuse et fantastique : au loin, derrière le fin miroitement de l’eau, une longue ligne basse et plate, d’où vaguement émergent de minces cheminées d’usines, des cônes de moulins, avec les ailes en croix, et le fouillis touffu des vergues et des mâtures. D’un vol oblique les mouettes blanches et grises planent, accompagnant de petits cris aigus les barques inclinées, dont la proue, ainsi qu’un soc de labour, fend d’un sillon de blanche écume l’eau glauque et clapotante. Des steamers lourds paraissent, des dragues et des grues rugissent avec des bruits de chaînes ; puis, tout d’un coup, sans transition, c’est l’existence enclose et calme de quelque ville très ancienne ; un rectiligne « gracht » bordé d’immenses ormes aux frondaisons sombres, et tous les vieux pignons serrés les uns contre les autres comme de curieuses têtes étrangement encapuchonnées qui toutes se penchent un peu vers l’avenue déserte, pour voir si rien ne viendra troubler la morne paix et la quiétude profonde, de leur antique et monotone petite vie.

    On y sent la vie de famille, dans toutes ces curieuses petites maisons serrées, pressées les unes contre les autres. Il doit faire bon y vivre le soir sous la lampe, dans cette atmosphère si typique de « gezelligheid » hollandaise, un mot dont nulle autre langue, ni le « gemüthlich » allemand, ni le « confortable » français ni le « cosy » anglais, ne parvient à donner exactement l’équivalent, avec tout ce qu’il com- porte de charme doux et intimement familial. (1)

    T. Van Rysselberghe, Armand Heins peignant en plein air (détail),

    1881, Musée des Beaux-Arts de Gand

    ArmandHeinsparTheovanR.pngPuis, au sortir de la cité ancienne, c’est aussitôt la large rivière entre ses rives plates, plus élevée parfois que les prairies à perte de vue environnantes, et dont l’isolent de fortes digues. Ce sont les vraies grandes routes de la Hollande, - les chemins qui marchent, comme disait Pascal -, ces rivières majestueusement larges et calmes, domptées par le génie tenace de l’homme, portant et conduisant l’activité prudente et raisonnée de ce peuple, flegmatiquement audacieux et fort. Au delà, à droite, à gauche, jusqu’aux confins de l’horizon où, pareils à des joujoux d’enfants, les ailes des moulins s’agitent, paissent, sur les immenses étendues d’émeraude, les riches troupeaux. On dirait des fleurs innombrables et lentement mouvantes, qui, irradiées parfois en groupe sous le poudroiement flamboyant du soleil, s’animent des couleurs et des formes les plus fantastiques. Et tout au haut, sous la coupole des ciels immenses, on semble voir ces troupeaux reflétés en nuages sur l’azur.

    Puis viennent les petits ponts capricieux qui font penser à des potences, arc-boutées sur des petits canaux d’intérieur qui s’enfoncent au loin dans les étendues vertes. De lentes barques y glissent, poussées à la gaffe ; un chariot antique, bizarrement peinturluré, est arrêté devant, et sous la bâche blanche apparaît un couple de paysans qui se rendent à quelque marché ou kermesse : l’homme en noir, ses longs cheveux blonds et bouclés coupés droits sur la nuque, la femme comme une petite idole, tout en or et couleurs éclatantes, les bras nus étranglés par la manche courte et collante, la taille étrangement ramassée et fortes, les hanches démesurées d’ampleur sous le ballonnement extravagant de la crinoline surchargée de jupes. Un morne bourg est là, avec ses maisonnettes et ses moulins, qui fut jadis une florissante ville, témoin encore l’église énorme, beaucoup trop vaste pour la population restreinte, avec sa tour carrée et haute, calée sur des éperons, ainsi qu’une forteresse. On a peine à se figurer que le catholicisme a édifié ce temple-là. Il paraît avoir perdu de sa grâce, de sa sveltesse épanouie. Une foi plus robuste et plus farouche, sans apparat, s’y est installée et semble en avoir modifié l’aspect. Autrefois il charmait ; aujourd’hui il impose. Il est devenu le temple de Luther et de Calvin.

    Couple de Marken en habits traditionnels, vers 1900

    1900Marken.pngPuis ce sont, dispersés au hasard des étapes, quantité de petits coins inattendus et souvent d’une intimité charmante. Voici, à l’ombre des vieux tilleuls, une vieille petite maison comme nous en rencontrons en Flandre : un toit caduc en chaume, de frustes petites fenêtres aux volets branlants et aux minuscules carreaux verdâtres enchâssés de plomb, derrière lesquels on s’attend à voir quelque vieille grand’mère derrière son rouet (2), et tout au long de l’humble façadette crépie au lait de chaux un épa- nouissement d’antiques fleurs que nous ne connaissons plus, et que cultivaient avec amour nos ancêtres. Voici un vieux castel des seigneurs de jadis, ruine encore altière, drapée sur des bastions crénelés d’épais manteaux de lierre ; voici, tout au bout d’une étroite ruelle, que bordent de précaires massifs, un escalier de bois vermoulu. Point n’est besoin de demander où nous sommes et où cet escalier nous mène : les masures sont de pauvres chaumines de pêcheurs, et l’escalier ouvert sur l’espace monte à une digue d’où l’on contemple la mer. Voici Marcken, groupement désolé de cabanes sans ombrage, Marcken sans un arbre et isolée de la vie, Marcken pareille au loin à un radeau flottant et qu’une lame un peu forte semble devoir à jamais engloutir. Voici, spectacle étrange, un grand moulin sur une maison qu’il semble enfoncer en terre ; voici des barques amarrées, toutes pareilles, de même forme et de même couleur, de même vaillance calme sur cet élément qui est le véritable élément du peuple de Néerlande.

    Et de tout cela se dégage le grand charme d’une chose vécue avec intensité et supérieurement rendue par un artiste dont l’œil observateur était constamment en éveil et dont l’âme enthousiaste était profondément émue.

     

    Cyriel Buysse

     

     

    (1) Sur ces termes gezelligheid et gezellig, voir ce qu’en dit Alphonse de Châteaubriant dans son récit Instantanés aux Pays-Bas : « moins une nuance encore intraduite - le confortable dans l’intimité et l’intimité dans le confortable ».

    (2) On songe à la vielle grand-mère au rouet de la nouvelle de Buysse « Greutmoeder Renske », dont la version  française s’intitule « Grand’mère Renske ».

     

     

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    A. Heins, Projet de fresques pour la salle des fêtes du Palais du Cinquantenaire

    à Bruxelles,

    crayon, encre de chine et aquarelle. 37 x 105 cm.

     

     

  • Deshima, n° 4

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    Louis Couperus et la France

    Arts & Lettres du Nord

     

    Le numéro 4 de Deshima, revue d’histoire globale des pays du Nord, vient de paraître, une livraison entièrement en langue française. Il contient un dossier de de 210 pages sur l’un des plus grands écrivains néerlandais, Louis Couperus (1863-1923), l’auteur de La Force des ténèbres (De stille kracht, 1900), roman que Paul Verhoeven se propose de porter à l’écran et dont la traduction française a paru en 1986 aux éditions du Sorbier.

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    Avant-propos

     

    Le présent numéro de Deshima offre une large place à la littérature ainsi qu’à l’histoire et la traduction littéraires. Tout d’abord à travers un dossier consacré à l’écrivain haguenois Louis Couperus – des articles sur sa vie et son œuvre ainsi que des nouvelles et feuilletons en traduction –, ensuite par une contribution sur un romancier originaire de la Flandre française : Paul Gadenne, enfin grâce à des pages pour la plupart inédites de poètes d’expression française (le Suisse François Debluë et la Québécoise Louise Warren qui évoque ses séjours en Flandre, en particulier dans l’ancienne maison des traducteurs de Leuven) et d’expression néerlandaise (les Flamands Roland Jooris et Paul Bogaert). Cette attention portée à la littérature se prolonge dans la partie du volume consacrée aux pays scandinaves : des contributions du traducteur Philippe Bouquet, une étude de Marthe Segrestin sur Ibsen et Strindberg ainsi que des poèmes de Pia Tafdrup.

    La Hollande est par ailleurs à l’honneur dans une évocation de la peintre Charley Toorop (article de Catherine Jordy), la Flandre à travers les propos d’une grande figure du monde musical, Paul Van Nevel, recueillis par la romancière bruxelloise Sandrine Willems.

     

    Couperusdeshima4.pngÉcrivain méconnu aujour- d’hui en France, Louis Couperus (1863-1923) oc- cupe dans la littérature de son pays une place de tout premier plan. En quarante ans de vie littéraire, il a laissé une œuvre monumentale à bien des titres : somptuosité de la langue, profondeur de l’observation mariée à une légèreté de ton, diversité des genres – poésie, nouvelle, feuilleton, récit, conte my- thologique, roman (historique, psychologique, mytho- logique, symbolique…). Les Volledige Werken (Œuvres complètes) éditées à la fin du XXe siècle regroupent pas moins de 50 volumes.

    Né à La Haye le 10 juin 1863 dans un milieu de hauts fonctionnaires coloniaux, Louis Couperus a passé une partie de ses jeunes années à Batavia, capitale des Indes néerlandaises, la future Djakarta. Grand itinérant, il retournera dans cet archipel (pour y écrire une de ses plus belles œuvres : De stille kracht), voyagera en Scandinavie (on trouve des échos de cette période dans le roman Noodlot), en Angleterre, en Espagne, séjournera par ailleurs en Algérie (voir l’article de José Buschman), au Japon et bien souvent aussi en Suisse ou encore en Allemagne. La France et l’Italie l’accueilleront, lui et sa cousine germaine Elisabeth qu’il a épousée en 1891, durant de nombreuses années. Encore adolescent, sa découverte de l’œuvre pétrarquienne le confirme dans sa vocation d’écrivain. La première nouvelle qu’il donne à lire à ses compatriotes met d’ailleurs en scène une rencontre entre Pétrarque et Boccace. À l’âge de 23 ans, il publie un deuxième recueil de poèmes qui contient en particulier un cycle intitulé « Laure ». Mais c’est au genre romanesque, à celui du feuilleton et à la nouvelle qu’il va consacrer la plus grande partie de son temps jusqu’à sa mort survenue le 16 juillet 1923. Connu en France – et plus encore en Angleterre et en Allemagne – dès la fin du XIXe siècle, époque de la parution aux éditions Plon de deux de ses romans (Majesté et Paix Universelle), il s’établit avec son épouse à Nice en 1900. Il vivra dix ans dans cette ville proche de l’Italie qu’il affectionne tout particulièrement (voir « La sultane blanche. Louis Couperus et Nice » de Christian Marcipont). Il est alors l’un des rares si ce n’est le seul écrivain hollandais à vivre de sa plume. Aux Pays-Bas, ses œuvres sont publiées dans des éditions magnifiques – qui font aujourd’hui le régal des collectionneurs – dont les couvertures sont conçues et dessinées par de grands artistes, par exemple Jan Toorop (voir la couverture de ce numéro), Theo Neuhuys, B.W. Wierink, C.A. Lion Cachet ou encore H.P. Berlage. Un de ces col- lectionneurs, Ronald Breugelmans, décédé le 5 février dernier, a laissé un ouvrage qui répertorie les différentes traductions des ouvrages du Haguenois : Louis Couperus couvforcesténèbres.pngin den vreemde (2ème édition revue et augmentée, Leyde, 2008). Aux lecteurs n’ayant pas accès à la langue néerlandaise, on conseillera la lecture du roman « indonésien » La Force des ténèbres (De stille kracht, 1900), dans la traduction de Selinde Margueron éditée par Le Sorbier en 1986 avec une préface de Philippe Noble. En anglais et en allemand, de nombreuses œuvres de Cou- perus sont accessibles dans des traductions de qualité.

    Pour être vraiment complet, notre dossier aurait d’ailleurs dû s’intéresser aux traductions françaises et aux traducteurs (Georges Khnopff, Louis Bresson, Paul Eyquem, Félicia Barbier…) de Couperus ainsi qu’aux gens de lettres qui lui ont consacré quelques pages en français : Theodor de Wyzewa, Renée d’Ulmès, Maurice Spronck, Adrienne Lautère, Jules Béraneck, Julien Benda, Christiane Fournier… L’adaptation que le Haguenois a donnée de Chantecler d’Edmond Rostand aurait mérité un article dans la veine de celui que Bertrand Abraham propose sur la « traduction » de La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert. Un contretemps nous a empêché de terminer une contribution sur les écrits que l’écrivain a laissés sur des villes françaises où il a séjourné au début de l’automne 1909, Arles et Avignon, des pages dans lesquelles le grand lecteur qu’était Couperus – voir la contribution de Kim Andringa – s’inspire par endroits d’un beau travail de son contemporain André Hallays : Avignon et Le Comtat Ve- naissin.

    Les nouvelles retenues dans ce volume – dont l’emblématique « Les jumelles de théâtre » – éclairent deux ou trois facettes de l’œuvre du romancier : certaines illustrent le ton badin qu’il aimait à employer tout en nous conduisant dans quelques-uns de ses lieux de prédilection, en l’occurrence Scheveningen et Nice ; « Le jeune roi » revient sur une thématique qu’il avait développée à la fin du XIXe siècle dans ses « romans des rois » ; « Comment on écrit un roman » nous livre certains secrets de la cuisine de l’écrivain. Le texte que le Haguenois a publié sur Paris en 1921 et que Marjan Krafft-Groot évoque dans « Paris au regard de Métamorphose de Louis Couperus » aurait certes eu sa place dans ce petit florilège.

    Ouvrage de H.T.M. van Vliet consacré aux couvertures des livres de Couperus

    couvvanvliet.jpgNous tenons à remercier Thomas Beaufils qui nous a invité à réaliser ce numéro de Deshima et bien entendu toutes les personnes qui ont fourni une contribution, en particulier Christian Marci- pont pour ses traductions. Nos remerciements vont aussi au professeur H.T.M. van Vliet qui nous a autorisé à publier des nouvelles de Louis Couperus dans des traductions basées sur les Volledige Werken, immense projet éditorial qui a été mené à bien sous sa direction ; à José Buschman qui  a eu la gentillesse de nous fournir bien des conseils ainsi que nombre de photographies reproduites dans le présent numéro ; à Ronald Breugelmans qui, avant sa disparition, a toujours accepté avec enthousiasme de nous fournir maints documents et renseignements ; à Tom Van de Voorde du Fonds Flamand des Lettres pour son rôle auprès des poètes flamands dont nous publions des pages ; au NLPVF pour son concours au financement des traductions ; au Letterkundig Museum de La Haye ; enfin à Thomas Mohnike, Ersie Leria, Sandra Miller et Bertrand Abraham pour la couverture, la maquette, la mise en page ou encore le travail de relecture.

    Relevons pour finir que l’association qui défend l’œuvre de Couperus, la Louis Couperus Genootschap, propose un magnifique site. Par ailleurs, à La Haye, un musée est dédié à cette grande figure des lettres néerlandaises. Une de ses œuvres, inspirée de Pindare, L’Ode, est disponible, dans une traduction de Louise de Gursé. Enfin, le lecteur trouvera divers textes et documents sur le présent blogue.

    Daniel Cunin

     


    Sommaire & résumés

     

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    Marjan Krafft-Groot

    Paris au regard de Métamorphose de Louis Couperus

    Paris through the eyes of Louis Couperus’ Metamorphosis

    couvMetamorfoze.gifThe present article strives to investigate the importance of Couperus’ Paris journey for his work and aesthetics, taking one of his masterpieces, Metamor- phosis, as its focal point. The analysis shows the interaction of life and literary work, sug- gesting traces of literary works and persons that may have ins- pired and influenced the author.

     

    Kim Andringa

    Les lectures françaises de Louis Couperus

    “Uitheemse meesters naar eigen, geheel oorspronkelijken trant”. The French readings of Louis Couperus

    CouvArabesken31.jpgThis article offers an insight into the French readings of Louis Couperus which left their marks on his work. He is at first attracted by art for art’s sake, but Zola opens his eyes to realism. His personal natu- ralism is less theoretical and more psychological than Zola’s, which makes him a fellow of Bourget. His interest for the life of the soul reveals the influence of Maeterlinck. In his historical novels, Cou- perus sets greater value than Flaubert or Lombard in the psychology of his protagonists. His “king’s novels”, like the one by Lemaître, show us a king in doubt about monarchy, but he insists on the human rather than the political dimension. Couperus was an inspired reader, taking from his French masters the elements that allowed him to let his personal voice as a writer be heard.

     

    Christian Marcipont

    La Sultane banche. Louis Couperus et Nice

    The white sultana. Louis Couperus and Nice

    NiceMuzeAzur.pngThe article explores the im- portance of the city of Nice for the life and oeuvre of Louis Couperus. In June 1899, Louis Couperus (who had the idea for some time to leave the Nether- lands for good) and his wife stayed for the first time in Nice merely by chance, as they came here to wait for the ship that would take them to Dutch East Indies, today’s Indonesia. In the work of Couperus, Nice appears at first as a place of aristocratic cosmo- politism, but than even and foremost as a place of sensuality and liberty – as opposed to the North, particularly The Hague, which is described as op- pressing and frigid. The Hague represents traditions and conventions, Nice the emancipation from tradition; the North is melancholic, the South enthusiastic. Nice becomes feminized; a sultana gleaming of purity and whiteness.

     

    José Buschman

    Un dandy en Orient. Louis Couperus en Algérie

    A dandy in the Orient. Louis Couperus in Algeria

    CouvCouperusJosé.jpgIn the winter of 1920, Louis Couperus made a trip of six months to Algeria. His im- pressions were published in a book in 1921, after being serialized in a Dutch weekly. At the beginning, Couperus was overwhelmed by the “Oriental dream”, which he thought he met everywhere. Later, however, his enthusiasm was tempered. In her article, José Buschman reveals what Couperus must have witnessed in Northern Africa, but did not describe. Her explanation for this reticence draws upon new psychological insights in Couperus’ life and art.

     

    Bertrand Abraham

    La Tentation de Saint Couperus

    The temptation of Saint Couperus

    couvarabeskens34.pngUsing several Dutch articles and an unpublished Paris IIISorbonne Nouvelle docto- ral thesis by Margje Antje Groot from 1986 as a point of departure, the article analyzes the relationship of Flaubert’s La Tentation de Saint Antoine and its “translation” by Louis Couperus. My reading strives to show, by reorganizing the scattered data in a coherent manner, in what way the choices made by Couperus in his “translation” (“choices” is employed here in all its meanings, particularly even its most literal sense, as his “translation” cuts down the text in a significant manner) are symptomatic for an aesthetic that is more that of Couperus than Flaubert. The meaning of the term “translation” is at the same time questioned and contested: In which extend does the text by Couperus translate the one by Flaubert? In which way does that “translation” represent a step forward in the evolution of the Dutch author’s oeuvre? Our analysis doesn’t pretend to refer to the research in its totality, but draws upon its principal results.

     

    Louis Couperus

    Seven Short Stories

    Les Jumelles de théâtre

    The Opera GlassescouvcouperusVanTRicht.png

    Le Jeune roi

    The Young King

    La Vie imaginée

    The Imagined Life

    Incognito à Nice

    Incognito in Nice

    Le Deuxième regard

    The Second Glance

    Le Suicide manqué

    The Wasted Suicide

    Comment on écrit un roman

    How to Write a Novel?

     

      

    Catherine Jordy

    Charley, fille de Toorop ou l'amour du travail

    Charley, Toorop’s daughter. A passion for work

    couvtooropParis.jpgCharley Toorop (18911955) is one of the most important Dutch painters of the 20th century. In the midst of the fascination for abstraction, she remained truth to realism in her painting, becoming a true portraitist and more specifically a selfportraitist, as Rembrandt or Van Gogh could be. She also practiced other genres, inclu- ding landscapes, still lives and group portraits. Her style is remarkably sharp, precise and, above all, she used to paint like a man, in a constant search for perfection.

     

    Sandrine Willems

    Entretien avec Paul Van Nevel

    Interviews with Paul Van Nevel

    couvDVDVanNevel2.pngThis pages form extracts of interviews that Sandrine Wil- lems conducted with Paul Van Nevel, the founder and direc- tor of the Huelgas Ensemble, while she prepared her docu- mentary Chants et soupirs des Renaissants selon Paul Van Nevel, Renaissance Voices, in- terpreted by Paul Van Nevel.

     

     

    Didier Sarrou

    Paul Gadenne et les Flandres

    Paul Gadenne and Flanders

    couvgadennepoésie.jpgPaul Gadenne, the author of La Plage de Scheveningen, was born in French Flanders. This region, however is not predominant in his oeuvre. The article seeks to analyze to what extend the author was marked by it, and asks, what place he gives in his work to Flanders in general. It seems that the region of his childhood is too near to him; he could not manipulate the landscape as he wanted. Flanders is an element of his imaginative substratum that re-emerges every now and then, often when an intense moment of innocence, purity, happiness illuminates the soul of a character.

     

    Roland Jooris

    Solesmes

    An evocation of Pierre Reverdy’s oeuvre by a great Flemish poet.

     

    Louise Warren

    Pensées de Flandre

    Thoughts of Flanders 

    Evocation of stays in Flanders.

     

    couvfrancoisdeblue.pngPaul Bogaert

    the Slalom soft

    Poems.

     

    François Debluë

    Automne flamand

    Flemish Autumn

    Poems.

     

    Pia Tafdrup

    Dronningeporten

    Poems.


    Marthe Segrestin

    Ibsen et Strindberg face au théâtre français. L'étranger en règle et l'étranger sans papiers

    Ibsen, Strindberg and French theatre. The legal alien and the illegal immigrant

    Ibsen and Strindberg fascinated the most innovating directors in Europe from the last decade of the 19th century. But whereas they helped to reshape the German stage, they remained underestimated in France until World War II. Their plays meant a real threat to French dramaturgy and the Parisian stage did not tolerate the intruders. Only Ibsen was finally accepted, when he was made out to be a good imitator of the French playwrights. Strindberg, however, has long been seen as too much a perturber of the French theatre tradition of the well made play.

     

    Philippe Bouquet

    Les paradoxes de la traduction littéraire

    The paradoxes of the literary translation

    The Decalogue of a translator of Scandinavian lan- guages

     

    Philippe Bouquet

    Notes de lecture

    Reviews

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    Arni Thorarinson, Le Dres- seur d’insectes, Métaillé, 2008, &  Einar Már Guð- mundsson, Le Testament des gouttes de pluie, Gaïa, 2008, both translated from the Icelandic by Éric Boury.

     

     

     

     

    illustrations

     

    Louis Couperus, Metamorfoze, Amsterdam, L.J. Veen, 1897, cou- verture dessinée par Jan Toorop.

    Arabesken, n° 31, mai, 2008, revue publiée par l’Association des Amis de Louis Couperus, La Haye (en couverture : Louis Couperus).

    Nice, muze van azuur, Amsterdam, Bas Lubberhuizen, 2004 (recueil de textes - dans la série Het Oog in 't Zeil - consacrés à Nice réunis par Dirk Leyman : Michel Butor, J.M.G. Le Clezio, Marco Daane, Bart van Loo, Emmanuel Waegemans, Caroline de Westenholz, David van Reybrouck, Paul Gellings…) 

    José Buschman, Zoo ik ièts ben, ben ik een Hagenaar, une promenade littéraire à travers le La Haye de Louis Couperus, introduction de Caroline de Westenholz, Amsterdam, Bas Lubberhuizen, 1996.

    CouvCouperusCahier11.jpgArabesken, n° 34, novembre 2009, avec entre autres un essai de Nienke Timmers : « Maladie et suicide chez Madame Bovary, Anna Karénine et Eline Vere ». Voir aussi sur Flaubert et Couperus le Couperus Cahier  n° 11 : Maarten van Buuren, Emma Bovary, Anna Karenina, Eline Vere. Drie fatale vrouwen in het fin de sièlce (Emma Bovary, Anna Karénine, Eline Vere. Trois femmes fatales de la fin de siècle), La Haye, Louis Couperus Genootschap, 2010.

    H.W. van Tricht, Louis Couperus. Een verkenning, La Haye, Bert Bakker-Daamen, 1965.

    Charley Toorop, Catalogue de l’exposition présentée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, du vendredi 19 février 2010 au dimanche 9 mai 2010, 240 illustrations couleurs et 20 illustrations noir & blanc, Paris Musées, 2010.

    Chants et soupirs des Renaissants selon Paul Van Nevel, un documentaire de Sandrine Willems,  Les Piérides - CBA - Canvas - Alizé production, 2001 (détail de la pochette du DVD)  

    Paul Gadenne, Poèmes, Arles, Actes Sud, 1983.

    François Debluë, Troubles fêtes, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1995.

    Einar Már Guðmundsson, Le Testament des gouttes de pluie,  Montfort-en-Chalosse, Gaïa, 2008.

     

     

    prix du numéro de Deshima 15 euros : toutes les infos

     

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    Frédéric Bastet, Louis Couperus. Une biographie, couverture (détail)

     

  • Née rue de Flandre à Gand

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    Suzanne Lilar, entretien (1979)

     

     

    Lilar1.pngUn documentaire de la R.T.B.F. intitulé Au-delà de l'apparence, réalisé par Jean-Marie Mersch et Joseph Benedek, qui laisse la parole à la femme de lettres gantoise Suzanne Lilar. Si le son et l'image ne sont pas de très bonne qualité, les propos sont énoncés dans une langue magnifique. Où il est question du féminin et du viril, des contraires, de théâtre, du trompe-l'oeil, de la mystique, d'Héloïse et de Hadewijch, de l'amour et de la chasteté, de l'extase et des mo- ments privilégiés, de la Flandre, de la poésie, de Gand, de l'oerwoet... C'est vers la fin de l'entretien que Suzanne Lilar évoque son enfance et la Flandre.

     

    Mais d'abord une brève présentation de l'auteur et de l'oeuvre suivie des premières minutes d'un entretien avec Laurence Cossé au cours d'une émission de Radio France Culture du 29 septembre 1983.

     

     

     

    Lilar3.png

     

     

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    document : Archives et Musée de la littérature, Bruxelles

     

     

  • Une nouvelle de Cyriel Buysse

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    Le fils de bonne famille et les petites gens

     

     

    Buysse13.pngLes éditions bordelaises Finitude ont récemment permis à des lecteurs français de redécouvrir la prose de Cyriel Buysse (1859-1932) à travers quelques-uns de ses récits savoureux, à savoir « Les Grenouilles », « Le Cheval », « Le Baptême », « Le Garde » et « Les Mauviettes » qui avaient paru du vivant de l’auteur tant en français qu’en néerlandais (1). Ces nouvelles, le Flamand les a d’abord composées en français : à la charnière des XIXe et XXe siècles, il a en effet écrit une grande partie de ses textes dans cette langue avant de les transposer lui-même en néerlandais. Ainsi qu’en témoignent divers récits, préfaces et chroniques, voire des livres – comme les Contes des Pays-Bas (1910) –, Buysse aspirait à l’époque à s’imposer en tant qu’écrivain d’expression française. Il y renoncera, en particulier sur les conseils de son ami Maeterlinck, lequel connaissait bien son œuvre ; ce dernier goûtait particulièrement les romans Schoppenboer (Valet de pique, 1898) et Het leven van Rozeke van Dalen (La Vie de Rose van Dalen, 1905), ainsi que les nouvelles De biezenstekker (Le Coupeur de joncs), ’t Beeldeken (La Statuette) et Op het kleine gehucht (Au hameau) que le futur prix Nobel plaçait au niveau de celles de Tourgueniev. Dans l’avant-propos qui figure dans Le Bourriquet (Het ezelken, 1910), roman publié à Paris dans une belle traduction de Pierre Maes en 1920, Maeterlinck écrit : « Je place mon vieil ami Buysse parmi les trois ou quatre grands conteurs rustiques de ces cinquante dernières années. C’est notre Maupassant, mais un Maupassant qui ignore volontairement les villes, les casinos, les grandes dames faisandées, les “Bel-Ami” et les filles. […] Quand je désire revoir ma vieille Flandre, j’ouvre un de mes Cyriel Buysse et aussitôt se réveille, bourdonne et refleurit en moi toute mon enfance campagnarde. […] personne, je pense, dans aucune littérature, n’a su faire vivre et parler les paysans comme notre grand ami. […] Toute la Flandre est en lui, vivante et immortelle. »

     

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    Au fil des décennies - et avant l’initiative de Finitude -, quelques efforts ont été faits pour mettre en valeur les œuvres de ce grand romancier et nouvelliste auprès du public de langue française (2), par exemple à travers la plaquette de M.G. Van Severen : Extraits choisis (Bruxelles, Labor, « Collection nouvelle des classiques » n° 63, 1942). En une vingtaine de pages, ce professeur à l’Institut Ferdinand Craps évoque la figure et l’œuvre de Cyriel Buysse avant de proposer quelques passages en français empruntés à diverses sources : « Les Cloches du crépuscule », « Louis », « Grand’Mère Renske » (texte néerlandais ici), « La Fenaison » (extrait de C’était ainsi), « L’Installation du curé Vervaeke » (début du roman Le Bourriquet), « Le Solitaire », et « Au fil de l’eau et sur les calmes rives ». Van Severen parle entre autres de la seule fois où il lui a été donné de rencontrer l’écrivain : ce dernier était à bord de sa Buick découverte : « Au volant il y avait un vieux monsieur, qui se tenait très droit. Avec son veston gris, la casquette à carreaux blancs et noirs, et les gants de cuir fauve, il avait l’air d’un industriel ou d’un notaire. Le visage était quelconque, les traits un peu empâtés, la peau hâlée par le grand air et le soleil. L’apparence, en somme, d’un bourgeois sportif et bien conservé. Ce bourgeois, qui ne manquait pas d’allure, devait avoir bien de l’esprit. Les lèvres, couvertes d’une courte moustache blanche, esquissaient, en retombant, une fine moue ; sous les Buysse12.pngpaupières lourdes, sur- montées d’épais sourcils, les yeux pétillaient de malice et de vivacité. Mais je ne sais quoi de mélancolique en assourdissait l’éclat, quand il regardait les prairies, les arbres, l’horizon et fixait, comme c’était le cas, au fond du ciel rutilant, le soleil qui n’en finissait pas de saigner des flots de pourpre et d’or. » Cyriel Buysse a possédé très tôt une automobile avec laquelle il passait régulièrement la frontière. Des voyages qui font l'objet de plusieurs livres (3) dont De vrolijke tocht (La Joyeuse expédition, 1911) qui restitue sa traversée de la France au volant de son bolide où ont pris place trois dames. Ils se rendent à Grasse, chez Maeterlinck - lequel a eu lui aussi l’occasion de voyager avec son ami -, avant de gagner Paris par… Biaritz. « Je ne connais rien de plus beau au monde que la région ravissante qui s’étend entre Carcassonne et Lourdes, le long des collines et vallées vertes de l’Ariège. »

      

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    compte rendu par J. Lhoneux de la parution de Per auto (En auto), 1913,

    Revue germanique, 1914, p. 358.

     

    Van Severen poursuit son portrait, reprenant par endroits les termes de l’essayiste August Vermeylen: « Peu d’écrivains ont joué leur rôle d’auteur avec plus de naturel, de bonne humeur, de constance et de sérénité. Il possédait les qualités qui font les vrais romanciers : un sentiment très vif de la nature, le sens de l’humain, l’art de camper des personnages modelés en pleine pâte, agissant d’après leur caractère et leur tempérament, subissant l’emprise inévitable de l’ambiance et du moment, mais sans se laisser déformer par ceux-ci, emporter par ceux-là. Des écrivains de sa génération, - celle de Van Nu et Straks (4) – Buysse fut le plus spontané, le plus simple, le moins encombré de littérature. Ce “beau conteur rustique” fait impérieusement songer à une force de la nature ; il nous a donné, dans ses romans et nouvelles, un complet et savoureux “musée en plein air de types spécifiquement flamands, pris dans les milieux les plus différents”. Ses récits sont des “tranches de vie” qu’il découpe avec art et présente avec goût. » C’est une de ces tranches de vie que l’on peut lire ci-dessous, « Louis », qui figure aux pages 24-29 des Extrais choisis. Il n’est pas inutile de savoir que le père de Buysse était directeur d’une fabrique de chicorée (5). De brefs passages de ce récit illustrent l’intérêt que portait l’écrivain à la nature, entre autres à la Lys.

     

    Buyssegrenouilles.png(1) Finitude a d’abord publié Les Grenouilles avant de reprendre ce texte dans le volume Les Mauviettes, présenté par l’une des grandes spécialistes de l’œuvre de Cyriel Buysse, Anne-Marie Musschoot. Dans l’Histoire de la littérature néerlandaise (Fayard, 1999), celle-ci précise qu’il n’est pas très juste de qualifier le Flamand de « naturaliste engagé », son œuvre romanesque présentant en effet des composantes romantiques ou encore une fibre satirique. « À partir de 1906, Buysse devait porter une attention toujours plus grande à la nature ; il en résulta des tableaux idylliques pleins de fraîcheur comme dans le court roman Lente (Printemps, 1907). Pour le reste, il s’attacha surtout à fixer sur le papier des types hauts en couleur et tout droit tirés de la vie […] » (p. 577).

    (2) Quelques contributions en français sur Cyriel Buysse : Victor de Meyere, Un romancier flamand. Cyriel Buysse (Paris, 1904) ; Pierre Maes, « Portraits d’écrivains. Cyriel Buysse », La Revue Belge, 15 août 1932, p. 311-317 ; P.H.S. van Vrecken, « Cyriel Buysse : un disciple flamand des naturalistes français », Revue de littérature comparée, n° 1, 1967, p. 54-87 ; Antonin Van Elslander & Anne Marie Musschoot, « Cyriel Buysse et le naturalisme », Septentrion, n° 3, 1982, p. 8-13 ; Joris van Parys, « “Toute la Flandre est en lui” : Cyriel Buysse et la littérature flamande d’expression française », Septentrion, n° 1, 1999, p. 62-69 & « “Notre Maupassant” : Cyriel Buysse », Septentrion, n° 2, 2007, p. 80-82…

    C. Buysse, peint par son ami Emile Claus

    BuysseParEmileClaus.jpg(3) Ces titres ont été réunis en un volume par Luc van Doorselaer Reizen van toen. Met de automobiel door Frankrijk (Voyages d’antan. En auto à travers la France), Manteau, Anvers-Amsterdam, 1992.

    (4) Van Nu en Straks est le nom d’une revue littéraire qui a marqué le renouveau des lettres et de la culture flamandes à la fin du XIXe siècle, dans le sillage, entre autres, du grand Guido Gezelle. Cyriel Buysse faisait partie de la première équipe rédactionnelle. James Ensor ou encore Jan Toorop ont collaboré à cette publication.

    (5) Quelques mots à propos du milieu dont est issu le romancier : la littérature et les arts, chez les Buysse, c’était un peu une affaire de famille puisque Cyriel avait deux tantes qui comptent parmi les auteurs flamands majeurs du XIXe siècle, les sœurs Virginie et Rosalie Loveling et un cousin qui n’était autre que le peintre George Buysse. Cyriel aura pour bru la traductrice prolifique Maddy Buysse (1908-2000). Dans la parenté du romancier, on compte aussi le botaniste flamand Julius Mac Leod et des industriels. À 16 ans, Cyriel quitte l’école pour travailler dans l’usine de son père. En 1878, il devient clerc de l’état civil de sa localité natale, Nevele, un emploi qui l’amènera à écrire le texte qui marque son entrée officieuse dans la littérature, le satirique Verslagen over de Gemeenteraad te Nevele (Rapports sur le conseil municipal de Nevele). Mais son père qui, à la différence de Virginie Loveling, ne l’encourage guère dans cette voie préfère l’envoyer à plusieurs reprises aux Etats-Unis en vue de fonder une usine, un projet qui n’aboutira pas. Sa carrière littéraire commencera véritablement en 1890 et il s’imposera comme le « naturaliste » majeur des lettres flamandes. Il sera l’un des rares amis de Louis Couperus et se fera beaucoup d’ennemis dans les cercles flamingants suite à la publication de quelques articles critiques sur lesquels il reviendra d’ailleurs en partie. (source : ici) 

     

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    Bibliographie publiée par Van Severen

    d’après celle de Robert Roemans, Courtrai, 1931.

     

     

     

    Louis

     

    Que de fois n’ai-je pas vu le vieux vagabond  arriver à la fabrique, y demeurer quelques mois, puis repartir !...

    Il s’appelait Louis. Il n’était plus jeune ; il pouvait avoir cinquante ans, quand il y parut pour la première fois.

    Il me semble encore que je le vois arriver. C’était au mois de novembre, il pleuvait, le vent soufflait en tempête, le soir tombait. Sorti je ne sais d’où, il avait surgi devant moi, au milieu des machines qui ronflaient et tournaient. Il était tout ruisselant d’eau, tout courbé, tout frissonnant, à peine vêtu. Il tenait à la main tout son baluchon, noué dans un lambeau d’étoffe rouge foncé. On eût dit qu’il tombait du ciel pluvieux ; il demandait à voix basse, humblement :

    - M’sieu, ne pourrais-je trouver du travail ici ?

    Pour toute réponse je fis un hochement de la tête et dis : non, pour qu’il s’éloignât. Presque toujours la première réponse d’un patron se résume à un hochement de la tête, à un non qui décourage. Presque toujours des solliciteurs de cette espèce sont comme des ennemis qui viennent exiger quelque chose de déraisonnable.

    - Oh! M’sieu, fit-il doucement, sur un ton de reproche ; et ces seuls mots, qui trahissaient tant de désappointement, m’allèrent droit au cœur et m’ébranlèrent dans ma résolution.

    Besoin, nous n’en avions pas. Les patrons n’ont presque jamais besoin d'ouvriers : les ouvriers, ce sont des pauvres, il n’y en a que trop. Mais nous pouvions toujours l’employer, et mon hésitation grandit quand je remarquai ses hardes lamentables, et qui étaient toutes mouillées, qu’il se tenait là, tremblant de tous ses membres, et que dehors la pluie s’était remise à tomber à flots.

    - Faites-le par charité, M’sieu, dit-il ; vous me donnerez ce que vous voudrez bien : un lit et une croûte de pain, je n’exige pas davantage.

    Il n’implorait pas, il n’avait pas l’air battu des mendiants. Il y avait même dans le ton une pointe de bienveillance, comme s’il était prêt à faire des concessions. Il ne demandait pas qu’on lui fît l’aumône, il ne sollicitait pas de compassion ; c’était plutôt comme s’il allait dire : Allons, ne soyez pas mesquin, un bon mouvement, que vous importe au fond, vous ne vous en repentirez pas.

    Chose étrange, je sentis soudain que ce rustre avait pris sur moi je ne sais quel ascendant. Qu’avais-je à ruser, à tricher, quand il y avait tant de cordiale franchise dans la façon dont il me faisait sa proposi- tion ? Je sentais confusément chez lui la supériorité de celui qui ne possède rien sur celui qui possède. L’avait-il deviné ? Un sourire vaguement railleur rayonnait au fond de ses yeux fatigués, pendant qu’il attendait ma réponse.

    Je baissai les yeux vers le sol, et la réponse tomba sourdement, hésitante, gênée : nous l’acceptions.

     

    ***

     Biographie de C. Buysse par Joris van Parys
    cyriel buysse,lettres flamandes,naturalisme,vlaamse schrijver,flandre,littérature de belgiqueC’était un ouvrier vif, alerte, éveillé, qu’il ne fallait jamais stimuler au travail. Ses larges mains étaient tou- jours là pour agripper quelque chose. Le matin, dès six heures, il était à son poste ; sur le coup de midi il allait manger, où se rendait-il ? de quoi se nourrissait-il ? Mystère ! Avant une heure il était de retour et trimait jusqu’au soir.

    On disait qu’il prenait ses repas et logeait dans un cabaret en dehors du village, jamais il ne manifesta de hâte pour quitter le travail, et il m’arriva plus d’une fois de le trouver à la fabrique, tard dans la nuit, au fond de la fosse, à côté des fourneaux pleins de flammes, qui brûlaient nuit et jour.

    On l’y trouvait assis ou couché, fumant la pipe, sur un tas de sacs vides, en compagnie des hommes de l’équipe de nuit. Ses cheveux hirsutes et sa barbe grise s’auréolaient d’or incandescent, sa trogne hâlée et basanée avait des reflets d’un rouge ardent. Ses yeux las et vers fixaient les flammes du foyer et semblaient y poursuivre des pensées sans trouver les mots pour les exprimer. Il n’éprouvait d’ailleurs aucun besoin de causer et restait là pour s’engourdir dans la chaleur avec ses compagnons, qui brûlaient d’apprendre l’une et l’autre chose de son passé. À leurs questions, il répondait par de petites phrases distraites, qui n’éclaircissaient rien.

    - Passé un peu par-ci, un peu par-là, répondait-il invariablement, quand ils insistaient pour apprendre ce qu’il avait fait avant. Mais il n’y avait pas moyen d’en tirer un mot de plus. Et quand on lui demandait s’il était décidé de rester à la fabrique, il se contentait de hausser les épaules, sans donner de réponse décisive. Avait-il encore ses parents, des frères, des sœurs, de la, famille ? S’était-il marié, avait-il des enfants ? Mystère, que tout cela.

    Ainsi passa l’hiver, un hiver sans fin, tenace et rigoureux. Des lambeaux d’azur, des bandes claires, des pans ensoleillés reparurent dans le ciel, pesant et gris depuis des mois. Des bourgeons éclatèrent, d’où jaillirent les premières feuilles, les oiseaux se mirent à chanter, le gai printemps s’éveillait.

    On eût dit que Louis devenait insensiblement un autre homme. Ses joues basanées reprirent leurs couleurs, une étrange lueur se mit à luire au fond de ses yeux verts, une perpétuelle agitation s’était emparée de lui, le pourchassait d’un lieu dans l’autre. Je le surpris plus d’une fois dehors, en contemplation devant le ciel, comme s’il y voyait, comme s’il y entendait des choses, qui le captivaient extraordinairement. Dès qu’il avait remarqué ma présence, il se hâtait de rentrer, mais il faisait chaque fois une nouvelle apparition, quelques instants plus tard, tant il se sentait irrésistiblement attiré.

    Cet état de choses dura quelques semaines, avec des hauts et des bas dans l’agitation, aussi curieux que drôles, d’après que le temps était au soleil, ou qu’il y avait dans l’air des nuages gris et froids. Et un matin - un lundi matin - il fut manquant, pour la première fois.

    - Où est Louis? demandai-je avec éton- nement aux ouvriers.

    Ils sourirent mystérieusement. Enfin il y en eut un qui répondit :

    - Il est parti, M’sieu, il ne reviendra plus.

    - Pourquoi ?

    Ils sourirent de plus belle, sans broncher, mal à l’aise.

    - Parce que les petits oiseaux recommencent à chanter ! s’esclaffa l’un d’eux, riant à gorge déployée.

    - C’est ce qu’il a dit ?

    - Oui, M’sieu ; il y a déjà tout un mois qu’il le répétait. « Ces petits oiseaux, qui sont là dans les branches, ils finiront par me sortir d’ici, avec leurs chansons, qu’il a dit. »

    J’étais irrité. Je me sentais ridicule d’avoir été berné par cet individu, et décidai fermement de ne plus jamais le reprendre.

     

    ***

     

    Buysse2bis.pngLe gentil printemps avait épanoui toutes ses fleurs, l’été ré- pandu sans compter ses trésors sur la terre, l’automne resplendis- sant semé les dernières feuilles sèches par les chemins boueux, à grands coups d’aile les corneilles, ces lugubres messagères de l’hiver, tournoyaient en croas- sant au-dessus des champs vides et dé- vastés, et il y avait longtemps que j’avais oublié ce vagabond en guenilles, quand je le trouvai, un soir de pluie qu’il faisait déjà noir, soudain debout devant moi, au milieu de la fabrique, exactement comme la première fois.

    - Quoi ! m’écriai-je, stupéfait : mon premier mouvement fut pour le renvoyer sur-le-champ d’où il venait. Mais il y avait au fond de cet homme je ne sais quelle puissance tranquille, une force élémentaire, qui me laissait désarmé, sans ressort, et me forçait de l’entendre.

    J’essayais de bougonner, de l’accabler de reproches ; je voulais surtout savoir pourquoi il s’était enfui sans crier gare, pour quel motif il revenait maintenant, plus misérable, plus délabré que jamais : mais rien n’aida : il bredouilla son sempiternel « Passé un peu par-ci, un peu par-là » ; il me demanda le plus naturellement du monde, sans rougir, sans supplier, si je voulais le reprendre ; et je ne pouvais lui tenir tête, ce misérable va-nu-pieds me dominait des hauteurs sereines de sa pauvreté totale et voulue, exempte de toute arrière-pensée : je le repris, mécontent de moi et de lui, furieux de me sentir soumis, faible et lâche, de sentir peser sur moi une humiliation bien méritée.

     

    ***

    livre de photos sur C. Buysse, par J. van Parys

    Buysse16.pngDepuis ce jour-là, ce fut chaque année la même scène. Il ar- rivait avec les mau- vais jours, reprenait sa place à la fabrique, travaillait vaillamment tout l’hiver, et s’en- volait, comme un oiseau, vers la liberté, avec les premiers beaux jours. Ce qu’il faisait tout au long de l’été, il ne nous le racontait pas et semblait vouloir le garder pour lui, comme un grand secret. Alors, comme jadis, il répondait évasivement :

    - Passé un peu par-ci, un peu par-là...

    Et cela dura jusqu’au jour où je découvris le tout, sans m’y attendre, par une belle journée de printemps, radieuse, ensoleillée.

    Je suivais le chemin de halage sur le bord de la Lys, qui déroule en cet endroit, au milieu des prairies, ses méandres pareils à un ruban d’argent dont les paillettes scintillent et palpitent au milieu de la verdure sans limites. Le soleil de midi dardait ses plus chauds rayons, le ciel était uniformément bleu, ouaté de quelques petits nuages blancs, qui faisaient songer, en se reflétant dans l’eau profonde, à des barquettes miraculeusement légères. Une petite brise, tiède et douce, courbait, au bord de l’eau, la pointe des roseaux qui semblaient soupirer au milieu d’un beau rêve, l’air était tout rempli de doux parfums et de chants d’oiseaux.

    Vint à passer une péniche lourdement chargée. Quatre hommes tiraient sur le filin long et mince. C’était un joli bateau, et solide, peint en rose, en vert et en brun, avec une proue qui s’avance, pareille à une figure humaine : comme yeux les sabords pour la chaîne de mouillage, une espèce de moustache rose qui avalait goulûment l’eau clapotante et faisait songer à la lèvre supérieure d’une bouche gigantesque. Les hommes, tout penchés vers le sol, semblaient à bout de souffle, au haut du remblai qui formait chemin de halage. Ils pesaient de tout leur poids sur le câble. Leur démarche lente et courbée trahissait la lassitude qui les alourdissait ; c’était comme s’ils allaient, à chaque minute, s’abattre d’épuisement.

    J’avais reculé jusqu’au bord du chemin, et je contemplais avec commisération ce triste groupe, image de la désolation. Soudain je le reconnus, lui, Louis, le troisième dans la file, qui marchait, incliné vers la terre, comme une bête exténuée, avec à la bouche, sa petite pipe en terre, à tuyau court.

    - Louis ! m’écriai-je étonné, en croyant à peine mes yeux.

    Il leva son regard vers moi, et sur sa figure, qu’avaient colorée le hâle et la transpiration, se répandit un rouge ardent, comme sur le visage d’une vierge pudique.

    - Ha ! M’sieu! fit-il seulement, en souriant vers, moi, avec au fond de ses yeux verts une étrange expression de pudeur émue.

    J’aurais voulu dire encore quelque chose, lui poser des questions, mais l’étonnement m’avait cloué au sol, muet, et m’empêchait de proférer une seule parole. C’était donc pour faire ça qu’il s’enfuyait chaque fois de chez moi ? C’était donc ça le « passé un peu par-ci, un peu par-là » dont il parlait chaque hiver ?...

    - Beau temps, ’s pas, M’sieu ? cria-t-il, remis plus vite que moi de son émotion.

    Et il repartit, pesant lourdement sur le câble, penchant jusqu’à terre une carcasse usée, déjà perdu dans les autres, qui n’avaient même pas levé les yeux.

     

    Ce fut notre dernière rencontre.

    L’hiver suivant il ne revint pas à la fabrique. Était-il mort ? Avait-il trouvé autre chose ? Ne voulait-il plus venir ? Je n’en ai jamais rien su, je n’ai plus jamais eu de ses nouvelles.

    Et plus jamais nos petits oiseaux printaniers ne l’ont attiré vers les larges espaces...

     

    Cyriel Buysse 

     

     

    la version néerlandaise de cette nouvelle

    figure dans le recueil Stemmingen (Atmosphères) de 1911