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Auteurs flamands - Page 21

  • Pieter Aspe

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    UN PHENOMENE DE L'EDITION


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    Plus de deux millions, tel est le nombre de livres que Pieter Aspe a vendu en Flandre et aux Pays-Bas. En France, ses romans partent déjà par dizaines de milliers. Soit dit en passant, un peu moins que les Duvel que descend le commissaire Van In. La Toile francophone se fait l’écho de ce phénomène. Les aventures du commissaire Van In sont traduites par Emmanuèle Sandron, parfois en collaboration avec Marie Belina-Podgaetsky.


     


    Pieter Aspe parle (en français) de son dernier roman paru en France

    Même chose en podcast : ici



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    Le commissaire Van In en gros caractères, éd. Feryane



    Rencontre avec Pieter Aspe

    « Histoires franchouillardes et kermesse perpétuelle aux relents de friture : être belge relèverait presque de la gageure. Sous la plume acerbe du Flamand Pieter Aspe, des histoires pleines “de bières et de drames” – pour paraphraser Brel – racontent que tout n’est pas rose au pays du Manneken Pis. » (lire la suite)


    Pieter Aspe en bref et présentation de 3 de ses livres

    « Toutes les enquêtes écrites par Aspe mettent en scène les sympathiques policiers Van In et Versavel, assistés de la substitut Martens (cerveau d’Einstein dans corps de mannequin !). Elles sont pleines d’humour, de tendresse mais également de petites touches de réflexion sur le fonctionnement des administrations belges, sur la vie sociale en Belgique. » (lire la suite)


    À propos du premier roman de Pieter Aspe

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    « Van In est un flic buté, étranglé par ses dettes au point de négliger son hygiène dentaire. Versavel, jumeau d’Hercule Poirot à l’homosexualité revendi- quée, lui sert de comparse. Ils enquêtent tous deux sur le cambriolage d’une bijouterie prestigieuse. Stupeur : le précieux butin n’a pas été volé, mais simplement dissout dans un bain d’acide. “Avec ce premier roman, je m’étais lancé un défi, se souvient Pieter Aspe : pas de meurtre, pas de sexe. Les jeunes auteurs de polar désirent toujours rompre avec les modèles du genre. Mais je vous rassure, ces principes n’ont pas survécu bien longtemps !“ Hannelore Martens, substitut du procureur fraîchement nommée, accompagne Van In et Versavel dans leur quête du mystérieux alchimiste. Elle apparaît d’abord comme une ravissante idiote, puis dévoile une ambition sans scrupules. “ Je voulais donner une image réaliste de la justice, explique Aspe. Les hommes de loi restent des êtres humains. Ils ne se comportent pas autrement dans le prétoire.” Van In et Martens vont clore l’affaire de manière peu académique. “Les forces de l’ordre échouent souvent dans leur travail. Pourquoi le cacher ? Dans les volumes qui suivent, mes personnages se montreront nettement plus efficaces.” » (Delphine Moreau, Le Figaro Magazine, 11/07/2008)



    À propos du dernier roman publié en traduction française


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     « "La plupart des meurtres sont des crimes passionnels. Et en général, ils ne sont pas assez intéressants, ou pas assez spectaculaires, pour en faire un livre", admet Pieter Aspe. Aussi son secret est-il d'inscrire une intrigue rocambolesque dans une description minutieuse de la cité flamande. Sans sombrer dans le pastiche, et en respectant toujours une relative vraisemblance, l'auteur joue avec humour des codes du roman policier. » (Gérard Meudal, Le Monde des Livres, 21/08/2009)

     



    Une critique du Carré de la vengeance

    « Pieter Aspe connaît ses classiques, il utilise des ingrédients traditionnels constitutifs du roman policier, mais il les met à sa sauce, pour rester dans l’imagerie culinaire… Il a un vrai sens du détail qui rend crédibles les faits ou les personnages, et il orchestre plutôt bien les clichés du genre : en effet, on repère le cliché, mais on ne s’en formalise pas car il est justifié et prend sa place dans l’ensemble pour donner du sens au récit. » (lire la suite)


    Au Rayon polar, d'autres lectures des romans de Pieter Aspe

    « Après Le Carré de la vengeance (2007), voici la deuxième aventure du singulier commissaire Van In. Avec ses excès, ce policier (bien assisté par ses proches) s’avère diablement attachant. Au cœur de la ville historique et touristique de Bruges, il mène une double enquête captivante. L’auteur nous glisse quelques indices, mais entretient le suspense grâce à une intrigue bien construite. Plus nuancés qu’on pourrait le croire, les personnages sont fort crédibles. On ne manque pas d’évoquer les désaccords entre Flamands et Wallons, qui ont grossi depuis l’époque. Plus souriant, Van In nous explique même l’origine de son juron habituel, “Benson im Himmel”. Et, malgré ses incartades sexuelles, sa relation avec Hannelore progresse vers une normalisation. Un roman très entraînant. » (lire la suite)


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  • Villon d'Anvers

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    Peter Holvoet-Hanssen

    pillard et pirate en poésie

     

     

    Il se réclame de François Villon, voit la poésie comme « des nuages en mouvement qui passent sur la page ».

     

     

     

    QUAND RIMBAUD TOMBE DU CIEL

     

     

    Ça nous mène où, Arthur ? Enfer ! Es-tu devenu un autre ?

    C’est vrai, même en hiver, les sources sont limpides.

    L’eau froide fortifie le cœur. Mais allez expliquer ça

    aux affaiblis de la baraque 13. Pas de soupe, pas de feu.

    La mort pareille à une truie qui se vide dans ses petits. Ici

    et non là naissent des enfants à l’étoile, poussière.

    Poussière de rien du tout. Écoutez ce chien. Aboyer vers l’autre versant.

    Écho. Aboyer après son écho. Toujours plus furieux jusqu’à

    ce que la nuit le néantise – à la flamande. On va

    se régaler, bloguer, trompeter. Ne va pas essayer, toi, de

    voir une vue plus grande, équilibre & déséquilibre.

    Gonfle-toi dignement. Comment, tu ne joues pas à ça… Rustre.

    La poésie, un concours de coloriage ? Ta boule magique explose.

    Bruxelles ou Paris ? Monte. D’autres commentaires ? Prêt ? Saute –

     

    Automne, langage l’air pâle. Nabot parle à l’oreille

    d’un poète sans parachute – tombant comme un météorite.

     

     

    Peter Holvoet-Hanssen

    traduit du néerlandais par Daniel Cunin

     

     

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    photo Het Kapersnest : Koen Broos

     

    Né à Anvers en 1960, Peter Holvoet-Hanssen n’est pas tombé de la dernière pluie : il a travaillé dans les secteurs maritime et culturel et a été gardien des dauphins du zoo d’Anvers.

    En sa qualité d’Envoyé de l’élément vif, messager de « l’élément mobile », il tente de lier des extrêmes – le haut et le bas, l’inaccessible et l’accessible, l’humour et l’émoi, la routine et la folie – aussi bien dans la forme que dans le contenu, et ce sur un sous-sol mouvant.

    Il y a plus de dix ans, Peter Holvoet-Hanssen a surpris le monde littéraire avec le recueil Dwangbuis van Houdini (La Camisole de force d’Houdini), qui lui a valu le principal prix flamand récompensant une première œuvre littéraire. Ce volume rend hommage au maître de l’évasion, le Hongrois Harry Houdini. Sur les traces de celui-ci, Holvoet-Hanssen repousse ses propres limites en se jouant des difficultés, se libère de tous les corsets, transgresse les catégories habituelles de la poésie.

    Sa façon de lire ses poèmes en public est particulièrement enthousiasmante. Il aime dépasser les bornes et braver les convenances afin de libérer l’âme de toute forme de carcan. La teneur théâtrale et musicale de l’œuvre fait que les performances du poète sont très appréciées lors des festivals et des soirées de poésie.

    Il travaille avec son épouse, l’auteur Noëlla Elpers, pour la jeunesse.

    CouvSantander.jpgwww.kapersnest.be – leur « Repaire de pirates » veut stimuler chez les jeunes l’amour de la poésie, de la littérature et de l’histoire.

    Il est à ce jour l’auteur d’un anti-roman (Le Moine volant), et de cinq recueils de poèmes. Les trois premiers (Strombolicchio. De la forge de Vulcain ; Santander. Confidences dans la peau du renard et celui mentionné plus haut) forment un triptyque, une « quête placée sous le signe du nombre trois, de la mélodie ultime réunissant à la fois bonheur et souffrance ».

    En 2008 il a reçu le Prix de la Culture de la Communauté flamande pour le recueil Spinalonga (2005). Quant à Navagio, paru en 2008, il clôt la première période de l’auteur, son premier long voyage par des mers et des îles où tempêtes et rires se percutent à souhait.

     

    Holvoet-Hanssen a par ailleurs établi une édition bilingue d’un choix de poèmes d’Arthur Rimbaud (Ik heb de zomerdageraad omarmd, Amsterdam, Bert Bakker, 1999).

     

    Traductions en français

     

    - Littérature en Flandre. 33 auteurs contemporains, Escales du Nord, Le Castor Astral, Bordeaux, 2003.

    - Ici on parle flamand & français. Une fameuse collection de poèmes belges, Francis Dannemark, Escales du Nord, Le Castor Astral, Bordeaux, 2005.

    Action poétique, n°185, Paris 2006.

    Poètes de Flandre. Peter Holvoet-Hanssen, Fonds flamand des Lettres, plaquette, s.d.

    10 poèmes pour « Quand la langue jubile », Printemps des Poètes de Namur, mars 2009 (plaquette).

     

    Spinalonga, 44 poèmes, 2005

    poésie,flandreDans la plaquette L’Europe en poésie (p.12-13) figurent deux poèmes de Peter Holvoet-Hanssen. De Cortège, il dit : « Un poème que l’on pourrait chanter à tue-tête tout en jouant du tambour ; dans le genre grotesque, idéal pour un carnaval peuplé de figures simiesques. » Et de Roza et la lune : « Berceuse pour conjurer les peurs ; à la fin, la peur qu’inspire la lune (l’inconnu) se trouve avalée et remplacée par “le lit de roses” (de Roza) ; le premier vers est une phrase prononcée un jour par ma fille Anna Roza à l’âge de 4 ans. »

     

     

     

     

  • Quand l’insomnie vous tient

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    Dors ! d’Annelies Verbeke

    À cinq ans, Annelies (Dendermonde/Termonde, 1976) savait qu’elle portait un roman en elle. Environ 20 ans plus tard, elle envoyait le manuscrit de Slaap ! à un éditeur hollandais, De Geus, qui le publiait en 2003. En quelques années, il allait être traduit en une quinzaine de langues. Depuis, De Geus (Le Gueux) a édité son deuxième roman De Reus (Le Géant, 2006) ainsi qu’un recueil de nouvelles, Groener Gras (2007). Annelies Verbeke écrit aussi pour le théâtre et le cinéma.

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    Dors !, trad. D. Cunin, Mercure de France, 2005

     

    LE DÉBUT DE L’HISOIRE

    Maya, jeune femme insomniaque, se retrouve de plus en plus esseulée. Ses amis et sa famille s’éloignent d’elle ou l’évitent, son petit ami la quitte, excédé par ses sautes d’humeur. En fait, Maya en veut au monde entier de ne plus pouvoir trouver le sommeil. La nuit, pour se venger, elle enfourche son vélo et va réveiller des gens en sonnant chez eux. Mais un homme l’espionne, Benoît, chez qui elle sonne d’ailleurs une nuit…

     

    UN EXTRAIT (Benoît est gardien de nuit dans un hôtel)

    Le papillon de nuit insistait. Toutes les nuits, il semblait sortir du néant. Il dessinait une boucle parfaite dans l’espace et se posait avec grâce sur le bureau de la réception et parfois même sur mon épaule.

    - Jeune homme, il y a une bestiole sur votre costume, m’a dit un jour un petit vieux tout ridé qui attendait sa clé et qui ressemblait lui-même un peu à un insecte.

    - Je sais.

    Tout doucement, j’ai fait passer le papillon sur mon doigt comme quand je le montrais aux rares clients que cela intéressait.

    - Je vous le donne si vous voulez, ai-je ajouté, mais le petit vieux ne voulait rien d’autre que sa clé.

    J’essayais de me tenir à ma promesse de ne pas m’attacher à ce papillon. Mais plus je m’efforçais de l’ignorer, plus il s’employait à me conquérir en accomplissant des figures acrobatiques toujours plus risquées. Au cours d’un de ses numéros, il s’est trouvé aspiré par le courant d’air qui entrait dans le hall en même temps qu’un client attardé. Il a disparu par la porte ouverte. Je n’ai pu m’empêcher de me précipiter à la fenêtre. Je l’ai vu, posé sur une voiture stationnée là ; sans avoir l’esprit tranquille, j’ai décidé que c’était finalement mieux ainsi pour nous deux.

    La nuit suivante, c’est à peine si j’ai regardé les écrans. Pendant des heures, mes yeux fusaient de la porte aux fenêtres en passant par la climatisation. Il ne se montrait pas. Il me manquait. Une semaine plus tard, je n’en pouvais plus. Quand je l’ai pour finir retrouvé dans la coiffure tarabiscotée d’une cliente qui m’annonçait son numéro de chambre, j’ai embrassé avec exubérance cette femme sur le front.

    Quand je terminais mon service, le papillon était autorisé à me suivre dans ma chambre. Son attention se portait surtout sur la doublure de mon anorak vert mordant. Estimant que la teinture pouvait être nocive pour lui, j’ai d’abord essayé de le tenir à l’écart du vêtement. Au bout d’un certain temps, je me suis tancé moi-même. J’ai pensé à Frédérik et à la planète entière qui croule sous la misère, la corruption, la faim, le manque d’amour et la peur. En conséquence, il y a des limites à ce que l’on peut éprouver pour un papillon de nuit. Je l’ai prénommé Ernest.

     

    CouvSlaap!.jpgTout au long de son premier roman, Annelies Verbeke a recours en alternance à deux narrateurs, Maya et Benoît. Chacun évoque à son tour son malaise, ce qu’il vit, parfois aussi une partie de son passé, comme dans le chapitre 2 où Benoît brosse un tableau de son enfance à la fois cruel et somptueux. L’auteur réussit en fait à coupler deux personnages (qui figuraient à l’origine, l’un dans une nouvelle, l’autre dans un scénario), l’alternance des chapitres illustrant l’aspect ambigu de leur relation : ils sont certes un soutien l’un pour l’autre, mais en même temps, ce qu’ils vivent ensemble repose sur une méconnaissance totale de l’autre.

    Courts, les dialogues n’en sont pas moins savoureux et comiques. Un réel don d’observation permet à Verbeke de brosser une situation, un climat en quelques lignes : la détresse d’inconnus dans un café, la vie carcérale d’un asile, la folie des gens que Benoît croise lors de son internement, l’échec conjugal de Sofie, la sœur de Maya. Le style est à la fois épuré et alerte, la phrase se laisse déguster. Verbeke n’en dit pas trop (on devine que les choses se déroulent dans une ville flamande), laisse au lecteur le choix entre plusieurs lectures (on ne sait par exemple si Maya a voulu se suicider ou si elle a eu un simple accident, le roman se referme sur du « possible » avec comme dernière phrase un simple : Peut-être). Comme on vit la folie de Benoît de l’intérieur, il faut parfois attendre plusieurs pages avant de pouvoir soi-même reconstituer ce qui s’est réellement passé. Les chapitres dans lesquels il a la parole sont d’ailleurs poétiques, oniriques et riches en imaginaire (l’affection de Lea pour son fils Benoît, les figurines de légumes que celle-ci lui confectionne en guise de repas, la fascination qu’exerce la mer sur Benoît, le dialogue qu’il instaure avec le cachalot puis avec le papillon Ernest qui se révèle être une Ernestine mettant au monde des larves…). À côté des deux personnages principaux, Olga et Ingrid tiennent un rôle important : elles ajoutent à la détresse et au comique de l’univers évoqué tout en étoffant la petite galerie de personnages déjantés. Le seul personnage ayant un réel statut social, c’est Stan, riche propriétaire d’hôtels. Mais lui aussi présente une anomalie : il porte depuis son enfance un œil de verre qui a longtemps fait de lui un objet de risée.

    L’ensemble offre un heureux mélange de Weltschmertz, d’humour, de délires éthyliques ou autres, qui débouche sur une tragicomédie de belle facture.

     

    « Tour à tour tournés vers leur passé et leur avenir, ces deux destins nous sont présentés dans une traversée de la nuit constamment renouvelée, dans une esthétique qui n’est pas sans rappeler l’univers du film Cours, Lola, cours ! de Tom Tykwer avec ses télescopages de scènes, ses successions de plans d’ensemble et de gros plans. Le rythme ne nous laisse pas indifférents non plus, parce qu’on y sent parfois le temps de l’angoisse où tout défile à toute vitesse, puis celui qui s’étire en nous étrillant. » Marc Rochette, Le Libraire.


    « Le grand talent de la germaniste Annelies Verbeke vient d’une alliance improbable (dans l'atmosphère) et de minutie (dans la narration). Elle tisse une émouvante histoire – l’auteur adore les contes : elle en a écrit beaucoup pendant son enfance – qui nous entraîne au cœur de notre quotidien. La force d’Annelies Verbeke, c’est aussi de multiplier les jeux de mots et de jouer avec la langue néerlandaise en s’offrant des pirouettes ironiques qui, paradoxalement, renforcent la fiction. Le traducteur, Daniel Cunin, a dû bien s’amuser en essayant de restituer en français l’émotion de ce beau roman empreint d’une imagination exacte. » Jacques Hermans, « Un voyage au bout de la nuit », La Libre Belgique.

     

    écoutez une nouvelle d'Annelies Verbeke lue par Danielle Losman : http://www.radiolibros.eu/author.php?id=20〈=FR

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  • Dimitri VERHULST, Problemski Hotel

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    couvproblemski.jpgLe Flamand Dimitri Verhulst (né en 1972) jouit déjà en France d’une certaine attention alors même que ses principaux livres ne sont pas encore traduits. Pour l’instant, le lecteur doit se contenter d’Hôtel Problemski, (trad. Danielle Losman, Christian Bourgois, 2005), roman qui a donné lieu à une adaptation théâtrale en France (adaptation et mise en scène de Martine Fontanille). Autre pièce jouée d’après un de ses textes : Alost, à la Comédie de Clermont-Ferrand (concept, mise en scène et décor Pol Heyvaert), un des rôles étant réservé à Felix Van Groeningen, celui-là même qui a porté à l’écran une autre œuvre de Verhulst, le roman De helaasheid der dingen (qui devrait paraître aux éditions Denoël) : le film La Merditude des choses a été présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs et il sortira dans les salles fin 2009.



     

    Retour sur Hôtel Problemski, paru en 2003 aux éditions Contact d’Amsterdam, avant une suite de livres dont certains ont remporté un grand succès (et des prix) dans les contrées néerlandophones (voir quelques couvertures ci-dessous).

    Dans les premières pages, le narrateur, Bipul Masli, raconte qu’il est devenu photographe le jour de ses douze ans : la fête familiale donnée alors dans sa ville africaine d’origine a tourné au massacre ; il a photographié avec son appareil tout neuf sa sœur se faisant assassiner. Dix ans plus tard, en 1984, il est en Somalie où il réalise la photo qui doit le rendre célèbre : celle d’un enfant en train de mourir de faim.

    Puis on passe à l’hiver 2001. Bipul Masli est en Belgique, dans un centre de réfugiés. L’homme cultivé qu’il est évoque les conditions de vie dans ce lieu ainsi que divers personnages qui évoluent à ses côtés et qui viennent pour la plupart soit d’Afrique, soit de l’ancienne URSS. Au fil des pages, il accumule scènes, détails, anecdotes qui nous permettent de mieux cerner le quotidien des demandeurs d’asile politique (nourriture dont aucun Occidental ne veut plus, chiottes dégueulasses, bagarres entre Africains et Tchétchènes, températures polaires pour des Africains vêtus de bric et de broc, parties d’échec pour gagner ou perdre quelques cigarettes, vengeances entre réfugiés…).

    couvProblemskiNL.jpgParmi les personnages évoqués, on relève Igor, le « boxeur » ukrainien avec qui Bipul Masli partage sa chambre bien malgré lui : il craint que ce taciturne ne le tue un jour dans un accès de colère ; Maqsood qui vient du Cachemire et qui cherche par tous les moyens à rencontrer une femme belge afin de l’épouser et d’ainsi obtenir le droit de rester en Europe ; Sedi qui vient du pays où il fait le moins bon vivre, le Sierra Leone ; Martina qui accouche d’un enfant qu’elle ne veut pas garder car il a été conçu le jour où elle a été violée par trois Albanais : il faut que l’accouchement se passe à l’insu de l’administration, un Albanais a été chargé (contre de l’argent et des cigarettes) d’éliminer le bébé, mais c’est finalement la mère qui sera la seule à avoir le courage d’étrangler le nouveau-né ; Shaukat, le musulman dont la femme a demandé à être placée dans un autre centre afin d’échapper à son mari machiste et violent ; Lidia, une adolescente devenue la maîtresse de Bipul, qui tente le tout pour le tout à la Noël en s’échappant du centre pour tenter de gagner l’Angleterre dans un container…

    couvhelaasheid.jpgDans une brève postface, l’auteur nous dit qu’il a passé quelques jours dans un centre de réfugiés en Flandre et que si la moitié des histoires qu’il raconte sont inventées, aucune ne contient le moindre mensonge. Pour rendre la misère et la violence qui sont le quotidien de ces gens ne parlant pas le néerlandais, n’ayant pas de quoi se vêtir, vivant dans la plus grande promiscuité avec des individus venant d’un autre monde, d’une autre culture, il a choisi de se glisser dans la peau d’un personnage (Bipul Masli) qui vit et observe de l’intérieur, et non sans humour, le sort de ces gens qui n’ont plus qu’une chose à laquelle se raccrocher : le mot England.

    Dans les premières pages du livre, le photographe restitue sans détours les sentiments qui l’animaient alors qu’il photographiait un enfantcouvverona.jpgsomalien proche de la mort ; il sentait qu’il était à deux doigt de réussir une photo qui allait faire le tout du monde, encore fallait-il qu’une mouche se pose sur le visage du moribond. À la fin du livre, c’est lui qui doit cette fois se soumettre aux caprices d’un photographe : dans sa piteuse chambre du centre de réfugiés, un journaliste venu faire un reportage souhaite le prendre en photo devant la fenêtre ; il n’appuiera sur le bouton de son appareil qu’au moment où une mouche viendra se poser sur le visage de Bipul Masli.

    Ce court roman-documentaire est écrit avec une verve rare, dans une langue moderne qui ne craint pas de puiser dans le registre familier, grossier. Le pathétique et le cliché sont évités grâce au côté drolatique et caustique privilégié par Dimitri Verhulst. (Daniel Cunin)

     

    écoutez une nouvelle de Dimitri Verhulst lue par Danielle Losman : ici

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  • Embrasse-moi

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    Le nouveau roman de Bart Moeyaert

     

     

    Les éditions du Rouergue inaugurent la nouvelle présentation de la collection doAdo en publiant Embrasse-moi, roman en 12 scènes de l’auteur flamand.

     

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    couverture Frank Secka

     

     

    Un après-midi d’été, Molly et la Fausse Blonde se retrouvent sur la butte qui donne sur le lac. L’une est moche et grosse, l’autre a tout pour elle. Depuis le début de la journée, l’ambiance va de travers. La Fausse Blonde a promis de montrer un secret à Molly, mais ce secret, caché dans une caisse, a disparu... Au jeu des secrets, les deux filles vont découvrir que chacune a le sien et que les plus gros, les plus grands, ne sont pas faits pour être divulgués. Sauf si…

     

    « Alors que j’étais en train d’écrire Embrasse-moi, les personnages ont décrété assez vite qu’ils souhaitaient rester au même endroit, près du lac, et que l’histoire se déroulerait sur une durée limitée : un après-midi. Ces choses-là se font naturellement : un tel espace-temps suffit à ces personnages. L’histoire se lit presque comme une pièce de théâtre. Les chapitres sont devenus des scènes, on passe de l’une à l’autre sans entracte. Rien de surprenant donc à ce qu’Embrasse-moi ait été adapté pour le théâtre et pour le cinéma (court-métrage). »     Bart Moeyaert