Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Auteurs flamands - Page 22

  • Dimitri VERHULST, Problemski Hotel

    Pin it!

    couvproblemski.jpgLe Flamand Dimitri Verhulst (né en 1972) jouit déjà en France d’une certaine attention alors même que ses principaux livres ne sont pas encore traduits. Pour l’instant, le lecteur doit se contenter d’Hôtel Problemski, (trad. Danielle Losman, Christian Bourgois, 2005), roman qui a donné lieu à une adaptation théâtrale en France (adaptation et mise en scène de Martine Fontanille). Autre pièce jouée d’après un de ses textes : Alost, à la Comédie de Clermont-Ferrand (concept, mise en scène et décor Pol Heyvaert), un des rôles étant réservé à Felix Van Groeningen, celui-là même qui a porté à l’écran une autre œuvre de Verhulst, le roman De helaasheid der dingen (qui devrait paraître aux éditions Denoël) : le film La Merditude des choses a été présenté à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs et il sortira dans les salles fin 2009.



     

    Retour sur Hôtel Problemski, paru en 2003 aux éditions Contact d’Amsterdam, avant une suite de livres dont certains ont remporté un grand succès (et des prix) dans les contrées néerlandophones (voir quelques couvertures ci-dessous).

    Dans les premières pages, le narrateur, Bipul Masli, raconte qu’il est devenu photographe le jour de ses douze ans : la fête familiale donnée alors dans sa ville africaine d’origine a tourné au massacre ; il a photographié avec son appareil tout neuf sa sœur se faisant assassiner. Dix ans plus tard, en 1984, il est en Somalie où il réalise la photo qui doit le rendre célèbre : celle d’un enfant en train de mourir de faim.

    Puis on passe à l’hiver 2001. Bipul Masli est en Belgique, dans un centre de réfugiés. L’homme cultivé qu’il est évoque les conditions de vie dans ce lieu ainsi que divers personnages qui évoluent à ses côtés et qui viennent pour la plupart soit d’Afrique, soit de l’ancienne URSS. Au fil des pages, il accumule scènes, détails, anecdotes qui nous permettent de mieux cerner le quotidien des demandeurs d’asile politique (nourriture dont aucun Occidental ne veut plus, chiottes dégueulasses, bagarres entre Africains et Tchétchènes, températures polaires pour des Africains vêtus de bric et de broc, parties d’échec pour gagner ou perdre quelques cigarettes, vengeances entre réfugiés…).

    couvProblemskiNL.jpgParmi les personnages évoqués, on relève Igor, le « boxeur » ukrainien avec qui Bipul Masli partage sa chambre bien malgré lui : il craint que ce taciturne ne le tue un jour dans un accès de colère ; Maqsood qui vient du Cachemire et qui cherche par tous les moyens à rencontrer une femme belge afin de l’épouser et d’ainsi obtenir le droit de rester en Europe ; Sedi qui vient du pays où il fait le moins bon vivre, le Sierra Leone ; Martina qui accouche d’un enfant qu’elle ne veut pas garder car il a été conçu le jour où elle a été violée par trois Albanais : il faut que l’accouchement se passe à l’insu de l’administration, un Albanais a été chargé (contre de l’argent et des cigarettes) d’éliminer le bébé, mais c’est finalement la mère qui sera la seule à avoir le courage d’étrangler le nouveau-né ; Shaukat, le musulman dont la femme a demandé à être placée dans un autre centre afin d’échapper à son mari machiste et violent ; Lidia, une adolescente devenue la maîtresse de Bipul, qui tente le tout pour le tout à la Noël en s’échappant du centre pour tenter de gagner l’Angleterre dans un container…

    couvhelaasheid.jpgDans une brève postface, l’auteur nous dit qu’il a passé quelques jours dans un centre de réfugiés en Flandre et que si la moitié des histoires qu’il raconte sont inventées, aucune ne contient le moindre mensonge. Pour rendre la misère et la violence qui sont le quotidien de ces gens ne parlant pas le néerlandais, n’ayant pas de quoi se vêtir, vivant dans la plus grande promiscuité avec des individus venant d’un autre monde, d’une autre culture, il a choisi de se glisser dans la peau d’un personnage (Bipul Masli) qui vit et observe de l’intérieur, et non sans humour, le sort de ces gens qui n’ont plus qu’une chose à laquelle se raccrocher : le mot England.

    Dans les premières pages du livre, le photographe restitue sans détours les sentiments qui l’animaient alors qu’il photographiait un enfantcouvverona.jpgsomalien proche de la mort ; il sentait qu’il était à deux doigt de réussir une photo qui allait faire le tout du monde, encore fallait-il qu’une mouche se pose sur le visage du moribond. À la fin du livre, c’est lui qui doit cette fois se soumettre aux caprices d’un photographe : dans sa piteuse chambre du centre de réfugiés, un journaliste venu faire un reportage souhaite le prendre en photo devant la fenêtre ; il n’appuiera sur le bouton de son appareil qu’au moment où une mouche viendra se poser sur le visage de Bipul Masli.

    Ce court roman-documentaire est écrit avec une verve rare, dans une langue moderne qui ne craint pas de puiser dans le registre familier, grossier. Le pathétique et le cliché sont évités grâce au côté drolatique et caustique privilégié par Dimitri Verhulst. (Daniel Cunin)

     

    écoutez une nouvelle de Dimitri Verhulst lue par Danielle Losman : ici

    Lien permanent Imprimer Catégories : Auteurs flamands 0 commentaire
  • Embrasse-moi

    Pin it!

     

    Le nouveau roman de Bart Moeyaert

     

     

    Les éditions du Rouergue inaugurent la nouvelle présentation de la collection doAdo en publiant Embrasse-moi, roman en 12 scènes de l’auteur flamand.

     

    couvembrassemoi1.jpg

    couverture Frank Secka

     

     

    Un après-midi d’été, Molly et la Fausse Blonde se retrouvent sur la butte qui donne sur le lac. L’une est moche et grosse, l’autre a tout pour elle. Depuis le début de la journée, l’ambiance va de travers. La Fausse Blonde a promis de montrer un secret à Molly, mais ce secret, caché dans une caisse, a disparu... Au jeu des secrets, les deux filles vont découvrir que chacune a le sien et que les plus gros, les plus grands, ne sont pas faits pour être divulgués. Sauf si…

     

    « Alors que j’étais en train d’écrire Embrasse-moi, les personnages ont décrété assez vite qu’ils souhaitaient rester au même endroit, près du lac, et que l’histoire se déroulerait sur une durée limitée : un après-midi. Ces choses-là se font naturellement : un tel espace-temps suffit à ces personnages. L’histoire se lit presque comme une pièce de théâtre. Les chapitres sont devenus des scènes, on passe de l’une à l’autre sans entracte. Rien de surprenant donc à ce qu’Embrasse-moi ait été adapté pour le théâtre et pour le cinéma (court-métrage). »     Bart Moeyaert

     

     

  • Michel Bartosik

    Pin it!

     

    Famille écrite

     

    bartosik,pink poets,anversDisparu le 1er février 2008 à l’âge de 59 ans, Michel Bartosik laisse six recueils de poésie ainsi qu’un grand nombre d’essais et de critiques. Membre d’un groupe d’une douzaine de poètes anversois dont quelques dandys, les Pink Poets (1972-1982), collaborateur des revues Hand, Impuls et Impuls/De tafelronde, il a cosigné en 1975 un manifeste en faveur d’une poésie axée sur la langue et non sur l’anecdotique tout en renvoyant à la tradition maniériste des XVIe et XVIIe siècles. Durant les dernières années de sa vie, Bartosik a donné de très belles contributions sur la poésie dans De leeswolf et Poëziekrant, faisant partager avec tact son amour de certaines œuvres contemporaines ou plus anciennes. Cet homme discret, dont l’œuvre est restée confidentielle, a vu son dernier recueil Geschreven familie (Famille écrite, Gand, PoëzieCentrum, 2003) couronné par une prestigieuse distinction littéraire. Très exigeant à l’égard de sa propre œuvre, retravaillant sans cesse ses créations avant de les publier, il reniait plus ou moins la première moitié de sa production. Polyglotte, il a laissé de rares vers en français ou encore en anglais. Nous proposons ci-dessous la traduction de deux poèmes de Geschreven familie.

     

     

    La chair fondante d’une pêche

    qui se fait jus (quand quelqu’un

    près de toi en dépouille le velours),

     

    morceaux émiettés de ton pain

    et mie humectée dans la bouche gorgée

    après gorgée       la dernière chose

     

    que nous ayons imaginée ensemble, un repas

    à étaler sur des heures, expectative du pauvre,

    désarroi d’enfants, à tes lèvres

     

    on a porté le jour suivant l’eau

    glacée      tu l’as repoussée 

     

     

    bartosik,pink poets,anvers

    toile de Louisa Chevalier

     

     

    La porte refermée, vient

    la délicatesse des fruits.

     

    Deux mains apeurées les ont disposés

    au soleil, derrière les vitres.

     

    Un pouce, le soir, sépare

    en évitant de trop trembler

    la blettissure du pourri.

     

     

    Quelqu’un, quelque part, rêve encore, goûte

    le geste avec lequel tu soulèves d’entre eux

    le plus petit, mastiques, jusqu’à l’exténuation, une chose

     

    trop sèche

     

    traduction D. Cunin

     

     

    Œuvres poétiques

     

    Omtrent vos Reynaert 3 (À propos de Maître Renart 3, en collaboration avec Peter Bormans, Geert Currinckx et Freddi Smekens, 1968)

    Linguïstiek (Linguistique, 1975)

    De verzamelnaam der eenzaamheid (Le nom générique de la solitude, 1976)

    Rigor mortis (1980)

    Sunt lacrimae (1990)

    Geschreven familie (Famille écrite, 2003)

     

    bartosik,pink poets,anvers

    addendum : en 2013, le PoëzieCentrum de Gand a réuni l’ensemble de l’œuvre poétique de M. Bartosik sous le titre Schroomruil

    éd. Koen Van Baelen, Peter Bormans, Anneleen De Coux, Matthijs de Ridder ; postface Erik Spinoy

     

    Merci à Louisa et à Koen

     

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : Auteurs flamands, Poètes & Poèmes 0 commentaire
  • Poèmes & poulpe

    Pin it!

     

     

    La mélopée de Paul van Ostaijen

     

     

    Né à Anvers en 1896, mort de tuberculose en 1928, Paul van Ostaijen est considéré comme l’un des plus grands, si ce n’est le plus grand poète flamand du XXe siècle. En tant que poète et que théoricien, il a été le pionner du modernisme en Flandre. Au sein de son abondante œuvre d’essayiste et de poète, il y a un certain nombre de textes écrits en français. Parmi les titres de ses poèmes, on relève un Marcel Schwob, un Francis Jammes, et un À Cendrars. Plusieurs de ses recueils ont été traduits en français au fil des décennies. Ci-dessous, un court poème tiré de l’œuvre posthume, dédié à un autre écrivain flamand, Gaston Burssens (1896-1965). Ainsi qu’un des poèmes écrits en français, F. Jespers peint un port (il s'agit du peintre Floris Jespers), emprunté à l’édition des Œuvres poétiques complètes, éd. Gerrit Borgers, Amsterdam, Prometheus/Bert Bakker, 1996, p. 432.

     

    ostaijen,jammes,cendrars,schwob,poésie

     

     

     

     

    MÉLOPÉE

     

    Coule sous la lune le long fleuve

    Coule lasse sur le long fleuve la lune

    Coule sous la lune sur le long fleuve le canoë vers le large

     

    Le long des hauts roseaux

    le long des bas herbages

    le canoë coule vers le large

    le canoë doublé de la lune coule vers le large

    Les voilà ensemble vers le large le canoë la lune et l’homme

    Pourquoi la lune et l’homme coulent-ils dociles à deux vers le large

                                          

                                                                                  traduction D.Cunin

     
     
     
    le même poème, en néerlandais, lu par Ramsey Nasr

     
     
     
     
     
    Poulpe.jpg

     

     

  • L'écrivain flamand Bart Moeyaert

    Pin it!

     


    Les éditions du Rouergue présentent dans la plaquette ci-dessous, à l'occasion d'un entretien entre Sylvie Gracia et Bart Moeyaert, l'essentiel de ce qu'il faut savoir sur cet auteur d'albums jeunesse, de romans qu'on peut lire de 9 à 99 ans, de pièces de théâtre et de recueils de poésie

    PDF

     

    site de l'auteur

    CouvLivretBart.jpg

     

    quelques lignes du prochain roman qui paraîtra ce printemps en français au Rouergue, Embrasse-moi

     

     

    Molly resta plantée sur place, le souffle coupé. La colère lui nouait la gorge au point de lui faire peur. Elle avait hissé ses kilos jusque-là pour une vieille caisse en bois. Une fois de plus, elle était tombée dans le traquenard tendu par cette blondasse. Elle et son secret qui n’était pas là.

    - Tu te grouilles ? cria la Fausse Blonde qui, d’un bond, atterrit sur le sentier bordant le lac.

    Molly ferma les yeux et détourna la tête. La Blonde, elle l’aurait étranglée. Ce n’était pas la première fois que cette dernière la laissait en plan. Ce n’était pas la première fois qu’elle laissait quelqu’un en plan. Elle débitait des mensonges comme des petits pains. Les garçons du village, il suffisait qu’elle siffle pour qu’ils bondissent hors de leur pantalon ; elle leur tournait pour ainsi dire la tête. Le monde entier grouillait de petits chiens qu’elle dressait à s’asseoir.