Métiers Divins
Jean de Boschère
salué par Camille Mauclair
Max Elskamp qui aimait la taille des incunables et l’écriture chinoise nous vient de ces temps, de ces lieux où le geste artisanal devait accomplir la figure d’un texte. Il habillait lui-même ses vers de lettrines et d’ornements qu’il creusait dans le buis, le poirier. Parfois il sculptait tout un poème. C’est ainsi que les mots de Max Elskamp ont appris un poids, un contour, une saveur qui se souviennent des sèves fruitières.
La plume court bien vite et les phrases de plume ont des caprices que la gouge refuse. Un mot cerné dans la tablette veut un effort, une fermeté où son pouvoir s’élabore avec ferveur. Il faut scruter et le verbe devient une matière.
Norge
Né Belge en 1878, mort Français en 1953, l’écrivain et artiste graphiste Jean de Bosschère (1) a passé nombre d’années en Flandre, contrée qui occupe une place particulière dans son œuvre si éclatée : Max Elskamp (1914), Quentin Metsys (1907), Édifices anciens : fragments et détails, Anvers (1907), La Sculpture anversoise aux XVe et XVIe siècles (1909), Jérôme Bosch (1947 et Jérôme Bosch et le fantastique, préf. de Jean Cassou, Paris, Albin Michel , 1962), telles sont quelques-unes des études qu’il nous a laissées. C’est lui aussi, semble-t-il, qui a traduit le Frans Hals, sa vie et son œuvre (1909) de l’historien amstellodamois Ernst Wilhelm Moes. Parmi les nombreux ouvrages que l’Enragé a illustrés, on relève Christmas tales of Flanders (1917) et Folks Tales of Flanders (1918).
Le texte reproduit ci-dessous traitant de Métiers Divins est de la main du « polygraphe » Camille Mauclair (2) qui a lui aussi consacré bien des pages aux plats pays, la plupart dans une veine certes différente. À côté d’études sur Rembrandt, Maeterlinck, Théo van Rysselberghe, et sur Rodenbach dont il se sentait très proche, on relève dans sa bibliographie Trois Femmes de Flandre (1905, contes réédités sous le titre Âmes bretonnes deux ans plus tard), Le Charme de Bruges (1928) et La Hollande (1940). C’est aux Pays-Bas qu’il a situé l’action de son œuvre Nele Dooryn (1903) et à Bruges une partie du roman L’Ennemie des rêves (1900). Plusieurs de ses poèmes traduisent des impressions de ses différents séjours dans les terres septentrionales (par exemple « Soir d’Amsterdam »).
Le livre Métiers divins a vu le jour dans la bibliothèque de l’Occident en août 1913, la plupart des « métiers » ayant paru dans l’Occident et d’autres revues dès 1910 (Le Bourg, écrit à Londres entre 1915 et 1916, venant com- pléter cette série en 1922). D’autres que Mauclair ont exprimé leur enthousiasme au sujet de cette édition très soignée. Ainsi, Jean de Gourmont, frère de Rémy, a-t-il pu écrire dans le Mercure de France : « Je signalerai particulièrement, pour la rare qualité de son art, ce petit livre de M. Jean de Bosschère : Métiers Divins, qui est dédié à Max Elskamp ‘‘mon pauvre frère aîné’’. M. de Bosschère me semble en effet le plus pur disciple du poète imagier. Comme lui il burine les images de ses rêves et voici toute une série de bois qui nous donnent la figuration stylisée des métiers divins : le luthier, le potier, le jardinier, le poète, le maçon, l’horloger, l’imprimeur…, etc. Et j’aime cette divine promiscuité de tous les métiers : ‘‘Car ne doutez pas, écrit l’auteur, que le poète soit aux métiers, comme le boulanger, le potier et l’horticulteur. Inattendues, ses relations com- merciales avec les hommes, mais ses denrées tiennent longtemps leurs propriétés d’épa- nouissement.’’ »
J. de Bosschère, enfant (coll° AMVC)
Dans la N.R.F. de mai 1914, Henri Ghéon estimait pour sa part : « Cette tension du style et de la métaphore que l’auteur doit à Suarès, semble se relâcher ici. Ici, M. Jean de Bosschère se rapproche davantage de son autre maître, Max Elskamp. Il célèbre les métiers avec moins de naïveté que l’admirable poète d’Anvers ; il sur- charge ses descriptions de considérations symboliques parfois inutiles. Mais la vision est souvent émouvante, en dépit de sa dureté, et j’aime quand l’esprit l’égaie, comme il arrive dans ce petit morceau : ‘‘Puisqu’ils ont mis une dure carapace de granit à la route, l’ingénieux maréchal-ferrant cloue une semelle de fer à l’âne et au cheval. Ils s’éloignent en sonnant des bottines, qui lancent des paillettes d’or ; et le dompteur du fer rentre dans l’enfer noir et rouge, dans la nue acre et la fumée de corne rôtie.’’ »
J. de Boschère (coll° AMVC)
Quant au critique belge Sander Pierron, il s’exprimait ainsi en 1920 : « Un peu plus tard, en 1909, l’imprimeur Buschmann, d’Anvers, tira, pour la Bibliothèque de l’Occident, à Paris, sur format in-16, les Métiers divins de Jean de Bosschère. Cet écrivain, un peu singulier, aux con- ceptions étranges, au style recherché et imagé, est un de ceux qui, en ces derniers temps, ont personnellement le plus fait pour la renaissance du livre d’art en Belgique. Ses ouvrages sont conçus et réalisés avec un goût raffiné, selon une typographie luxueuse, ornés de dessins de sa propre main, et par conséquent si conformes au texte, si intimement, nous dirions volontiers si mystérieusement en rapport avec lui. Les dessins pour les Métiers divins sont exécutés à la plume ; la technique spéciale leur donne l’apparence de xylographies. Les noirs y dominent : types d’artisans, natures mortes, portraits imaginaires, bêtes, paysages étoffés de figures ; dix-neuf vignettes où l’observation de la nature et la fantaisie d’une recherche toute aristocratique se marient, mélange de vérité et d’idéal, réalisme et mysticisme associés, clarté et ombre, netteté et inconnu, et partout cet accent singulier, cette bizarrerie, cette étrangeté qui donnent aux œuvres, écrites ou dessinées de cet homme de talent, un charme si spécial et qui doit tant au métier et à la pensée de Stéphane Mallarmé. »
(1) Sur Jean de Bosschère illustrateur, on pourra lire dans Denis Laoureux (ed.), Peintres de l’encrier : le livre illustré en Belgique (XIXe-XXe siècle), Bruxelles, Le Livre & L’Estampe, 2009, la contribution de Véronique Jago-Antoine, « Sens dessus dessous : tribulations de l’image et du texte dans trois livres-ateliers de Jean de Boschère » p. 185-214 et celle de Céline De Potter, « Les illustrateurs belges en France de 1919 à 1939. Jean de Bosschère, Frans Masereel, Frans De Geetere, Luc Lafnet. Pratiques et réseaux », p. 155-183.
Sur le livre Métiers divins et le reste de l’œuvre, on se reportera à l’étude fouillée de Christian Berg, Jean de Boschère ou le mouvement de l’attente, Bruxelles, ARLLF, 1978. Guy de Bosschère a évoqué son oncle dans « Portrait de l’artiste et de quelques membres de sa famille », Le Courrier du C.I.E.P., n° 199, été 1993.
De Jean de Bosschère lui-même, on pourra lire les Fragments du journal d’un rebelle solitaire, 1946-1948, texte établi et présenté par Yves-Alain Favre, Mortemart, Rougerie, 1978 ; Le Pays du merle bleu et autres pages de nature, choix et postface par Michel Desbruères, préface de Jean Cassou, Saint-Cyr-sur-Loire, C. Pirot, 1983, ainsi qu’une petite partie de sa correspondance : Max Elskamp et Jean de Bosschère : correspondance, introduction et notes de Robert Guiette, Bruxelles, ARLLF, 1963 (supplément publié en1970) et les Lettres de La Châtre (1939-1953) à André Lebois, Paris, L’Amitié par le Livre/Denoël, 1969. Les lettres que lui a adressées Joë Bousquet ont été publiées dans la Revue d’histoire littéraire de la France, mars-avril 1971.
(2) Simonetta Valenti, Camille Mauclair, homme de lettres fin de siècle : critique littéraire, œuvre narrative, création poétique et théâtrale, Milan, Vita e Pensiero, 2003.
Franz Hellens, L’Art Moderne, 8 mai 1910, p. 148
Jean de Boschère, The City Curious
Métiers divins
je bois avec extase et folie (le potier)
J’ai trouvé sur ma table un livre léger et précieux, doux en sa robe d’un violet profond et délicat, rare par le goût et le soin de ses moindres détails, un petit livre où rien n’imite l’ancien mais qui est plein de l’âme ancienne et semble vraiment avoir été fait avec amour par un artiste pensant et choisissant comme on ne pense ni ne choisit plus. Il m’a paru me venir de très loin, un peu comme si un ami l’avait trouvé dans quelque très vieille demeure de jadis, oublié en un meuble désuet et charmant, et me l’envoyait pour me faire plaisir. Cependant c’est un homme d’aujourd’hui qui a composé ce livre et l’a soigneusement organisé et revêtu : c’est Jean de Bosschère, que vous connaissez bien.
épinglée
Entré au-dedans du livre comme, après avoir un peu courbé la tête, on pénètre dans une salle basse, tiède et ombreuse, j’y ai éprouvé la même impression très douce d’ancienneté confidentielle. Il y a au fond un feu couvant qui rayonne et touche toutes choses de sa dorure magique : c’est une âme de poète, jetant par instants des éclats, mais plus souvent voilée de cendre et n’approchant la nôtre que par une ardeur sourde. Tout autour sont les objets qu’elle aime et dont elle nous parle : placée au milieu, elle leur insuffle sa vie subtile et brûlante. Jean de Bosschère a, dans ce livre, l’attitude repliée du songeur qui est chez soi, bien clos dans le décor resserré de sa pensée. Et il dit lentement, gravement, ce qu’il voit et ce qui le requiert.
le poète dans le souk
C’est un artiste et un mystique. C’est-à-dire qu’il évoque forcément d’autres noms d’artistes et de mystiques sincères comme lui, méditants et concentrés comme lui : car il n’y a qu’une certaine façon de dire des choses profondes et de rejeter l’inutile. En le lisant on pense à Suarès, à Claudel. Il ne les imite point, mais ce sont des parents de Jean de Bosschère. Je retrouve en son style leurs bonds musculeux et nerveux, leurs brusques ellipses, cette diction un peu farouche, cette aptitude avide à découvrir et à réunir des analogies qui semblent étranges, parce que nous sommes moins aptes à en constater rapidement les identités. Cependant Claudel et Suarès sont des fiers : Jean de Bosschère est plus doux et plus humble, et il se penche volontiers sur les très petites choses, avec la patience quiète d’un Henri Fabre. Il est aussi un imagier. Dans son livre, entre les feuillets, comme des fleurs séchées, on trouve de petites gravures sur bois qui sont d’une technique parfaite et d’un sentiment délicieux. Max Elskamp aussi en a parsemé ses poèmes ingénus et adorables, – Max Elskamp auquel ce livre est dédié, Max Elskamp que je n’ai pas revu depuis bien longtemps et que j’affectionne comme si je l’avais quitté hier… Vous avez bien de la chance de cacher encore dans vos Flandres aux beaux nuages des artistes comme ceux-là, qui ne « font » pas de l’art, mais le vivent avec la modestie et la science toute d’amour d’ouvriers en chambre, pour le silencieux plaisir de bien œuvrer.
Ronsard
Et voici Jean de Bosschère qui va philosophant à propos des métiers, rêvant, disant son mot ou ciselant sa page, parfois humoriste, plus souvent hanté de mélancolie métaphysicienne. Il écrit une langue très pure, un peu insistante et incisive, comme si tout le livre était tracé au burin sur des pages de bois ; son trait est net, il n’a pas de couleur mais un accent et un timbre. Il nous raconte le potier, le jardinier, le poète, le maçon, l’horloger, le boulanger ou le savetier, le menuisier et le graveur, le sculpteur ou le maraîcher. Pour lui tous les métiers sont divins, et il a bien raison, et ils le sont autant les uns que les autres en ce sens que chacun condense exactement autant de victoires sur soi-même et d’amour en ceux qui les exercent. Et comme tout est signes de signes, il n’est pas de geste professionnel qui ne soit au moins riche en allusions au Métier Divin par excellence, celui de l’homme obtenant ingénieusement sa vie de la Nature à force de cogitation et de labeur, sous toutes sortes de formes, applications des clauses innombrables de ce contrat unique.
l'éternité
Jean de Bosschère se réfère à ce contrat pour dé- couvrir, dans chacun des métiers modestes dont la cohésion docile et l’exercice consenti nous font vivre, la part de noblesse et la species æterni, avec un respect ému pour les vieilles trouvailles qui fondèrent le bien-être et créèrent le cadre de notre existence civilisée. C’est à chaque page qu’il constate le charme de ces menuailles dont nous avons tous besoin et les annote de joliesses verbales, d’une préciosité archaïque, et parfois avec beaucoup de force. Ce n’est pas un impressionniste : l’évocation chez lui naît d’une attention minutieuse et de la volonté d’aller au profond et de bien tout situer. Écoutez ce qu’il dit du batelier de vos cités :
le moine maraîcher
« Et voici le batelier qui entre dans la cave des villes. Quai dans la ville lasse et mourante ; c’est le quai arrêtant l’ossuaire de la Grand’Place. Et à ses bases, la rivière se traîne entre deux murs spongieux, vaincus par l’érophile odorant la fleur de radis, le musc, la charogne et la tubéreuse. – Une rivière roulant nul murmure, passe sans réveiller la ville pas habitée, sauf par ce chien jaune flairant le panier du poissonnier. – Le batelier près du quai reconnaît l’heure à cette ombre s’avançant, qui peint en vert l’eau malade, et il attend que la peinture atteigne aux marches du caverneux escalier. Dès lors, il le sait, l’ombre bleue prendra le quai où rien ne remue ; puis les femmes avec des seaux grinçant comme les grues effarées descendront l’escalier sonore. Comme les moules vernies frapperont dans les seaux de fer, les couvents où le pain des prières est cuit, l’église, cheminée mystique, diront le ramage connu du repos de sept heures. – Le batelier attend les acheteurs soucieux et les rauques marchandes au gosier criant à la manière des sonnettes. Il reçoit les minutes incolores dans sa barque, grenouille brune gonflée de moules, et chargée des baumes odorant la mer vivante et le goudron.
il traduit le manuscrit (l'imprimeur)
« Les vieux pêcheurs se taillent la barbe grise en bandeau laineux et court. Leurs masques de cuivre jaune sont de naïves lunes dans une fraise de chimpanzé. Leurs yeux blêmes, au travers de quoi nous revoyons l’Océan qui peint ses marines, enfoncent leur regard dans l’eau au pied du mur vert, et les glissent jusqu’à la vase bitumeuse. Sur la vase gisent un arrosoir, une cruche, un éclat de miroir. – Le miroir est un mime implacable. Du fond des eaux il continue de peindre. Vous y découvrez, en miniature, le beffroi du XIVe siècle, les tympans des maisons, celle du notaire avec les bustes au fronton, l’autre où l’épicier vit pour vendre, la dernière qui est la bicoque du vannier. Voguant sur cette peinture de Memling, des essaims de poissons, comme un vol d’hirondelles automnales, strient de vergettes les pains de sucre bleuâtres, les paniers blancs, les bustes prétentieux.
le fabricant de jouets
« Le batelier attend, assis dans sa barque. La barque est la petite-fille de la terre ; les hommes industrieux sont ses pères. – Maintenant, la barque et l’eau se reposent parmi les ombres glauques : tout y plonge, immobile et vert, comme les simples d’une panacée dans les bouteilles d’herboristes.
« Ores, l’instant appartient au pêcheur de moules. Il lève la tête jaune et blanche, – dégourdit ses mains de vieux cuir et sonnant comme un chapelet de bobines. Et, enfin, les cloches parlent, et font accoucher chaque maison d’une femme portant un seau ou une marmite.
« Ensuite, l’homme au collier laineux a fini sa journée. Dans sa pipe il y a une perle de corail, et le soir, comme un peuple d’ombres roses semble naître de la pipe chaude du batelier.
« L’eau se fleurit de nénuphars rouges, et le pélican ensanglanté verse son sang de poète sur les hommes. »
le mosaïste
Je ne pouvais pas fragmenter la citation : le morceau se tient trop bien. Il est onctueux, et doré, et compact, comme un intérieur d’Henri de Braekeleer, à la fois largement et minutieusement peint. Certaines notations abstraites y font parfois songer à la manière du capricieux et séducteur poète en prose qu’est Saint-Pol-Roux, encore un parent intellectuel de Jean de Bosschère : mais ils n’ont en commun que la sûreté du trait, et l’autre est provençal, et celui-ci est bien de chez vous, orchestrant avec calme ses tonalités assourdies et mettant tout en place. Comme la vision s’ordonne bien, que cela sent le soir, le silence et l’eau ! Je pourrais vous citer le petit tableau du moine maraîcher, qui est ravissant et que seconde un bois non moins agréable, ou la note si fine et si juste prise en regardant le menuisier, ou celle sur la dentellière « qui pique son tableau de neige », ou d’autres… Mais j’aimerai mieux ne plus rien citer, parce que je gâterais votre joie à lire, et vous ferez très bien de lire et je souhaite vous le persuader, certain que vous goûterez vivement ce doux livre violet, et qu’il fera dans votre bibliothèque intime une complémentaire utile au jaune des autres volumes. Ce n’est pas un volume, c’est bien un livre, c’est-à-dire un objet d’art par la forme matérielle et la forme mentale, ce que ne sont plus les volumes, malheureusement. On se repentira tellement, un jour, d’avoir oublié que les livres, qui enferment la plus rare des joailleries, ne devraient pas être laids, et que le devoir de l’écrivain dure, au-delà du manuscrit livré jusqu’à la minute où la main d’autrui saisira son œuvre ! Ce jour-là, des feuillets comme ceux-ci attesteront une pitié et leur valeur sera grande. Jean de Bosschère est un artiste pieux. J’aime beaucoup Jean de Bosschère pour son caractère, son talent et la ferveur de son âme. Je ne l’ai jamais vu.
Camille Mauclair
L'Art Moderne, 19 octobre 1913
envoi de L.F. Céline à Jean de Bosschère sur un exemplaire de L'Église
les illustrations figurent dans Métiers divins et Le Bourg
Le coutelier
(Le Bourg)
La mâchoire est le couteau d’Adam. Le coutelier a imité ce couteau. Il n’a rien fait de plus.
Court et large, le couteau se précipite dans la chair. Le couteau splendide est la limite infranchissable de la puissance de l’homme.
L’assassin ou le soldat a des dents aiguës et dix ongles durs comme des griffes. Mais dans la paume de sa main il tourne le manche d’une grande griffe d’acier : c’est le poignard bleu.
Sec comme du sable, il appelle le sang.
Jean de Boschère, Don Quixote de la Mancha