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pays-bas - Page 18

  • L’autre Van Dongen

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    Jean van Dongen,

    sculpteur et céramiste

     

     

     

    1 famille Van Dongen.jpg

     

     

    Statue en plâtre, coll. part., © xdl-Vieux Marly 2011 

    JeanvanDongen-StatuePlâtre.pngDans une étude récente – publiée dans le cadre des célébrations nationales commémorant le 150e anniversaire de la naissance d’Aristide Maillol –, Anne Lajoix s’est penchée non sur le célèbre Kees van Dongen, mais sur un frère de ce dernier, Jan, dit Jean (1). L’historienne de l’art a exhumé quelques éléments biographiques relatifs à cet artiste qui, après avoir rejoint son aîné à Paris en 1904, passa une grande partie de sa vie à Marly-le-Roi. Appuyant son propos sur de magnifiques illustrations de créations peu connues, elle expose les deux facettes du talent de Jean : son œuvre de céramiste d’une part, son travail de praticien auprès de Maillol d’autre part : « C’est en 1922 qu’Aristide Maillol (1861-1944) fait la connaissance du sculpteur et céramiste Jean van Dongen, avec lequel il tisse des liens amicaux et dont il fait son principal praticien ‘‘taillant le marbre et cuisant les céramiques de ce dernier (Maillol) dans le four de son atelier situé à Marly-BustedeMaillol-JeanvanDongen.pngle-Roi, près de celui de Maillol’’. Selon Dina Vierny, Maillol, véritable solitaire qui ne choisissait que des praticiens sculpteur de métier, comme Rodin, a travaillé ‘‘très longtemps’’ avec lui. Il se peut aussi que les essais de Maillol en céramique aient créé une connivence avec Jean van Dongen. » (2)

    Buste de Maillol, par J. van Dongen

     

     

    AmazoneVanDongen.png

    C’est semble-t-il entre les années 1925 et 1935 que Jean van Dongen va acquérir un début de renommée. Ainsi, à l’occasion d’une exposition abritée par la galerie René Drouet, l’auteur Ernest Tisserand écrit dans L’Européen du 17 juillet 1929 : « Et c’est un véritable plaisir de trouver à côté de cette œuvre riche, colorée, pénétrante [celle de Herbo], les pièces céramiques de Jean Van Dongen. Grand monsieur, Jean Van Dongen ! Sculpteur savant, technicien instruit de tous les arts du feu, il est du Nord lui aussi – et il n’en est pas. Car son inspiration reste toute méditerranéenne. En regardant les chiens qu’il a sculptés, et exécutés lui-même dans les terres réfractaires qu’il affectionne, nous pensons au chacal Anubis […]. Les ressouvenirs ne sont chez lui que tradition, enseignement, formation. Il y a quelque chose de tout à fait jeune dans sa facture, bien plus, quelque chose qui, sans emprunt direct, n’oublie pas cependant ce que ce siècle doit à cinquante ans de rénovation céramique. Car, sculpteur ou potier, Jean van Dongen est avant tout un céramiste. Il sculpte en fonction du feu. Il tourne ses modèles en fonction de ce qui fait la vie moderne. Décorateur né, il veut que son décor, pour discret qu’il soit, éclate nettement sur la douce matière de sa terre. Et nous mettons très haut certains plats aux poissons, certains vases très calmes où quelques filets d’un noir métallique CoupeCachePotAuMasqueVanDongen.pngconfèrent une vie réellement palpitante à la belle matière vitrifiée par le feu. Aussi bien, son amazone est célèbre, ses biches, ses serpents, sa tortue, ses paons. Mais recherchez ses pots et ses plats, où se conjuguent les plus méritants efforts, les plus louables réussites. »

    Coupe cache-pot au masque© coll. part.

      

    NRC, 5 mai 1927 (PDF)

    JanvanDongenTeParijs-NRC.pngTant en France qu’aux Pays-Bas, la presse s’intéresse en effet un tout petit peu aux travaux de ce frère qui restera néanmoins toujours dans l’ombre de Kees et que ce dernier ne semble pas avoir particulièrement mis en avant – si ce n’est parfois à travers ses propres œuvres, en l’invitant à occuper une modeste place à ses côtés (3) ou sans doute en l’introduisant dans les cénacles mondains. On trouve par exemple trace de Jean dans l’Algemeen Handelsblad à l’occasion de la « fermeture » de l’Exposition internationale des Arts décoratifs et industriels modernes (1925) ; évoquant les travaux qu’entraîne la fin de cette manifestation réussie, le correspondant néerlandais du quotidien revient sur les difficultés financières que rencontre le couturier Paul Poiret, difficultés d’autant plus criantes que ses trois péniches ont été boudées par le public : « le beau chien berger de Jo (sic) van JeanvanDongenVase.pngDongen (le frère de Kees, dont les céramiques originales étaient utilisées sur les péniches ; il les cuit lui-même dans un four qu’il a installé quelque part dans la banlieue ouest de Paris) à l’entrée de la péniche Amours n’avait plus rien à surveiller depuis un moment déjà puisqu’on avait arrêté prématurément l’exploitation de l’embarcation » (4).

     

    JeanvanDongen-Sumatra.png

    De Sumatra Post, 9 juin 1927

     

    Vase cornet à décor d'un bois ombragé

    où s'amusent des personnages

    VanDongenVaseCornet.pngAu printemps 1927, Jean van Dongen expose des céramiques à La Crémaillère, ce dont le De Sumatra Post (« Jan van Dongen », 9 juin 1927), Le Petit Parisien (Vanderpyl, « Salons et expositions », 3 mai 1927) ou encore le NRC (« Jan van Dongen te Parijs », 5 mai 1927) se font l’écho : si le correspondant de ce dernier journal émet quelques réserves relativement à l’inspiration de l’artiste – Fritz-René Vanderpyl parle lui de « l’élégant et ingénieux Jean van Dongen » –, les visiteurs ont tout de même pu admirer une tortue, un serpent (lampe en forme de vase), un paon (lampe), des oies (vide poche ; différents exemplaires), diverses pièces de vaisselle ainsi que des sculptures dont La Biche.

    AH, 27 décembre 1928 (PDF)

    JanvanDongen-AH-27121928.png« Werk van Guus en Jan van Dongen [Œuvres de Guus et Jan van Dongen] » titre de son côté l’Algemeen Handelsblad le 27 décembre 1928 : à la galerie Margouliès et Schotte, 27 rue Saint-Georges, Guus, l’épouse de Kees expose des toiles (que le journaliste n’apprécie guère), et Jean certaines de ses œuvres « séduisantes et particulièrement réussies » : faon délicat, cheval robuste, chat se prélassant et des vases dont un grand figurant des caravelles de l’époque des croisades. En 1929, La Semaine Parisienne mentionne son nom comme exposant ; de même Le Petit Parisien du 26 mars 1931, à propos d’une exposition de poteries chez Javal et Bourdeaux. En novembre 1932, le mensuel Ons Eigen Tijdschrift lui consacre quelques pages (p. 21-23) sous la plume d’un certain Van den Eeckhout : « Jan van Dongen, pottebakker » [Jean van Dongen, céramiste]. Anne Lajoix mentionne encore : « Bij den broer van Kees Van Dongen [Chez le frère de Kees van Dongen] », article paru dans De Telegraaf du 24 décembre 1933.

     

    DongenBroer1933.png

     

    Jarre aux poissons, coll. part.

    9.jpg« Puis, nous dit l’historienne, c’est le grand silence : plus d’articles, plus de traces. La seule chose que nous sachions est, qu’après la Seconde guerre, il a donné des dessins ou des projets pour un décor de service en porcelaine chez Bernardaud à Limoges. Jean van Dongen rencontrait un vif succès auprès des amateurs américains. Aujourd’hui ses œuvres figurent au Musée promenade de Marly, au musée national de Céramique de Sèvres, au Musée national Picasso, à Paris, et dans quelques collections privées. De temps à autre, ses céramiques et ses sculptures apparaissent sur le marché de l’art, comme cet autoportrait en plâtre d’une hauteur de 52 cm, aux États-Unis le 2 février 2008 ou bien à l’Hôtel des ventes de Paris. Les quelques pièces que nous connaissons portent la marque d’une inspiration puisée aux répertoires des arts exhumés par l’archéologie à l’époque, même certains thèmes comme son Amazone exposée en 1929. Si les formes des plats, des coupes ou des vases, sont relativement traditionnelles, les décors peints toujours stylisés (lignes ondées, enroulements, damiers ou hachures) irradient de modernité par les couleurs d’un grand raffinement, des bruns, des noirs, des jaunes et des bleus. En revanche, certaines interprétations du règne animal sont parfois surprenantes hormis quelques belles réussites comme sa boîte cobra. »

     

    VanDongenVagues.png

    Plat au décor de poissons et vagues, coll. Musée-promenade

    de Marly-le-Roi/ Louveciennes, © MPML-Brejat Harry

     

    Un grand silence, une existence passée dans la discrétion. L’entretien qu’a eu en 1968 la journaliste Jo Manassen (1918-2004) avec Dolly, la fille de Kees, nous apprend peu de choses si ce n’est que Jean van Dongen entretient de très bonnes relations avec sa nièce – elle possède certaines de ses œuvres chez elle, des statuettes –, laquelle l’aime beaucoup et lui JeanvanDongen-Vase.pngrend souvent visite à Marly. Dolly regrette de ne plus voir son père. Elle raconte que c’est Jean qui a été steward sur un bateau naviguant vers l’Amérique, et non pas Kees comme le veut la légende (5).

    L’époque est loin où la petite Dolly posait pour son père et où Jan était « chez lui » chez son frère.

    Vase cornet en céramique polychrome à décor de motifs géométriques

     

    La presse hollandaise, qui ne semble pas même avoir signalé la disparition de Jan van Dongen en 1970, nous livre malgré tout de temps à autre quelques données fragmentaires. En 1975, une partie de la collection de J. Heijberg, ancien professeur à l’académie de Rotterdam où Kees a suivi des cours, est vendue : des dessins et des aquarelles de l’aîné, mais aussi une photographie représentant celui-ci – tenant un chat – avec son frère et Guus (6).

    PèredesVanDongen.pngEn 1976, le musée De Dubbele Palmboom de Delfshaven a hérité d’un portrait en bronze de 1917 représentant Johan van Dongen, réalisé par son fils Jean. Il appartenait à Mme A. Dahme qui en a fait don au musée. Le père de Mme Dahme a suivi des cours aux Beaux-Arts avec Kees van Dongen. Les deux familles étaient liées. Mme Dahme a très bien connu Jean : « Certes bien moins célèbre que son frère, il n’en était pas moins un grand artiste. » (7)

    Dolly van Dongen, 1987

    DollyvanDongen1987.pngLe 1er juin 1987, le journal Het Vrije Volk redonne la parole à Dolly. Sous le titre « Kees van Dongen, de allergrootste [Kees van Dongen, le plus grand de tous] », Joris Boddaert relate en effet sa rencontre avec Antonia van Dongen alors que celle-ci effectue un bref séjour à Rotterdam à l’occasion de l’inauguration d’une stèle représentant son père, réalisée par Willem Verbon (1921-2003). Ce sculpteur en profite pour préciser au journaliste : « D’ailleurs, saviez-vous que son frère Jan était lui aussi un immense artiste, certes dans un autre domaine ? Ce Jan a commencé comme céramiste. KeesvanDongenParVerbon.pngKees l’a fait venir à Paris où il a travaillé au service du marchand d’art Vollard. Une chose que presque personne ne sait : il a ‘‘agrandi’’ les sculptures de personne de moins que Maillol, le continuateur de Rodin. Les jardins du Louvre en regorgent. Cet ‘‘agrandissement’’, c’est une technique particulière que peu d’artistes maîtrisent. Jan est au moins aussi intéressant que son frère. »

    D. Cunin

     

    Kees van Dongen, par W. Verbon, relief, détail 

     

     

     

    JvanDongen-PlatauPoisson-Sèvres.png

     Plat au poisson, Sèvres, Musée national de Céramique

     

    (1) « Jean van Dongen (1883-1970) praticien d’Aristide Maillol et céramiste », Le Vieux Marly, 2011, p. 78-103.

    (2) Anne Lajoix, art. cit., p. 80.

    J. van Dongen, Plat creux

    PlatCreuxVanDongen.png(3) Dans le quotidien néerlandais De Telegraaf (31/10/1907), le critique et peintre Conrad Kickert commente une exposition qui a lieu au Cercle artistique de Rotterdam. Il relève quelques noms dont celui de Cees (sic) van Dongen qui expose entre autres un portrait luministe de Jan van Dongen tendant à rendre le caractère de la personne dans une gamme de bleus. L’année suivante, le publiciste Alexandre Cohen mentionne Jean – qui présente un buste de son frère « méritoire et très expressif » – à l’occasion d’une grande exposition (90 œuvres environ) chez Bernheim, à Paris : « Kees van Dongen 1892-1908 » (De Telegraaf, 6 décembre 1908). Anne Lajoix mentionne que Jean a également « exposé au côté de son frère Kees, chez Bernheim », en 1913.

    (4) « De tentonstelling gesloten », Algemeen Handelsblad, 13 novembre 1925.

    Nuenbronze-VanDongen.png(5) Jo Manassen, « Kees van Dongen in de ogen van zijn dochter », Het Vrije Volk, 4 mai 1968.

    (6) « Herinneringen aan Parijse Kees », De Telegraaf, 24 avril 1975.

    (7) « Dubbele Palmboom : ‘‘Van Dongen’’ », Het Vrije Volk, 6 avril 1976.

     

    Nu, bronze 

     

     

     

     

  • La grande inondation de février 1953

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    Un témoignage français*

     

     

    Retour sur la catastrophe qui a frappé les Pays-Bas

    voici plus de soixante ans

     

     

    Tempête et inondations en Angleterre, en Belgique et en Hollande

      

    Dans la nuit du samedi 31 janvier au dimanche 1er février 1953, 175 000 à 200 000 hectares de terres hollandaises disparaissent sous les eaux. La catastrophe qui coûta la vie à 1836 personnes dans le sud-ouest du pays (on dénombra aussi des victimes en mer, en Belgique et en Angleterre), est gravée dans la mémoire collective batave. Cet évènement a donné lieu a une abondante littérature de la part des météorologues, des spécialistes des digues, des historiens ainsi que des hommes et femmes de lettres, dont un des sommets est sans doute le récent roman de Margriet de Moor, De verdronkene (La Noyée, 2005).

    CouvMoorCatastrophe.pngTraduite en plusieurs langues, mais malheureusement pas encore en français, cette œuvre nous plonge de façon saisissante en plein drame**. Nous avons retrouvé de nombreuses images, ainsi que le climat dans lequel évolue l’héroïne Lidy, dans la bouche de Claude Hoffert qui nous a rapporté, de façon tout à fait incidente, ce qu’il a vécu les 2 et 3 février 1953. Âgé de 22 ans à l’époque, ce natif de Strasbourg effectue son service militaire comme aspirant au sein d’une unité d’élite de Romainville (région parisienne) dépendant du 401ème Régiment d’Artillerie Antiaérienne. Prévenues semble-t-il dès le 1er février, en fin de journée, les autorités françaises décident d’envoyer des militaires, en particulier des soldats du service du génie. Mais quelqu’un pense aussi aux artilleurs sol-air du 401° RAA, surnommés les « pisse en l’air », qui n’ont rien à voir avec les sapeurs. Au 401°, on confie à un appelé, l’aspirant Hoffert, la tâche de former un convoi. Pourquoi ? Parce qu’un dimanche, ce sont essentiellement des appelés qui sont sur place ; d’autre part, ce dernier est sans doute l’un des rares à parler plusieurs langues : en plus d’être bilingue français-allemand, il s’exprime aussi en anglais. En très peu de temps, l’Alsacien doit former un groupe composé essentiellement de chauffeurs ; même s’il ne peut se faire la moindre idée de la situation dans laquelle il va se retrouver le lendemain, il comprend qu’il aura besoin d’hommes ayant l’esprit pratique. Aussi se rabat-il sur les jeunes chauffeurs de bus parisiens qui remplissent eux aussi leurs obligations militaires. N’ayant reçu que des instructions sommaires, il prépare un convoi comprenant 15 chauffeurs de bus pour conduire des GMC (plus 3 chauffeurs suppléants), 1 chauffeur de camion-citerne et 1 chauffeur de Dodge avec un radio à son bord, qui sont tous des appelés plus jeunes que lui. Le convoi dont il prend la tête se met en route le lundi 2 février et roule une bonne partie de la journée, « les camions chauffaient ». Claude Hoffert ne se souvient pas de la commune où le groupe dont il a la responsabilité arrive en fin de journée en Hollande. Les noms des localités hollandaises ne sont guère faciles à retenir ; qui plus est, plus d’un demi-siècle s’est écoulé. Étant en contact radio avec le P.C. hollandais, le détachement est dirigé par deux motards de la police jusqu’à un lieu, au milieu des eaux, aussi près que possible des digues. En ce lundi soir, cette vingtaine de jeunes français se retrouve brusquement au milieu de l’enfer.

    CouvMoorCatastrophePoche.pngLes images que nous montrent les actualités de l’époque ont été filmées pour la plupart un ou deux jours plus tard, une fois la tempête et le raz-de-marée calmés. Elles restituent la dévastation, le travail des sauveteurs, la détresse des survivants, mais pas la nuit, ni la pluie, ni la neige, ni le déchaînement des éléments. Elles ne nous font entendre ni le grondement de la mer, ni le vent, et ne nous font pas sentir non plus le froid. Tout ce que recrée précisément de façon magistrale le roman Une catastrophe naturelle en plus de l’angoisse terrible éprouvée par les gens qui ont été pris dans l’ouragan et emportés par les eaux, par ceux qui se sont réfugiés sur un toit. La peur, Claude Hoffert et ses hommes vont la ressentir toute la nuit : « La gouaille parisienne avait disparu », dit-il à propos de ses première et deuxième classes. Mais que fait au juste son unité en Hollande, seule, avant que d’autres troupes françaises – les soldats du génie – n’arrivent le mardi matin à Roosendaal ? Quelle peut être la mission d’un détachement d’un régiment d’artillerie antiaérienne au milieu de ce cataclysme naturel qui tourne au scénario catastrophe à cause de la rupture des digues ?

    Douze des quinze GMC convoient sur une remorque un projecteur antiaérien ainsi qu’une génératrice (les 3 autres transportent des pièces de rechange). Bien entendu, il ne s’agit pas cette fois pour les militaires de diriger le faisceau lumineux de leurs projecteurs vers le ciel pour repérer des avions. On leur demande d’éclairer au ras du sol, sur dix à quinze kilomètres, le paysage dévasté, noyé, en direction de la mer, afin que les secours puissent travailler de nuit, que militaires et volontaires hollandais puissent consolider tant bien que mal les digues. Car il semble bien qu’avec l’obscurité, plus rien n’ait été possible dans la quasi-totalité des endroits sans un tel type d’éclairage. Or, ce genre de projecteurs était apparemment très peu répandu dans les armées qui sont intervenues. Si le génie était doté de moyens d’éclairages conséquents, ils étaient sans commune mesure pour ce qui est de la puissance et de la portée à ceux du 401° RA. Ces projecteurs moins puissants, les militaires néerlandais paraissent les avoir utilisés pour orienter les hélicoptères qui voulaient se poser ou CouvParisMatch1953.pngencore pour éclairer les digues, mais sans doute après-coup, ainsi que semble le montrer la photo pleine page publiée dans le n° 205 de Paris Match : « Du village d’Halsteren (province du nord Brabant), un projecteur surveille de sa lumière bleutée des kilomètres de digues » (p. 23).

    Claude Hoffert commence par installer 4 projecteurs sur la digue d’acheminement sur laquelle son convoi s’est engagé de manière à permettre aux pompiers de colmater au loin une digue avec des sacs blancs. En retrait, il place ses deux autres batteries de 4 projecteurs de manière à éclairer le rayon le plus large possible sur une distance de 15 km, autrement dit il les place en position « divergente » pour qu’ils éclairent à gauche et à droite, la troisième batterie élargissant l’étendue éclairée par la deuxième. Chaque projecteur est placé devant le GMC. La pluie est incessante, des vagues viennent lécher la chaussée surélevée, des bourrasques secouent hommes et matériel. L’aspirant décide alors de relier chaque remorque à son camion avec un treuil. Si le détachement dispose d’un camion-citerne pour assurer son autonomie et de pièces de rechange pour faire fonctionner projecteurs et génératrices, les hommes sont pour leur part mal équipés : ils n’ont pas de vêtements de pluie, ils n’ont rien à manger ni à boire. La logistique française sur laquelle ils comptaient n’a pas suivi. De nombreux témoignages prouvent d’ailleurs que les opérations de secours se sont déroulées dans la pagaille, tant l’ampleur de la catastrophe a surpris.

    Digue rompue © Beeldbank V en W

    Watersnoodramp_1953_dijkdoorbraak_Den_Bommel.jpgL’aspirant fait marcher les batteries en utilisant 60% de l’essence dont il dispose. Toutes les 40 minutes, il faut changer le charbon + de chaque projecteur, ce charbon qui génère la flamme sur le miroir d’acier. Pour cette opération délicate, les soldats disposent d’un équipement particulier et de lunettes spéciales. La tâche est bien entendu compliquée par les conditions météorologiques. Entre minuit et une heure du matin, celles-ci empirent. Sur leur langue de terre, les militaires risquent leur vie. Ils souffrent du froid, sont trempés jusqu’aux os. Sur sa droite, Claude Hoffert voit des digues s’écrouler. Les autorités civiles et militaires hollandaises lui donnent l’ordre de tenir, mais devant le danger qui se précise, il prend la décision de faire marche arrière : « Nein, ich gehe zurück. » Il n’a pas alors la possibilité d’établir le moindre contact radio avec Paris. Grâce au radar qui permet de repérer en principe les avions, il sait avant tout le monde à quelle distance se trouve la mer : il sait qu’elle ne cesse de se rapprocher, qu’elle n’est plus qu’à 10 km. Les soldats français voient au loin des bateaux pneumatiques projetés en l’air ainsi que les sauveteurs qui sont à leur bord ; dans ces sortes de Zodiacs, ces hommes transportent des sacs de sable. Ils voient aussi les fermes disparaître en totalité ou en partie sous les eaux, flotter des cadavres de vaches et de chevaux, ils entendent les cris de détresse. Au milieu des eaux, sur la digue d’acheminement perpendiculaire aux digues de protection, les GMC ne peuvent faire demi-tour. Aussi l’aspirant fait-il « riper » en marche arrière la première position de 500 mètres à 1 km, puis la deuxième, puis la troisième, le tout en catastrophe. Quand la première effectue son retrait, l’eau environnante éclabousse déjà les projecteurs. Pendant cette opération de repli, les projecteurs restent allumés. Le reste de la nuit se passe dans les mêmes conditions : Claude Hoffert fait reculer ses batteries de projecteurs à tour de rôle de 500 mètres en 500 mètres, tout en essayant de continuer d’éclairer en permanence les digues ou ce qu’il en reste. À un moment donné, il n’y a en effet plus aucune digue au loin. La digue d’acheminement sur laquelle les soldats se trouvent disparaît elle aussi progressivement sous l’eau.

    Jan de Hartog, De kleine ark (1953), roman

    CouvHartogArk.pngDes centaines de fois cette nuit-là retentit le « Verdami ! » alsacien ; l’aspirant et ses hommes craignent bien entendu que la violence des éléments ne vienne la rompre à un endroit qui empêcherait tout repli. Quand le jour se lève, les ¾ de cette digue sont sous les eaux. Eux-mêmes ont reculé sous la pluie et la neige jusqu’à ne plus être très éloignés de la terre ferme. Le matin, alors que les autorités hollandaises souhaitent que son unité reste, l’aspirant reçoit de Paris l’ordre de rentrer. Cette action lui vaudra les félicitations de ses supérieurs.

                                           

                                                                        Daniel Cunin

     

     

    La Petite arche, traduction française de De kleine ark

    HartogArche.png* Publié dans la revue Deshima (n° 2, 2008), ce texte est basé sur le témoignage de Claude Hoffert ; alors que nous nous entretenions de choses et d’autres, j’ai évoqué le roman De verdronkene que je venais de lire et la forte impression laissée par les descriptions de la catastrophe de février 1953 ; c’est à ce moment-là qu’il m’a dit avoir vécu de près ce drame. C’est la première fois, en plus de 50 ans, qu’il évoquait ce souvenir. Il n’a jamais cherché à se documenter sur la question. Le rapport qu’il a rédigé à son retour, début février 1953, se trouve peut-être dans les archives de l’armée.

    ** La traduction française a paru depuis : Margriet de Moor, Une catastrophe naturelle, Libella/Maren Sell, 2010.

     


     

     

     

  • Un poème de Bredero (1585-1618)

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    Un sonnet en français

      

    Bredero, poème, théâtre, Amsterdam, Pays-Bas, comédie

    Seul portrait connu de G.A. Bredero

    (gravure de Hessel Gerritsz., 1619)

     

     

    Fils d’un cordonnier relativement aisé d’Amsterdam, Gerbrand Adriaensz. Bredero a été surtout connu de son vivant comme auteur de théâtre. Sa comédie Spaanschen Brabander (Le Brabançon espagnol, 1617) est particulièrement savoureuse : « la pièce vaut par son réalisme intense. Adaptés ou inventés, les personnages sont pétillants de vie : petits vieux à l’esprit caustique, fossoyeur, fileuses babillardes, exempts à la main lourde… Chacun parle le langage qui convient […] Le comique revêt des aspects très variés, depuis la gaudriole jusqu’à l’humour le plus fin* ». « Il veut peindre le vice avec assez de relief pour le faire détester », a-t-on pu écrire à son sujet. Ce qui est sûr, c’est que l’Amstellodamois n’avait aucun rival dans le genre de la farce.

    Même s’il disait ne posséder que quelques rudiments de français : « een slechte Amstelredammer (die maar een weynich kints-School-frans in 't hoofd rammelde) », ceux-ci lui ont permis d’adapter en néerlandais la tragicomédie Lucelle de Louis Le Jars (1576), de traduire de la poésie, de s’inspirer d’une traduction française de L’Eunuque de Térence pour composer une de ses meilleures comédies : Moortje (La Petite Négresse, 1615) ou encore d’écrire le sonnet – certes pas forcément irréprochable – que nous reproduisons ci-dessous (extrait du volume posthume Groot Lied-Boeck).

     

    * Pierre Brachin, La Littérature néerlandaise, Armand Colin, 1962, p. 43-44.

     

    Bredero, poème, théâtre, Amsterdam, Pays-Bas, comédie

    Journal des Arts, des Sciences et de Littérature, 15 Messidor an 13

     

     

    SONNET

     

    Orsus Adieu Amour, adieu Espoir & Crainte,

    Vous troubleras non plus mon Ame ni mon Cœur.

    Alors, je prie toy mon Dieu & mon Sauveur !

    Allumez mon Esprit d’Amour devot & Saincte :

     

    L’Amour du Monde n’est que tromperie & fainte

    Leger & inconstant, vollant, & sans valeur,

    Sans rayson, sans Conseil, accompagnie de peur,

    En amitie faus, contrefaict par contrainte.

     

    Mays l’Amour de vertu est seulement fondée

    A l’unique de la Divine Trinitée,

    Qui gouverne le Ciel, qui gouverne la Terre !

     

    O Pere eternel scrivez avecq tes doicts

    Au millieu de mon Cœur, tes belles bonnes Loys,

    Que je t'en puis servir d’un amour volontaire.

     

     

    Bredero, poème, théâtre, Amsterdam, Pays-Bas, comédie

    page de titre d'un ouvrage posthume de Bredero (1621)

     

     

     

  • Nono Reinhold

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    Œuvre graphique

     

     

     

    CouvNono2013.png

     

    En plus de 250 pages, le livre d'artiste Nono Reinhold, publié par Lecturis & Peter Foolen Editions dans une maquette de Wim & Remco Crouwel, propose un voyage à travers soixante années de gravure. Des notes consignées par Edy de Wilde, le mari de Nono Reinhold, ainsi que des poèmes de leurs amis Lucebert, Jean-Clarence Lambert, Bert Schierbeek et Simon Vinkenoog agrémentent les nombreuses reproductions. Le texte de la monographie est de la main d’Andrea Müller-Schirmer.

     


    Nono Reinhold au travail dans son atelier (2019)

     

     

    Curaçao I, 1969

    nono reinhold,gravure,livre d'artiste,poésie,pays-bas« Benjamine d’un couple de géologues, Nono Reinhold grandit près de Haarlem, dans la localité de Heemstede.
    Il ne fait pas de doute que la profession de ses parents l’influence. Son intérêt pour la géologie transparaît clairement dans les sujets qu’elle retient au cœur d’œuvres où l’on relève une fascination pour les surfaces qu’offrent la nature et les paysages. De 1947 à 1951, elle suit des cours d’architecture intérieure à l’Institut des arts d’Amsterdam (Instituut voor Kunstnijverheidsonderwijs). Dès cette période de formation, cherchant à rendre des espaces imaginaires, elle s’essaie aux techniques de l’impression et au collage. Toutefois, élaborer des éléments techniques et dessiner des plans ne lui dit trop rien ; aussi, au terme de ces années d’étude, elle décide de s’établir à Paris pour devenir graveur. Ses parents lui apportent leur soutien et, en octobre 1951, la jeune femme de 22 ans arrive dans la métropole, alors foyer de l’art européen. Au tout début, pendant trois mois, l’atelier du peintre d’origine russe Nicolas de Staël, à proximité du métro Montparnasse, lui sert de toit. Au cours des premières années qu’elle passe dans la capitale française, Nono Reinhold réalise entre autres des affiches pour les Galeries Lafayette et des dessins pour Mandril, mensuel satirique hollandais conçu sur le modèle du New Yorker, auquel collaborent également le peintre et poète Lucebert et l’écrivain Remco Campert. Ses dessins de cette période se caractérisent par de joyeuses lignes continues et dansantes.

    Terre de Pierres, 1961

    Nono Reinhold-TerredePierres-1961.pngJacques Houplain est son premier professeur. Ce graveur français né en 1920 est surtout connu pour les illustrations qu’il a faites de certains livres, par exemple une édition des Chants de Maldoror de Lautréamont. Auprès de lui, au cours d’une période relativement brève, Nono Reinhold apprend la technique classique de l’eau-forte. Parallèlement, elle se rend les jeudis soirs à l’Académie de la Grande Chaumière où elle suit les cours de dessin de Zadkine. Pour sa part, Stanley William Hayter (1901-1988), considéré aujourd’hui comme le fondateur des techniques modernes de la gravure, va avoir une importance capitale sur son évolution. »

    Andrea Müller-Schirmer

     

     

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    les plaques de Tombent les feuilles, 2012

     

     

    « Nono est un artiste graveur pur-sang. Sans transition, elle dirige sa pensée sur les possibilités qu’offre la plaque, le matériau lui-même. Ses eaux-fortes ne sont pas des dessins transposés sur la plaque, elles sont d’emblée conçues comme des gravures.

    […]

    Au cours du chemin qui mène à la métamorphose de la donnée d’origine s’interpose à chaque fois l’imagination. Jusqu’à la fin, la plaque reste le champ de nouvelles idées et associations, la plupart suscitées par la plaque elle-même. Par exemple, une pierre que Nono a trouvée quelque part et qui lui sert de point de départ, évolue progressivement en un paysage. Ou bien le sol gorgé d’eau, derrière la maison, se fait poétiquement pierre isolée dans l’espace, sillonnée sous l’effet du ruissellement de l’eau.

    Souvent aussi, le sujet retenu reçoit une signification ambiguë. Sur l’estampe, la feuille d’une plante se trouve être également une île au milieu d’un lac. Ou les lentilles d’eau se font, vues du ciel, gracieux archipel. » 

    Edy de Wilde

     

     

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    Tombent les feuilles, 2012

     

     

    Nono Reinhold

    Graphic work-Carvings-Prints

    An artist book by Nono Reinhold

     

    Author(s) 
Edy de Wilde & Andrea Müller-Schirmer 


    Language 
dutch-english-french 


    Pages 
264 


    Size 
295 x 225 mm 


    ISBN 
978-94-6226-014-6 


    Print/edition 
1e druk / first impression 


    Year 
2013 


    Photography 
Peter Cox

    Translations Daniel Cunin, Donald Gardner, Charles McGeehan, Beth O’Brien, Delphine de Pury & Laurens Vancrevel

    Publisher 
Lecturis & Peter Foolen Editions 


    Design 
Wim Crouwel & Remco Crouwel 


    Price 
€ 37,50

     

     

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     Nono Reinhold près de sa presse (photo : MHC, juin 2013)

     

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  • La Femme à la clé

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    Nouveaux romans de Vonne van der Meer

     

     

    Après Les Invités de l’île (intitulé La Maison dans les dunes avant sa parution en 10/18), Le Bateau du soir et Le Voyage vers l’enfant, les éditions Héloïse d’Ormesson ont publié un nouveau roman de Vonne van der Meer. La Femme à la clé (traduction : Isabelle Rosselin) a reçu un accueil chaleureux.

    Couv-Vonne-Femme-a-la-cle.jpg

    « Après la mort soudaine de son mari, sans expérience professionnelle aucune, ni ressources, Nettie, 59 ans, se trouva bien dépourvue... Femme au foyer, elle devait maintenant trouver un emploi, et vite ! Aussi, elle publia une annonce afin de proposer ses services de lectrice, variante des anciens Mitschlafer : ‘‘Femme, 59 ans, d'apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous vous endormiez. Discrétion assurée. Intentions sexuelles totalement exclues’’. Nettie reçoit immédiatement des propositions et le lecteur accompagne cette lectrice novice à la rencontre d'une palette hétéroclite, enfants, adultes, femmes, hommes, de personnages qu'elle aidera à s'endormir, certes, mais aussi à qui elle redonnera goût à la vie. Ils lui confieront la clé de leur intimité et elle saura en faire bon usage au même titre que sa propre clé ! Et comme cela passe par la lecture, que demander de plus, le bonheur quoi ! Un voyage empreint de douceur, de tendresse et d'humanité. » (source : ici)

     

    Vonne-SmallePad-4ème.png

    Vonne van der Meer, quatrième de Het smalle pad van de liefde

    (photo : Annaleen Louwes)


    « Tout commence avec une petite annonce passée dans le journal : ‘‘Femme, 59 ans, d’apparence maternelle, hanches larges, voix agréable, vient vous border et vous faire la lecture avant que vous vous endormiez. Discrétion assurée. Intentions sexuelles totalement exclues.’’

    C’est ainsi que Nettie, jeune veuve décide de prendre son avenir à bras le corps pour sortir de la douce neurasthénie qui s’installe dans son existence. Devenir lectrice, donner de la voix et aller à la rencontre des gens pour leur offrir une évasion immobile et une fenêtre sur le monde. Voilà une aventure courageuse pour celle qui va peu à peu pénétrer l’intimité de ses clients, et qui à travers la lecture va installer avec eux, des relations beaucoup moins linéaires que la posture de départ ne le laisserait penser.

    Le roman de Vonne van der Meer est d’une grande finesse dans sa manière d’aborder une histoire qui se veut ‘‘sans engagement’’. Tout comme Nettie qui pense au départ que cette aventure légère lui permettra de papillonner de livres en livres et de clients en clients, sans avoir à s’attacher ni aux uns ni aux autres, le lecteur se retrouve happé vonne van der meer,littérature,traduction,héloïse d'ormesson,pays-bas,isabelle rosselinpar les différentes strates de lecture que ce roman dévoile. Une subtile mise en abyme qui nous suspend au fil des différentes voix narratives.

    On suit avec intérêt l’évolution de Nettie et de sa reconstruction progressive au contact des souffrances des autres ; on se passionne pour chaque nouvelle, extrait de roman ou incipit, qu’elle lit à haute voix (celle du senior qui veut séduire une femme plus jeune le temps d’un dîner au restaurant et qui tourne au cauchemar est une vraie perle !) ; on s’attache à découvrir les non-dits et les secrets de famille de ses clients qui ouvrent eux aussi les pages de leur intimité et de leurs émotions au fil des rendez-vous. Un roman de femme pourrait-on dire, par la sensibilité complexe, à voix multiples, qui s’en dégage et les différentes approches que l’on peut faire de la lecture du roman et des lectures dans le roman.

    La traductrice Isabelle Rosselin n’est pas étrangère au plaisir de lecture du roman écrit en néerlandais par Vonne van der Meer. Elle donne la bonne musique des mots, et traduit parfaitement l’intimité des huis clos qui se jouent entre la lectrice et ses auditeurs, comme ce fut déjà le cas dans sa traduction notamment du Retour d’Anna Enquist. 

    Ce roman à tiroirs est aussi une belle manière de rappeler que la lecture à haute voix n’est pas un plaisir réservé à l’enfance. À la fois pudique et généreux, c’est un partage qui peut ouvrir bien des voix/voies…

    Un gros coup de cœur de cette rentrée littéraire dans le domaine littérature étrangère ! » (source : ici)

     

    CouvSmallePas-Vonne.jpgPeu après la parution de La Femme à la clé en France, les lecteurs néerlandophones ont pu découvrir le dernier roman de Vonne van der Meer : Het smalle pad van de liefde (Le sentier étroit de l’amour). Ou comment une femme renonce à l’homme dont elle s’éprend afin de sauver son mariage, sa famille, comment elle surmonte jalousie et ressentiments à travers la découverte d’autres désirs que ceux qui nous submergent dans la passion amoureuse. Une histoire pleine de tact qui se déroule entre Pays-Bas et Auvergne.



    Vonne van der Meer à propos de son dernier roman

    (l'entretien dans son intégralité : ici)