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pays-bas - Page 28

  • Un collectionneur des œuvres de W.F. Hermans

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    Collectionneur des livres de l’auteur Willem Frederik Hermans depuis les années 1970, je suis ravi de voir paraître de nouvelles traductions de ses œuvres. Avec un peu d’espoir, quelques détails concernant cet auteur intéresseront les lecteurs de ce blog.

     

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    Kussen door een rag van woorden,

    poèmes, 1944.

    1er livre de W.F. Hermans,

    publié à compte d’auteur, 30 exemplaires.


    W.F. Hermans (1921-1995) fait partie de ce qu’on continue d’appeler en Hollande les « Trois Grands » avec Harry Mulisch et Gerard Reve. Grand romancier, il était aussi un excellent polémiste redouté au point que beaucoup de ses collègues ainsi que le gratin politique vérifiaient en premier lieu l’index des personnes citées dans ses pamphlets afin de s’assurer qu’ils… n’y figuraient pas. Aujourd’hui, quinze ans après la mort de Hermans, les mêmes regrettent désormais de ne pas s’y trouver mentionnés. Farouchement individualiste et frondeur, Hermans a écrit un jour l’une des phrases le caractérisant le mieux : « S’il y avait un Au-delà, je ne saurais pas qui j’aurais envie d’y rencontrer… » Il avait le secret des aphorismes aiguisés. En voici deux pris au hasard :

    « La caractéristique de tout sacrifice, c’est qu’il part en fumée. »

    « Je crois que c’est par inattention que les gens sont optimistes. »

    Parmi ses romans les plus connus figure La Chambre noire de Damoclès (1958), que Daniel Cunin a traduit pour Gallimard en 2006. Et en 2009, chez le même éditeur et par le même traducteur, est enfin sorti ce que je considère à titre personnel comme son meilleur roman : Ne plus jamais dormir (1966). Outre nombre de nouvelles, les autres romans potentiellement intéressants pour le public francophone s’intitulent Les Larmes des acacias (1949), Entre professeurs (1975) et Au Pair (1989). En ce qui concerne ces trois derniers romans, des traductions existent en anglais et allemand, mais les francophones devront s’armer de patience (jusqu’à quand ?).

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    Misdaad stelt de wet, De Motor, 1945-1946,

    roman policier de W.F. Hermans,

    publié sous le pseudonyme Fjodor Klondyke.

    Il devait en écrire trois autres dans la même collection : De leproos van Molokaï, Misdaad aan de Noordpool & De demon van ivoor, avant de publier sous son nom une première œuvre en prose : Conserve (1947).

     

    Point commun entre les différents romans de Hermans : les antihéros ou ce qu’on appellerait aujourd’hui des losers. Thème de prédilection : les gens sont nés pour tromper les autres, ils sont peu fiables et ont pour principale occupation de mettre des bâtons dans les roues des autres. A priori, tout cela semble bien sombre, mais quand c’est fait avec de l’humour grinçant et – surtout – quand l’histoire est brillamment construite, ça marche… Saupoudrés de phrases mythiques, ses livres continuent aujourd’hui d’être inscrits au programme des lycées aux Pays-Bas.

    Ses relations avec les éditeurs néerlandais ont toujours été houleuses, ses rapports avec les traducteurs et les éditeurs étrangers ont souvent été catastrophiques. En 1962, les éditions du Seuil sortent une première traduction de son roman La Chambre noire de Damoclès, qui contient quelques erreurs dont une particulièrement grossière. Rebelote pour la traduction en anglais du même roman la même année : The Darkroom of Damocles. Autre traduction, autres erreurs. W.F. Hermans décide aussitôt d’interdire toute traduction future en français et en anglais. Ces deux traductions se vendent d’ailleurs très mal à l’époque, et font aujourd’hui le bonheur des collectionneurs - dont l’auteur de ces lignes. Ce n’est qu’après sa mort en 1995 que le nombre de traductions « a repris l’ascenseur ».

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    Beyond Sleep, Uncorrected Proof, traduction américaine de

    Ne plus jamais dormir (Ina Rilke), épreuves avant impression finale,

    Overlook, 2007.

     

    Hermans quitta la Hollande dans les années 1970 pour s’installer à Paris. Il enseignait auparavant la géophysique à l’Université de Groningue, mais on lui a reproché de consacrer plus de temps à ses écrits qu’à ses étudiants. N’oublions pas qu’on se situe ici dans une époque post-soixante-huitarde où les manifestations estudiantines étaient fréquentes, aux Pays-Bas comme à Paris. Mélangez cet esprit contestataire avec l’esprit frondeur de Hermans et le mélange devient explosif.

    Évidemment, à Groningue aussi, ses contacts avec ses collègues étaient rugueux – au point de provoquer des débats parlementaires ! Le ministre de la Culture et de l’enseignement [le lecteur notera en passant la position délicate dudit Ministre dont le postérieur s’est trouvé inconfortablement coincé entre deux fauteuils en cuir] a dû sortir de sa réserve pour s’occuper de cette question. Du pain bénit pour le polémiste Hermans qui en a profité pour claquer la porte de l’Université et celle de la Hollande par la même occasion. Réglant ses comptes avec le milieu universitaire, il écrit Entre professeurs, hilarant roman à multiples clés dans lequel il évoque avec brio le milieu petit bourgeois hollandais d’un professeur d’ « université de campagne ».

    Espérons que les deux romans La Chambre noire de Damoclès et Ne plus jamais dormir trouveront leur public francophone et que Gallimard n’en restera pas à ces deux traductions.

    Joost Glerum

     

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    La Chambre noire de Damoclès, Paris, Le Seuil, 1962.

    Première traduction française (Maurice Beerblock) de

    De donkere kamer van Damokles (1958).

     

    photos © Joost Glerum

     

  • Erik Lindner

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    L’auto-stoppeur et son accident


    (5 poèmes*)



    Pourquoi tous ces châteaux d’eau,

    petits points sur la carte

    emmurés de plantes grimpantes ?


    Ce devrait être un lieu,

    non un sentier de gravillons.


    Croisement. Fossé. Parasols.


    Il pose le côté de son visage

    sur le paysage.

    Des labours défilent.


    CouvTerrainLindner.jpg

    Terrain,  cipM/Spectres Familiers, 2007

    (trad. Kim Andringa & Eric Suchère)



    L’hippocampe, une poignée. Courte.

    La banquette arrière, un cendrier. Chemin côtier.

    Leurs lavabos sont-ils colorés ? Aucune

    encre ne se fixe sur ces kleenex.


    La ville se trouve par hasard autour de la maison.

    La voiture est un jardin bêché

    presqu’un décor qui semble dicter

    son humeur ! les règles d’une ville


    sont des habitudes dont il s’écarte.

    Des voies de tram s’enchevêtrent.

    Tout est soumis au changement. Maintenant. C’est ainsi.

    Les dix doigts hachent tout cela menu.

     

    CouvVerreLent.jpg
    Le Verre est un liquide lent
    Anthologie, 33 poètes néerlandais, Farrago, 2003

     


    Il y a dans les montagnes le lac blanc

    aux pierres de calcaire sur les rives

    sous des oiseaux noirs et un village

    dont les couleurs se fondent dans la roche


    avance une femme avec panier et canne

    sur le sentier des écales d’amandes

    entre des champs de tournesols brûlés

    monte – de la fumée de son foulard


    vers une étendue sous le sommet

    un pré raclé une ferme vide

    une grange de paille sous les tuiles

    une fenêtre masquée par la peinture, un canapé-


    lit ouvert en charpie.


    CouvTongEnTrede.jpg

    Tong en trede, recueil, Amsterdam, De Bezige Bij, 2000

     


    On n’habite pas le panorama.


    Suppose qu’il y a un canal devant.


    Suppose une fenêtre devant.


     

    ActionPoétique171.jpg

    Action poétique, n° 171, mars 2003

     


    Rut. Bocal à poissons. Bain de soleil.


    Feuille de la lune, feuille qui porte la lune.


    Feuille lunaire. Balance à fromage.

    Voilage.


    La température de l’eau.


    Le petit chien blanc sur la plage.


    traduction : Daniel Cunin


    Erik Lindner lit un poème sur le Diamantbuurt d'Amsterdam

    (19 septembre 2009)

     

    le site du poète (néerlandais/anglais/français)

    http://www.eriklindner.nl/

     

    Lire et écouter Erik Lindner

    www.sitaudis.com

    www.cipmarseille.com

    Poetry International

     

    Erik Lindner en français

     

    août 2010

    Dix poèmes traduits par Kim Andringa : Droit de Cités

    décembre 2009

    Action poétique, n° 198, Les Belles Lettres, « Des craquelures dans l’émail », présentation (traduite par Kim Andringa) de la traduction de poèmes de : Arnoud van Adrichem, Rozalie Hirs, Saskia de Jong, Ruth Lasters, Els Moors et Samuel Vriezen.

    octobre 2009

    « L’œuvre de F. van Dixhoorn », préface à Séries, poèmes de F. van Dixhoorn, traduits par Kim Andringa, Bordeaux, Le bleu du ciel.

    septembre 2007

    Action poétique, n° 189, Ivry-sur-Seine, Les Belles Lettres, dossier sur le poète Hans Faverey, en collaboration avec Éric Suchère et Kim Andringa (6 séries de poèmes de Hans Faverey, introduction et 32 notes sur Hans Faverey).

    juin 2007

    Terrain, collection Le Refuge, cipM/Spectres Familiers, 31 poèmes, traduits par Kim Andringa et Éric Suchère.

    décembre 2005

    Action poétique, n° 182, Ivry-sur-Seine, Correpondance avec Éric Suchère sur l'influence de Lucebert.

    CouvPo&sie_0002.jpgnovembre 2005

    Import/Export Marseille–Amsterdam. Centre International de Poésie Marseille, "La clef", série de 5 poèmes, traduits par Kim Andringa, Vaninna Maestri, Dominique Meens et Éric Suchère.

    avril 2005

    If, n° 26, 10 poèmes, traduits par Kim Andringa et Éric Suchère.

    mai 2004

    Le cahier du Refuge, n° 128, Centre International de Poésie Marseille, 1 poème, traduit par Kim Andringa & Éric Suchère.

    avril 2004

    Le cahier du Refuge n° 126, Centre International de Poésie Marseille, "La maison arrête", 1 poème, traduit par Kim Andringa & Éric Suchère.

    mars 2003

    Le verre est un liquide lent - 33 poètes néerlandais, préface Henk Pröpper, Tours, Farrago, 2003 (anthologie, choix de Henk Pröpper & Erik Lindner).

    &

    Action Poétique, n° 171, Ivry-sur-Seine, Les Belles Lettres, 9 poèmes, traduits par Éric Suchère.

    &

    PO&SIE n° 103, Paris, Belin, 9 poèmes et une introduction, traduits par Daniel Cunin.


    décembre 1999

    PO&SIE n° 90, Paris, Belin, 5 poèmes, traduits par Sandrine Dumont.

    septembre 1999

    Action Poétique, n° 156, Farrago/Les Belles Lettres, Ivry-sur-Seine, 7 poèmes, traduits par Jan H. Mysjkin et Pierre Gallissaires.

    mai 1999

    Quaderno n° 4, Nantes, Memo, "Légitmations", 6 poèmes, traduits par Sandrine Dumont.

     

    * les 5 poèmes ci-dessus sont extraits du recueil Tong en trede

    les traductions ont paru dans une version différente dans Po&sie, n° 103.


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  • Intermède Dirk Schäfer (1)

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    Dirk Schäfer

    Quintette pour piano, Op. 5 (1901)- Adagio patetico

     



    Orpheus String Quartet
    Jacob Bogaart, piano

    Dirk Schäfer peint par Jan Toorop

     

    Pianiste et compositeur hollandais né à Rotterdam (25 novembre 1873) et mort à Amsterdam  (16 février 1931), Dirk Schäfer a suivi des cours de piano au conservatoire de sa ville natale avant de poursuivre ses études à Cologne entre 1891 et 1894 (Pauer : piano ; Wüllner : composition). Il a remporté en 1892 le prix Mendelssohn de Berlin. Une fois rentré en Hollande, il fit des tournées dans différents pays européens. Interprète doué, il s’est à un moment donné spécialisé dans l’œuvre de Chopin. Ses concerts « historiques », au cours desquels il donnait un aperçu des grands compositeurs – de Sweelinck à Schönberg –, sont restés célèbres. Ses pièces courtes proposent un idiome proche de celui d’un Chopin ou d’un Brahms ; outre des œuvres pour piano, il a laissé une Rapsodie javanaise, une Suite pastorale, une Quintette pour piano, une Sonate pour violoncelle, des sonates pour violon, des lieder et des œuvres pour chœur. Il a exposé ses conceptions sur l’art, l’interprétation et le piano dans de nombreux textes réunis en 1942 sous le titre Het klavier. Dirk Schäfer est considéré comme le patriarche de la tradition pianistique hollandaise.

     

     

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  • Intermède Julius Röntgen (1)

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    Julius Röntgen

    Sonate pour piano et violoncelle (op. 41, 1900)

     

    Godfried Hoogeveen, violoncelle
    Edith Grosz, piano

     

    Compositeur hollando-allemand, Julius Röntgen est né en 1855 à Leipzig d’une famille de musicien : son père de nationalité hollandaise était violoniste à l’orchestre du Gewandhaus et sa mère pianiste, fille elle même d’un violoniste du même orchestre. Julius fut un enfant prodige qui dès l’âge de onze ans consigna ses compositions dans un petit cahier, en dédiant souvent ses œuvres à des membres de sa famille. En même temps que la composition, il travailla le piano et le violon au point de devenir un excellent concertiste de ces deux instruments. En 1878, pour subvenir à ses besoins et avoir plus de chances d’obtenir la main de sa bien-aimée, Amanda Maier, violoniste et également compositrice, il accepte un poste de professeur de piano à Amsterdam. Ce fut le départ d’une carrière importante, comme interprète soit au piano soit au violon, comme organisateur de concert, chef de chœur et chef d’orchestre. (suite)

     

     

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  • Intermède Alphons Diepenbrock (1)

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    Alphons Diepenbrock

    L'Invitation au voyage

    ( 1913)

     

    Aafje Heynis, alto
    Felix de Nobel, piano

     

    L'invitation au voyage

     

    Mon enfant, ma soeur,
    Songe à la douceur
    D'aller là-bas vivre ensemble !
    Aimer à loisir,
    Aimer et mourir
    Au pays qui te ressemble !
    Les soleils mouillés
    De ces ciels brouillés
    Pour mon esprit ont les charmes
    Si mystérieux
    De tes traîtres yeux,
    Brillant à travers leurs larmes.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Des meubles luisants,
    Polis par les ans,
    Décoreraient notre chambre ;
    Les plus rares fleurs
    Mêlant leurs odeurs
    Aux vagues senteurs de l'ambre,
    Les riches plafonds,
    Les miroirs profonds,
    La splendeur orientale,
    Tout y parlerait
    À l'âme en secret
    Sa douce langue natale.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

    Vois sur ces canaux
    Dormir ces vaisseaux
    Dont l'humeur est vagabonde ;
    C'est pour assouvir
    Ton moindre désir
    Qu'ils viennent du bout du monde.
    - Les soleils couchants
    Revêtent les champs,
    Les canaux, la ville entière,
    D'hyacinthe et d'or ;
    Le monde s'endort
    Dans une chaude lumière.

    Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
    Luxe, calme et volupté.

     

    Alphons Diepenbrock (1862-1921), l’un des plus grands compositeurs néerlandais. Ce francophile catholique autodidacte a laissé un nombre important d’essais sur la musique et l’art réunis en un volume en 1950. Il tenta avec le peintre Der Kinderen de créer un foyer culturel catholique à Bois-le-Duc.

     

     

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