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traduction - Page 23

  • Hadewijch - Lettre 9

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    La neuvième lettre

    du recueil de la mystique Hadewijch

     

     

    CouvBrieven1947.png

    Vol. I de l'édition J. van Mierlo des Lettres de Hadewijch,

    Standaard Boekhandel, 1947

     

     

    texte moyen néerlandais (éd. J. van Mierlo)

     

    God doe v weten lieue kint wie hi es Ende wies hi pleghet met sinen knechten Ende nameleke met sinen meiskenen Ende verslende[n] v in hem Daer de diepheit siere vroetheit es daer sal hi v leren wat hi es Ende hoe wonderleke soeteleke dat een lief in dat ander woent Ende soe dore dat ander woent Dat haerre en gheen hem seluen en onderkent Mer si ghebruken onderlinghe ende elc anderen Mont in mont ende herte in herte Ende lichame in lichame Ende ziele in ziele Ende ene soete godlike nature doer hen beiden vloyende Ende si beide een dore hen seluen Ende al eens beide bliuen Ja ende bliuende.

     

     

    Lettre IX

     

    Dieu te donne de savoir chère enfant qui il est

    Et comment il agit avec ses serviteurs

    Et en particulier avec ses jeunes servantes

    Et qu’il t’engloutisse en lui

    Là où est la profondeur de sa sapience là il t’apprendra ce qu’il est

    Et l’incroyable douceur avec laquelle un aimé habite dans l’autre

    Et l’habite tellement de part en part

    Qu’aucun d’eux ne se reconnaît plus

    Mais ils jouissent réciproquement l’un de l’autre

    Bouche dans bouche et cœur dans cœur

    Et corps dans corps

    Et âme dans âme

    Et une douce nature divine par eux deux fluant

    Et eux deux demeurent un à travers soi-même

    Et eux deux entièrement pareils à l’autre

    Oui le demeurant

     

    traduction Daniel Cunin

     

     


    Ay, in welken soe verbaerd de tijt, chant 45 de Hadewijch

     

     

  • La Comtesse des digues

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    Un roman de la « châtelaine de Missembourg »

     

      

    CouvGeversDigues.jpg

    Editions Labor,  coll° Espace Nord, n° 6, 2000

    préface Jacques Sojcher, lecture Vincent Vancoppenolle

    Couverture : Theo Van Rysselberghe,

    Voilier sur l’Escaut (détail), 1892

     

     

     

    O vieille maison blanche en l’étang reflétée,

    La douceur répétée

    De ce nom, toute enfant, je l’aimais: « Missembourg »

    Un son vif, puis un lourd.

     

    Mais le sens de ce nom me fut longtemps mystère…

    Jusqu’au jour où mon père,

    Rangeant de vieux papiers, pensivement me dit :

    « C’est aux temps interdits

     

    Que la maison qui nous abrite fut nommée :

    Les églises fermées,

    Vers les quatre-vingt-treize, des prêtres proscrits

    Ont dit la messe ici. »

     

    Missembourg… Missembourg… chant long, « château des messes »

    Tout le passé se dresse…

     

     

    Marie Gevers (1883-1975) fait partie de ces écrivains flamands qui ont choisi le français pour écrire leur œuvre. Son fils Paul Willems (1912-1997), qui lui succèdera à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, fera d’ailleurs de même. Née à Edegem, près d’Anvers, Marie Gevers a passé sa vie dans la grande maison familiale de Missembourg, laquelle sert de cadre à plusieurs de ses livres. Les strophes citées ci-dessus fournissent une des versions relatives à l’origine du nom de la vieille demeure. Outre son œuvre, elle a laissé un certain nombre de traductions de romans et contes d'auteurs flamands et néerlandais.

    Le roman le plus célèbre de Marie Gevers, La Comtesse des Digues (1931) – avec lequel Mensen achter de dijk (1949) de son confrère et compatriote Filip de Pillecyn (1891-1962) n’est pas sans présenter des parallèles – offre une merveilleuse évocation d’un coin des Flandres et d’un monde aujourd’hui disparu. Beautés de la nature, métiers d’antan, menaces que font peser les éléments, sentiments qu’éprouve l’héroïne Suzanne tiraillée entre plusieurs hommes dont l’un, le beau et fort Triphon, incarne la nature et un autre, Max Larix, la bourgeoisie cultivée, sont les ingrédients majeurs de cette histoire qui se déroule sur les bords de l’Escaut, le grand amour de l’héroïne : « Elle songeait vaguement que Triphon avait “mangé à la cuisine” avec Jo et que Larix se promenait en quelque sentier boueux. Elle trempa sa main droite dans l’étang, s’amusant du cercle de fraicheur à ses doigts… une bague de fiançailles avec l’eau… parfois à son poignet : “ainsi l’anneau de la chaine qui me retient à l’Escaut”… Puis creusant sa main, elle y ramenait un peu d’eau – l’âme de l’Escaut – et la laissait couler entre ses doigts joints. Elle pêcha ainsi un de ces petits têtards qui pullulent dans les mares : “Je pêche l’âme de l’Escaut dans un trou à brochet… et je ramène une larme noire”. »

     

    La maison de Missembourg

     

     

    Le mot de l’éditeur

     

    L’histoire intrigante et passionnante d’une femme amoureuse d’un homme et d’un fleuve. Parviendra-t-elle à concilier ces deux amours si différents ? C’est le roman du fleuve, de l’Escaut-roi, du mariage, toujours à préserver, des eaux avec les terres qu’elles irriguent et qu’elles minent. C’est le roman d’une femme attachée au fil des saisons, à la surveillance des digues, au combat d’amour avec l’eau. Mais il arrive que les digues cèdent, que le désir soit plus fort. Alors il faudra que la Comtesse des digues choisisse et qu’elle trouve entre l’homme qu’elle va épouser et le fleuve une nouvelle harmonie.

     

     

    Sur la langue employée par l’auteur

     

    La Comtesse des Digues – comme d’ailleurs la plupart des œuvres de Marie Gevers –, révèle de diverses façons son appartenance à un espace linguistique bilingue ou même plurilingue. Ce sont évidemment d’abord les nombreux patronymes et toponymes flamands qui enracinent ce texte dans un « terroir » linguistique bien précis, au même titre, d’ailleurs, que les paysages évoqués, les allusions au folklore, à l’artisanat local, à la flore et à la faune. Mais il y a plus : on observe que la langue française tend à s’y faire vernaculaire, accueillante aux expressions populaires en flamand, aux apports lexicaux étrangers dans les mots de la conversation (dag, proficiat, mijn beste), aux interjections en dialecte du pays de Weert. Un rapport dialogique s’instaure même par endroits avec la langue flamande : ce sont ces rapports, en ce qu’ils déterminent les modalités d’émergence d’une langue dans l’autre, qui retiendront surtout notre attention ici car ils constituent à notre avis la véritable histoire de ce texte. (suite)

     

     

    CouvGeversOiseaux.png

    Les Oiseaux gris

    roman de l’écrivain néerlandais Arthur van Schendel (1874-1946)

    traduit par Marie Gevers, Plon, 1939

     

     

    Entretien vidéo avec Marie Gevers : ICI

    littérature,flandre,belgique,traduction,roman,marie gevers

     

     

    Deux textes de Marie Gevers

    « Le Pain du printemps » & « Soyez fidèles à Orion »

     

    En ligne sur Marie Gevers, un dossier de la revue Textyles :

    Alberte SPINETTE, « Marie Gevers ou les rythmes du monde »

    Anne JANMART, « Marie Gevers et Max Elskamp : de la rue Saint-Paul aux arbres de Missembourg »

    Cynthia SKENAZI, « Marie Gevers et Jean-Jacques Rousseau : affinité ou héritage ? »

    Christian BERG & Anne VERSTREPEN, « La langue dans la langue : une relecture de La Comtesse des digues »

    Vincent Vancoppenolle, « La composition de Madame Orpha et son histoire : quelques notes »

    Michel TORREKENS, « Madame Orpha : le "candiraton" ou la rumeur populaire »

    Xavier DEUTSCH , « Pour les peupliers de Paix sur les champs »

    Murielle BRIOT, « "Mais la cueilleuse de nénuphars demeure intacte..." »

    + Denis MALASI NGANDU, « Le Congo (Zaïre), le Rwanda, le Burundi dans Dialogues africains de R. Bodart et Des mille collines aux neuf volcans de M. Gevers »

     

     

  • Littérature néerlandaise en traduction

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    Dans la magazine Culture de l'Université de Liège, le journaliste belge Michel Paquot consacre un dossier aux lettres néerlandaises. Il s'entretient avec Erik Spinoy, Emmanuèle Sandron et Daniel Cunin, s'intéresse au cas Pieter Aspe et propose un petit aperçu de parutions récentes.


    CouvReveEnRouteverslafin.jpgLes éditeurs français traduisent régulièrement des auteurs néerlandais. Actes Sud, Gallimard et Le Castor Astral sont particulièrement actifs sur ce terrain. Le premier réunit des auteurs comme Cees Nooteboom, Hella Haasse ou Anna Enquist au sein de la collection « Lettres néerlandaises » dirigée par Philippe Noble ; le deuxième rassemble Willem Frederik Hermans, Kader Abdolah, Harry Mulisch, Adriaan Van Dis ou Jeroen Brouwers dans sa collection « Du Monde entier » ; et le troisième, via la collection Escales du Nord codirigée par Francis Dannemark, se montre ouvert à la fois aux Flamands (Jef Geeraerts, Willem Elsschot, Stefan Hertmans, Geert van Istendael, Louis Paul Boon) et aux Hollandais (Benno Barnard, Doeschka Meijsing). Mais d'autres éditeurs ne sont pas en reste, par exemple Héloïse d'Ormesson (Stefan van Brijs, Vonne van der Meer), Phébus (Karel Schoeman, Gerard Reve) ou Denoël (Elle Eggels, Carl Friedman, Paul Gellings, Sakia Noort). Voici quelques parutions récentes. (lire la suite)

     

    A lire sur le même site un papier consacré à l'auteur flamand Peter Verhelst, ou encore un dossier sur la traduction littéraire et un article sur la traduction d'Alice in Wonderland.


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  • Un poème de Ramsey Nasr

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    JE VOUDRAIS ÊTRE DEUX CITOYENS

     

    Né à Rotterdam en 1974, Ramsey Nasr est écrivain, acteur et réalisateur. Après avoir été durant deux ans « poète officiel » de la ville où il réside, Anvers, il a été désigné, début 2009, et ce pour quatre ans, « poète des Pays-Bas », une fonction qui l’amène à écrire des poèmes sur des sujets de société. C’est l’un de ces poèmes qu’il déclame dans la vidéo ci-dessous : IK WOU DAT IK TWEE BURGERS WAS.


     

     


    JE VOUDRAIS ÊTRE DEUX CITOYENS

    (de manière à vivre avec moi)



    et voici mon poème, entrez je vous prie

    ne faites pas attention si ça résonne

    n’ayez pas peur, allons d’abord dans le vide

    bienvenue dans mon cratère de lumière


    vous et moi nous sommes déjà rencontrés, vous vous rappelez

    alors requinqués, sur la réserve, dans l’éclat d’un verre

    nos ombres pareilles à du cristal clair

    notre renommée aussi éphémère que l’éclairage

    sur la lettre d’une femme étale


    nous étions couverts de poussière d’or

    blêmes, presque diaphanes de trop aimer

    nous fermions les yeux l’un pour l’autre


    et aimions faire pénitence

    quand on nous demandait comment ça allait

    nous répondions conformément à la vérité

    nous sommes morts de honte, monsieur

    nous étions sacrément convaincus

    d’avoir un jour flagellé et cruciverbé

    de notre propre initiative

    le seigneur chair de notre chair

    l’apocalypse était une punition marquée

    par avance sur notre rétine


    et que s’est-il passé durant ces quelques siècles

    pendant que nous tournions la tête de l’autre côté ?


    j’aurais aimé vous montrer une patrie achevée

    pure aux métaphores menées de bout en bout

    pétrir un poème sur vous et moi, mais quand je m’y suis mis

    j’ai constaté qu’un peuple balayait

    de but en blanc un autre peuple

    pareils à deux républiques inconciliables


    comment sommes-nous passés aussi vite du futile au fruste

    des reflets à cet omniprésente masse criarde

    comment ce peuple de 4X4 a-t-il pu surgir de ces chiches chenilles ?


    ils disent : parce que dieu a disparu – notre père

    ayant décidé de se faire plus invisible qu’il n’était,

    voyons si c’est possible, non, impossible

    dieu avait fichu le camp

    et dans cette nature morte au grand absent

    les pays-bas abasourdis se retrouvaient

    la gueule encore pleine de corruptibilité

    de frivolité et d’une envie de mourir saluée par tous


    toute leur vanité se révéla vanité

    tous les semblants, la boue chérie, tout ce palais de glaces

    que l’on avait pris pour l’infini

    était déclaré à jamais inhabitable

    on entendait le givre crisser sur leurs âmes


    et de ce trou – nous sommes nés

    kevin, ramsey, dunya, dagmar, roman et charity

    comme par magie nous sommes apparus

    sautant à l’élastique, marteau gonflable orange à la main

    criant braillant antidépressifs

    ou silencieux devant un breezer gangbangé

    bienvenue aux pays-bas terre de vacances


    oui voilà ce qui arrive, ce peuple c’est ce qui reste

    une fois la culpabilité arrachée à nos corps

    nous remplissons le vide par un autre vide, rutilant


    entre chanteurs de psaumes et avaleurs de pilules

    entre l’or et le bling-bling

    j’ai trouvé un pays qui a été aboli

    ce pays, c’est la vengeance des ancêtres

    fureur iconoclaste, ils continuent de fulminer en nous

    pourtant il existe bien – de même que le lien

    entre le string pour enfants et la burka

    entre le petit-lait et le coma éthylique : creux et arrondis

    nous emboîtons nos siècles


    nous abolir les uns les autres voilà notre force

    par nature nous aspirons au vide

    tout comme le cyclope cherche l’abîme


    voyez-vous, je voulais vous montrer une patrie

    non pas ce désert d’infinie liberté

    mais c’est bien ici que nous habitons, comme ce serait beau

    de voir un jour quelqu’un à l’instar d’une divinité en solde

    édifier un pays rime après rime

    pour ce peuple en mal de son peuple


    voyez la fosse grande ouverte de notre âme

    c’est là qu’on pourrait faire quelque chose de grand

    commençons par un poème

     

    (trad. D. Cunin)

     

     

    Œuvres de Ramsey Nasr


    CouvRamsey.jpg27 gedichten & Geen lied, 2000 (poèmes)

    Kapitein Zeiksnor & De Twee Culturen, 2001 (prose)

    Twee libretto’s, 2002

    onhandig bloesemend, 2004 (poèmes)

    onze-lieve-vrouwe-zeppelin, 2006 (poèmes)

    Van de vijand en de muzikant, 2006 (recueil d'articles)

    Homo safaricus, 2008 (journal d'un voyage en Tanzanie)

    Tussen lelie en waterstofbom, 2009 (édition rassemblant ses 3 premiers recueils de poèmes)

    In de gouden buik van Boeddha, 2010 (journal d'un voyage en Birmanie ou Union du Myanmar)

     

    Ramsey Nasr a également écrit des monologues pour le théâtre, un libretto et des traductions/adaptations de deux opéras de Mozart (dont celle d'Il Re Pastore publiée dans Twee libretto's)

    Ses livres paraissent aux éditions De Bezige Bij

     

     

    PIC_0114.JPG

    poème de Ramsey Nasr sur un mur d'Anvers

     


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  • Hommage à Hugo Claus

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    Alain Van Crugten, à qui l'on doit entre autres la traduction du roman Le Chagrin des Belges, rend hommage à l'écrivain flamand Hugo Claus, disparu en 2008. La vidéo a été réalisée le 4 octobre 2009 à l'occasion d'une soirée Claus organisée à Bruxelles par Het beschrijf.

     

     

    Clausmarathon - Alain Van Crugten from deBuren on Vimeo


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