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  • Contes de filles en fleurs

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    Un recueil de contes de Marita de Sterck

     

     

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    Anthropologue et romancière, l’Anversoise Marita de Sterck parcourt depuis quelques dizaines d’années le monde et les livres à la recherche de contes qui évoquent l’entrée des jeunes filles dans l’âge nubile. Les éditions Manteau viennent d’en réunir 60 en provenance des cinq continents : Stoute meisjes overal. Volksverhalen over liefde en lef (Filles intrépides du monde entier. Contes sur l’amour et l’audace).

    Ce volume de près de 300 pages au graphisme soigné, destiné à un public d’adolescents, s’ouvre par une préface exposant les thèmes majeurs abordés : l’amour, l’érotisme, la transformation du corps, les rites de passage, les menstrues, le choix du partenaire, la création de l’homme et de la femme... La qualité littéraire des textes est mise en avant et il est vrai que le passage de l’oral à l’écrit qui a constitué une bonne partie du travail est remarquable. Après les cinq parties du livre : Afrique, Amérique, Asie, Europe et Océanie, l’auteur a ajouté des précisions sur les choix qu’elle a opérés, sur sa démarche ainsi que sur l’origine de chaque texte. Ceux-ci proviennent pour une part d’ouvrages publiés en différentes langues (Gérard Meyer, Veronika Görög-Karady, Suzanne Lallemand, E. Jacottet…), mais ils sont proposés dans des versions parfois enrichies, le reste étant le fruit des recherches menées par Marita de Sterck elle-même (auprès de Touaregs, d’habitants du Congo, de Trinité-et-Tobago, de l’Amazonie, d’Inde, de Roumanie, du Portugal, de Polynésie, des déserts australiens... et aussi de villages de Belgique). Le livre se termine par une bibliographie et un index thématique.

    Naviguant entre le rêve et le cauchemar, ces contes nous permettent de revisiter ceux qui nous sont familiers (Grimm, Perrault, etc.), mais en les peuplant d’organes sexuels placés aux endroits les plus insolites, d’animaux qu’on ne s’attend pas forcément à croiser – beaucoup de serpents certes, mais aussi des tapirs, des dauphins, des araignées… – et en y glissant des scènes graveleuses, crues, voire cannibalesques. Le chaperon rouge a seize ans, le loup ne parvient pas à manger la grand-mère en une fois ; or voilà que la jeune fille commence à avoir faim... Quelques titres suffiront à donner une idée du dépaysement qui attend le lecteur et les lectrices intrépides : « La fille qui rejeta tous les garçons pour épouser un lion », « Au temps où les pénis poussaient encore sur les arbres », « Comment le vagin a fini par trouver sa place », « Le coyote qui épousa sa propre fille », « Le dauphin rose qui suivit la fille qui perdait son sang », « Serpent le jour, homme la nuit », « La princesse qui épousa un cochon »… Une suite de voyages et un régal de lecture !

    Daniel C.

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     Il existe une édition pour les adultes : Bloei. Zestig volksverha- len uit de hele wereld die van meisjes vrouwen maken. (En fleurs. Soixante contes du monde entier qui font des filles des femmes). Elle présente en réalité exactement le même contenu que celle proposée aux plus jeunes.

     

     

     

  • Traductrice de Janwillem van de Wetering

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    Portrait d’Isabelle Reinharez

     

     

    Un entretien avec Isabelle Reinharez... où il est question d'un roman sans aucun personnage humain et de chapitres qui comptent tous le même nombre de mots. Parmi les innombrables livres qu’elle a traduits de l’anglais, on en recense plusieurs de l’auteur néerlandais Janwillem van de Wetering (1931-2008), Grand Prix de la Littérature Policière 1984 pour Le Massacre du Maine (Het werkbezoek, 1979). Van de Wetering a souvent donné et une version anglaise et une version néerlandaise de ses ouvrages.

     


    © Centre du livre et de la lecture en Poitou-Charentes - 2009

     

     

     

    Entretien en anglais avec Janwillem van de Wetering

    sur son installation dans le Maine, son enfance à Rotterdam,

    sa jeunesse à Londres et la suite...

     

     

    Le beau livre que Janwillem van de Wetering

    a consacré à son confrère et compatriote :

    Robert van Gulik : Sa vie, son œuvre,

    traduit de l’anglais par Anne Krief, 10/18, n° 2068.

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  • Auguste Clavareau (1787-1864), traducteur

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    Portrait de l’un des principaux traducteurs

    de littérature néerlandaise au XIXe siècle

     

    Si c’est toujours une énorme difficulté, lorsque deux langues diffèrent autant d’esprit et de caractère que le français et le hollandais, de transporter de l’une dans l’autre, d’une façon harmonieuse et correcte, des ouvrages de prose, que dire de l’audacieux qui ne craint pas de traduire des vers hollandais en français et, ce qui est mieux encore, en vers français ?

    Henry Havard

     

     

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    Tombe de Clavareau à Maastricht (photo : J. Verbij-Schillings)

     

     

    Né à Luxembourg le 17 septembre 1787, Antoine Joseph Théodore Auguste Clavareau a grandi dans une famille catholique. Il a reçu une éducation essentiellement française à Namur puis à Mayence et semblait se destiner à une carrière militaire. Mais il préféra suivre les traces de son père né à Halluin en travaillant lui aussi dans l’administration des contributions ; il occupa des postes dans différentes localités (Gand, Bois-le-Duc, Liège, Ostende, Bruges…) avant d’être nommé à Maastricht – ville où beaucoup de gens parlaient encore français et où près de 50% des ouvrages imprimés l’étaient dans cette langue –, où il officiera pendant plus de vingt ans  (début 1823 – fin 1844). Au 1er janvier 1845, il prend, plus ou moins forcé, sa retraite. Il avait épousé courant 1823 une femme de bonne famille hollandaise qui lui donna quatre enfants.

    Clavareau se voulait fidèle à Dieu et au Roi, autrement dit, et malgré l’incompatibilité apparente, à l’Église catholique et à Guillaume Ier, souverain auquel il a dédié bien des vers. Ainsi s’explique en partie son envie de traduire des pièces patriotiques. Il fait partie de ces gens qui, une fois sujets de Guillaume Ier, décidèrent de le rester même alors que la Belgique et le Grand-Duché avaient acquis leur indépendance. D’ailleurs, quand il commence à traduire des poètes d’expression néerlandaise, il s’inscrit dans une mouvance favorisée par le monarque : dans sa volonté d’étendre la langue néerlandaise à l’ensemble de son royaume (plus ou moins l’actuel Benelux), celui-ci ne peut voir en effet que d’un bon œil toutes les initiatives qui permettent de répandre la littérature néerlandaise – entre autres à travers des publications en français – dans les contrées francophones. C’est d’ailleurs un autre membre de l’administration fiscale, contrôleur des impôts directs, Lodewijk Gerard Visscher (1797-1859) qui publia en 1820 le premier manuel présentant les belles lettres néerlandaises aux élèves francophones : Mélanges de poésie et de littérature des Pays-Bas (1). 

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    Ce n’est là que le premier d’une centaine d’ouvrages qui, en l’espace d’une quinzaine d’années, iront dans le même sens. Clavareau a lui-même collaboré à plusieurs éditions scolaires. Outre son désir de faire connaître quelques-uns des poètes néerlandais majeurs aux lettrés d’expression française (« Depuis 10 ans, je me suis imposé la tâche de faire connaître à l’étranger la littérature hollandaise, et mes succès ont enfin ouvert les yeux à nos détracteurs : nos voisins vont sérieusement s’occuper, dans leurs Revues, des richesses littéraires de notre pays » écrit-il dans une lettre du 13 février 1835 à l’éditeur Van Terveen) – notons que certaines de ses publications restèrent toutefois limitées au marché batave –, le Luxembourgeois, rangé dans de nombreuses publications de son temps parmi les « auteurs belges » (2), a en effet œuvré dans un souci pédagogique et d’édification comme en témoignent certaines traductions destinées à la jeunesse, par exemple l’Histoire de la patrie : en cinquante deux leçons à l’usage de la jeunesse et des ClavareauIllustration1.pngécoles des Pays-Bas (1837) ou divers recueils de poésies. Les petites pièces de théâtre de son cru sont en réalité des manuels pieux pour « jeunes élèves des pensionnats de demoiselles » ainsi que le montre la légende placée sous une gravure d’un volume (ci-contre) réunissant deux comédies et un drame de sa main : « De quel livre avez-vous tiré cette histoire ? Je l’ai trouvée dans mon cœur repentant »(3). Il convient de relever que ses traductions « à l’usage de l’enfance » s’adressaient en premier lieux aux petits Bataves auxquels on apprenait très tôt la langue française dans les « écoles françaises », c’est-à-dire ces écoles primaires où une partie, voire la totalité de l’enseignement était dispensé en français. Ainsi, dans la préface à sa traduction des Petits poèmes de Hieronymus (Jérôme) van Alphen (1746-1803) – le recueil de poésies pour enfants le plus célèbre des lettres néerlandaises, réédité il y a peu encore –, il nous explique : « En Hollande, les maîtres, chargés d’instruire les enfans de cinq à six ans, possèdent, comme pour l’âge suivant, tous les livres hollandais qu’ils peuvent désirer, tandis qu’ils se trouvent bien souvent embarrassés pour leur choix, lorsqu’ils doivent apprendre le français à leurs petits élèves ; car ils se gardent bien de mettre dans la mémoire des enfans, des fables ou des contes au-dessus de leur intelligence, qu’ils récitent presque toujours ou comme des perroquets, ou avec une affectation étudiée. J’ai préféré traduire Van Alphen à tout autre ; parce que, selon moi, dans ce genre, Van Alphen a remporté le prix ; et que tous ses poèmes sont excellens pour tous les pays. » Citons un de ces petits poèmes sur une pêche hollandaise devenue une orange en français :

     

    L’ORANGE

     

    De Papa je tiens cette orange :

    Pour ma leçon je la reçus ;

    Et quand, tout joyeux, je la mange,

    Son goût me plaît encore plus.

     

    La gaité sied à la jeunesse,

    Quand le temps est bien employé ;

    Et l’enfant qui fuit la paresse,

    De son travail est bien payé.

     

    DE PERZIK

     

    Die perzik gaf mijn vader mij,

    Om dat ik vlijtig leer.

    Nu eet ik vergenoegd en blij,

    Die perzik smaakt naar meer.

     

    De vrolijkheid past aan de jeugd

    Die leerzaam zig betoont.

    De naarstigheid, die kinderdeugd,

    Wordt altoos wel beloond.

     


    podcast

    « De pruimeboom » / « Le prunier »

    poème lu en néerlandais puis en français

    (dans la traduction d’A. Clavareau)

     

     

    Portrait de H. van Alphen

    PortraitVanAlphen.gifToutefois, Clavareau ambitionnera aussi d’instruire la jeunesse des autres pays : « Dans l’intention d’être utile aux établissements d’instruction publique, et saisissant toutes les occasions de faire plus connaître à l’étranger les monumens de la gloire de ma Patrie, je viens de publier une seconde édition de ma traduction de La Nation hollandaise (4)», annonce-t-il ainsi au ministre Van Maanen dans une lettre du 29 novembre 1834.

    Outre ce souci patriotique en faveur d’une nation qui n’est pas, à l’origine, la sienne, on relève une autre chose étonnante dans le parcours de Clavareau : on le voit traduire essentiellement des auteurs néerlandais et non pas flamands alors qu’il a passé la première moitié de son existence ailleurs qu’en Hollande et que, à l’époque où il s’installe à Maastricht, cette ville n’est pas à proprement parler une vraie cité hollandaise. Cette prépondérance s’explique sans doute en partie par les relations que le traducteur a pu entretenir avec les écrivains bataves qu’il côtoyait dans certains cercles de lettrés ; il convient de relever d’autre part que la poésie flamande renaissait alors à peine de ses cendres, la figure de Gezelle se profilant tout juste à l’horizon. Privilégiant donc la défense de la nation, Auguste Clavareau ne s’est toutefois guère intéressé à transposer en français les textes antirévolutionnaires du juif converti Isaäc da Costa (1798-1860) – proches à certains points de vue de la littérature catholique française contre-révolutionnaire –, sans doute trop marqués à son goût par le calvinisme. Dans l’œuvre de Willem Bilderdijk, père spirituel du poète susmentionné, ce qu’il a surtout goûté, ce sont les contes.

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    Isaäc da Costa par J.G. Schwartze/D.J. Sluyter

    DaCostaPortrait.gifAvec ses nombreuses traductions – y compris d’œuvres allemandes, italiennes et anglaises –, et ses propres œuvres – dont beaucoup de pièces de circonstances –, Clavareau gagnera une réelle reconnaissance dans son pays d’adoption. Membre de la société littéraire de Leyde, correspondant de l’Institut des Pays-Bas, il sera fait chevalier de l’ordre du Lion des Pays-Bas. Il sera aussi membre de diverses sociétés (Gand, Liège, Athènes…). Chateau- briand, Lamartine ou encore Xavier Marmier ont reconnu ses talents. Le 29 juin 1842, Victor Hugo lui adressait la lettre suivante : « Je vous remercie, Monsieur, de vos beaux vers. La noble et haute poésie est de tous les peuples, comme elle est de tous les temps. Vos belles strophes nous font compatriotes. L’art et la pensée, comme la religion, sont des patries, de saintes patries sans frontières, qui rallient toutes les âmes tournées vers l’infini. » (5) Le Luxembourgeois lui avait envoyé les strophes suivantes :

     

    Le Poète

    À M. Victor Hugo.

     

    « Qu’est-ce que l’art des vers ? Qu’est-ce que le poète ?

    « Comment le reconnaître ? à quel titre ? à quel trait ? »

    – Froid profane ! la lyre est sœur de la palette :

    Écoute ! quelques mots te feront son portrait.

     

    Le poète est un être au-dessus du vulgaire,

    Qui jette sur la foule un regard de pitié,

    Et qui, de tous les biens de cette pauvre terre,

    N’en encense que deux : l’amour et l’amitié !

     

    Le poète est un être, habitant d’autres sphères,

    Qui, sur les voix d’en haut, module ses accords,

    Vit avec sa pensée, et ne s’informe guères

    Si les fous d’ici-bas amassent des trésors.

     

    Le poète est un être ami de la nature,

    Qui chante les plaisirs, ou console les pleurs,

    Soupire sur les bords d’une onde qui murmure

    Ou tonne avec l’orage au milieu des horreurs !

     

    C’est un être nourri d’éther et d’ambroisie.

    Qu’un rameau de laurier garantit des revers

    Qui voit se consumer le flambeau de sa vie

    Dans des rêves divins, charmes de l’univers !

     

    C’est Homère, Virgile, et Milton et le Tasse,

    Et quelques héritiers de ces morts immortels.

    Que la Fable eût placés au sommet du Parnasse,

    À qui l’Histoire érige en tous lieux des autels.

     

    Oui ! c’est un être où Dieu mit un modèle d’âme,

    Un magique miroir qui darde mille feux,

    Un foyer d’où jaillit une éternelle flamme,

    Pour éclairer la terre aux purs rayons des cieux !

      

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    Malgré les louanges exprimées par ces grands auteurs – sont-elles en partie feintes ? –, malgré l’éloge que fera de lui Daniël François van Alphen, fils de Hieronymus, à La Haye, dans l’hémicycle du Parlement (séance du 25 novembre 1834), Clavareau n’a pas toujours été ménagé par les critiques : « Le poème est faiblement conçu. Les vers, en général d’une bonne facture, ne sont pas exempts d’enflure et de monotonie. L’auteur réussit mieux dans la poésie légère », affirme la Revue encyclopédique (1822, T. 14, p. 139) dans un commentaire lapidaire de La Mort du Comte d’Egmond, alors que quelques pages plus loin, ses Poésies (1821) recueillent un jugement plus clément : « De la facilité, de la correction dans le style, voilà ce qui distingue ce recueil, où le bon l’emporte sur le mauvais. Il apporte une nouvelle preuve que la langue française n’est pas cultivée avec moins de succès dans les Pays-Bas qu’en France. » (p. 370) C’est semble-t-il sa traduction de la Hollandsche Natie (1912) de Jan Frederik Helmers qui sera le plus sévèrement jugée pour des motifs sans doute plus politiques que littéraires. Clavareau prendra soin de répondre longuement à ces critiques, en particulier dans la préface au volume 2 de ses Œuvres dramatiques (1828) : « […] il est juste que je prenne une fois la défense de mes ouvrages, que certains critiques se plaisent à déchirer, depuis que ma Muse a osé ouvrir les trésors de la littérature hollandaise. J’espère qu’il ne me viendra jamais la bizarre idée de chercher à réfuter des articles de journaux dictés par la malveillance ; mais il m’a paru que les suffrages d’hommes éclairés et impartiaux répondraient victorieusement à toutes ces animosités personnelles que réprouvent à la fois et l’honnêteté et le bon goût. Je cultive les Lettres par plaisir et par délassement : il m’eût été si agréable de ne rencontrer que des personnes bienveillantes qui m’eussent averti, sans amertume et sans injures, des défauts de mes ouvrages : plusieurs ont répondu à mes désirs ; d’autres ont pris un chemin tout contraire, et en sont venus au point de ne pouvoir entendre parler de mes moindres succès sans éprouver une fureur qui semble tenir de l’hydrophobie. Je souhaite de tout mon cœur qu’ils se guérissent de cet état de convulsions ; aussi nuisible à leurs talens qu’à leur santé ».

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    Des amateurs de lettre français, lecteurs de ses traductions, l’ont remercié ainsi qu’en témoigne une lettre d’un certain Armand Clavier de décembre 1847 qui compare les mérites de Clavareau à ceux de Jacques Delille, traducteur de Virgile : «  […] je puis ajouter, sans craindre de blesser votre modestie, que vous avez rendu un éminent service à la littérature hollandaise, en éditant, en faveur de l’étranger, de ces œuvres de premier rang, que nous autres, Français, nous connaissons si peu, ce qui est un tort réel ».

    Xavier Marmier

    xaviermarmierportrait.jpgCe sont peut-être les liens que le traducteur entretenait avec Lamartine, Marmier ou encore Hugo qui lui ont permis de publier à quelques reprises dans l’Echo du Vaucluse, bihebdomadaire avignonnais dont une partie non négligeable des quatre pages était alors remplie par ces trois auteurs. Il a donné à ce périodique tant des traductions que des poésies de sa main : un poème de Da Costa (jeudi 18 juillet 1833), une « Ode à M. Alphonse de Lamartine après la mort de sa fille » (traduction sans nom d’auteur, dimanche 25 juillet 1833), le poème de Feith « La Conscience », (jeudi 19 septembre 1833), « À Madame de Lamartine, sur la mort de sa fille » (jeudi 5 juin 1834), « Napoléon à Sainte-Hélène » (jeudi 26 juin 1834), « Poésie encore un jour » (jeudi 11 décembre 1834). L’Écho du Vaucluse lui a par ailleurs décerné des éloges dans un papier paru en pages 1 et 2 le dimanche 1er juin 1834  sous le titre « Petits Poëmes à l’usage de l’Enfance, traduits du hollandais en vers français par M. Auguste Clavareau, Maestricht, chez M. Bury-Lefebvre, Imp.-Libraire » : « […] comme la mémoire est la première faculté intellectuelle, éveillée chez les enfants, l’emploi de la poésie convient parfaitement dans les livres destinés à cet âge. Il faut donc féliciter M. Auguste Clavareau, sur son heureuse idée de traduire en vers français, les poèmes néerlandais de Van Alphen. Ce n’est pas le premier service de ce genre que M. Auguste Clavareau rend à la France et à la Hollande. À lui seul nous devrons de connaître sous un nouvel aspect, la physionomie de ce peuple, qui n’est pas uniquement remarquable par son industrie, son commerce, son héroïque résistance contre le joug de fer de l’Espagne, par ses grands marins, par ses peintres au pinceau si précieux, si fini ; le peuple hollandais a aussi d’admirables poètes […] ». Le même auteur anonyme consacre une recension à la traduction du poème de Van der Hoop intitulée « Le Roi de Rome, poèmes par M. Auguste Clavareau » (dimanche 3 août 1834).

    Dans d’assez nombreux cas, Clavareau « imite » les poètes plus qu’il ne les traduits. Il laisse souvent place à ses propres sentiments et conceptions littéraires, conférant au texte une connotation et une couleur bien différentes de celles de l’original. Le Tombeau, sa transposition du poème Het graf de Feith compte près de cinq fois plus de vers que la version néerlandaise (environ 2000 contre 436 !). Mais sur ce sujet aussi, il lui arrive de parer aux reproches dans la préface de ses productions : « Ceux qui chercherons à disséquer mon ouvrage avec le scalpel d’une critique sévère, y pourront trouver des passages où je m’écarte un peu de l’original ; mais je supplie ces aristarques de se rappeler, dans leurs comparaisons, que je n’ai pas la prétention de donner mon travail VanDerHoopPortrait.gifcomme une traduction littérale, et d’avoir la bonne foi de convenir qu’il est souvent impossible de suivre Helmers fidèlement. Un traducteur, qui s’est imposé la tâche de faire connaître le génie d’un écrivain, doit s’occuper surtout du fond des idées, s’il veut approcher de l’effet que produit l’original » (6). Mais il lui arrive souvent aussi de coller d’assez près, voire de très près, l’original.

    A. van der Hoop Jr, par A.J. Ehnle/P. Blommers

     

    À propos de Lamartine, avec qui il a correspondu, Clavareau relève que Le Ciel étoilé et Orion, deux œuvres qu’il a traduites « ont précédé de bien longtemps les belles poésies de Lamartine, qui, à leur apparition, ont fait tant de bruit dans le monde littéraire » (lettre à Van Maanen, 27 janvier 1836).

    Il lui est arrivé d’envoyer ses traductions – et parfois des poèmes de sa main, voire des lettres dans lesquelles il préconisait des remèdes susceptibles de soulager certains maux ! – à Louis Philippe et à d’autres souverains européens. Mais il s’est bien entendu dispensé de faire parvenir au roi des Français celles qui auraient pu lui déplaire : à propos de l’attaque de la forteresse d’Anvers au cours de laquelle les troupes françaises jouèrent un rôle, il aurait été malvenu de faire lire au monarque des vers vantant l’héroïsme des soldats bataves.

    frchateaubriandportrait.jpgUn autre de ses correspondants fut Chateaubriand. Ainsi, le Vicomte lui adressa-t-il cette courte lettre datée du 9 avril 1845 : « Monsieur, Je me rappelle très-bien de l’honneur que vous fîtes de m’adresser une lettre en 1827. Depuis cette époque, je suis devenu bien vieux et il ne me reste plus qu’à mourir. Je vous prie de recevoir avec mes remerciemens sincères pour les beaux vers que vous voulez bien m’envoyer l’expression de ma considération la plus distinguée. »

    Une grande partie des revenus qu’Auguste Clavareau tirait de ses traductions allaient à des fonds d’aide à des victimes de catastrophe : « mon entreprise est toute basée sur la générosité et le patriotisme » (lettre à Van Maanen, 24 août 1836). Sa correspondance permet de montrer combien il s'employait pour faire publier sa nombreuse production : souvent, il prend les choses en main, envoie des courriers pour trouver des souscripteurs, entre en contact avec des éditeurs-libraires, engage parfois son propre argent, se charge d’obtenir des illustrations, etc. À quelques reprises, il entreprend des démarches en vue de faire diffuser des traductions à assez grande échelle en France ; dans une lettre du 6 juin 1834, il fait ainsi allusion à la possibilité d’envoyer 6000 exemplaires des Petits poèmes de Van Alphen ClavareauVarsovie.pngqui pourraient intéresser l’instruction publique ; dans une autre (30 octobre 1836), il affirme s’être « entendu avec le premier libraire de Paris pour répandre » Varsovie en France. Une autre fois, il s’efforce d’obtenir la diffusion de cette même œuvre qui prend le parti de la Russie face à l’insurrection polonaise. Il est assez difficile de suivre son « parcours » éditorial : de nombreuses traductions ont connu plusieurs rééditions dont les dates ne sont pas toujours faciles à situer ; certains livres imprimés dans un premier temps dans une ville ont en réalité paru chez un éditeur-imprimeur d’une autre localité. Qui plus est, Clavareau a bien souvent changé d’éditeurs même s’il a bien des fois travaillé avec une maison de Maastricht, Bury-Lefèbvre.

    Auguste Clavareau s’est éteint le 6 mars 1864. Environ un siècle après sa mort, la ville de Maastricht, où il a passé la plus grande partie de sa vie, a donné son nom à l’une de ses rues. À une époque, sa ville d’adoption a aussi compté une Société Auguste Clavareau (voir ci-dessous), cercle culturel qui organisait des manifestations littéraires. L’œuvre qu’il a laissée en français – dont des pièces pour œuvres musicales – est aujourd’hui totalement oubliée.

    Daniel Cunin

     

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    L’Art Moderne, 24 décembre 1905, p. 419

     

     

    (1) Sur ces questions, voir l’ouvrage très instructif de Guy Janssens & Kris Steyaert, Het onderwijs van het Nederlands in de Waalse provincies en Luxemburg onder koning Willem I (1814-1830), Bruxelles, VUBPress, 2008. Dans la préface des Mélanges de Poésie et de Littérature des Pays-Bas, L.G. Visscher écrit que sa publication « est composée de fragments d'une riche littérature, et cependant méconnue, que je cherche à faire connaître à ceux de mes compatriotes qui ignorent la langue hollandaise ou flamande, et qui désirent s'instruire par un moyen plus analogue aux connaissances qu'ils ont déjà acquises. Ce n'est pas un ouvrage d'opinion ni de parti ; je ne prétends rien insérer contre le goût et les habitudes d'un peuple que j'aime autant que je l'estime ; je ne défends point l'idiome d'une partie de la nation, quoiqu'il soit ma langue maternelle, comme je n'attaque point la langue française, parce que je ne saurais assez l'admirer ; j'aime donc à me persuader que je ne blesse ici les opinions de personne en émettant les miennes. »

    (2) Relevons qu'à l'époque (avant 1830), quand on parlait du royaume, on disait aussi bien les Pays-Bas que la Belgique ; l'expression « les Belges » pouvait désigner l'ensemble des habitants du royaume, les Hollandais et les Flamands les seuls habitants des provinces dont ils tenaient leur nom.

    (3) Le Présent le plus agréable au ciel suivi de Jenny ou la petite Espiègle et de Marie ou l’Amour filial, Lille, Lefort, 1858.

    (4) Dans le volume La Nation Hollandaise (notes au Chant III), Clavareau donne une traduction d’un long poème sur les héros Bataves de Gisius Nanning, Dévouement sublime ou Tableau national. Et une autre de La Fille infanticide de Schiller ! Il en profite pour faire une sévère critique de Spinoza et un éloge de la nation.

    (5) Lettre reproduite dans Échos Limbourgeois, 1842, p. 79, citée également dans la réponse du traducteur au directeur de L’Astrée.

    (6) « Préface du traducteur », La Nation Hollandaise, poème en six Chants avec des notes, traduit de Helmers d’après la sixième édition, Bruxelles, P.J. De Mat, 1825, p.  II.

     

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    Biographie nationale du pays de Luxembourg

    depuis ses origines jusqu’à nos jours. Fascicule n° 3, 1951.

     

     

    Le poème « De pruimeboom » (« Le prunier »)

    de Hieronymus van Alphen

    chanté par l’ Ensemble Pont de la Virtue

    dans une adaptation de Christian Ernst Graf

     

     

    Bibliographie

    (non exhaustive)

     

    Œuvres traduites

    (du néerlandais et d’autres langues)

     

    Portrait de J. F. Helmers

    HelmersPortrait.gifLord Byron, La Fiancée d’Abydos, poëme en deux chants, avec des notes, 1823.

    Soupir vers l’Italie, 1824.

    Études poétiques, imitées de divers auteurs Hollandais, 1824.

    J.F. Helmers, La Nation Hollandaise, poëme en six chants, avec des notes, traduit d’après la sixième édition, 1825.

    R. Feith, Le Tombeau, poëme en quatre chants, traduit d’après la quatrième édition, et suivi de quelques poésies diverses, 1827.

    H. Tollens, Les Bataves à la Nouvelle-Zemble, poëme en deux chants, traduit  de Tollens, suivi de poésies diverses de Tollens, de Bilderdijk et du Traducteur, 1828, réédition en 1838 (avant d’autres) sous le titre : L’Hivernage des Hollandais à la Nouvelle-Zemble, 1596-1597. Une édition scolaire (1851) comprendra une introduction historique. Une édition de luxe a paru en 1839 avec un portrait du traducteur. Relevons, pour ce qui est de Willem Bilderdijk, l'existence d'une traduction française d'un long passage de son Histoire de la Patrie dans : Nicolas Châtelain, Histoire du synode de Dordrecht, 1841 (sans nom de traducteur).

    J. de Kruiff, L’Espérance de se revoir, poëme en deux chants, 1829.

    R. Feith, Thirsa, ou le triomphe de la Religion, tragédie en cinq actes et en vers, traduite d’après la cinquième édition, 1830.

    A. van der Hoop Jr, La Canonnière, ballade dédiée aux marins hollandais, 1832.

    A. van der Hoop Jr, La Campagne de dix jours, couronne de victoire, offerte à S.A.R. le Prince d’Orange et à ses braves, poëme, 1832.

    H. van Alphen, Petits poëmes à l’usage de l’enfance, 1832.

    H. Tollens, Le Jour de prière générale dans la Néérlande (2 décembre 1832), 1832.

    H. Tollens, L’Anniversaire du prince d’Orange (déc. 1833), chant populaire, s.d (1833).

    H.A. Spandaw, Les Femmes, poëme en quatre chants, 1833.

    A. van der Hoop Jr, Varsovie, tableaux guerriers et poétiques, 1833 (œuvre dédiée au Tsar).

    H. van Alphen, Petits poëmes, à l’usage de l’enfance, 1834 (l’édition comprend en outre quelques poèmes de M. van Heijningen-Bosch).

    ClavareauCarmagnola.pngA. van der Hoop Jr., Le Roi de Rome, 1834.

    J. Bellamy, Marie (Roosje), romance, 1835.

    H. van Alphen, Le Ciel étoilé, cantate, 1835.

    Françoise (Francyntje) De Boer, Petits poëmes, à l’usage de l’enfance, dédiés à mes petites filles Adèle, Sophie, Thérèse, ornés de quatre dessins lithographiés par Nolthénius de Man, 1835.

    E.A. Borger, À mon enfant, dédié à Mme de Lamartine, 1836.

    Petits poèmes à l’usage de la jeunesse hollandaise, poèmes de Feith,  Immerzeel,  Lulofs,  P. Moens, Nierstrasz, de Visser, Warnsinck et Wiselius, 1836.

    P. Nieuwland, Orion, ode, dédiée à Mr. Alphonse de Lamartine, 1836.

    La Nouvelle Abeille du Parnasse, ou choix de morceaux tirés des meilleurs poètes (dont Le Réveil de J. van Lennep), à l’usage des maisons d’éducation, suivie des extraits de La Nation hollandaise de Helmers, 1836.

    J. van Wijk, Histoire de la patrie, en cinquante deux leçons, 1837. lt;/span>

    Étrennes nationales, chants patriotiques, dédiés à son Altesse Royale le Prince d’Orange, 1839.

    Impressions de l’âme, Mélange de traductions du Hollandais, de l’Allemand, de l’Anglais, et de poésies du Traducteur, au profit des quatre veuves et des dix-neuf orphelins, victimes du naufrage du flibot Vrouw Pieternella Pronk, 1841.

    A. van der Hoop, La Mort d’un joueur, tableau dramatique, 1847.

    Souvenirs poétiques, recueil de poésies traduites et originales, dédié à Chateaubriand, 1847.

    À Monsieur Donker Curtius, Ministre de la Justice, au moment des discussions sur la révision de la loi fondamentale des Pays-Bas, 1848.

    Fr. Forster, Guillaume d’Orange ou l’Union d'Utrecht, drame lyrique en quatre actes et sept tableaux, 1848.

    Silvio Pellico, Françoise de Rimini, tragédie en cinq actes et en vers, 1849.

    Prudens van Duyse, Chant de l’Esclave germain, dithyrambe, 1849.

    A. Manzoni, Le Comte de Carmagnola, tragédie en cinq actes et en vers, 1851.

    T. Körner, Toni, drame en trois actes et en vers, 1852.

    C.G. Withuys, Le Parjure, épisode tiré de l’histoire de l’Amérique du Nord, 1852.

    T. Körner, Deux cœurs de femme, ou le Domino vert, comédie en un acte et en vers, 1855.

    Jan van Beers (1821-1888)

    JanvanBeers.gifJan van Beers, L’Aveugle, 1856.

    E.W. van Dam van Isselt, Herman, poème, 1856.

    G.J. Sieburgh, Java, poème, 1856.

    Jan van Beers, L’Enfant du pauvre, 1857.

    Thomas Moore, Le Paradis et la Péri, conte oriental, 1857.

    Thomas Moore, Les Amours des Anges, poëme oriental, 1858.

    Thomas Moore, La Lumière du Harem, ou la fête des roses, poëme oriental, 1859.

    L. Van den Broek, Petits poëmes, à l’usage de l’enfance et dédiés à Sa Majesté la Reine des Pays-Bas, 1859.

    J. Heye, Petites poésies, à l’usage de l’enfance, 1859.

    Fleurs de famille, avec des pièces du traducteur, 1860.

    Six poèmes de Jan Pieter Heije, dans J.P. Heije, Al de kinderliederen, 1861

    B.H. Lulofs, Plaintes de la jeune Claire, sur la mort de sa mère,

    Nicolas Becker, Le Rhin Germanique, chant national.

    J. van Lennep, Le Réveil, traduit de Van Lennep, musique de Van Bree.

    À une mère, sur la mort de sa fille, traduit du manuscrit d’un inconnu.

      

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    Œuvres d’A. Clavareau

     

    Poésies fugitives suivies des projets de bonheur, comédie en trois actes et en vers, 1813 (ou 1814).

    Le Caton par amour, comédie en un acte et en vers, 1819.

    Valmore, drame héroïque en trois actes, 1820.

    Poésies, 33 pièces de vers, 1821.

    Les Médisantes, comédie en trois actes, en vers (vers 1821).

    La Mort du Comte d’Egmond, poëme inspiré de l’œuvre de M. Camberlyn, 1821.

    Un jour de fortune, ou les Projets de bonheur, comédie en 3 actes et en vers, 1822.

    Mauvaise tête et bon cœur, comédie en un acte et en vers, 1822.

    Les héros de Huisduinen, par un philanthrope, 1824.

    L’Amour de la patrie, poème, 1826.

    Derrière le Tombeau de Feith, quelques pièces, 1827.

    Œuvres dramatiques, 2 vol., 1828.

    Pièces ajoutées aux Bataves à la Nouvelle-Zemble de Tollens, 1828.

    Les Harmonies de la nature, poème en cinq chants, suivi de L’Amour de la patrie, poème, 1829.

    Chant guerrier au général Chassé, 1832.

    Pièces dans Étrennes nationales, 1839.

    Quelques pièces dans Impressions de l’âme, 1841.

    Échos Limbourgeois, publiés au bénéfice des Incendiés de Hambourg, dont quelques pièces traduites, 1842.

    Lauriers et cyprès, poésies détachées, dédiées à la Reine des Pays-Bas, 1849.

    Marie, ou l’amour filial, petite pièce de théâtre, 1853.

    L’Inconnu ou le merle blanc, comédie en un acte et en vers, 1854.

    L’Étudiant aux arrêts, intermède, dédié aux jeunes étudiants des Collèges, 1854.

    Églantines, Pervenches et Cyprès, poésies religieuses, 1854.

    La Veille des vacances, petite pièce de théâtre, 1855.

    La Répétition interrompue, petite pièce de théâtre, 1855.

    L’Inondation de 1855 dans la Néerlande, au profit des victimes de l’inondation, 1855.

    Deux cœurs de femme, comédie en un acte, 1855.

    Jenny, ou la petite Espiègle, comédie en un acte et en prose, à l’usage des jeunes demoiselles, 1856.

    L’Ange sur les ruines du temple Saint-Martin à Wyck-Maestricht, 1856.

    La Pose de la première pierre de l’Église Saint-Martin à Wyck-Maestricht, 1857

    Le Pêcheur de Blankenberghe, légende du XIIe siècle, dédiée à Mr. Eugène Van Meerbeke, 1857.

    Le Présent le plus agréable au ciel, petite pièce de théâtre, 1858.

    Fleurs de famille, 1860.

    La Pensionnaire en retenue, intermède à l’usage des pensionnats de jeunes demoiselles, 1861.

    Ode aux dieux de la Grèce, posthume.

     

    Autres textes : les préfaces à ses recueils (traités ou esquisses autobiographiques) ; des articles et feuilletons : « Invention de l’Imprimerie », repris sous le titre « Laurent Coster » ; « Lafontaine » ; « Des jeux de la vie » ; « Être maître » ; « Le Diable » ; « Quelques pages des tablettes d’une jeune femme » ; « Quelques réflexions sur le Suicide » ; « De l’amour et des amours » ; « La Tête et le cœur » ; « La Mode » ; « De l’Honneur » ; « Luxe et Indigence » ; « Du Charlatanisme » ; « De l’Esprit » ; « La Langue » ; « Les yeux et les oreilles » ; « L’Eau et le feu » ; « Nous le sommes tous » ; « Sur l’Epigramme » ; « Du Madrigal »…

     

    Des poèmes (ou autres contributions) de Clavereau ont paru dans les revues et journaux suivants :

    Journal de la Haye (1848) ; Astrea/L’Astrée ; La Sylphide (revue bordelaise, 1863) ; L’Écho de Vaucluse (1833 et 1834) ; L’Écho des feuilletons (« La Jeune aveugle », 13ème année),  Journal de Liège et de la Province (1854) ; Le Journal du Limbourg ; Nederlandsche Muzen-Almanak (1838) ; Le Courrier de la Meuse ; Journal du Limbourg ; Annuaire de la littérature et des beaux-arts ; Mémoires et Annuaire de la Société libre d’émulation de Liège ; Provinciale Friesche Courant (1854 et 1855) ; De Noordbrabanter (1855)…

     

    Poèmes (de circonstance, la plupart non datés) : Le Jour de l’An ; Aux ennemis de la paix ; Dieu, donne nous la paix ! ; À l’occasion de l’Exposition des fleurs à Maestricht ; Pour les pauvres ; À l’industrie, à l’occasion du XIe congrès national agricole, à Maestricht, le 26 Juin 1856 ; À l’occasion de l’inauguration de l’éclairage au gaz de la ville de Maestricht ; La Jeune malade, 10 Octobre ; À Son Altesse Royale, Monseigneur le Prince d’Orange, héritier de la Couronne du Royaume des Pays-Bas, le jour de sa majorité, 4 Septembre 1858 ; Ode à l’occasion de l’ouverture du chemin de fer d’Aix-La-Chapelle à Maastricht ; La Naissance du Sauveur ; L’Enthousiasme, ode ; Fête de l’Immaculée Conception ; Les Rogations, ode dédiée aux Pasteurs de village ; La Pentecôte ; L’Assomption ; Le Mois de Marie

     

    Sources

    L’exposé le plus complet sur la vie (et la bibliographie) de Clavareau figure dans un mémoire de fin d’études de Leanne Vroomen que nous remercions vivement : Auguste Clavareau : un missionnaire : achtergronden bij de beweegredenen van een dichter en vertaler, 1997, Scriptie Faculteit der Letteren, Radboud Universiteit Nijmegen, sous la direction du professeur André Hanou. Ce mémoire a par ailleurs le mérite de reprendre une partie de la correspondance du traducteur (63 lettres portant sur la période 1824-1847). C'est à ce travail que nous empruntons la plupart des passages de diverses lettres.

    Michael Smiets, « Levensschets van Auguste Clavareau », Jaarboek van de Maatschappij der Nederlandse Letterkunde, 1871, p. 243-253.

    Voir aussi la postface de l’édition bilingue en ligne des Kleine gedigten voor Kinderen de H. van Alphen : ICI

    E. Jeanné, «  Een Limburgsdichter van Franse expressie : Auguste Clavareau (1787-1864) », Tijdschrift voor taal en letteren, 1937, p. 257-285.

    Johan Wilhelm Marmelstein, « Een Franse bewerking van Van Alphens Kleine gedichten », Levende talen : berichten en mededelingen van de Vereniging van Leraren in Levende Talen, juin 1943, p. 181-184.

    P.L. van Eck Jr., « Van Alphen in ’t Frans », Levende talen, oct. 1943, p. 227-230.

     

     

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    Publications de la Société d'Archéologie du duché de Limbourg,

    T. 1, 1864, p. 207-208

     

    la plupart des documents reproduits ci-dessus proviennent de la DBNL, de Gallica, de Google Books ou encore d'Internet archive

     

     

     

     

  • Hadewijch - Lettre 9

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    La neuvième lettre

    du recueil de la mystique Hadewijch

     

     

    CouvBrieven1947.png

    Vol. I de l'édition J. van Mierlo des Lettres de Hadewijch,

    Standaard Boekhandel, 1947

     

     

    texte moyen néerlandais (éd. J. van Mierlo)

     

    God doe v weten lieue kint wie hi es Ende wies hi pleghet met sinen knechten Ende nameleke met sinen meiskenen Ende verslende[n] v in hem Daer de diepheit siere vroetheit es daer sal hi v leren wat hi es Ende hoe wonderleke soeteleke dat een lief in dat ander woent Ende soe dore dat ander woent Dat haerre en gheen hem seluen en onderkent Mer si ghebruken onderlinghe ende elc anderen Mont in mont ende herte in herte Ende lichame in lichame Ende ziele in ziele Ende ene soete godlike nature doer hen beiden vloyende Ende si beide een dore hen seluen Ende al eens beide bliuen Ja ende bliuende.

     

     

    Lettre IX

     

    Dieu te donne de savoir chère enfant qui il est

    Et comment il agit avec ses serviteurs

    Et en particulier avec ses jeunes servantes

    Et qu’il t’engloutisse en lui

    Là où est la profondeur de sa sapience là il t’apprendra ce qu’il est

    Et l’incroyable douceur avec laquelle un aimé habite dans l’autre

    Et l’habite tellement de part en part

    Qu’aucun d’eux ne se reconnaît plus

    Mais ils jouissent réciproquement l’un de l’autre

    Bouche dans bouche et cœur dans cœur

    Et corps dans corps

    Et âme dans âme

    Et une douce nature divine par eux deux fluant

    Et eux deux demeurent un à travers soi-même

    Et eux deux entièrement pareils à l’autre

    Oui le demeurant

     

    traduction Daniel Cunin

     

     


    Ay, in welken soe verbaerd de tijt, chant 45 de Hadewijch

     

     

  • La Comtesse des digues

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    Un roman de la « châtelaine de Missembourg »

     

      

    CouvGeversDigues.jpg

    Editions Labor,  coll° Espace Nord, n° 6, 2000

    préface Jacques Sojcher, lecture Vincent Vancoppenolle

    Couverture : Theo Van Rysselberghe,

    Voilier sur l’Escaut (détail), 1892

     

     

     

    O vieille maison blanche en l’étang reflétée,

    La douceur répétée

    De ce nom, toute enfant, je l’aimais: « Missembourg »

    Un son vif, puis un lourd.

     

    Mais le sens de ce nom me fut longtemps mystère…

    Jusqu’au jour où mon père,

    Rangeant de vieux papiers, pensivement me dit :

    « C’est aux temps interdits

     

    Que la maison qui nous abrite fut nommée :

    Les églises fermées,

    Vers les quatre-vingt-treize, des prêtres proscrits

    Ont dit la messe ici. »

     

    Missembourg… Missembourg… chant long, « château des messes »

    Tout le passé se dresse…

     

     

    Marie Gevers (1883-1975) fait partie de ces écrivains flamands qui ont choisi le français pour écrire leur œuvre. Son fils Paul Willems (1912-1997), qui lui succèdera à l’Académie royale de langue et de littérature française de Belgique, fera d’ailleurs de même. Née à Edegem, près d’Anvers, Marie Gevers a passé sa vie dans la grande maison familiale de Missembourg, laquelle sert de cadre à plusieurs de ses livres. Les strophes citées ci-dessus fournissent une des versions relatives à l’origine du nom de la vieille demeure. Outre son œuvre, elle a laissé un certain nombre de traductions de romans et contes d'auteurs flamands et néerlandais.

    Le roman le plus célèbre de Marie Gevers, La Comtesse des Digues (1931) – avec lequel Mensen achter de dijk (1949) de son confrère et compatriote Filip de Pillecyn (1891-1962) n’est pas sans présenter des parallèles – offre une merveilleuse évocation d’un coin des Flandres et d’un monde aujourd’hui disparu. Beautés de la nature, métiers d’antan, menaces que font peser les éléments, sentiments qu’éprouve l’héroïne Suzanne tiraillée entre plusieurs hommes dont l’un, le beau et fort Triphon, incarne la nature et un autre, Max Larix, la bourgeoisie cultivée, sont les ingrédients majeurs de cette histoire qui se déroule sur les bords de l’Escaut, le grand amour de l’héroïne : « Elle songeait vaguement que Triphon avait “mangé à la cuisine” avec Jo et que Larix se promenait en quelque sentier boueux. Elle trempa sa main droite dans l’étang, s’amusant du cercle de fraicheur à ses doigts… une bague de fiançailles avec l’eau… parfois à son poignet : “ainsi l’anneau de la chaine qui me retient à l’Escaut”… Puis creusant sa main, elle y ramenait un peu d’eau – l’âme de l’Escaut – et la laissait couler entre ses doigts joints. Elle pêcha ainsi un de ces petits têtards qui pullulent dans les mares : “Je pêche l’âme de l’Escaut dans un trou à brochet… et je ramène une larme noire”. »

     

    La maison de Missembourg

     

     

    Le mot de l’éditeur

     

    L’histoire intrigante et passionnante d’une femme amoureuse d’un homme et d’un fleuve. Parviendra-t-elle à concilier ces deux amours si différents ? C’est le roman du fleuve, de l’Escaut-roi, du mariage, toujours à préserver, des eaux avec les terres qu’elles irriguent et qu’elles minent. C’est le roman d’une femme attachée au fil des saisons, à la surveillance des digues, au combat d’amour avec l’eau. Mais il arrive que les digues cèdent, que le désir soit plus fort. Alors il faudra que la Comtesse des digues choisisse et qu’elle trouve entre l’homme qu’elle va épouser et le fleuve une nouvelle harmonie.

     

     

    Sur la langue employée par l’auteur

     

    La Comtesse des Digues – comme d’ailleurs la plupart des œuvres de Marie Gevers –, révèle de diverses façons son appartenance à un espace linguistique bilingue ou même plurilingue. Ce sont évidemment d’abord les nombreux patronymes et toponymes flamands qui enracinent ce texte dans un « terroir » linguistique bien précis, au même titre, d’ailleurs, que les paysages évoqués, les allusions au folklore, à l’artisanat local, à la flore et à la faune. Mais il y a plus : on observe que la langue française tend à s’y faire vernaculaire, accueillante aux expressions populaires en flamand, aux apports lexicaux étrangers dans les mots de la conversation (dag, proficiat, mijn beste), aux interjections en dialecte du pays de Weert. Un rapport dialogique s’instaure même par endroits avec la langue flamande : ce sont ces rapports, en ce qu’ils déterminent les modalités d’émergence d’une langue dans l’autre, qui retiendront surtout notre attention ici car ils constituent à notre avis la véritable histoire de ce texte. (suite)

     

     

    CouvGeversOiseaux.png

    Les Oiseaux gris

    roman de l’écrivain néerlandais Arthur van Schendel (1874-1946)

    traduit par Marie Gevers, Plon, 1939

     

     

    Entretien vidéo avec Marie Gevers : ICI

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    Deux textes de Marie Gevers

    « Le Pain du printemps » & « Soyez fidèles à Orion »

     

    En ligne sur Marie Gevers, un dossier de la revue Textyles :

    Alberte SPINETTE, « Marie Gevers ou les rythmes du monde »

    Anne JANMART, « Marie Gevers et Max Elskamp : de la rue Saint-Paul aux arbres de Missembourg »

    Cynthia SKENAZI, « Marie Gevers et Jean-Jacques Rousseau : affinité ou héritage ? »

    Christian BERG & Anne VERSTREPEN, « La langue dans la langue : une relecture de La Comtesse des digues »

    Vincent Vancoppenolle, « La composition de Madame Orpha et son histoire : quelques notes »

    Michel TORREKENS, « Madame Orpha : le "candiraton" ou la rumeur populaire »

    Xavier DEUTSCH , « Pour les peupliers de Paix sur les champs »

    Murielle BRIOT, « "Mais la cueilleuse de nénuphars demeure intacte..." »

    + Denis MALASI NGANDU, « Le Congo (Zaïre), le Rwanda, le Burundi dans Dialogues africains de R. Bodart et Des mille collines aux neuf volcans de M. Gevers »