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Auteurs néerlandais - Page 29

  • Anthologie

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    Poètes néerlandais de la modernité

     

     

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     Éditions Le Temps des Cerises, novembre 2011, 338 p., 15 €

     

     

     

    Henri Deluy, entouré d’une équipe de traducteurs, présente aux éditions Le Temps des cerises, une anthologie de la poésie néerlandaise couvrant, à travers 27 poètes, les années 1880-2010. Il a rassemblé « des poètes qui, depuis ce qu’on a appelé le ‘‘Mouvement de 1880’’, ont chanté le beau et envisagé la poésie comme l’expression la plus haute de l’homme. Les Tachtigers (de ‘‘tachtig’’, quatre-vingt, soit ‘‘ceux des années quatre-vingt’’), ces hommes et rares femmes qui se sont manifestés à partir de 1880, ont provoqué une rupture avec la poésie des pasteurs protestants alors de mise. La génération montante avait à l’esprit une toute autre poésie, plus individualiste, plus passionnée. Ce n’est pas par les chefs de file de ce mouvement, Albert Verwey et Willem Kloos, que s’ouvre la présente anthologie, mais par quelqu’un qui fit ses débuts dans la revue qu’ils avaient fondée, De Nieuwe Gids (Le Nouveau Guide), Herman Gorter. Ce dernier, remarque Willem Kloos lorsqu’il fait sa connaissance, ne ressemble pas du tout à un poète, mais plutôt à un sportif. La prédiction qu’il émet va se révéler juste : ce que ce garçon écrit aura ‘‘une portée pour tous les pays et tous les temps’’. » Dans sa préface Erik Lindner, ajoute : « On aurait certes pu emprunter d’autres chemins dans la poésie néerlandaise, établir d’autres liens, mentionner d’autres noms, choisir d’autres poèmes. Quoi qu’il en soit, mieux vaut une anthologie qui résulte du choix d’un seul homme qu’un trop large éventail ou un catalogue d’ensemble. Observateur de la poésie néerlandaise depuis 1950 – époque où il a vécu aux Pays-Bas avec son épouse hollandaise –, pionnier et passeur, Henri Deluy propose au lecteur francophone une sélection qui témoigne d’un sens prononcé de la poésie moderne, une poésie qui marque les esprits. Il offre en même temps aux Néerlandais un regard sur leur propre pays, un instantané de leur poésie lancée vers d’autres imprévisibles. » 

     

     

     1 des 234 poèmes 

      

     

    Le soldat qui a cloué Jésus à la Croix

     

     

     

    Nous l’avons crucifié. Alors que je levais

     

    Le marteau, ses doigts se sont crispés sur le clou –

     

    Mais sa voix douce a dit mon nom puis : « Aimez-moi – »

     

    J’avais pénétré à jamais le grand mystère.

     

     

     

    J’ai expulsé un rire, mes dents ont même grincé,

     

    Suis devenu un fou en quête de sang d’amour :

     

    Je l’aimais – j’ai tapé et cogné sur le clou

     

    Qui a transpercé sa main, fait éclater le bois.

     

     

     

    Aujourd’hui, tel un dément, un clou dans la main,

     

    Je grave un poisson – son nom, son monogramme –

     

    Sur chaque mur, chaque poutre, chaque tronc d’arbre,

     

    Sur ma poitrine ou, accroupi, sur le sable,

     

     

     

    Et quand on me pose une question, je réponds :

     

    « Il a transpercé ma main d’un clou. »

     

     

    M. Nijhoff 

    (trad. Daniel Cunin)

     

     

     

    poésie, pays-bas, traduction, le temps des cerisesLes 27 poètes : Herman Gorter (1864-1927), Johan  Andreas dèr Mouw (1863-1919), J. H. Leopold (1865-1925), Adriaan  Roland Holst (1888-1976), Theo van Doesburg (1883-1931), Til Brugman (1888-1958), Jan Jacob Slauerhoff (1898-1936), Martinus Nijhoff (1894-1953), Hendrik Marsman (1899-1940), Gerrit Ach- terberg (1905-1962), Jan Hanlo (1912-1969), Bert Schierbeek (1918-1996), Jan G. Elburg (1919-1992), Hans Lodeizen (1924-1950), Lucebert (1924-1994), Gerrit Kouwenaar (né en 1923), Hans Faverey (1933-1990), H.H. ter Balkt (né en 1938), Eva Gerlach (née en 1948), Anneke Brassinga (née en 1948), Tonnus Oosterhoff (né en 1953), Jaap Blonk (né en 1953), Esther Jansma (née en 1958), Nachoem  M. Wijnberg (né en 1961), Rozalie Hirs (née en 1965), Erik Lindner (né en 1968), Saskia de Jong (née en 1973).


    Les traductrices & traducteurs : Kim Andringa, Kiki Coumans, Daniel Cunin, Henri Deluy, Saskia Deluy, Liliane Giraudon, Saskia de Jong, Erik Lindner, Bert Schierbeek, Anna Maria van Soesbergen, Éric Suchère.

     

    L’anthologie sera présentée le 15 novembre à 19h00 à l’Institut néerlandais (Paris) et le 2 février 2012 à la Maison Descartes (Amsterdam)

     

      couverture : Bert Schierbeek, La Porte, trad. Henri Deluy, Fourbis, 1991


  • Hella Haasse (1918-2011)

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     La Chasse aux étoiles

     


     

    La plupart des livres de Hella S. Haasse ont été traduits en français par Anne-Marie de Both-Diez et par Annie Kroon (Actes Sud & Le Seuil).

     

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    Images de Hella Haasse

     

    Hommage (en néerlandais)

     

     

    Entretien (en néerlandais) avec Hella S. Haasse 

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    Entre votre premier roman historique consacré à Charles d'Orléans, En la forêt de longue attente, et La Récalcitrante qui relate les aventures conjugales de Charlotte-Sophie Bentinck, mariée en 1733, cinquante ans se sont écoulés...
    H.H.
     Et ma façon d'écrire a radicalement changé. En la forêt de longue attente est un roman traditionnel, linéaire, écrit avec force détails dans la tradition du XIXe siècle. Or, l'expérience de la vie, la perception que nous en avons, est bien plus composite, imbriquée, faite de strates successives. J'ai donc changé ma manière pour La Ville écarlate et Un goût d'amandes amères. Le récit est composé comme un puzzle, le lecteur progresse par associations, et c'est à partir des éléments distribués dans le texte qu'il appréhende le tout. 

    hella haasse,traduction littéraire,annie kroon,anne-marie de both-diez,lettres néerlandaisesCe qui a changé également, c'est votre manière d'utiliser les documents...
    H.H.
     Je suis de plus en plus fascinée par les archives et la possibilité qu'elles offrent de savoir exactement ce que pensaient les gens, la manière dont ils s'exprimaient, le fait qu'ils racontent d'eux-mêmes à travers leur correspondance ou un journal intime ce que fut leur propre vie. La Récalcitrante et Les Seigneurs du thé sont basés sur des documents authentiques que je livre tels quels, car je trouve bien plus intéressant de donner leur point de vue plutôt que le mien. 

    En ce sens, le romancier ne va-t-il pas plus loin que l'historien ?
    H.H.
     Certainement, car il ose, à partir des faits historiques dont il dispose, élaborer, interpréter, supputer et supposer telle relation ou telle motivation chez un personnage. J'ai l'impression que le romancier travaille comme un détective doté d'un sens assez sûr de la psychologie. 

    D'où vous vient ce goût pour l'Histoire ?

    hella haasse,traduction littéraire,annie kroon,anne-marie de both-diez,lettres néerlandaisesH.H. De mes premières lectures peut-être. Je lis depuis l'âge de cinq ans. J'aimais les contes d'Andersen, ceux des Mille et une nuits, les histoires de Jules Verne. Jeune fille, je lisais dans la langue originale les romans historiques de Walter Scott et de Victor Hugo. Mon père me permettait de lire tout ce que je souhaitais, je pouvais puiser librement dans la biblio- thèque...  (...) La question de l'autofiction ou de la fiction relève d'un choix personnel qui ne porte en soi aucune valeur. Peut-on jamais dire la vérité sur soi-même ? N'est-on pas, tou- jours et quoi qu'il arrive, une fiction pour soi ? Ne suffit-il pas de commencer à écrire sur soi pour savoir im- médiatement que c'est une autre sorte de vérité qui surgira ? Ce qui compte, c'est le style, la quête d'un style et le fait qu'un récit éveille ou non chez le lecteur le désir de descendre en soi comme le fit l'écrivain. 

     

    Extrait de l'entretien de l'auteur avec Catherine Argand (Lire, 01/03/2003)


    Un goût d'amandes amères, le roman que Hella Haasse considérait comme le plus abouti

     

  • De Dunkerque à Vlieland, de Hadewijch à Hafid

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    Lettres néerlandaises :

    impressions d’un lecteur français

     

     

    lettres néerlandaises, traduction littéraire, Flandre, Pays-Bas, édition

     

     

    Petite incursion dans ma bibliothèque : Histoire de la littérature flamande (A. Snellaert, 1849), De la littérature néerlandaise à ses différentes époques (J.A. Alberdingk Thijm, 1854), La Vie littéraire de Marnix de Sainte-Aldegonde et son « Tableau des Differends de la Religion » (G. Oosterhof, 1909), La Littérature flamande contemporaine (A. de Ridder, 1923), Conrad Busken Huet et la littérature française (J. Tielrooy, 1923),  Bilderdijk et la France (J. Smit, 1929), Le Réveil littéraire en Hollande et le naturalisme français (1880-1900) (J. de Graaf, 1938), Panorama de la littérature hollandaise contemporaine (J. Tielrooy, 1938), Les Sœurs Loveling (H. Piette, 1942),lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,édition  Alluvions et nuages. Courants et figures de la littérature hollandaise contemporaine (A. Romein-Verschoor, 1947), La Littérature belge de langue néerlandaise (K. Jonckheere, 1958), La Littérature néerlandaise (P. Brachin, 1962), Jan Slauerhoff (1898-1936). L’homme et l’œuvre (J. Fessard, 1964), Vondel et la France (W. Thys, 1988), la volumineuse – plus de 900 pages – Histoire de la littérature néerlandaise (réd. H. Stouten, J. Goedegebuure & F. van Oostrom, 1999), L’œil de l’eau. Notes sur douze écrivains des Pays-Bas (J. Beaudry, 2002)…

    lettres néerlandaises, traduction littéraire, Flandre, Pays-Bas, éditionJe m’abstiens de mentionner les anthologies disponibles en langue française comme la traduction d’œuvres majeures ou totalement oubliées. D’énumérer les revues qui ont tenu une chronique sur les lettres néerlandaises, contiennent des contributions sur Multatuli, Hella. S. Haasse ou Paul van Ostaijen, présentent en traduction des poèmes de Lucebert, Peter Holvoet-Hanssen ou Onno Koster, de la prose de Hafid Bouazza, de Jan Arends ou encore de Hugo Claus. Ces publications se comptent par centaines. Certes, beaucoup parmi celles de l’ère anté-informatique s’empoussièrent dans de rares bibliothèques ou chez tel bouquiniste de Béziers ou d’Anvers, mais il suffit de passer en revue la bibliographie établie en 1999 par J. Verbij-Schillings pour constater que nombre de productions du XXe siècle et d’un plus lointain passé ont été traduites, certaines avec maestria, et qu’avec un peu de ténacité, un néophyte de langue française peut se forger une assez bonne idée des lettres néerlandaises sans avoir forcément accès aux textes originaux. Si l’on attend toujours une traduction de certaines œuvres en prose (les Nederlandsche Historien de P.C Hooft, Van de koele meren des doods de F. van Eeden, Het ivoren aapje de Herman Teirlinck, des romans et nouvelles de F. Bordewijk, J. van Oudshoorn, Willy Spillebeen, Eenzaam avontuur de Anna Blaman, De Zondvloed de Jeroen Brouwers, Dubbelspel de F.M. Arion, de nouvelles traduction des romans de Louis Paul Boon et de Maurice Gilliams… sans oublier la grand classique de la littérature jeunesse Jip en Janneke) et de celle de poètes majeurs (M. Nijhoff, G. Achterberg, Jan van Nijlen…), de plus en plus d’auteurs contemporains, voire des « classiques » du proche passé (le Max Havelaar de Multatuli, une grande partie de l’œuvre de Hugo Claus, les deux romans les plus connus de W.F. Hermans, quelques titres de Gerard Reve, Simon Vestdijk, J. Slauerhoff, les premiers recueils de Lucebert…) sont aujourd’hui offerts à la curiosité des lecteurs et donnentlettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,édition parfois lieu à une chronique radiophonique circonstanciée ou à des recensions élogieuses (certes il y a aussi des critiques littéraires tout aussi peu scrupuleux que la mère d’Alfred Issendorf – le personnage central de Nooit meer slapen –, ainsi que le prouve l’article paru dans un magazine spécialisé à propos justement du roman Ne plus jamais dormir, traduction de ce même Nooit meer slapen). Dans la sphère francophone, la littérature néerlandaise demeure donc une terre totalement inexplorée uniquement pour ceux qui ne prennent pas la peine d’ouvrir les livres en vente chez les bouquinistes ou publiés depuis un certain temps par des éditeurs ayant pignon sur rue (Actes Sud, Gallimard, Le Seuil, Albin Michel, Héloïse d’Ormesson, Belfond, L’Âge d’homme, Le Castor Astral, Bourgois…).

    lettres néerlandaises, traduction littéraire, Flandre, Pays-Bas, éditionAutrement dit, de nombreux efforts ont été faits pour mettre en valeur tant des auteurs flamands que des auteurs néerlandais, certains ayant d’ailleurs eu l’honneur de collections plus ou moins prestigieuses. Ainsi, à la fin du XIXe siècle, « La Nouvelle Bibliothèque Populaire », dans des fascicules à la portée de presque toutes les bourses et très largement diffusés, a accordé, parmi un total de 500 auteurs français et étrangers présentés dans une notice biographique et littéraire souvent bien documentée, une place à une œuvre de J.J. Cremer, Alberdingk Thijm, Hildebrand, Bilderdijk, Conrad Busken-Huet, Erasme et de Joost van de Vondel. Plus près de nous, la célèbre série des « Poètes d’aujourd’hui » éditée par Pierre Seghers – maison qui avait déjà donné en 1954 Par-delà les chemins d’Adriaan Roland Holst – a pu consacrer un volume à Guido Gezelle et un autre à Karel Jonckheere. Celle dirigée par Claude Michel Cluny aux éditions La Différence a proposé dans les années 1990 une anthologie Cobra ainsi qu’un large choix de la poésie des Flamands Karel van de Woestijne et Leonard Nolens.

    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionSi je tiens à relever la présence de toute ces publications, c’est pour corriger un peu l’image que beaucoup se font et qui était d’ailleurs la mienne voici un quart de siècle lorsque la littérature néerlandaise n’était encore pour moi qu’une terrae incognitae. Comme beaucoup de Français, j’ignorais jusqu’au nom de Multatuli, n’avais jamais entendu parler de Vondel ni de Willem Frederik Hermans. L’outil Internet n’existant pas encore, je n’avais pu prendre connaissance, à 1000 kilomètres de la Flandre, de l’abondance des textes disponibles en langue française. Certes, à plus d’une occasion, la découverte palpitante d’un ouvrage d’occasion ne tardait pas à se traduire par un certain désappointement : la médiocre transposition ne m’encourageait guère à lire les auteurs flamands ou bataves dans une autre langue que la leur.

    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionL’énumération du premier paragraphe se veut en quelque sorte un hommage aux histoires de la littérature, non tant à celles parues en français, qu’à celles de Jonckbloet, Te Winkel, Knuvelder, Anbeek ou encore aux ouvrages collectifs Twee eeuwen literatuurgeschiedenis et Nederlandse Literatuur, een geschiedenis. Un hommage aussi aux découvreurs et éditeurs de textes médiévaux et aux biographes. Les épais volumes de Wim Hazeu, Hedwig Speliers, Gé Vaartjes, Frédéric Bastet, Harry G.M. Prick, Jan Fontijn, Michel van der Plas, Marco Daane et de bien d’autres sont autant de voyages au long cours au fil desquels il nous est loisible de faire escale, le temps de reprendre en main un ouvrage de Vestdijk, de Frederik van Eeden, de Richard Minne, de Louis Couperus…

     

    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionSans certains de ces volumes, qui présentent chacun ses qualités et ses défauts, il n’est guère possible à un étranger d’explorer en profondeur l’exotique terre des lettres néerlandaises : « dat is een land waar je nergens vaste rots onder je voeten hebt ! » dirait le professeur Nummedal. Car il s’agit bien, lorsqu’on découvre, en partant de zéro, une littérature étrangère, d’une expérience de l’exotisme au sens que donne à ce terme Victor Segalen. Parallèlement à cette exploration se constituent des îlots au gré des lectures des œuvres littéraires elles-mêmes. Des îlots : l’œuvre ou une partie de l’œuvre d’un auteur donné, plus rarement les meilleurs fruits d’un courant littéraire.

    Si le hasard, la curiosité sont pour beaucoup dans ces découvertes et dans la création progressive d’un « canon » personnel, un livre offert, un simple conseil peuvent aussi favoriser l’engouement pour un auteur donné. À cela, il convient d’ajouter, en ce qui me concerne, une manie : les chemins de traverse. Le désir de lire nombre d’œuvres a en effet été éveillé et continue de l’être par des « intermédiaires », des « passeurs », en particulier des lettrés francophiles qui m’entraînent dans leur sillage à travers leur perception de leur propre culture et de la culture française, autrement dit des auteurs qui ont fait une démarche similaire à la mienne mais dans le sens inverse. Ainsi, c’est toujours un régal de parcourir des auteurs comme Frans Erens, W.G.C. Byvanck, Alexander Cohen, J. Tielrooy, André de Ridder et d’autres dont le nom ne me vient pas immédiatement à l’esprit… Les écrivains d’expression française qui permettent d’entrer dans l’univers néerlandophone sont encore trop rares, mais ils existent. lettres néerlandaises, traduction littéraire, Flandre, Pays-Bas, éditionAu XIXe siècle, un Alphonse Esquiros et un Xavier Marmier ont évoqué les figures de Bilderdijk, d’Isaac da Costa, de Nicolaas Beets ou de Jacob van Lennep. À notre époque, le poète Jean-Claude Pirotte nous invite en Gueldre, rend hommage à Eddy du Perron. Le natif de Dunkerque Claude-Henri Rocquet offre un retour sur la vie et l’œuvre de Ruusbroec. Empruntant les pas d’un des romanciers français majeurs, à savoir Jean Giono, nous nous immisçons dans l’atelier de l’un de ses confrères, pacifiste comme lui, auteur qui lui apparaît comme un « chimiste de la joie » : « Je ne connais pas Antoon Coolen. C’est actuellement le seul homme que je voudrais connaître. […] Dans ce livre, tout est à la même profondeur. Je veux dire qu’il y a accord parfait entre la tragédie et le plus minuscule détail. […] Le ton d’une voix, la veste d’un villageois, le cochon qui lettres néerlandaises, traduction littéraire, Flandre, Pays-Bas, éditionfouille la boue, le couvent de la charité, et même les gendarmes, tout est d’accord. Je ne dirai par que c’est le grand talent d’Antoon Coolen ; c’est plus. C’est plus important que du talent. C’est qu’il est l’expression même de la profondeur à laquelle se passe le drame. Il est l’homme exact. Il est l’enfant du monde. » Une préface comme celle donnée en 1936 par Giono à l’édition française (Grasset) du roman de Coolen De goede moordenaar – dont est tirée cette citation – peut faire bien plus que des pages érudites ou des discours savants pour favoriser la reconnaissance d’un écrivain hollandais en France ; ce n’est pas un hasard si Le Bon assassin a été réédité à Paris en 1995, recueillant des éloges dans le quotidien français le plus en vue. André Gide a signé pour sa part la préface du premier roman néerlandais paru en traduction aux éditions Gallimard, Zuyderzée (1938) de son ami Jef Last : « Last est moins un romancier qu’un poète ; où, si l’on veut, c’est un romancier à la manière de Knut Hamsun. » Trop rares aussi les Xavier Hanotte, romancier wallon qui a donné de belles traductions de Hubert Lampo, Doeschka Meijsing, Walter van den Broeck, Ward Ruyslinck, Maarten ’t Hart, Willem Elsschot… Les traducteurs font eux aussi partie de ces passeurs qui attirent notre attention sur un livre donné tout en nous incitant à revenir à l’original. Parmi ceslettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,édition devanciers, il y a par exemple l’homme de lettre néerlandais d’expression française, Auguste Clavareau qui a laissé d’innombrables transpositions de poésies (De Hollandsche Natie de J.F. Helmers, De overwintering der Hollanders op Nova Zembla de H. Tollens, Kleine gedichten voor kinderen de H. van Alphen…). Et plus récemment Philippe Noble qui, depuis Le Pays d’origine (Gallimard, 1980, préface d’André Malraux) a donné ses lettres de noblesse à la traduction des créations néerlandaises (Eddy du Perron, Cees Nooteboom, Harry Mulisch, Etty Hillesum, J. Bernlef…).

     

    lettres néerlandaises, traduction littéraire, Flandre, Pays-Bas, éditionCes publications diverses et multiples évoquées ci-dessus font partie intégrante à mon sens de la littérature néerlandaise, même si bien entendu une traduction entre dans un autre domaine linguistique. Pourquoi, malgré ces montagnes de papier, cette littérature reste aussi mal connue en France, pays après tout de Michiel de Swaen, « le plus talentueux des poètes de son temps » (E.K. Grootes) ? Quelques explications peuvent être avancées, je n’en tiens aucune pour concluante et me contente de les livrer à titre de réflexion. Une première réside en France même : l’État jacobin s’étant employé à éradiquer les langues régionales et la religion dominante, le flamand, défendu essentiellement par le clergé et des érudits catholiques, a été celle qui a le plus souffert – le morcellement du flamand en parlers locaux et les répercussions de l’ère napoléonienne ont pesé aussi dans la balance. Les Camille Looten et autres Vital Celen qui ont tenté de défendre le patrimoine littéraire local ont livré un combat perdu d’avance. Le mépris affiché par les élites – y compris celle qui incarne les études germaniques – pour le « patois » de l’extrême nord-est du territoire n’a pas encouragé les plus curieux à traverser la frontière. Le flamand de Belgique, longtemps relégué « à la cuisine et à la taverne », a d’ailleurs lui aussi souffert d’un tenace préjugé : les lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditiongrands écrivains flamands d’expression française de la fin du XIXe siècle et des décennies suivantes ont sans doute, par leur choix d’écrire dans la langue de la bourgeoisie, conforté cet a priori. Malgré le succès commercial d’un Conscience en France – au XIXe siècle, 160 éditions françaises de ses œuvres ont paru –, malgré une littérature qui venait de renaître de ses cendres, on a considéré pendant longtemps le flamand comme une langue peu appropriée à l’écriture de grandes œuvres. C’est ce qu’a encore affirmé un écrivain français il y a peu à l’antenne d’une radio parisienne. Sur cela sont venues se greffer des problématiques purement belges : les traductions de romans et recueils de poésie publiées en Belgique même restent souvent ignorées à Paris ; ces traductions, souvent faites dans le passé par des Flamands, ne présentaient pas toujours les qualités requises pour séduire un lectorat exigeant ; par ailleurs, le microcosme des lettres n’a pas forcément toujours favorisé la transposition en français des meilleurs livres. Côté batave, d’autres obstacles ont contrarié une meilleure connaissance de la production locale à l’étranger. La littérature n’y a jamais joui d’un crédit comparable à ce qu’il a pu être dans un pays comme la France. Je ne suis pas près d’oublier les paroles d’une poétesse néerlandaise avec qui j’ai échangé quelques phrases à Paris. Me demandant qu’elle était mon activité : « Traducteur de littérature néerlandaise », elle a rétorqué : « O, wat zielig ! » Depuis qu’une politique sérieuse d’aide à la traduction a été mise en place (la chose vaut aussi en Flandre), on remarque une amélioration sensible des choses. Ainsi que l’écrivait M.A. Orthofer dans le numéro précédent de la revue De Revisor, « Yet even without relying on some of its greatest names - Bordewijk, Reve, Voskuil, among others - Dutch littérature has established itself internationally. » Nous ne pouvons donc plus faire nôtre les propos que tenait l’académicien Edmond Jaloux il y a ¾ de siècle. Soulignant que les lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionpouvoirs publics n’avaient jamais rien fait pour que la littérature du cru fût connue à l’étranger, il estimait à juste titre que la Hollande s’était « enfermée dans une attitude d’aristocratique secret » : « C’est un sort tragique que celui des écrivains néerlandais qui parlent une langue inconnue hors de chez eux et de la Flandre. De plus, et par un mystère incompréhensible, personne n’a jamais voulu s’intéresser à leurs œuvres. On a fait un sort à des petits poètes tchécoslovaques, yougoslaves, etc., etc., et les meilleurs écrivains de Hollande n’ont point trouvé de répondant dans l’Europe lettrée. Il faut que cela tienne en partie à leur caractère fermé et quasi-insulaire, car j’ai fait moi-même diverses démarches pour interrompre cet état de choses et n’ai trouvé d’appui nulle part, et surtout pas en Hollande ». Un dernier constat s’impose, lisible dans bon nombre des titres mentionnés plus haut : le savoir a été transmis le plus souvent par les néerlandophones eux-mêmes, dans un français parfois approximatif ; tant qu’il n’y aura pas en France une « caste » d’amateurs de cette littérature septentrionale – universitaires, écrivains, journalistes et autres –, celle-ci n’acquerra pas la place qui lui revient.

     

    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionQuelles impressions me laissent cette littérature elle-même ? La production récente reflète-t-elle encore « cette modération si humaine, cette tolérance, ce génie de l’intimité, cet amour de la réalité et du détail saillant (dont parlait Victor van Vriesland en 1965 dans sa préface aux Nouvelles néerlandaises des Flandres et des Pays-Bas) qui, de tout temps, ont été dans le caractère néerlandais, sans pour cela éliminer l’élément imaginatif, voire visionnaire, de sa vie intérieure » ? Convient-il d’insister sur la veine autobiographique de bien des romans, sur la dominante citadine ou rurale, sur la composante sociale ou psychologique, sur l’apport des écrivains d’origine étrangère, sur la place qu’occupe encore la deuxième guerre mondiale en Hollande ou la première en Flandre ?  Est-il d’ailleurs question d’une séparation bien nette entre Pays-Bas et Flandre ? Est-il pertinent, à l’instar de nombre d’observateurs européens, d’établir des comparaisons entre l’art du romancier et celui du peintre ? Devant la profusion de titres qu’on recense chaque année dans cette petite aire culturelle, il s’avère en réalité bien difficile de dégager quelques lignes de force. Il serait aisé de trouver quatre ou cinq romans de qualité apportant un démenti à une assertion trop générale. Peut-être est-il au fond préférable de s’en tenir à quelques remarques lacunaires de dilettante.

    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionLa chose la plus curieuse certainement, c’est de voir que l’apothéose a eu lieu très tôt, alors même qu’il n’était pas encore du tout question de littérature néerlandaise et que l’idiome était loin d’être « fixé » comme il peut l’être aujourd’ hui. Avec les poèmes et autres textes de la mystique Hadewijch, un sommet a en effet été atteint dès le XIIIe siècle. Rares sont les pages qui témoignent d’une telle perfection où l’écrit, le dit, le chanté, le vécu intérieur sont en parfaite osmose. Le Verbe et le corps se rejoignent avec virtuosité, un courant vital passe dans le tissu que composent les éléments verbaux en vue de transformer de l’intérieur auditeur et lecteur. Bien entendu, d’autres genres comme le théâtre, la nouvelle, le roman ou encore la novelle ont permis à des auteurs plus récents d’affirmer un talent incontestable, mais ceux qui parviennent à suggérer la douceur, la violence ou le désir avec une même intensité ne sont pas forcément légion.


    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionAutre donnée frappante : le vieillissement assez rapide de la langue qui s’accompagne parfois d’un appauvrissement du style. Quand on goûte la prose d’un Couperus, d’un Van Deyssel, d’un Gilliams, on est frappé de constater que d’aucuns la trouvent indigeste, trop sophistiquée, redondante de gallicismes. En France, le décalage est moindre entre des écrivains fin de siècle, ou encore un Paul Gadenne, et un Pierre Michon, un Guy Dupré, un Julien Gracq. L’appauvrissement du style est manifeste dans quantité de romans que je suis amené à lire pour des éditeurs parisiens.

    Dans le roman contemporain, tant aux Pays-Bas qu’en Flandre, l’influence de la culture anglo-saxonne au sens large semble plus prononcée encore qu’en France, et cela va peut-être de pair, chez les jeunes générations, avec un désintérêt pour le passé littéraire national ; il est rare de relever parmi celles-ci un intérêt pour les grandes figures du siècle d’Or – intérêt qu’avait montré pour sa part le trop tôt disparu Frans Kellendonk dans Geschilderd eten – ou des prédécesseurs plus proches. Sans forcément remonter jusqu’à Stijn Streuvels ou à Louis Paul Boon, la prose flamande conserve malgré tout une saveur particulière, de par le vocabulaire ou l’approche des sujets, par exemple chez Leo Pleysier, Geertrui Daem, Erik Vlaminck ou le nouveau venu Jan Vantoortelboom. Pouvoir passer d’un universlettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,édition typiquement batave (Boven is het stil de Gerbrand Bakker, De vedronkene de Margriet de Moor…) à une atmosphère (rurale) flamande teintée de formes (pseudo-) dialectales n’est pas sans charme. Pour un regard étranger, l’un des attraits de la Hollande littéraire réside dans les fenêtres que l’on peut entrouvrir sur d’autres domaines linguistiques – l’afrikaans et le frison – et ouvrir toutes grandes sur quelques contrées lointaines. La « styliste délicieuse » Augusta de Wit, la militante Beb Vuyk, le raffiné Couperus, la perfectionniste Hella S. Haasse, le feuilletoniste P.A. Daum, le conteur Johan Fabricius, le subtil A. Alberts, la tardive Maria Dermoût, Rob Nieuwenhuys alias Breton de Nijs, Tjalie Robinson alias Vincent Mahieu et bien d’autres nous entrainent, chacun à sa manière, en Indonésie ou aux Moluques, évoquant qui ses jeunes années, qui les facettes contrastées du colonialisme, qui les beautés ou les forces obscures de la nature. Autant de fresques auxquelles il convient d’ajouter le « rouge décanté » (bezonken rood) des camps japonais. Tournons la tête, et nous voici aux Antilles (F.M. Arion, Tip Marrug, Cola Debrot…) ou au Surinam (Albert Helman, Edgard Cairo…).


    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionPour ce qui est des différents genres littéraires, quelques-uns excellent à tous les pratiquer. Retiré sur l’île de Vlieland ou se frottant à ses détracteurs à Amsterdam, Willem Jan Otten mène ainsi, y compris dans son théâtre, une quête autobiographique en profondeur bien éloignée des relations sans saveurs qui remplissent les épais volumes d’une Frida Vogels. Des genres que questionne aussi sans répit quelqu’un comme le Flamand Stefan Hertmans. Depuis Louis Paul Boon, trop peu de romanciers peut-être laissent parler une imagination débordante aux dimensions épiques ; dans des registres très différents, Tomas Lieske, Thomas Rosenboom ou encore Stefan Brijs savent créer de véritables univers romanesques aux antipodes de la continence calviniste ou de la veine neurasthénique. Après l’inimitable Gerard Reve, Stephan Enter et Hafid Bouazza se sont affirmés comme des stylistes hors de pair. Virtuose, ce dernier charrie dans sa phrase l’idiome du passé. Au brio stylistique, Jeroen Brouwers joint pour sa part une savoureuse verve polémique dans la lignée d’un W.F. Hermans ; il a par ailleurs le grand mérite, comme quelques autres Néerlandais exilés au Sud, d’observer la Flandre de l’intérieur et d’être une passerelle, ce dont témoignent ses essais sur le monde éditorial et nombre de ses confrères. Avec l’essayiste Robert Lemm, les Pays-Bas ont trouvé leur Léon Bloy. Et avec entre autres Hella S. Haasse qui vient de nous quitter, Margriet de Moor et Hélène Nolthenius (décédée en 2000), de remarquables ambassadrices du roman « historique ». Un humour tout enlettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,édition finesse se rencontre chez F. Springer, celui d’Adriaan van Dis étant d’une facture plus typiquement batave ; quant à Arnon Grunberg, il opte souvent pour une fibre plus caustique. La prose courte (kort verhaal, novelle) permet à certains d’acquérir l’immortalité littéraire (Nescio, Cola Debrot, C.C.S. Crone…). Pour ce qui est de la littérature jeunesse, il convient de saluer et le talent de certains à transgresser la barrière des âges et la maestria des illustrateurs (c’est grâce à eux que bien des albums attirent l’attention des éditeurs étrangers). Relevons encore un  souci de qualité littéraire chez quelques jeunes bédéistes.

     

      

    lettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,éditionEn Hollande et en Flandre, comme partout ailleurs, des poètes se lèvent plus ou moins à chaque génération, voire à chaque décennie, pour dénoncer immobilisme, stérilité et défaut de ceci ou de cela chez leurs devanciers. Gerrit Kouwenaar, qui, à bientôt 90 ans, fait sans doute un peu figure d’ange tutélaire, a défendu à une époque « le poème en tant que chose » (het gedicht als een ding). Son approche a bien entendu subi les attaques de nouveaux venus. Au final, l’essentiel ne réside pas tant dans ces disputes que dans la coexistence de diverses poésies qui se renouvellent sans cesse, y compris peut-être la plus populaire, souvent poésie de circonstance qui recueille un succès stupéfiant aux Pays-Bas. La poésie y est en effet présente tant lors de fêtes familiales, des obsèques que dans la presse et à la télévision. La couverture médiatique à laquelle ont donné lieu l’annonce de la disparition de Simon Vinkenoog et ses funérailles est sans comparaison avec ce dont « bénéficierait » un prix Nobel de littérature en France. La désignation d’un « prince des poètes » constitue une sorte d’événement national de même que la Journée de la Poésie. Chaque grande ville a aujourd’hui son poète officiel (le phénomène existe aussi en Flandre). Dans l’esprit du public, cela peut générer une certaine confusion entre la poésie « sérieuse » et la poésie « poétique » au sens péjoratif du terme. Pour un Français, la découverte de recensions de recueils de poésie dans les principaux organes de presse ne manquait pas d’étonner ; mais cette place accordée par les journaux au genre en question appartiendra sans doute bientôt au passé. Même si une partie des poètes flamands majeurs sont publiés à Amsterdam, c’est peut-être dans le domaine de la poésie que la différence est la plus prononcée entre les deux aires néerlandophones. Il est sans doute exagéré de parler de deuxlettres néerlandaises,traduction littéraire,flandre,pays-bas,édition traditions séparées – les Septentrionaux lisent les Méridionaux et vice versa –, mais les influences sont autres, le ton grave et contemplatif plus propres aux Néerlandais. La poésie d’expression néerlandaise semble échapper aujourd’hui à toute catégorisation, les créations – sur papier et sur écran – les plus antagonistes se côtoient. C’est par celles-ci que cette littérature septentrionale satisfait probablement le plus à l’une des exigences majeures qui habite tout amateur : éprouver un plaisir rare à la lecture d’œuvres aux antipodes les unes des autres.

     

    Daniel Cunin

     

     

    une version plus courte de ce texte a paru en néerlandais

    dans  De Revisor, Halfjaarboek voor nieuwe literatuur 2,

    Querido, 2011 (trad. Jan Pieter van der Sterre)

     

     

  • W.F. Hermans in vertaling

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    Het werk van Willem Frederik Hermans

     

    een algemeen overzicht van de Franse vertalingen en de receptie van La Chambre noire de Damoclès (2006) en Ne plus jamais dormir (2009)

     

     

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    Dames en heren, laat ik om te beginnen het woord geven aan Willem Frederik Hermans zelf:

     

    ‘De schrijver die zichzelf in een slechte vertaling leest, krijgt een gevoel alsof er een prop in zijn mond geduwd wordt.’ (WFH, Dinky toys, 1976)

     

    tweede citaat:

    ‘Ik vind de meeste vertalingen uit het Nederlands, niet alleen van mijn boeken maar anderen ook, zeer slecht.’ (WFH in het vraaggesprek ‘Waarom schrijven’, 1983)

     

    derde citaat:

    ‘Het Nederlandse literaire prestige staat in het buitenland op geen enkele hoogte. Maar befaamd zijn is belangrijk.’ (WFH in ‘Het lijden der vertaalde schrijvers’, 1981, Klaas kwam niet )

     

    vierde en laatste citaat:

    ‘’t Lot van de vertaler is niet te benijden.’

     

    Dit zinnetje staat aan het eind van een kroniek van Hermans uit 1980, ‘Magiërs en vertalers’. ‘’t Lot van de vertaler is niet te benijden’ moet hier met een korreltje zout opgevat worden. De schrijver heeft het over John Vandenbergh, een gerenommeerde vertaler uit het Engels, die ‘a snipe of champagne’ als ‘een kalkoentje champagne’ vertaalde. Een vondst waarvan Hermans onder de indruk was ‘want, groot liefhebber van de prikdrank in kwestie, kon ik niet begrijpen waarom de term “kalkoentje” mij totaal onbekend was. Ik heb het opgezocht in Van Dale. Het blijkt een flesje met een inhoud van 0,2 liter te zijn. Nou goed. Ik drink champagne nooit uit zulke kleine flesjes als Vandenbergh klaarblijkelijk. ’t Lot van de vertaler is niet te benijden.’ In mijn vertaalloopbaan ben ik maar één keer door een uitgever om mijn vertaalwerk getrakteerd op een glaasje champagne – qua inhoud een kalkoentje –, namelijk door uitgeverij Gallimard naar aanleiding van Milan Kundera’s bespreking van La Chambre noire de Damoclès.

    Het lot van de vertaler is misschien niet te benijden, maar dat van de Nederlandse schrijver in den vreemde evenmin, tenminste tot voor kort. Dat blijkt uit verschillende teksten van Hermans waarin hij klaagt over zowel de onbekwaamheid van vertalers als de kwade wil van uitgevers. (Men leze bijvoorbeeld ‘Het lijden der vertaalde schrijvers’.) Koesterde de romancier nog enige hoop op internationale erkenning toen hij zich in Parijs vestigde, uiteindelijk moest hij zich erbij neerleggen dat die hoop ijdel was. Beroemd worden over de grenzen werd hem niet gegund. Een bittere teleurstelling waaraan zijn perikelen met enkele Franse en Belgische vertalers niet vreemd waren.

    WFHHeerlen4.pngPrecies elf jaar vóór zijn verhuizing naar Parijs werd voor het eerst een werk van Hermans in het Frans overgezet en gepubliceerd bij uitgeverij Le Seuil (‘De Drempel’, zou Anatole Biquart / Age Bijkaart zeggen). Voor deze Chambre noire de Damoclès tekende de Belg Maurice Beerblock, een dichter-journalist die voor- namelijk uit het Duits en het Engels vertaalde. De Franse vertaling bleef niet onopgemerkt: nog voordat de verfilming van de Donkere kamer in Cannes gepresenteerd werd en wellicht nieuwe aandacht op de roman vestigde, publiceerde Aragons communistische tijdschrift Les Lettres françaises een recensie getiteld ‘Au cœur des ténèbres’ (een verwijzing naar Conrads Heart of Darkness). France Observateur, een weekblad opgericht door oude verzetstrijders, vroeg zich af of W.F. Hermans een ‘Günter Grass néerlandais’ was.

    WFHHeerlen13.pngDesondanks sloeg de vertaling nauwelijks aan bij het Franse lezerspubliek. Daarvan heeft de geboren Amsterdammer menigmaal de schuld aan de vertaler gegeven. Die laatste heeft daar weinig last van gehad: in ’62, het jaar waarin La Chambre noire het licht zag, was hij op tweeëntachtigjarige leeftijd overleden. Pas in 1991 zou uitgeverij Le Seuil de rechten op het boek vrijgeven. Toen schreef Hermans aan Wouter van Oorschot: ‘Ik hoop dat het u lukt er iets mee te doen, bij voorbeeld een nieuwe vertaling.’ Zo’n zin laat zien dat de schrijver, ook al stond hij na enkele droevige ervaringen argwanend tegenover vertalingen van zijn werk, zich niet uitdrukkelijk verzette tegen alle vertaalplannen, zeker niet als het ging om een vertaling in een taal die hij niet beheerste. Bij zijn leven zijn er een twintigtal vertalingen in boekvorm van zijn werk gepubliceerd, en sinds zijn dood eenzelfde aantal.

     

    WFHHeerlen5.jpgHoe dan ook, in Frankrijk wilde het niet echt vlotten: de in 1965 gepubliceerde vertaling van Het behouden huis (La Maison préservée, in de bundel korte verhalen Nouvelles néerlandaises des Flandres et des Pays-Bas, Seghers, vertaald door de Brusselse dichteres Liliane Wouters) kon Hermans niet uit zijn neerslachtigheid helpen, integendeel. In totaal werden er tot aan zijn dood maar zeven korte teksten (korte verhalen, een toneelstuk en fragmenten uit romans) door verschillende vertalers in het Frans overgezet:

     

    1972: fragment uit De donkere kamer van Damokles in Anthologie de la prose néerlandaise. Pays-Bas, II, Aubier, vertaald door hoogleraar Pierre Brachin, groot kenner van de Nederlandse cultuur, maar weinig getalenteerd in het vertalen.

     

    1975: ‘La machine électrostatique de Wimshurst’ (‘De elektriseermachine van Wimshurst’ uit de bundel Een wonderkind of een total loss), in Les Lettres nouvelles, literair tijdschrift opgericht door Maurice Nadeau (1, n° 3), in een vertaling van Selinde Margueron.

     

    1979: het toneelstuk ‘Périandre’ (‘Periander’, 1974) in het Frans-Engels tijdschrift ADAM, International Review, Londen, 41, n° 410-412, vertaald door Jacques François, een Franse vriend van de auteur.

     

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    maart 1985: ‘Pourquoi écrivez-vous? 400 écrivains répondent’ (kort fragment uit Waarom schrijven?), supplément Libération - herdrukt in de Livre de Poche nr 4086 (1988).

     

    november 1991: het korte verhaal ‘Vers Magnitogorsk’ (‘Naar Magnitogorsk’ 1990), in het prestigieuze La Nouvelle Revue Française, n° 466, vertaald door Louis Gillet, op verzoek van de auteur grondig herzien door Jacques François.

     

    1992: ‘Préambule’ uit Paranoia, in Septentrion, n° 3, ingeleid door Jaap Goedegebuure, vertaald door Jean-Marie Jacquet.

     

    1993: fragment uit De tranen der acacia’s in de bloemlezing Prosateurs néerlandophones contemporains, Ons Erfdeel, vertaald door Jacques Fernaut.

     

    WFHHeerlen6.jpgDe meesten onder u kennen het verhaal: eind jaren tachtig zouden bij Actes Sud vertalingen verschijnen van Het behouden huis en van Nooit meer slapen. Het heeft niet zo mogen zijn: vertaler Philippe Noble, wiens vertaaltalent een paar jaar eerder door Hermans zelf werd erkend, was niet op tijd klaar. Voor Hermans een onacceptabele nalatigheid. Op zijn aandringen werd het contract vernietigd. Tot op zekere hoogte ben ik Hermans daar dankbaar voor: als hij zich soepeler had opgesteld had ik nooit Nooit meer slapen en De donkere kamer van Damokles mogen vertalen. Deze twee romans en een paar andere zouden dan waarschijnlijk bij Actes Sud al in de jaren negentig het licht hebben gezien in een uitstekende vertaling van Philippe Noble.

    Toen Gallimard uiteindelijk rond 2004 de twee meesterwerken besloot te publiceren heeft de uitgever aan drie of vier mensen gevraagd een proefvertaling te maken van de eerste hoofdstukken van De donkere kamer. Dat de erven hoge eisen stelden is begrijpelijk: ik zou hetzelfde hebben gedaan; er worden nog steeds matige vertalingen op de markt gebracht.

    CouvWFHJohann.jpgMaar in mei 2006 was het dus zover: La Chambre noire de Damoclès lag in de boekwinkel. Een voorpubli- catie van twee fragmenten was te lezen in het Vlaamse Franstalige tijdschrift Septentrion,met een beschouwing van G.F.H. Raat over de auteur en zijn werk. Zoals vaker met een Franse vertaling van een in Nederland gecanoniseerd werk heeft de Nederlandse pers bijna evenveel aandacht aan de publicatie van La Chambre besteed als de Franse kranten. ‘Frankrijk laat W.F. Hermans herkansen’ stond b.v. te lezen in De Volkskrant van 26 mei 2006. Een week eerder, had Livres-Hebdo het over ‘Een labyrintische, metafysische roman met de kwaliteiten van een thriller. (…) De auteur zou vast met de vertaling tevreden zijn geweest.’ In het nummer van juni-juli van Page, een ander vakblad voor boekverkopers, onderstreepte Parick de Sinety de nachtmerriedimensie van de roman. Op 19 augustus, sprak Rose-Marie Pagnard in de Zwitserse krant Le Temps van ‘de flambloyante en nog nooit vertoonde verbeeldingskracht van Hermans’. En dat is het zo’n beetje tot de inmiddels beroemde recensie van Milan Kundera in Le Monde van 26 januari 2007. Een paar maanden eerder had Kundera zijn Nederlandse vertaler Martin de Haan op bezoek. Hij vroeg hem: zou je me een mooie Nederlandse roman kunnen aanbevelen? De Haan verwees hem naar La Chambre noire, een half jaar eerder in het Frans verschenen. Dankzij de stem van de auteur van L’insoutenable légèreté de l’être werden enkele buitenlandse uitgevers, met name in Spanje en Tsjechië, attent gemaakt op het bestaan van het ‘œuvre capitale’ van Hermans. Naar aanleiding van het stuk van Kundera - trouwens overgenomen in de Nederlandse pers - werden ook enkele zeer positieve recensies op Internet geplaatst, één in het Arabisch, en enkele in het Frans.


    De enige kritische opmerkingen op mijn vertaling kwamen van de kant van het Hermans-magazine. In het nummer van juni 2007 somde Hermansverzamelaar Joost Glerum enkele ‘schoonheidsfoutjes’ op, kritiek die niet overal relevant was, zoals ik duidelijk mocht maken in een droit de réponse. Glerum had in elk geval de moeite genomen de vertaling van 2006 te vergelijken met die van 1962: al met al was hij zeer te spreken over de nieuwe mouture.

    Ondanks het feit dat de eerste oplage van het boek nog lang niet uitverkocht is, blijft het webloggers her en der boeien. Zo legde een zekere Inma Abbet in juli jongstleden de nadruk op de vertige de l’incertitude: ‘In de roman spelen de dingen zich af op de achtergrond van een vreemd en vervreemdend stadsbeeld. Er wordt een soort eeuwigdurende beweging opgeroepen. Dit komt tot uitdrukking in de vele taferelen die zich in treinen of trams afspelen, die in feite convergerende lijnen zijn naar een onwaarschijnlijke horizon.’

    CouvDormir2.jpgNa het artikel van Kundera had men bij de verschijning in oktober 2009 van Ne plus jamais dormir wat meer nieuwsgierigheid mogen verwachten van de Franse recensenten. Ten onrechte. Recensenten hebben geen tijd, er zijn er maar een paar, met name in België, die enig verstand hebben van Nederlandse literatuur. Galli- mard kan niet alle auteurs die de uitgeverij publiceert even goed promoten, laat staan een schrijver die niet meer leeft. Toch zijn er enkele literatuurcritici die het stukje van Kundera niet helemaal waren vergeten. In de krant Libération van 29 oktober 2009 (‘Hermans sur sols mouvants’) uitte Mathieu Lindon, zoon van de oprichter van les Éditions de Minuit, zijn bewondering door vooral enkele treffende citaten aaneen te rijgen. Zes maanden later, in La Libre Belgique (10 mei 2010, ‘Anti-héros. La route pour nulle part’), nam de criticus Jacques Hermans - geen familie! dat had Willem Frederik zeker niet gedoogd -, dezelfde citaten over als Lindon. Daarbij leverde hij commentaar op enkele aspecten en thema’s van de roman zoals de hang naar kennis, de onmogelijkheid om de medemens te kennen enzovoort. Verder zag Jacques Hermans een verband tussen het werk van zijn naamgenoot en diens twee allergrootste vrienden: ‘Willem Frederik Hermans verdedigt de stelling die zegt dat mens en wereld een surrealistische invloed ondergaan, en hierin staat hij dicht bij Gerard Reve en, tot op zekere hoogte, bij Mulisch. (…) In zijn zowel geestig als cynisch verhaal getuigt de auteur van hetzelfde wantrouwen ten aanzien van de moraal en de beschaving als Harry Mulisch in Het stenen bruidsbed (…). Nooit meer slapen kenmerkt zich door een experimenteren à la Borges, door satires à la Horatius, door een essay-stijl die aan Montaigne doet denken - kortom ontroerende emotie, humor die ontwapent en een ongedwongen stijl, teken van wijsheid.’

    Later verschenen er nog een paar oppervlakkige korte stukjes, b.v. in een vakblad voor bibliothecarissen (Envie de lire. Les coups de cœur des bibliothécaires, n° 30, automne 2010). En in het herfstnummer 2010 van Septentrion wijdde Gerard Raat een artikel aan het boek (niet aan de vertaling): ‘de roman als zoektocht, als bedevaart gezien vanuit een bovenaards perspectief - iets wat de meteoriet symboliseert, de brok steen afkomstig uit de hemel. Alleen vanuit dat perspectief kan men op objectieve wijze het menselijk leven beschouwen.’


    WFHHeerlen11.pngMaar de bespreking die wellicht onze aandacht het meest verdient, is de allereerste waarin Ne plus jamais dormir wordt verdedigd. In Livres-Hebdo van 16 oktober 2009 schreef Alexandre Fillon een stuk waar de naam van de moeder van hoofdpersoon Alfred Issendorf onder had kunnen staan. ‘Mijn moeder,’ vertelt Alfred, ‘is de grootste essayiste van Nederland. (…) Ze schrijft elke week twee artikelen voor twee weekbladen, voorts een halve pagina voor het zaterdagavond- bijvoegsel van een groot dagblad en dan ook nog, eens in de maand, een artikel voor een algemeen cultureel tijdschrift. Alles over buitenlandse literatuur. Samen dertien artikelen in de maand, waarin dertig boeken worden besproken.’ Al met al dus een recensente die geen enkel boek léést, zoals Alfred ons uitlegt in hoofdstuk 27: ‘Ze sloeg ze niet eens open om de ruggen niet te knakken. Ze schreef alleen de titels van de boeken en de namen van de auteurs heel nauwkeurig op kaartjes. De meeste critici doen dat niet eens. (…) Ze schrijft overigens over alle boeken min of meer hetzelfde’. Met andere woorden, de moeder van Alfred neemt genoegen met het schrijven van recensies aan de hand van wat haar Engelse of Franse collega’s publiceren.

    Haar Franse alter ego Alexandre Fillon doet niet voor haar onder. Hij heeft wellicht het dossier dat Gallimard over de auteur en de roman hem deed toekomen vluchtig doorgenomen. Wel heeft hij het boek doorgebladerd, maar niet tot hoofdstuk 27. Op blz. 16 vernam hij dat Professor Nummedal vierentachtig jaar oud was; op blz. 61 las hij, maar dan in het Frans: ‘Ik zou het liefst een meteoriet vinden, een brok afkomstig uit de kosmos en ik zou willen dat het uit een materiaal bestond, dat op aarde nog nooit was aangetroffen. De steen der wijzen, of minstens een mineraal dat naar mij zou worden genoemd: Issendorfiet.’ En wat doet onze criticus? Hij geeft de protagonist de naam Issendorfite, in zijn bespreking - zijn ‘vluggertje’ zou de moeder van Alfred zeggen. Had hij hoofdstuk 16 van het boek gelezen, dan was hij de naam Issendorf tegengekomen. Inderdaad verschijnt, als ik me niet vergis, de achternaam van de hoofdpersoon slechts twee keer in de roman - niet toevallig in verband met de begrafenis van Alfreds vader - maar Issendorf staat wel driemaal vermeld op de flaptekst van Ne plus jamais dormir. Wellicht heeft Alexandre Fillon zijn ‘vluggertje’ geschreven nog voordat de vertaling gedrukt werd. Ik wil hem graag danken voor zijn lofprijzingen, maar zou hem toch willen aanbevelen om voortaan de namen van de protagonisten nauwkeurig op kaartjes te noteren en de zeer bijzondere bril van Professor Nummedal te lenen.

     

    Van de recensenten valt sowieso weinig te verwachten - de literaire kritiek lijkt zo goed als uitgestorven, schreef Hermans in januari ’93. De meeste door hen geschreven stukken bieden niet meer dan een korte, veelal inaccurate samenvatting van het besproken boek; de vertaling komt nauwelijks aan de orde. Van de Franstalige critici die Hermans in het Nederlands hebben gelezen, kent waarschijnlijk niemand zijn Parijse overpeinzingen. In Nederland worden literaire vertalers door kranten gevraagd om te schrijven over talen en culturen die ze goed kennen. In Frankrijk komt dat bijna nooit voor. 

     

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    Tot slot zou ik graag enkele woorden aan één speciale vertaler willen wijden. In 1954 heeft hij Cratères en feu (1951) vertaald, het eerste boek van de vulkanoloog Haroun Tazieff. Eveneens uit het Frans zette hij enkele gedichten van Oscar de Lubicz Milosz (1877-1939) in zijn moedertaal over. In 1981 publiceerde De Bezige Bij zijn vertaling van de Prix Goncourt 1922: De martelgang van de dikzak, oftewel Le Martyre de l’obèse van Henri Béraud. Het is W.F. Hermans, als vertaler vooral bekend om de Nederlandse versie van de Tractatus (1975) van Wittgenstein. De Vlaamse dichter Gust Gils loofde zijn overzetting van de poëzie van Milosz: ‘hoe onwaarschijnlijk het ook moge klinken, deze vertalingen waren béter dan de Franstalige originelen’.

    WFHHeerlen2.pngBehalve deze vertalingen zelf moeten we Hermans in dit verband ook dankbaar zijn voor de essays die hij ons heeft nagelaten over het werk dat hij vertaalde en over de schrijvers ervan. Ook heeft hij behartenswaardige opmerkin- gen gemaakt over andere aspecten van de Franse literatuur. Maar met het meeste genoegen verwijs ik u naar de vaak smakelijke bladzijden die hij heeft gewijd aan de martelgang van de vertaler.

     

    Ik dank u. 

    Daniel Cunin

     

    Tekst van een lezing gehouden op zaterdag 17 september 2011 ter gelegenheid van het symposium ‘W.F. Hermans. Ik heb altijd gelijk. 1951-2011’ (Schunck*, Heerlen)

     

     

     

    Eerste bladzijden van Le Martyre de l’Obèse: Franse versie en vertaling van W.F. Hermans

     

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  • Le droit au retour

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    2024. L’État d’Israël n’est plus qu’une peau de chagrin cernée d’un mur, en alerte permanente. Une grande partie de la population juive est partie vivre à l’étranger. Tout dans cet État confetti est surveillé, le moindre geste de chaque habitant comme les entrées sur le territoire : on ne peut passer les postes frontaliers que si l’on possède un ADN «juif».

    À Tel-Aviv, Bram Mannheim, 53 ans, né en Hollande, est le fils d’un scientifique lauréat d’un prix Nobel. Il a fondé une agence qui vise à rechercher des enfants israéliens enlevés entre autres pour le compte de familles palestiniennes ou autres. Seize ans plus tôt, alors qu’il était professeur d’histoire dans une université américaine, Bennie, son fils unique, a mystérieusement disparu. Bram n’a jamais pu se remettre de ce drame qui a ruiné son mariage et espère toujours retrouver son fils. C’est alors qu’un attentat suicide commis à un poste-frontière le conduit à remonter une filière de ravisseurs de jeunes garçons juifs. Où cela le mènera-t-il ?

    Thriller à la fois politique et familial, Le Droit au retour offre une vision du conflit israélo-palestinien qui laisse une place infime aux idéaux, et propose une galerie de personnages inattendus où chacun semble incarner un épisode de l’histoire juive.



    Leon de Winter, né en 1954 à Bois-le-Duc (Pays-Bas), est cinéaste, scénariste et romancier, et père de deux enfants. Il vit et travaille en Californie. Il est l’auteur d’une douzaine de romans, best-sellers aux Pays-Bas et en Allemagne, et traduits dans une vingtaine de langues. Le Droit au retour est son sixième roman publié au Seuil.