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Auteurs néerlandais - Page 19

  • Borges inquisiteur

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    Un essai de l’auteur néerlandais

    Robert Lemm

    consacré à

    Jorge Luis Borges et Umberto Eco

     

    (une version raccourcie de ce texte a paru

    dans Pastoraliaoctobre 2015, p. 16-17)

     

     

    Borges3.pngDans son roman Le Nom de la rose (1980), Umberto Eco met en scène un personnage qui répond au nom de Jorge de Burgos. Il s’agit d’un vieux bénédictin aveugle qui, dans le courant du Moyen Âge, dirige la bibliothèque d’un monastère. Au sein de cette communauté religieuse, plusieurs meurtres sont commis ; le moine chargé d’enquêter, Guillaume de Baskerville, est un franciscain progressiste. Burgos, qui incarne quant à lui une tradition figée, considère comme son devoir de protéger ses frères contre les livres qu’il estime dangereux. Parmi eux,  un tome de la Poétique d’Aristote, qui promeut l’humour, la comédie. Burgos voit dans le rire une propriété des singes, qui ne sied pas à l’homme sérieux. Jésus, est-il convaincu, n’a jamais ri. Par conséquent, le bénédictin a caché l’exemplaire dans les dédales de la bibliothèque et a appliqué sur les pages une encre empoisonnée. Quiconque pose les mains dessus et le feuillette meurt. Baskerville découvre que Burgos est le coupable ; alors que les deux hommes se font face, le vieillard met le feu à la bibliothèque.

    Jorge de Burgos n’est autre que Jorge Luis Borges (1899-1986). Âgé et aveugle, Borges occupait encore les fonctions de directeur de la Bibliothèque nationale de Buenos Aires ; poète, essayiste, conteur, il a signé nombre d’œuvres dont Inquisiciones et Otras Inquisiciones. Dans Le Nom de la rose, l’« inquisiteur bénédictin » fait figure (aux yeux d’Eco) d’adversaire du roman, genre bourgeois par excellence qui offre la possibilité de tout exposer en détail, d’adversaire en outre de stéréotypes comme l’exploration du monde intérieur d’un personnage (psychanalyse) ou le culte pour ainsi dire religieux de la sexualité. Chez Borges, le destin des protagonistes est ramassé en cinq pages tout au plus. La concision comme vertu. On est en présence d’un style aux antipodes de ce que propose un livre épais comme Le Nom de la Rose et maintes prouesses narratives qui plaisent tant à nos contemporains. Pour résumer, selon Borges, le réalisme pollue tout.

    Borges2.png

    Politiquement, Borges est un adversaire du régime parlementaire. Baskerville, l’alter ego d’Eco, voit en lui un éteignoir de la Modernité. Comment dès lors expliquer, insinue l’Italien, l’estime dont l’Argentin bénéficie auprès d’écrivains et d’intellectuels dont la foi dans ces axiomes que sont l’égalité, les droits de l’homme, le progrès, l’art moderne, ne fait aucun doute ? En 1976, Borges a accepté d’être décoré par le dictateur chilien Augusto Pinochet ; même alors, nombre d’admirateurs ont soutenu qu’il convenait de dissocier cette distinction de l’œuvre. Tout au plus le dictateur incriminé rendait-il impossible l’attribution du prix Nobel de littérature à l’Argentin. Il n’en demeure pas mois que ce dernier condamne la démocratie, synonyme pour lui de « loterie des urnes », de « désespoir devant l’absence de héros pour nous guider ». Autant de motifs donc de donner raison à Umberto Eco contre la reconnaissance dont l’auteur de L’Aleph jouit auprès de connaisseurs.

    Quiconque survole l’œuvre de Borges ne peut pas ne pas relever qu’il a affaire à un adversaire du modernisme. Les mouvements d’avant-garde de son temps, il les rejette avant de les ignorer. Les romanciers canonisés qui ont repoussé les limites du roman, tels Joyce et Proust, il les réfute en quelques lignes pour mieux les reléguer derrière des créateurs plus conventionnels comme Kipling, Stevenson, Chesterton, Schwob, Bloy. Quant à la poésie d’expression espagnole, il montre du respect pour la conception classique d’un Miguel de Unamuno et hausse les épaules devant l’icône surréaliste Federico García Lorca.

    Ses admirateurs soulignent l’ironie, le sens caché, voire l’hérésie de sa phrase, relèvent qu’il convient de ne pas prendre tout ce qu’il a écrit au pied de la lettre. Borges prendrait avec habileté son lecteur à contre-pied, envisagerait la littérature comme un jeu. C’est en cela que son œuvre, censée regorger de traits d’esprit postmodernes, se distinguerait. Cependant, si l’on s’en tient aux nombreux entretiens qu’il a donnés, force est de constater que l’estime que lui accordent les postmodernistes ne manque pas de l’étonner. Fausse modestie ? Je ne crois pas. Il laisse entendre que ces gens ne le comprennent pas ou le comprennent mal. Voilà pourquoi il est constamment à la recherche de son antagoniste, de celui qui le démasque. Ce dernier s’est-il présenté dans la personne d’Umberto Eco ? En ridiculisant le célèbre Argentin sous les traits d’un inquisiteur du Moyen Âge, l’enquêteur italien en donne l’impression, mais n’a-t-il pas qualifié son roman d’hommage à Borges ? Des deux, celui qui joue plus encore que l’autre semble donc bien être Eco.

    Borges1.pngL’absence d’un sain éclat de rire qu’Umberto Eco met en avant pour dénoncer l’antimodernisme de Borges a un effet boomerang. Car si le rire triomphe dans un art, c’est bien dans le cabaret, le pastiche. L’écrivain néerlandais Frederik van Eeden (1860-1932), qui, lui aussi a vu le prix Nobel de littérature lui passer sous le nez, a noté dans son Journal : « l’humour et la dérision ne siéent pas aux esprits supérieurs ; Shelley n’était pas drôle, Byron si ». Dans sa Vie de Don Quichotte et de Sancho Pança, Miguel de Unamuno, lui aussi oublié par l’Académie suédoise, seul écrivain espagnol du XXe siècle que Borges estimait digne d’être suivi, a qualifié sans détour le héros de Cervantes de tragique. Quiconque se rit de l’assaillant des moulins à vent, soutient-il, a tort. Par conséquent, la critique d’Eco se révèle irréfléchie.

    Et pourtant, Eco a en partie raison. L’admiration dont jouit Borges soulève des questions. Car il est bien un inquisiteur, non pas au nom de l’Église, mais pour le compte du canon classique et contre la Culture. Il faut lire à ce sujet sa plus longue nouvelle, « Le Congrès », dans laquelle on procède à un autodafé de livres à cause de ce que revêtent d’irréel et de superflu la plupart des écrits. Quant à la Culture en tant que succédané de la Religion, dit-il, elle sème plus encore le trouble. Abolir Dieu à la suite de Nietzsche, c’est déboucher sur la superstition de l’Éternel Retour, de la Nature, de la Vie. Ou sur le refoulement : « Le monde est un ensemble extrêmement étrange de phénomènes étonnants, mais je n’ai plus jamais éprouvé le besoin de placer au-dessus un quelconque créateur. En fait, la question de savoir pourquoi nous existons, ou pourquoi nous n’existons pas, est vide de sens. On ne saurait y répondre. » Telle est la conclusion à laquelle arrive l’écrivain néerlandais J. Bernlef (1937-2012), et avec lui la plupart des auteurs que l’on goûte de nos jours. Or ce qui est caractéristique de l’Argentin, c’est précisément qu’il n’a jamais cessé d’être en quête, ou plutôt qu’il n’a jamais renoncé à la métaphysique.

    robert lemm,jorge luis borges,umberto eco,pays-bas,néerlandais,biographieDans « Les théologiens », nouvelle que l’on peut tout aussi bien regarder comme un essai, l’hérésie, si toutefois il y a hérésie, consiste en ceci que Borges fait dépendre du plus fort le triomphe d’antan de l’orthodoxie. Le châtiment de l’hérétique d’aujourd’hui, c’est de découvrir que ses convictions hétérodoxes – Judas corédempteur – lui valent, non plus l’excommunication ni le bûcher mérités, mais le silence total. Les questions portant sur la Foi n’intéressent plus les intellectuels, et c’est à tort selon Borges. Pas moins provocateur, le jugement qu’il émet sur la philosophie consacrée. Heidegger, par exemple, il le liquide en raison de l’hermétisme de sa langue et de son nazisme ; à Jaspers il reproche de feindre le désespoir par pure vanité. La philosophie en général ne se soucie guère des classements et compartimentages qu’établissent universités et bibliothèques. Croit-on vraiment que Franz Kafka ou Oscar Wilde avaient des vues moins profondes que Kant ou les auteurs que nous imposent les écoles de pensée ?

    À la fin de sa vie, le bibliothécaire aveugle de Buenos Aires en vient à conclure qu’il préfère Dante à Shakespeare. Car Dante ne vous laisse pas tomber. Dans le Paradis, on distingue dans l’Aigle les visages des saints. Alors que dans le Simurgh persan, l’oiseau mythologique, disparaissent les pèlerins qui viennent à le trouver. La perte de l’identité individuelle caractérise l’Orient. Borges a écrit une étude sur le bouddhisme non sans poser que l’Occidental en lui ne pouvait se faire bouddhiste. Tous les jours, il priait le Notre Père en gothique.

    Robert Lemm (traduction : D. Cunin)

     

    ROBERT 1.JPGRobert Lemm est un essayiste et hispanisant néerlandais. Outre de nombreuses études sur des écrivains d’expression espagnole, on lui doit une biographie spirituelle de Borges (traduite en espagnol sous le titre Borges como filósofo), une Histoire des Jésuites, une Histoire de l’Espagne, une Histoire de l’Inquisition espagnole, des essais sur Léon Bloy, Jean-Paul II, Benoît XVI ainsi que deux ouvrages sur la Dame de Tous les Peuples et les apparitions mariales d’Amsterdam.

    Il a également à son actif une imposante œuvre de traducteur : Octavio Paz, Pablo Neruda, Alejo Carpentier, Jorge Luis Borges, Luis de León, saint Jean de la Croix, Miguel de Unamuno, Leopoldo Marechal, Juan Donoso Cortés, Nicolás Gómez Dávila, mais aussi Joseph de Maistre, Léon Bloy, Giovanni Papini et René Girard.

     

     


     



     



     

     

  • Amsterdam à 7h09

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    Suggestions de lecture

     

     

    7h09 : bon moment pour débuter la journée, prendre un train, un vol….

    Amsterdam, 7h09, Utrecht, traduction littéraire, romans, éditeurs

     

    Le troisième numéro de 7h09, publication hybride qui tient à la fois de la revue et du livre, a posé ses valises à Amsterdam. Richement illustré et d’un graphisme soigné, ce « carnet d’ailleurs » s’intéresse à de multiples aspects de la capitale des Pays-Bas : son histoire, ses plaisirs culinaires (eh oui !), ses enfants, ses vélos, ses designers, ses décors intérieurs, son passé juif, son Lieverdje, son quartier Nord, sa musique sans oublier l’Eye Film Institue et le Vondelpark… Pour compléter le tout, quelques pages sont consacrées aux trésors d’Utrecht, à l’œuvre de l’illustratrice Lieke van der Vorst (voir reproduction ci-dessous) et aux belles lettres néerlandaises.

    Amsterdam, 7h09, Utrecht, traduction littéraire, romans, éditeursUn article de Delphine Minotti, « Vous assez dit literatuur ? », propose en effet un survol de cet univers, partant des origines pour arriver à des ouvrages très récents en passant par des auteurs qui accordent une place particulière au passé colonial, à la deuxième guerre mondiale, à leurs origines africaines ou encore au genre policier. La rédaction m’ayant demandé quelques suggestions de lecture pour les amateurs de romans, j’ai élaboré deux listes. La première, chronologique, comprend 10 noms d’auteurs décédés, dont les œuvres (disponibles en français) font partie du « canon » des lettres des Pays-Bas. La seconde, alphabétique, s’arrête sur des créations plus récentes : 14 écrivains et 14 traducteurs différents.

     

    Amsterdam, 7h09, Utrecht, traduction littéraire, romans, éditeurs

     

    Multatuli, Max Havelaar, trad. Philippe Noble, Actes Sud, Babel n° 31, 2003.

    Louis Couperus, La Force des ténèbres, trad. Selinde Margueron, préface de Philippe Noble, Éditions du Sorbier, 1986.

    Nescio, Le pique-assiette et autres récits, trad. Danielle Losman, postface H. M. van den Brink, Gallimard, 2005.

    J. Slauerhoff, Le Royaume interdit, trad. et postface Daniel Cunin, Circé, 2009.

    Eddy du Perron, Le Pays d’origine, trad. et avant-propos Philippe Noble, préface d’André Malraux, Gallimard, 1980.

    Hella S. Haasse, En la forêt de longue attente. Le roman de Charles d’Orléans, trad. Anne-Marie de Both-Diez, préface d’Olivier Rolin, Points Seuil, 2007.

    Amsterdam, 7h09, Utrecht, traduction littéraire, romans, éditeursWillem Fredrik Hermans, La Chambre noire de Damoclès, trad. Daniel Cunin, Gallimard, 2009.

    Gerard Reve, En route vers la fin, trad. Bertrand Abraham, Phébus, 2010.

    Jan Wolkers, Les Délices de Turquie, trad. Lode Roelandt, Belfond, 2013.

    Harry Mulisch, Noces de pierre, trad. Maddy Buysse & Philippe Noble, Calmann-Lévy, 1985.

    Frans Kellendonk, Corps mystique, trad. Patrick Grilli, Gallimard, 1993.

     

    À propos de Hella S. Haasse  

     

     

    Amsterdam, 7h09, Utrecht, traduction littéraire, romans, éditeursKader Abdolah, La Maison dans la mosquée, trad. Anita Concas, Gallimard, 2008.

    Gerbrand Bakker, Là-haut, tout est calme, trad. Bertrand Abraham, Gallimard, 2009 (Folio n° 5187).

    Jeroen Brouwers, Rouge décanté, trad. Patrick Grilli, Gallimard, 1997 (Folio n° 2967).

    Anna Enquist, Les Endormeurs, trad. Arlette Ounanian, Actes Sud, 2014.

    Carl Friedman, Mon père couleur de nuit, trad. Mireille Cohendy, Gallimard, 2003 (Folio n° 3801).

    Arnon Grunberg, Le Messie juif, trad. Olivier van Wersch-Cot, Héloïse d’Ormesson, 2007.

    Maarten ’t Hart, La Colère du monde entier, trad. Xaxier Hanotte, Belfond, 1999.

    Tomas Lieske, Mon amour souverain, trad. Annie Kroon, Le Seuil, 2008.

    Margriet de Moor, Une catastrophe naturelle, trad. Danielle Losman, Libella-Maren Sell, 2009.

    amsterdam,7h09,utrecht,traduction littéraire,romans,éditeursCees Nooteboom, Rituels, trad. Philippe Noble, Gallimard, 2006 (Folio n° 4435).

    Willem Jan Otten, Un homme par ouï-dire, trad. Daniel Cunin, Les Allusifs, 2014.

    Adriaan van Dis, Les Dunes coloniales, trad. Marie-Claire Cécilia, Actes Sud, 1999.

    Vonne van der Meer, La Femme à la clé, trad. Isabelle Rosselin, Héloïse d’Ormesson, 2013.

    Tommy Wieringa, Joe Speedboot, trad. David Goldberg, Actes Sud, 2008.

     


     Tommy Wieringa parle, en anglais, de son roman

    Joe Speedboot

     

     

     

  • Ah ! Europe !

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    Un poème de Huub Beurskens

     

     

    Huub Beurskens, pays-bas, poésie, roman, vaucluse, jean-henri fabre, inuits dans la jungleNé en 1950 à Tegelen (Limbourg), sur les bords de la Meuse, Huub Beurskens vit à Amsterdam où il édifie une œuvre de peintre, de prosateur et de poète. Depuis 1975, il a publié de nombreux livres. De cet ensemble, on retiendra un roman qui, pour être court, n’en est pas moins magistral : De verloving (Les Fiançailles). Traduit en allemand par Waltraud Hüsmert (Das Verlöbnis, Berlin, Twenne, 1992), ce chef-d’œuvre, qui se déroule entre Lorraine et Provence, nous transporte dans l’esprit d’un modéliste, furieux d’être arraché à ses trains miniatures et à ses paysages ferroviaires pour suivre sa sœur et sa mère du côté de Vaison-la-Romaine. Leur « pèlerinage » annuel dans la région de Jean-Henri Fabre, le trente-huitième ! Tandis que Jacques se réfugie dans ses modèles réduits, sa sœur Ilse – qui prend la parole dans le second volet de l’histoire – est entichée d’entomologie. La violence sous-jacente, la colère et l’angoisse suscitée par un passé familial refoulé qui s’immisce dans la conscience des personnages à travers leurs violons d’Ingres, sont dévoilés d’une main de maître par l’écrivain. Quelles vont être les incidences du décès de la mère après ces dernières vacances sous la canicule du Vaucluse ? Vers quelles fiançailles les petites locomotives, qui envahissent peu à peu l’appartement qu’occupent les protagonistes, vont-elles conduire le quadragénaire Jacques ? Sur quelles ailes va désormais voler Ilse, elle qui a pour habitude de papillonner d’homme en homme ?

    huub beurskens,pays-bas,poésie,roman,vaucluse,jean-henri fabre,inuits dans la jungleLe poème « Ah ! Europe ! », proposé en lecture ci-dessous, est la transposition française d’une page du dernier recueil de Huub Beurskens, Hôtel Eden (Nieuw Amsterdam, 2013). On pourra en lire quelques autres, tirés pour la plupart de la même publication, dans la revue Inuits dans la jungle, n° 6, juin 2015 : « Heure dionysiaque », « La reproduction interdite », « Faisons plus simple », « Pensé sous un olivier », « Harvey Kennedy » et « Je connais un homme ». Un des poèmes dHôtel Eden sintitule : « À Vence, sur une tombe ».

     

     

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    Huub Beurskens, juin 2013, Vence

     

     

    Ah ! Europe ! 

     

    Ah ! Europe ! toi et dans tes villes

    tous ces animaux qui envient l’homme :

    que ne vivent-ils comme lui

    les quatre saisons, sans conscience

    de ce qui l’a engendré, de ce qu’il

    a fait de cela et qu’il abandonnera

    bientôt, toutes ces ruines.

     

    Les poissons rouges de la Villa Borghèse

    nagent vers le bord pour s’adresser

    à travers l’eau à l’homme

    sur la berge : ce que ça rend triste

    nager ainsi en rond

    sous le reflet du grand décombre

    des siècles alors que de la vase

    croit un luxuriant paspouvoiroublier.

    Mais l’homme ne s’entend pas

    avec pareil langage, il jette guilleret

    un peu du pain qu’il ne peut finir

    et digne d’être envié poursuit dos droit.

     

    Des tombeaux de Montparnasse

    les chats interpellent l’homme

    qui flâne sans plus sous le soleil :

    ce que ça rend mélancolique devoir

    lire ces noms jadis illustres au-dessus

    de siècles d’ossements en sachant

    qu’est advenu ce qui devait advenir,

    fissure de la pierre, rouille des chaînes.

    L’homme ne se laisse pas

    prendre par pareilles pensées, il rit

    avec l’insouciance d’arbres qui bruissent,

    à jamais en phase avec l’invention

    du carrousel et de la culotte courte.

     

    Ah ! Europe ! vois combien il s’accoupule

    sans s’en faire. Oh ! l’homme qui va bientôt

    s’allonger pour mourir sans bruit

    dans un coin crasseux d’une venelle,

    parmi de vieux journaux, sous un buisson

    du parc du Retiro ou à même un carton

    dans une grange un garage.

     

     Huub Beurskens

     

    traduit du néerlandais par Daniel Cunin

     

    huub beurskens,pays-bas,poésie,roman,vaucluse,jean-henri fabre,inuits dans la jungleInuits dans la jungle, Le Castor Astral, juin 2015, n° 6 (dossier « 10 poètes néerlandais d'aujourd'hui » présenté par Benno Barnard : poèmes de Guillaume van der Graft – Willem van Toorn – Hans Tentije – Hester Knibbe – Robert Anker – Eva Gerlach – Huub BeurskensWillem Jan OttenBenno Barnard, traduits du néerlandais par Daniel Cunin, pour certains en collaboration avec Kiki Coumans, précédés du poème « Awater » de Martinus Nijhoff traduit par Paul Claes).

    Plusieurs liens sur cette page renvoient à d'autres traductions de poèmes de Huub Beurskens publiées ces dernières années dans diverses revues.

     

     

     

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  • Le mouvement flamand

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    Un texte d’Andriès de Rosa

     

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    La figure d’Andries de Rosa a fait l’objet d’un portrait sur flandres-hollande. Cet auteur, musicien, traducteur et activiste néerlandais a, au tournant du XXe siècle, été un proche du jeune écrivain Saint-Georges de Bouhélier. À ce titre, dans le n° 1 (mars 1897) de la Revue naturiste, il a signé un article intitulé « Le Mouvement Flamand », pages que nous reproduisons ci-dessous.

    A. de Rosa

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    Le critique mentionnant la revue Van Nu en Straks (D’Aujourd’hui et de Demain) ainsi que le nom de quelques écrivains (Cyriel Buysse et August Vermeylen), il n’est pas inutile de fournir des précisions sur le contexte littéraire flamand de l’époque, caractéristique d’une société où certains tentaient de redresser la barre après des décennies, voire des siècles, d’appauvrissement culturel : « Et brusquement, en 1893, paraît le premier numéro de la revue intitulée D’Aujourd’hui et de Demain ; les rédacteurs en sont August Vermeylen, Emmanuel de Bom, Cyriel Buysse et Prosper Van Langendonck. La première série de cette revue, qui compte dix numéros, bien imprimés, édités avec soin, sera suivie trois ans plus tard d’une second série (1896-1901). Le groupe de ces pionniers, hétéroclite au possible, n’a pas de principes artistiques bien déterminés. Le seul but qui lui donne quelque cohésion est d’élever les lettres flamandes au rang des autres littératures, et non seulement la littérature mais la vie culturelle tout entière. La revue réserve, en effet, une large place aux arts. Chaque numéro est orné d’un dessin ou de la reproduction d’une œuvre d’artiste d’avant-garde. C’est ainsi que la première série parue en 1893 comporte un numéro entier consacré à Van Gogh. Le renouvellement provoqué par le groupe Van Nu en Straks sera pour la Flandre aussi important que le mouvement de 80 en Hollande et, du jour au lendemain, la littérature flamande sera comme réintégrée dans le grand courant européen. […] Jamais, ils ne sublimèrent leur individualisme, toujours ils eurent à l’esprit le rôle social de l’art et de l’artiste. Leur amour profond de la Flandre et de la cause flamande les empêche de perdre le contact avec le peuple. […] Le grand animateur de la ‘‘renaissance’’ de 1890, celui qui tira vraiment la littérature flamande de la banalité, de la mièvrerie, du romantisme pleurnichard et du naturalisme terre-à-terre fut, sans contredit, August Vermeylen. »*

    andries de rosa,revue naturiste,littérature,flandre,belgique,pays-bas,saint-georges de bouhélier,cyriel buysse,auguste vermeylenQuant à l’article de Cyriel Buysse qui a conduit Andries de Rosa à rédiger le sien, il s’agit de « Flamingantisme en flaminganten », paru dans De Amsterdammer le 17 janvier 1897. Dans ce texte, le romancier s’exprime comme Camille Lemonnier et d’autres, dans la mesure où il estime que le flamand est une pauvre petite langue. En réalité, Buysse formule en l’espèce un regret : celui de ne pas maîtriser le français aussi bien que son ami Maeterlinck. Dans une lettre ouverte qu’il adresse peu après (le 5 février) à L’Étoile Belge, il poursuit dans le même registre pour se défendre face aux réactions que son article a suscitées : « On conçoit que le dialecte flamand, en sa fruste saveur, puisse tenter la plume d’un curieux littéraire ou l’étude d’un philologue fureteur, mais quelle arme triste pour la conquête des idées et la conquête du pain, en un pays comme la Belgique ! »** S’il nuancera par la suite son point de vue et fera honneur à sa langue maternelle en composant des romans remarquables, C. Buysse ne se sera pas moins attiré la foudre des défenseurs d’un renouveau de la culture flamande, en particulier des hommes avec lesquels il a cofondé le périodique Van Nu en Straks. C’est cette situation singulière qui inspire à A. de Rosa les lignes qu’il donne à la Revue naturiste.

     

    * François Closset, Aspects & Figures de la Littérature Flamande, Bruxelles, Office de Publicité, 1943, pp. 53-54 et 55.

    ** Joris van Parys, « ‘’Toute la Flandre est en lui’’. Cyriel Buysse en de Franstalige Vlaamse literatuur », Mededelingen van het Cyriel Buysse Genootschap, 14, 1998, p. 7-31. Voir aussi la biografie que le même auteur a consacrée au romancier : Het leven, niets dan het leven. Cyriel Buysse en zijn tijd.

     

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    Pour bien montrer la lutte désespérée que les Flamands pourvus du sentiment national ont à soutenir contre leurs compatriotes assez artificiels pour dédaigner la sève même de leur sol national, il faudrait traduire entièrement un article de M. Cyriel Buysse, paru dans un journal hebdomadaire d’Amsterdam. Je crois pourtant suffisant d’en extraire quelques phrases qui pourront servir de points de départ à plusieurs remarques personnelles.

    Voici ce que cet auteur de plusieurs romans écrits en flamand nous révèle en outre dans cette étude :

    C. Buysse

    andries de rosa,revue naturiste,littérature,flandre,belgique,pays-bas,saint-georges de bouhélier,cyriel buysse,auguste vermeylen« Il n’y a pas en ce moment dans toute la Belgique Flamande – hormis le très remarquable recueil Van Nu en Straks, rédigé en néerlandais, – un seul périodique ou journal qui puisse convenir à un lecteur orné d’éducation intellectuelle. Toute originalité, tout amour propre a disparu et ainsi, est-on arrivé peu à peu à la situation navrante qui caractérise aujourd’hui le mouvement flamand. »

    Et plus loin :

    « Il eût été préférable et plus sage de reconnaître franchement la grande et si salutaire influence de la littérature et des idées françaises, de nous approprier ce qu’il s’y trouve de bon, sans abdiquer pour cela nos qualités originales, etc., etc. »

    Dans ces paroles, M. Cyriel Buysse donne inconsciemment une critique de son œuvre et de toute la situation littéraire en Belgique. Car s’il est vrai que l’on ne trouve pas en Belgique de revue ni de journal original, c’est précisément parce que l’esprit flamand s’est approprié « ce qu’il y a de bon dans la langue et les idées françaises ». Ils ont en effet voulu garder leurs qualités originales, mais, hélas ! l’œuvre soi-disant flamande ainsi conçue est devenue ce qu’elle est aujourd’hui, une combinaison pour ainsi dire hermaphrodite ; c’est qu’écrite en français, elle ne peut conserver son autonomie, dans une atmosphère étrangère. Poussés par des aspirations matérielles, les écrivains flamands dont la célébrité obtenue par leurs confrères français, avaient stimulé l’ambition, s’en allaient écouter avec une oreille barbare ce qu’enseignait la voix française. Errant dans les campagnes de leur pays dont les odeurs parfumaient leur pensée, ils regardaient les sites du pays voisin et se plaisaient à frelater, en quelque sorte, leur verve nationale.

    andries de rosa,revue naturiste,littérature,flandre,belgique,pays-bas,saint-georges de bouhélier,cyriel buysse,auguste vermeylenAinsi le peuple ne trouvant plus sa suffisance intellectuelle et sentimentale dans les livres de ses auteurs, languissait et s’en allait parmi les autres littératures choisir des œuvres originales, qu’il devait préférer aux pastiches qu’on lui fournissait. Il se désintéressa de cette langue vouée désormais à des usages insignifiants, et le dialecte flamand, n’étant plus nourri par les fruits de la pensée, ne pouvait suivre les évolutions et agonisait abandonné.

    Aujourd’hui avec le courage que donne l’espoir, le peuple flamand se lève robuste et volontaire. Il réclame ses droits à une langue qui s’adapte à ses instincts, qui répond à son organisme. Il rappelle l’odyssée de cet idiome qui se trouve condamné depuis les événements de 1830. La langue maternelle bannie de ses écoles et de la vie publique, il devait appeler un avocat parlant français pour défendre ses droits et on le condamnait sans qu’il comprît le jugement.

    Après une lutte acharnée, quelques esprits courageux comprennent qu’une langue nationale leur est indispensable et ils forcent leurs représentants gouvernementaux à la faire apprendre publiquement.

    Jan Van Beers

    andries de rosa,revue naturiste,littérature,flandre,belgique,pays-bas,saint-georges de bouhélier,cyriel buysse,auguste vermeylenBien qu’ils soient réduits à une littérature traditionnelle plutôt restreinte, les Flamands refusent de s’intéresser aux poètes belges contemporains qui s’obstinent à traduire et à détériorer leur pensée, dans une langue qui leur est étrangère, dont ils ne distinguent pas les nuances. Dans leur littérature ancienne, ils trouvent bien le monotone Van Beers, mais par contre, ils possèdent le sublime Ruysbroeck. Si l’on estime en France des artistes comme le génial Verhaeren, Edmond Picard, Georges Rodenbach, Eekhoud, Maeterlinck, ils eussent été des gloires nationales du peuple flamand, si la langue dont ils se servent était en harmonie avec leur œuvre, l’âme de leur race. En ceci je crois être d’accord avec l’éminent sénateur belge, M. Edmond Picard, qui déclarait dernièrement que l’œuvre de Maeterlinck et d’Eekhoud doit son originalité à l’esprit des Flandres.

    Bien des jeunes auteurs belges qui passent inaperçus en France, parce qu’ils ne savent pas, malgré leurs efforts, faire concorder leurs œuvres avec la pensée française, seraient estimés chez eux s’ils voulaient écouter les sons authentiques de ce pays natal, où naquirent aussi leurs pères.

    Ce ne sont pas les frontières qui délimitent les races, c’est l’esprit des ancêtres dont l’organisme se réglait selon les nécessités du milieu. Le cosmopolitisme sera possible quand les races sauront se reconnaître mutuellement ; alors le danger babylonien n’existera plus.

    *

    *    *

    Le grand obstacle du mouvement flamand, et qui retarde sa réussite, c’est la discorde qui partage les différents groupes. De là des défaillances. Parmi ceux qui se distinguent dans cette résurrection d’une race se trouve un littérateur purement flamand, M. Auguste Vermeylen, qui dans sa revue Van Nu en Straks, révèle vigoureusement son énergie et son tempérament. C’est lui qui criait tragiquement :

    A. Vermeylen

    andries de rosa,revue naturiste,littérature,flandre,belgique,pays-bas,saint-georges de bouhélier,cyriel buysse,auguste vermeylen« … Celui qui recevait une instruction élémentaire ou supérieure désapprenait le flamand, sans toutefois arriver jusqu’à une connaissance profonde de la langue française, les plus grands esprits de notre race – pensez aux meilleurs de nos écrivains soi-disant belges – demeurent sans contact avec la vie multiforme qui vibre autour d’eux. Le viol le plus honteux de tout ce qui nous est propre, de tout ce qui fait notre unité spirituelle est appelé légitime ; et l’on prétend encore, que chez nous le seul moyen de civilisation est d’étendre, de plus en plus, l’usage du français. Croit-on donc que le peuple pourrait nier ou oublier sa langue ? Elle est dans son corps et n’en sort pas facilement… »

    Malheureusement de cris pareils sont rares. Les poètes flamands se résoudront-ils à faire chanter l’âme de leur race dans une langue adéquate ? Laisseront-ils leur langue nationale devenir un patois informe, tandis qu’en usant du français, ils ne peuvent intégralement exprimer leur sensation, sont mal à l’aise et sont réduits à ne convenir à aucun des deux peuples qu’ils voudraient subjuguer ?

     

    Andriès de Rosa

     

    Dans le premier fascicule de la nouvelle série de la revue Van nu en Straks, M. A. Vermeylen continue vaillamment la lutte pour les droits de sa langue. Dans ce même numéro, il y a de très jolis vers de M. Prosper Van Langendonck.

    A. de R.

      

    Andriès de Rosa, « Le Mouvement Flamand »

    La Revue naturiste, n° 1, mars 1897, p. 31-34

     

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    merci à Mikaël Lugan et au blogue des Petites Revues

     

     

    Cyriel Buysse et Auguste Vermeylen à Bruxelles

     

     

  • Le peintre Thomas Cool

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    Années à la Villa Strohl-Fern

     

     

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    En 2010, une exposition rehaussée d’une publication dun format original (1) a permis de redécouvrir le peintre Thomas Cool (1851-1904). Cet homme né en Frise a fait assez tardivement le choix de la vie artistique. Il a placé la Rome ancienne au cœur dune œuvre à laquelle le Stedelijk Museum d’Amsterdam a consacré une rétrospective posthume en janvier-février 1916.

    Th. Cool a laissé quelques traces dans la littérature néerlandaise. On pense que le personnage Duco van der Staal du roman Langs lijnen van geleidelijkheid (2) de Louis Couperus est en partie basé sur la figure de ce Hollandais qui affirmait « ne jamais peindre ce qu’il voyait, mais ce qui transportait ses yeux vers une vie plus élevée ». De son côté, Maurits Wagenvoort (1859-1944) a brossé un portrait du talentueux artiste (sous les traits du peintre Terhaer) et de ses proches dans son roman anarcho-parisien De droomers (Les Rêveurs, 1900). Cet écrivain, contemplant à nouveau des œuvres de son défunt ami en 1930 à l’occasion d’une exposition organisée à La Haye, réitère son admiration en parlant « d’une facette géniale de son inspiration ».

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    Forum Romanum, pastel

     

    Mais c’est essentiellement grâce à Tine, l’une de ses filles, que les lecteurs ont mieux fait connaissance avec Thomas Cool. En 1928, la jeune femme publiait Wij met ons vijven in Rome dont une traduction anglaise a vu le jour récemment grâce à l’initiative d’un homonyme et arrière-petit-fils du peintre (3). Certes, l’ouvrage, qui a connu un réel succès, s’adressait à un jeune lectorat ; mais pour nous, il offre un témoignage sur une famille qui, de 1892 à 1896, a vécu dans le cadre privilégié de la Villa Strohl-Fern. L’Alsacien Alfred Wilhelm Strohl l’avait acquise en 1879 ; il l’aménagea pour en faire un point de chute pour des artistes. Ainsi, Rilke y a séjourné au début du XXe siècle. Légué au gouvernement français, le lieu a abrité à partir de la fin des années cinquante le Lycée Chateaubriand. En 2012, une exposition a remis en mémoire ce passé glorieux où la Villa accueillait nombre de personnages de renom.

    Interieur du Dôme de Milan

    thomas cool,frise,pays-bas, Gabriele D’Annunzio, rené doumic, rome,italie,sculpture,peinture,littérature,louis couperus,cornelis veth,maurits wagenvoort,tine cool,villa strohl-fernÀ l’époque où Th. Cool travaille à Rome, le critique d’art allemand Albert Zacher lui rend visite. Cette rencontre a inspiré à ce dernier une belle page publiée dans le Franfürter Zeitung du 9 juin 1895. Il est permis de penser que les hommes de lettres Gabriele D’Annunzio et René Doumic sont eux aussi passés par l’atelier du Frison. Dans la Ville Éternelle, la colonie hollandaise, que Couperus et Wagenvoort fréquentaient, comptait alors au moins deux autres artistes en vue : le sculpteur Piet Pander (1864-1919) et le paysagiste Romolo Koelman (1847-1920).

     

    D. Cunin 

     

    (1) Willem Winters, Thomas Cool. Een Friesch schilder. 1851-1904, Leeuwarden, Perio, 2010.

    (2) On peut en lire la traduction récente en anglais de la main de Paul Vincent : Inevitable.

    (3) C.A. (Tine) Cool,  The five of us in Rome. An artist’s family in Villa Strohl-Fern in Rome 1892-1896, traduit du  néerlandais par Th. Cool, La Haye, 2011. 


    Quelques images de l’exposition « Artisti a Villa Strohl-Fern » (2012)

     

     

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    The five of us in Rome

    QUATRIÈME DE COUVERTURE

     

    The Five of us in Romeis the delightful story told by a young girl who arrives in Rome in 1892 almost 5 years old and who leaves in 1896 as a 9-year old. Her father is an art painter who rents an atelier with family living quarters in the Villa Strohl-Fern, a mansion full with other artists, situated in a lush park close to Villa Borghese and the Academies of Art - in this period still on the outskirts of Rome. The story received the prize of the best book for girls in 1928 in Holland.

    Given the amassed artistic talent at the Villa Strohl-Fern and its particular role in art history Tine’s book has become a remarkable historical document as well. It relates about life at the Villa in its early years, and the family story connects with historical figures from this special place and period. This first translation in English includes many historical links that do not appear in the 1928 Dutch original.

    Thomas Cool

    thomas cool,frise,pays-bas,peinture,littérature,louis couperus,cornelis veth,maurits wagenvoort,tine coolAround 1895 countries had kings and emperors, people rode in horse drawn carriages and steam trains, the telephone was only an invention. Nations had the Prix de Rome for their best young art talents to study in the Eternal City. Many of them later made a name. The painter from Holland is older and comes with his wife and three children, all paid for by his father, a manufacturer. He has his aim in art: “Rembrandt opened our eyes by painting directly what the world offers. He taught us his effects of light and dark. Above all, according to me, he embodies the phenomena in nature and the dramatic sentiment by which I experience the world.” When his daughter Dientje gets ill with malaria perniciosa he has to choose between his family and his desire of artistic fulfillment in Italy. All the while Tine’s eye and heart record how it is to be a young girl in a foreign land and in that garden between artists.

    Tine’s style in Dutch is lofty and tinges on the formal. This English translation is more fluid but the lofty Father and Mother have been retained. This edition is not intended as a children’s book but is for readers with an interest in cultural history and the joy in life.

    Tine Cool (1887-1944) was a garden architect and writer.

     

     

    UN EXTRAIT

    «The Pantheon », p. 111-114

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    Panthéon, Rome, huile

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    Th. Cool, Messe à Saint-Pierre 

     

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    Cornelis Veth, « Architectuurschilder van beteekenis »

    De Telegraaf, 3 juillet 1930