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belgique - Page 5

  • Un jacuzzi au paradis

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    Là où il y a du textile,

    il y a des fantômes

    le Slalom soft de Paul Bogaert

     

     

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    Paul Bogaert, le Slalom soft, trad. Daniel Cunin et Paul Bogaert

     

    Peut-être le jeune Paul Bogaert, collégien découvrant la poésie, la fascination qu’exercent les mots, l’aspect ludique des collages, a-t-il mis un peu la main à l’œuvre lors de l’écriture du Slalom soft. Toujours est-il que, la quarantaine passée, ce natif de Bruxelles nous a offert, avec son quatrième recueil, un long poème divisé en une trentaine de séquences dont la plupart peuvent se lire séparément. Sans être à proprement parler des formes de collages, ces courtes séries juxtaposent, au fil d’un exercice d’équilibriste, bien des bribes empruntées au discours publicitaire, à la logorrhée managériale, aux slogans qui encombrent nos esprits, au tout-venant du quotidien. Les différentes voix qui se font entendre – le discours direct alternant avec le discours indirect –, ce qui traverse la tête des personnages, tout cela nous arrive sur un ton proche de la langue parlée, langue retravaillée des mois durant non sans laisser le hasard intervenir à sa guise et laisser s’immiscer mensonges, insinuations, interrogations, musiques d’ambiance, rires, cris, interjections, silences… une palette aux nombreuses nuances qui empêche tout lecture univoque, définitive.

    À l’origine, une image, une désillusion aussi. Alors qu’il se rend régulièrement à la piscine avec ses enfants, le père de famille pose un beau jour un regard nouveau sur le maître-nageur. Il ne voit plus en lui le Sauveur, mais un Monsieur Tout-le-monde, un travailleur breveté qui n’est pas à l’abri de la fatigue, de l’arrogance, de l’ennui, des étourderies, des frustrations… Un homme qui accomplit sa tâche en ne semblant rien faire si ce n’est regarder autour de lui. Agissant selon la lettre / et l’esprit de l’heure d’ouverture, / il grimpe routinièrement (mollets durs) sur sa chaise. / Alors qu’il doit prendre son travail, / toute son attention se déboutonne.

    quatrième de couverture

    paul bogaert,le slalom soft,poésie,flandre,belgique,traduction,tétras lyreC’est là que l’écrivain passe à l’action. Son imaginaire aime retenir un décor décalé, s’arrêter sur la façon dont des cerveaux en arrivent à concevoir un tel lieu. En l’espèce, une immense cloche de verre surchauffée sous laquelle, au milieu de palmiers en plastique, le public est convié, contre espèces sonnantes et trébuchantes, à s’ébattre dans l’eau, à s’élancer sur les toboggans des piscines. Un « paradis subtropical » en quelque sorte ou, comme l’ont dit les critiques, un « jacuzzi au paradis », « un parc d’attractions en Enfer », « un voyage sans retour vers l’abîme », qui a sa contrepartie dans les mornes bureaux où le personnel se réunit, travaillote, participe à des séances de brainstorming, où l’on pilote la machinerie. Tandis qu’au paradis aquatique règnent effervescence et enthousiasme, dans les bureaux, l’atmosphère est plutôt tendue. On s’efforce d’inventer des noms alors que la climatisation ne marche pas comme elle le devrait.

    Le dôme de verre est en partie inspiré de Biosphère 2, site expérimental construit dans le désert de l’Arizona pour reproduire un système écologique fermé. La raréfaction de l’oxygène se conjugue avec l’avancée et les vicissitudes de l’histoire qui se déroule sous nos yeux. « La poésie, écrit le Flamand, est un mélange d’enchantement et de désenchantement. Dans certains poèmes, le pendule penche du côté du désenchantement. L’enveloppe ôtée, il ne reste que la construction à l’état brut. C’est comme regarder des plaies. Là, les questions grouillent à la manière de mouches. »

    À travers les différents recueils que Paul Bogaert a publiés à ce jour s’affirme une certaine fascination pour le contrôle que l’homme cherche à exercer sur les choses, pour son aspiration à la perfection. Ou comment les procédures, les mécanismes, les « systèmes circulaires » sont sources du beau, mais aussi menaces puisqu’à tout moment des ratés peuvent venir dérégler la belle mécanique conçue par les ingénieurs, les savants, les logiciels. Qui retire le rat du filtre ? / Qui contrôle le réservoir de chlore ? / Dans un extrême tumulte, les cris perçants, / l’indomptable résonance. // Tout à l’heure, qui plus est, fouiller l’obscurité. // Quand tu iras te coucher / te satisferas-tu // de moins ?

    Paul Bogaert à Passa Porta, 2014

    paul bogaert,le slalom soft,poésie,flandre,belgique,traduction,tétras lyreSous la cloche de verre, les tensions et la crise ne tardent pas à surgir. Des gens qui ont frôlé la noyade et des coachs personnels interrogent le maître-nageur. Il tente de se concentrer. Mais le niveau de l’eau a baissé. Comment peut-il faire face ? Notre homme prend des airs de Steven Fink, l’auteur qui, dans Crisis Management. Planning for the Inevitable, a proposé des solutions pour affronter des situations critiques, par exemple une catastrophe écologique. Un discours certes ramené sous la plume de Bogaert, non sans drôlerie, aux dimensions d’une piscine paradisiaque, la question n’étant pas de savoir si quelqu’un s’y noie, mais la façon dont on prévient une noyade, dont on réagit en cas de malheur, autrement dit : quels sont les mécanismes qui se mettent alors en branle ? Mécanismes pervers et cruels dans l’univers de Steven Fink comme dans celui de ce luna-park, puisque pour tout responsable, gérer une crise revient bien plus à sauver la face qu’à se préoccuper des victimes. De même que dans la publicité ou dans le management, la langue est ici au cœur de la communication. Autour de cette colonne vertébrale – un homme qui ne peut plus faire son travail routinièrement – et de quelques bouillantes scènes de bureau, Paul Bogaert déroule ses vers qu’il truffe de clichés, de formules toutes faites caractéristiques de notre société des loisirs ou qui encore renvoient au jardin d’Éden. Il nous entraîne sur une métaphore, le toboggan baptisé « slalom soft » : livré à la vitesse et à la pesanteur, on risque fort de se perdre soi-même.

    Sans doute faut-il lire dans les courbes facétieuses et la déclivité casse-gueule du Slalom soft, dans les moments de détente et d’évasion du personnage central, consommateur passif et impuissant, une tentative de contourner les discours étouffants dictés par le marketing, le monde de l’entreprise et de la finance. Toutefois, Paul Bogaert ne parodie pas le quotidien, il observe plutôt avec l’œil du documentariste la surabondance du banal et des divertissements vides de sens. Mais s’il critique quelqu’un, la lâcheté et le manque de courage des uns et des autres, il sait pertinemment que la critique s’adresse d’abord à lui-même qui, tout autant que nous, fait partie de cette société.

    D. Cunin

     

    texte paru en guise de postface au recueil le Slalom soft, Liège,

    Tétras Lyre, 2015, « collection De Flandre »

     

    de Slalom soft Live (trailer) from Paul Bogaert (on Vimeo)

     

  • Le lait plus épais que le sang

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    Retour sur Courrier des tranchées

      

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    Stefan Briis, Courrier des tranchées,

    trad. D. Cunin, Paris, Héloïse d’Ormesson, 2015.

     

      

    Un roman où la massive pendule d’un horloger allemand de Londres n’est pas sans rappeler celles des toiles de Chagall, où le chien Shakespeare annonce, dès les premières pages, la fragilité, la fin d’un monde.

      

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    LE MOT DE L’ÉDITEUR

     

    Londres, à l’aube de la Première guerre mondiale. John refuse de s’enrôler, à l’inverse de son meilleur ami Martin, mû par un patriotisme vibrant. Bercé par Keats et Thackeray, John préfère se consacrer à la littérature, loin de la violence du conflit. Mais celle-ci ne va pas tarder à se rappeler à lui lorsqu’il découvre une terrible lettre, que son père, facteur, a omis de remettre à la mère du jeune soldat.

     

    Fresque d’une période où les notions de courage et de lâcheté paraissent soudain floues, Courrier des tranchées raconte le gouffre entre l’exaltation de la guerre et son effroyable réalité. En virtuose de la construction romanesque, Stefan Brijs donne chair à des personnages déchirants, portés par une intrigue ingénieuse qui surprendra le lecteur jusqu’à la dernière page.

     


    L’auteur parle de son roman

     

     

    QUELQUES CRITIQUES

    (articles et extraits)

      

    « Histoire vibrante et poignante de deux jeunes londoniens de quartiers populaires, ‘‘frères de lait’’ pris dans la tourmente de la Première guerre mondiale. »

     

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    A. Fillon, Livres Hebdo, 3 juillet 2015

     

    « Courrier des tranchées est un hymne aux mots, ceux qui vous transportent dans les livres, ceux qui vous transpercent le cœur en quelques lignes dans des froides missives officielles. Par ce prisme original, Stefan Brijs n'a pas écrit un livre de plus sur la guerre de 14, son propos est universel et touche directement à ce qui nous donne le courage de continuer à vivre, à travers le destin (la vie ou la mort) de ceux qui nous sont les plus chers. »

     

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    Témoignage chrétien, 17 septembre 2015

     

    « D'une belle écriture, d'une construction magistrale, cette histoire nous porte jusqu'au finale grâce à un suspense époustouflant. En filigrane, le lecteur partage l'amour et l'érudition de l'auteur pour la littérature, qui fait dire à un de ses personnages : ‘‘Un livre, ça doit nous amener à réfléchir. À modifier le regard que l’on porte sur la vie.’’ Ce chef d'œuvre en apporte la preuve. »

     

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    Les Échos, 11-12 sept. 2015

     

    « Ce roman foisonnant questionne avec une grande finesse les notions de courage, de lâcheté, d'héroïsme, de trahison et de patriotisme. L’intrigue est construite de telle manière qu’elle se nourrit constamment de la richesse et de la complexité des personnages et des rapports humains. La guerre elle-même devient un des personnages, un ‘‘actant’’, qui influent sur la destinée des uns et des autres. Un roman dont les péripéties ne doivent pas occulter la subtilité et l’immense sensibilité de la narration. »

     

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    Michel Paquot, L’Avenir, 18 septembre 2015

     

    « 590 pages qui nous tiennent en haleine jusqu’au bout !

    L’écriture de Stefan Brijs est si agréable que l’on tourne les pages sans s’en rendre compte. De l’émotion et des descriptions qui nous plongent dans le quotidien de John alors que l’Angleterre s’engage dans la Première guerre mondiale. »

     

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    Alexandre Fillon, Lire, oct. 2015

     

    « Ample, vaste et subtile, la plume de Stefan Brijs capte son lecteur dès les premières lignes, l'emportant dans le souffle de l'Histoire, l'abandonnant au terme de 591 pages, épuisé, troublé, comblé, heureux d'un récit haute voltige. Un grand, très grand, roman. » 

     

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    édition format de poche, Folio n° 6463, 2018

     

  • « De Flandre »

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    Nouvelle collection

    aux éditions Tétras Lyre

     

     

    P. Bogaert, Passa Porta, 2014 (photo MHC)

    tétras lyre,liège,paul bogaert,els moors,traduction,poésie,kim andringa,la slalom soft,chants d'un cheval qui chavireLes éditions liégeoises Tétras Lyre lancent une nouvelle collection de poésie dédiée aux auteurs d’expression  néerlandaise, en particulier aux Flamands. Objectif affirmé : « lancer, en Fédération Wallonie-Bruxelles, un pont de passage et de dialogue entre deux communautés associées dans un même État fédéral ».

    En attendant une anthologie de l’œuvre de Charles Ducal, deux premiers recueils viennent de paraître : Chants d’un cheval qui chavire d’Els Moors et le Slalom soft de Paul Bogaert, dans une maquette de Mona Habibizadeh.

    Pour mettre la collection « De Flandre » sur de bons rails, Primaëlle Vertenœil et Gérald Purnelle se sont entourés de quelques connaisseurs en poésie flamande, à savoir Elke De Rijcke, Katelijne De Vuyst, Bart Vonck et Carl De Strycker.

     

     

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    Els Moors, Chants d’un cheval qui chavire,

    traduction Kim Andringa, postface Anneleen De Coux

     

     

    viens je dois entrer pieds nus

    dans la cerisaie

    qu’est ce monde

    et partager la récolte avec toi

     

    ce que tu veux cueillir le laisser

    reposer mûr dans tes mains

    jusqu’à ce que ça éclate

    comme par exemple

    ta bouche lubrique

     

    alors que je l’embrasse

    prenant l’empreinte

     

    de l’approche de la haute-saison

     


    Els Moors lit un de ses poèmes

     

     

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    Paul Bogaert, le Slalom soft,

     trad. Daniel Cunin et Paul Bogaert, postface Daniel Cunin

     

     

     

    Un cœur de maman, ça a des oreilles qui ne dorment jamais !

    Je veux dire

    un cœur de maman fait en toile de trampoline

    et en peau de chamois.

    Quiconque reproduit un cœur de maman

    et en mâche la copie une journée durant, hérite

    d’un poids démesuré.

    Quiconque hache la copie, quiconque la poêle menu,

    reçoit en retour de la fumée blanche

    en quantité et toutes les odeurs jusqu’à ce jour.

    Si l’on vient à détacher les agrafes

    d’un cœur de maman, il fait pop, il enfle,

    grossit, se fait bien trop gros, encombrant, tente

    pliée qui se démulplietiplie en un zeppelin

    lequel prend, effréné,

    une taille plus extrême encore et projette une ombre, ombre

    qui entend les enfants un à un, les suit sans bruit.

     

    extrait du poème « De là cet éclairage »

     

     

     sommaire du recueil le Slalom soft 

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  • « Voix poétiques de Flandre »

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    NUNC, n° 36, juin 2015

     

     

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    À l’occasion du Marché de la Poésie 2015 où la Belgique est l’hôte d’honneur, la revue Nunc consacre un cahier à quelques poètes flamands. Les voix flamandes franchissent non sans mal la frontière. Tout au plus le lecteur français sera-t-il en mesure de mentionner le nom de l’auteur du Chagrin des Belges, Hugo Claus. La tradition jacobine ayant fait son possible pour éradiquer le flamand de France, on en a oublié que l’un des principaux auteurs d’expression néerlandaise du temps de Louis XIV était un Dunkerquois, le dramaturge Michel de Swaen. Il est vrai que par la suite, les lettres de ces contrées septentrionales ont connu un déclin sans pareil qui s’explique notamment par la domination étrangère, la mainmise du français sur les élites ainsi que par la prédominance d’une société rurale plutôt pauvre, mosaïque de dialectes. Sans doute alors, ainsi que le formule un écrivain néerlandais, « le voyageur cultivé éprouvait-il une réelle déception en entendant le cul-terreux qu’il croisait dans les champs parler un dialecte bas francique occidental inintelligible ».

    Jos de Haes, Poèmes

    revue nunc,poètes flamands,belgique,marché de la poésie,littérature,flandreRayonnantes au Moyen Âge – il suffit de songer à Hadewijch et à Ruusbroec –, les lettres flamandes sont peu à peu parvenues à renaître de leurs cendres sous l’impulsion de deux figures, le romancier populaire de père français Henri Conscience (1812-1883) et le prêtre-poète Guido Gezelle (1830-1899). Liée consubstantiellement aux combats menés par le Mouvement flamand en faveur d’une reconnaissance de la culture autochtone, cette renaissance s’est poursuivie durant une bonne partie du XXe siècle. Si la prose a connu quelques sommets – on songe en particulier au grand ami de Maeterlinck Cyriel Buysse (1859-1932), au styliste hors pair Maurice Gilliams (1900-1982), au phénoménal Louis Paul Boon (1912-1979) et à Hugo Claus (1929-2008) –, la poésie n’a pas été en reste grâce en particulier à Paul van Ostaijen (1896-1928), Jos de Haes (1920-1974), Christine D’haen (1923-2009) ou encore Hubert van Herreweghen. Des recueils disponibles en traduction française donnent une petite idée de la diversité actuelle de cette poésie de Flandre (1). Bien des décennies après Charles Van Lerberghe, Max Elskamp, Georges Eekhoud, Émile Verhaeren, Georges Rodenbach et autres Maeterlinck, et quelques années après la disparition de Paul Willems et de Guy Vaes, rares sont encore les Flamands qui édifient une œuvre en français et non en néerlandais (on songe aux poètes Elke de Rijcke et Jan Baetens ainsi qu’aux romancières Françoise Mallet-Joris et Nicole Verschoore). (2)

    Christine D'haen

    revue nunc,poètes flamands,belgique,marché de la poésie,littérature,flandreLe cahier publié dans Nunc s’arrête sur quelques œuvres (Anton van Wilderode ; Christine D’haen ; Hubert van Herreweghen ;  Claude van de Berge ; Patrick Lateur) qui dénotent une certaine complicité entre écriture et démarche spirituelle. Elles se terminent, sous la plume de Peter Holvoet-Hanssen, par un hommage à Paul van Ostaijen, grand rénovateur de la poésie en Flandre.

    Autre poète de premier plan à l’honneur dans ce numéro de Nunc : Jean-Pierre Lemaire. Cet auteur qui a grandi en Flandre française se livre au fil d’une discussion avec la rédaction de la revue et fait l’objet de pages tout aussi bigarrées que remarquables de Cathia Chabre, Christophe Langlois, Yves Leclair… Le philosophe Bruno Latour se confie lui aussi dans un entretien et malmène bien des idées reçues (sur l’écologie, la théologie, etc.) tandis que Pascal Boulanger nous entraîne, à la suite de saint Augustin, loin des « dupeurs dupés » et des « bavards muets ». Les amateurs de séries télévisées (américaines) sont également à la fête : le cahier « Métaphysique en séries » ouvre en effet une réflexion sur la dimension existentielle de ces productions grand public. À lire aussi des poèmes, entre autres de Nicolas Waquet, ainsi que l’habituel « cahier critique ».

     

    Nunc, revue agonale, romantique, charnelle, spirituelle, musicale, littéraire, totale, explosive, organique, pérégrine, sensuelle, amoureuse, intérieure, silencieuse, religieuse, hospitalière...

     

     Jean-Pierre Lemaire

    revue nunc,poètes flamands,belgique,marché de la poésie,littérature,flandre(1) Entre autres des recueils (bilingues ou non) de Leonard Nolens, Hedwig Speliers, Paul Bogaert, Lut De Block, Els Moors, Paul Claes, Luuk Gruwez, Stefan Hertmans, Jan H. Mysjkin, Stefaan Van den Bremt, Miriam Van hee, Dirk van Bastelaere, Andy Fierens…

    (2) Autres auteurs flamands ayant choisi le français : André Baillon (1875-1932), Franz Hellens (1881-1972), Marie Gevers (1883-1975), Paul Neuhuys (1897-1974), Suzanne Lilar (1901-1992) Alain Germoz (1927-2013), Jacques Brel (1929-1978)… Auteurs flamands ayant écrit ou écrivant dans les deux langues : Cyriel Buysse (1859-1932), Caecilia Ameye (1879-1953), Clément Pansaers (1885-1922), Jean Ray (1887-1964), Paul-Gustave van Hecke (1887-1967), André de Ridder (1888-1961), Roger Avermaete (1893-1988), Paul van Ostaijen (1896-1928), Michel de Ghelderode (1898-1962), Rose Gronon (1901-1979), Michel Seuphor (1901-1999), Marc. Eemans (1907-1998), Remy de Muynck (1913-1979), Marie-Jo Gobron (1916-2008), Albert Bontridder (né en 1921), Jacqueline Ballman (1922-2000), Freddy de Vree (1939-2004), Henri-Floris Jespers (né en 1944), Jacques De Decker (né en 1945), Francis Cromphout (né en 1947), Frans de Haes (né en 1948), Herman Portocarero (né en 1952)…

     

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     Franck Réthoré, Encre sur papier, 2010

     

    Sommaire de Nunc, n° 36, juin 2015

    Liminaire 

    Réginald GaillardLéger frémissement au pays des revues

     

    Shekhina 

    Dossier Jean-Pierre Lemaire dirigé par Réginald Gaillard

    Nunc Entretien avec Jean-Pierre Lemaire

    Jean-Pierre Lemaire Deux poèmes inédits

    Jean-Marc Sourdillon Un silence traversé 

    Yves Leclair Première épître d’un disciple attardé à Nicodème

    Pierre Oster Désert

    Christophe Langlois Voir de loin ou brûler

    Pascal Boulanger Le cœur réceptacle

    Cathia Chabre Les traces inapparentes dans Figure humaine

    Pascal Boulanger Saint Augustin : « Refais tes forces et passe »

    Blandine Merle Jean-Pierre Lemaire : l’humilité en traverse

     

    Axis Mundi

    Nunc Entretien avec Bruno Latour

    Claude Tuduri Poèmes

    Thomas Sonnefraud Poèmes

     

    Cahier « Métaphysique en séries »

    Introduction par Franck Damour

    Pierre Dulau OZ

    Marc Rastoin Cold case (Affaires classées) et notre soif de justice

    Nicolas Waquet Poèmes

     

    Cahier « Voix poétiques de Flandre »

    Présentation, choix et traduction de Daniel Cunin avec des poèmes de : Anton van Wilderode ; Christine D’haen ; Hubert van Herreweghen ;  Claude van de Berge ; Patrick Lateur ; Peter Holvoet-Hanssen 

     

    Cahier critique

      

    Encres de Franck Réthoré

     


     

    Présentation en musique et images du recueil de Claude van de Berge

    De overblijfselen, Louvain, P., 2011

     

     

     

     

  • François d’Assise, ménestrel

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    Un poème de Patrick Lateur

     

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    Ravenna, poèmes, Louvain, P., 2001

     

    Originaire de Flandre occidentale, Patrick Lateur considère la poésie, mais aussi son travail de traduction (l’Iliade en pentamètres iambiques) « comme une quête d’envergure au cœur de la culture classique et plus largement de la culture occidentale en partant du sentiment que l’on y formule des questions qui trouvent un écho en nous ». À ses yeux, le monde prend souvent la forme d’« une seule et grande tapisserie de textes » ; si le tronc de notre culture a disparu, « les racines et les mots demeurent ». Ainsi se ressource-t-il aux deux histoires constitutives qu’offrent les traditions gréco-romaine et chrétienne tout en explorant les liens qu’elles ont tissés. Son aspiration à l’authenticité passe par la fidélité à des formes traditionnelles ; ses poèmes se présentent comme des miniatures qui revisitent vestiges et destins marquants, autant de petits miroirs dans lesquels nous sommes invités à nous contempler à l’aune de monuments de l’histoire de l’art et de la spiritualité.


     Patrick Lateur, portrait du traducteur

    (en néerlandais, vidéo : Joke Nijssen)

     

     

    Ma sœur la mort

      

    Pose-moi nu sur cette terre nue,

    de poussière et de cendre asperge-moi,

    marque-moi du Tau de l’Alliance ancienne.

    Tout est parti un jour de cet endroit,

     

    où la porte de la vie s’est ouverte,

    où nous avons vécu en frères ; là

    je veux passer en Lui. « Ma voix exhorte

    le Seigneur, je L’invoque de ma voix. »

     

    Rasant la cabane, des alouettes,

    gênées par la brune, ne tardent pas

    à s’élever pour louer la muette

    voix du ménestrel qui Dieu glorifia.

     

    Patrick Lateur

     

    traduit du néerlandais par D. Cunin

     

     

    PatrickLateur-photo.pngDes poèmes de Patrick Lateur paraissent en traduction française dans le Cahier « Voix poétiques de Flandre » de la revue Nunc, n° 36, 2015. Poète, essayiste et traducteur, le Flamand, qui voue une véritable passion à l’Italie, a consacré un recueil à saint François : De speelman van Assisi (Le Ménestrel d’Assise, Gand, Poëziecentrum, 1994), repris dans Rome & Assisi (Louvain, P., 1998). En 2015, les éditions P., établies à Louvain, ont édité une anthologie de ses œuvres poétiques sous le titre In tegenstroom (À contre-courant), présentée par Jooris van Hulle.

    Autour de la personne de Lateur, la chaîne flamande VRT a diffusé cette année un documentaire « Les Flamands & Rome » en quatre voletsQuant à son mystère de la Passion, Lente in Galilea (Printemps en Galilée, Anvers, Halewijn, 2014), il connaît 25 représentations cette année à Tegelen (Pays-Bas) devant des dizaines de milliers de spectateurs.

     

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