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Poètes & Poèmes - Page 21

  • Poètes en revue

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    Action Poétique & la poésie néerlandaise

    premier inventaire

     

     

     

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    Ruud Meijer, Parijs Verplicht
    (photo: Karel Appel & S. Vinkenoog, par Ed van der Elsken)

     

     

     


    Dans Parijs Verplicht (Paris, passage obligé, Thomas Rap, Amsterdam, 1989), livre consacré aux années parisiennes des écrivains et artistes néerlandais de l’après-guerre (1945-1970), on trouve, à égale dis- tance de la deuxième et de la troisième de couverture qui reproduisent un dessin de Hugo Claus, un cahier photos de 16 pages. La première photo proposée au lecteur, prise au début des années 1950 rue de la Tombe-Issoire - chez l’essayiste Rudy Kousbroek (1929-2010) à moins que ce ne soit chez l’écrivain sud-africain Jan Rabie (1920-2001) –, montre six personnes : Rudy Kousbroek lui-même, connu entre autres pour avoir donné une traduction des Exercices de style, le poète fantaisiste Simon Vinkenoog (1928-2009), sa compagne de l’époque (l’Américaine Rory Warschauer), le poète et prosateur expérimental Bert Schierbeek (1918-1996), la peintre deluyphoto1.pngécossaise Majorie Wallace (1925-2005) qui épousa Rabie en 1955, et un jeune homme au bouc : Henri Deluy. C’est quelque temps plus tôt, par une fin d’après-midi de 1950, dans le café Reynders de la Leidseplein d’Amsterdam que ce dernier avait fait, par l’inter- médiaire de celle qui allait devenir son épouse - Anna Maria van Soesbergen (1927-2007) - la connaissance d’un groupe d’artistes néerlandais à peine plus âgés que lui : Lucebert (1924-1994), Gerrit Kouwenaar (né en 1923), Rudy Kousbroek, Remco Campert (né en 1929), Bert Schierbeek (1918-1996), Jan G. Elburg (1929-1992)… Il deviendra l’ami de certains, reverra à l’occasion les autres, tant en Hollande qu’à Paris - le Mabillon leur servant plus ou moins de QG - où la plupart d’entre eux vivront plusieurs années, voire plusieurs dé- cennies.

    couvHolstDeluy.pngAvec sa femme néer- landaise et le franco- phile Dolf Verspoor (1917-1994), le natif de Marseille - qui a entre temps publié à La Haye une plaquette de poésie Titr’animal agrémentée de linos de Harry Dis- berg (1951) - va bientôt faire ses premières armes de traducteur : en 1954 paraît chez Seghers, dans la collection « Autour du monde », Par-delà les chemins. Le volume comprend un choix de pièces de quatre recueils : Voorbij de wegen (Par-delà les chemins, 1920), De wilde kim (L’Horizon sauvage, 1925), Een winter aan zee (Un hiver à la mer, 1937) et Onderweg (En route, 1940) de celui qui est considéré à l’époque, aux Pays-Bas, comme « le Prince des poètes », le chantre de la solitude : Adriaan Roland Holst (1888-1976), membre majeur de la génération de 1910 aux côtés de J.C. Bloem, P.N. van Eyck et Geerten Gossaert, autant de talents qui se sont épanouis sous le patronage de l’une des grandes figures du « Mouvement de 1880 », Albert Verwey, un fidèle de Stefan George. Ami de tous les poètes, Roland Holst «reste à l’écart des disputes littéraires, élaborant une œuvre où se fondent les plus hautes tendances de la sensibilité néerlandaise», précise le texte de présentation. Les traducteurs ajoutent qu’ils auront atteint leur but si leur travail «contribue à attirer l’attention sur la poésie néer- landaise tellement ignorée en France». Ils entre- prennent d’ailleurs d’autres efforts en ce sens.

     

    Les 80 ans d'Adriaan Roland Holst


    La même année, en effet, Henri et Anna Maria col- laborent à une petite anthologie trilingue, La Hollande lyrique, publiée sous les hospices du Comité Central du Centre P.E.N. des Pays-Bas qui présente quelques auteurs rangés parmi les Vijftigers (Paul Rodenko, Gerrit Kouwenaar, Hans Lodeizen et Remco Campert - tous traduits par Henri Deluy), mais aussi l’inclassable Gerrit Achterberg (4 poèmes traduits par Deluy). Toujours en 1954, le n° 4 (1ère série) ronéotypé d’Action poétique propose un éventail plus large. On y retrouve, après une présentation de la main du Marseillais, les noms de Roland Holst, Gerrit Achterberg, Paul Rodenko et Hans Lodeizen, mais aussi ceux des Flamand Hugo Claus (1929-2008) et Paul van Ostaijen (1896-1928), des maîtres défunts Herman Gorter (1864-1927), H. Marsman (1899-1940), M. Nijhoff (1894-1953) et J.J. Slauerhoff (1898-1936) ainsi que ceux des jeunes Lucebert et Simon Vinkenoog. Une partie de ces poèmes seront repris dans des numéros ultérieurs de la revue.

    couvAP20.jpgPar la suite, et jusqu’à aujourd’hui d’ailleurs, c’est surtout la poésie de la génération des Vijftigers (poètes des années 1950), qui retiendra l’attention de Henri Deluy - à l’ex- ception de celle du Flamand Hugo Claus (traduite par d’autres assez tôt), lequel a lui aussi évolué dans les années cinquante au sein de «la colonie hol- landaise» de Paris, époque à laquelle il se réclamait d’Antonin Ar- taud. Avec son épou- se, Deluy donne ainsi 3 poèmes du Zélandais Jan G. Elburg dans le n° 18 d’Action poétique (1962) : «courte autobiographie», «vouloir», «aubade pour normes morales». Puis, en avril 1963, le n° 20 de la revue présente sept poètes expérimentaux des Pays-Bas dont la plupart avaient fait partie du « Experimentele Groep Holland » aux côtés de Karel Appel, Corneille, Asger Jorn… : Lucebert, Kouwenaar, Campert, Schierbeek, Elburg, Vinkenoog et un nouveau venu, Hans Andreus (1926-1977). Ami de longue date de Lucebert, ce dernier, ainsi que l’a révélé son biographe, avait combattu sur le front de l’Est au sein de la légion des volontaires dans la Waffen-SS. Dans ce numéro, Deluy rappelle le parcours de ces poètes «expérimentaux» hollandais dont les premières manifestations remontent à 1945, ainsi que les liens étroits qu’ils ont entretenus avec le groupe CoBrA né fin 1948 au café Notre-Dame. Ils représentent « la cassure avec les formes reçues de la poésie néerlandaise. Tout l’apport moderne en poésie, Dada et le surréalisme, l’expressionisme allemand et Maïakovski, le marxisme et la psychanalyse, faisant irruption dans ce domaine clos qui semblait n’avoir pas été touché, pour l’essentiel, par les boule- versements de la poésie mondiale après la guerre de 1914-18 ». Le passeur en profite pour redonner quelques traductions de poètes qui lui sont chers et qui sont chers à cette génération des années 1950 – alors encore très peu lue en Hollande –, à savoir le sensitiviste et marxiste Herman Gorter, le patient psychiatrique et meurtrier Gerrit Achterberg, le leucémique Hans Lodeizen. Pour six de ces poètes expérimentaux, Deluy a sélectionné deux poèmes ; Lucebert tient son rang d’ « Empereur des Vijftigers » avec cinq poèmes.

     

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    Action poétique, n° 91, printemps 1983

     

    Pendant un quart de siècle, Deluy poète, traducteur et éditeur va parcourir et visiter d’autres contrées. En août 1974, il offre tout de même sa collaboration à une petite anthologie dans le cadre de la Biennale Internationale de Poésie de… Knokke-Heist : Deux générations de poètes Néerlandais 1950-1970 (on y retrouve les noms de Gerrit Kouwenaar, Bert Schierbeek et Jan G. Elburg). Au printemps 1983, sous le titre « avec Cobra », il consacre la quasi intégralité du n° 91 d’Action poétique aux « Poètes Expérimentaux des Pays-Bas », s’en tenant presqu’exclusivement aux années 1948-1954. Sur le modèle de la couverture (de Frédéric Deluy) inspirée d’un dessin de Lucebert, certaines pages sont agrémentées d’illustrations et de montages d’artistes de la mouvance CoBrA (Karel Appel, Corneille, Jan Cox). Cette fois encore, il s’agit, pour ce qui est des traductions, d’un travail à quatre mains avec Anna Maria. Une place est accordée à deux poètes décédés: Jan Hanlo (1912-1969), dont l’œuvre moins en vue, moins expérimentale, se distingue par une touche romantico-humoristique, et Paul Rodenko (1920-1976), considéré comme un précurseur des Vijftigers et à qui l’on doit une anthologie de la poésie d’avant-garde (Nieuwe griffels, schone leien, 1954), laquelle a joué un grand rôle dans la reconnaissance de la nouvelle génération.

    Jan Elburg

    JanElburgphoto.jpgS’il a été proche de Jan G. Elburg et Lucebert, Deluy s’est également senti beau- coup d’affinités avec le Frison Bert Schierbeek. Dès 1954, la plaquette Het bloed stroomt door (le sang coule) publiée à Amsterdam (éd. De Bezige Bij) et illustrée par Karel Appel, proposait sa traduction française des quatre poè- mes de ce petit ensemble. Le Hollandais, qui s’était dans un premier temps af- firmé comme auteur de romans «compositionnels», sera invité au Centre littéraire de Royaumont en avril 1989 puis à la première Biennale des Poètes (novembre 1991). Ces échanges aboutiront à la parution de deux recueils en traduction : Formentera (Formentera, 1984; Luzarches, Les Cahiers de Royaumont, n° 20, 1990) et La Porte (De deur, 1972; Paris, Fourbis, 1991). Le n° 125 d’Action poétique et le recueil de la Biennale (Une autre anthologie) proposent également quelques poèmes de Schierbeek («John Akii Bua» et «Coquelicots»). Entre 1992 et 2009, un seul autre poète d’expression néerlandaise a participé à la Biennale (l’édition de novembre 1997), une femme, la dendrographe amstellodamoise Esther Jansma dont on peut lire cinq poèmes dans l’anthologie Noir sur blanc (Fourbis, 1998, trad. D. Cunin). L’an passé, ce fut au tour de Saskia de Jong d'être invitée aux manifestations de la Biennale.


    C’est vers le milieu des années 1990, suite entre autres à un séjour à Oegstgeest, près de Leyde, où il rencontre de jeunes auteurs, que l’intérêt de Henri Deluy pour la poésie néerlandaise va connaître un nouvel élan. De fait, ces dix dernières années, Action poétique a accordé une jolie place aux nouvelles générations tout en s’attachant à rappeler le rôle des dadaïstes et des expérimentaux. Cette évolution a été rendue possible grâce, entre autres, à la collaboration de quelques poètes et traducteurs et au soutien du NLPVF (rebaptisé depuis cette année Nederlands Letterenfonds), l’organisme amstello- damois qui promeut depuis une vingtaine d’années la littérature néerlandaise à l’étranger – on n’est plus en effet à l’époque où l’on pouvait, comme Edmond Jaloux, écrire : «l’ignorance générale où l’on est à l’égard de la langue néerlandaise ne lui permet pas une large diffusion : il est vrai que les pouvoirs publics n’ont jamais rien fait pour qu’elle fût connue».

     

    Un rapide survol

     

    couvAP156.jpgn° 156 (automne 1999) : hommage à Lucebert à travers le poème que Kouwenaar a dédié à son ami défunt, en regard d’un fac-similé du peintre-poète et, sous le titre «Poètes néerlandais, au- jourd’hui», un dossier de 75 pages proposant un choix de textes de douze poètes nés dans les an- nées 1950 ou 1960 dans une traduction de Pierre Gallissaires et Jan H. Mysjkin. Ce n’est pas tout: un peu plus loin, une quinzaine de pages sont consacrées à Paul van Ostaijen dans lesquelles le rédacteur en chef livre quelques-unes des traductions qu’il reprendra en 2001 dans une anthologie de l’œuvre de ce poète expressionniste majeur des Flandres : Nomenclature (Farrago). L’ensemble est présenté entre une photo de Rotterdam en couverture (par Jan H. Mysjkin), et des deuxième, troisième et quatrième de couverture reproduisant des poèmes visuels de Van Ostaijen.

    couvAP171.jpgn° 171 (mars 2003): à l’occasion du Salon du Livre 2003 qui a cette année-là deux invités d’honneur, les Pays-Bas et la Flandre belge, Henri Deluy se joint les services de Kim Andringa, Erik Lindner et Éric Suchère pour confectionner un dossier « Cinq poètes néerlandais aujourd’hui » (Martin Reints, Tonnus Oosterhoff, Jan Baeke, Frank Koenegracht et Erik Lindner). La com- plicité entre Erik le Hollandais et Éric le Français - bientôt épaulés par Kim Andringa - a d’ailleurs permis la réalisation de plusieurs projets éditoriaux. Ce n° 171 offre en quatrième de couverture la recette de l’erwtensoep, c’est-à-dire la soupe de pois cassés, plat traditionnel hollandais que l’on consomme en particulier lors du réveillon du Nouvel An.


    couvAP181.jpgn° 181 (septembre 2005) : ce numéro intitulé Dada Da accorde une place à Theo van Doesburg et Paul van Ostaijen (2 textes théoriques traduits par Kim Andringa, agrémentés de fac-similés de poèmes visuels) ainsi qu’à Lucebert (le poème «Arp» traduit par Henri Deluy). Relevons la présence d’un petit portrait du collectionneur, artiste et essayiste hollandais Paul Citroen (1896-1983), dessiné par Walter Mehring.

    couvAP182.jpgn° 182 (décembre 2005) : nouvel hommage à Luce- bert, cette fois à travers un échange de lettres d’Éric Suchère et Erik Lindner, et l’un des poèmes les plus célèbres de l’empereur des Vijftigers, «lettre d’amour à notre épouse suppliciée indonésie» (trad. Kim Andringa). Sans oublier la couverture qui reproduit un dessin du peintre-poète. Par ailleurs, toujours dans une traduction d’Andringa, on peut lire pour la pre- mière fois en français Tsead Bruinja (né en 1974) qui écrit aussi bien en frison qu’en néerlandais.

    couvAP185.pngn° 185 (septembre 2006) : ce numéro comprend un dossier sur la poésie belge réalisé par Jan Baetens et Rossano Rossi et présenté par Jean-Pierre Verheggen : «Belges et Belges» ; hormis Baetens qui écrit en français, on dénombre cinq auteurs Flamands: Peter Holvoet-Hanssen (poèmes tirés du recueil Strombolic- chio), Paul Bogaert («Dis- cours»), Jan Lauwereyns («Le moustique tigré asia- tique»), Peter Theunynck («Avis des Panamerican Airlines & C°») et Dirk van Bastelaere (choix de poèmes du recueil Plus loin en Amérique) (trad. Reine Meylaerts, Elke de Rijcke, Jan Baetens et Daniel Cunin)

    couvAP189b.pngn° 189 (septembre 2007) : on retrouve Éric Suchère et Erik Lindner ainsi que Kim An- dringa pour un dossier de 22 pages sur Hans Faverey. Né à Paramaribo en 1930, et décédé à Amsterdam en 1990, ce dernier considérait ses poèmes comme des créa- tions autonomes, des «exer- cices de détachement» nés de l’angoisse de la mort. Suchère signe un «petit récit anec- dotique d’une découverte», Lindner «32 notes» sur la vie et l’œuvre de Hans Faverey. Suivent six séries de poèmes en traduction.

    couvAP191-192.jpgn° 191 & 192 (mars-juin 2008) : dans ce numéro double, le rédacteur en chef rend hommage à celle qui lui a permis de découvrir la poésie et les poètes néerlandais, mais aussi, «au tout début des années cinquante, ce que pouvait être la lecture et l’écriture» : Anna Maria van Soesbergen, disparue peu avant. Ainsi peut-on lire trois poèmes de Lucebert («Rêve», «Sommeil», «O tempora o mores») et un poème de Paul Rodenko («Statue», dans une version différente de celle parue dans le n° 91) traduits par la Néerlandaise des décennies plus tôt.

     

     

     

    O tempora o mores

     

     

    après tant de morts rien de bon ou de mieux

    maintenant que la distance a réduit le gros tas

    en taupinière à l’horizon

    l’espoir de vivre peut à nouveau tuer le doute

     

     

    ou alors le doute redevient un luxe ou l’habitude

    fixer le soleil baisser les yeux pour voir

    le jour brûler en une courte nuit

     

     

     

    couvAP193.jpgn° 193 (septembre 2008): l’ «Ensemble Hannah Höch» de ce numéro comprend une présenta- tion de la femme de lettres néerlandaise Til Brugman (1888-1958), compagne de l’artiste allemande pendant une dizaine d’années. De cette représentante de la mou- vance Dada en Hollande, on peut découvrir cinq poèmes visuels et un autre, dédié à son amie plasticienne, dans sa ver- sion néerlandaise et deux versions françaises, la première de Saskia Deluy (fille d’Anna Maria van Soesbergen et d’Henri), la seconde de Kim Andringa, devenue pour ainsi dire incontournable (elle est par ailleurs l’une des rares à traduire de la littérature frisonne).

    couvAP198.jpgn° 198 (décembre 2009) : cette fois, un dossier «Six poètes néerlandophones». La deuxième de couver- ture annonce la couleur en reproduisant une œuvre de Hendrik Nicolaas Werkman - à qui l’on doit entre autres la revue The next call -, artiste mort sous les balles d’un peloton d’exécution alle- mand le 10 avril 1945. On retrouve ce typographe et graphiste expressionniste un peu plus loin dans l’article du poète et plasticien brugeois Renaat Ramon: «Constructivisme & dada, Van Doesburg / Werkman, De Stijl, Mécano et The Next Call : l’avant-garde aux Pays-Bas», texte rehaussé de poèmes de I.K. Bonset (pseud. de Theo van Doesburg) et d’œuvres de H.N. Werkman. Par ailleurs, sous le titre «Des craquelures dans l’émail», Erik Lindner propose un aperçu de la poésie néerlandaise des années 2000. Suit un choix de l’œuvre de six poètes dans une traduction de Henri Deluy et Kim Andringa. Hormis Erik Lindner, il s’agit d’auteurs (certains sont aussi des compositeurs) qui ont percé en Hollande et en Flandre au cours des dix dernières années : Arnoud van Adrichem, Rozalie Hirs, Saskia de Jong, Ruth Lasters, Els Moors et Samuel Vriezen. Dans ce numéro, la poésie néerlandaise ne s’arrête pas là : elle remplit la quatrième de couverture avec la dégustation du hareng nouveau et la recette du hutspot (hochepot) :

     

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    Cette attention accrue portée à la poésie batave depuis 1999 va conduire Henri Deluy à confectionner, avec une poignée de traducteurs, un mets de résistance qui devrait voir le jour sous peu : Poètes néerlandais de la modernité (1880-2010). Cette anthologie offrira un panorama de la poésie des Pays-Bas à travers près de trente poètes dont la moitié environ ont déjà figuré, à une date plus ou moins récente, dans Action poétique. En 2005, l’amour jamais démenti du Français à l’égard de l’œuvre de Lucebert avait d’ailleurs abouti à la publication d’Apocryphe (Le bleu du ciel, 2005, traduit en collaboration avec Kim Andringa) qui regroupe les premiers recueils du plus grand des Vijftigers (les œuvres complètes sont sept fois plus épaisses).

    poème de P. van Ostaijen (4e du n° 156)

    couvap156b.pngLe présent inventaire, aussi exhaustif que pos- sible, montre que le rédacteur en chef d’Action Poétique a surtout gardé le regard rivé au-delà des fleuves (Rhin, Meuse, Waal). Il l’a tout de même posé à quelques reprises sur la Flandre, en par- ticulier pour revenir sur les traces du célèbre poète et théoricien Van Ostaijen, pionnier du modernisme dans sa contrée, emporté à l’âge de 32 ans par la tuberculose. Aucune revue en France n’a accordé autant de place à cette poésie septentrionale. La poésie hollandaise - et flamande - reste encore en grande partie méconnue dans notre pays, mais un cap a sans doute été franchi ces dix dernières années, et on observe une tendance similaire pour ce qui est du genre romanesque.

    couvHoogtijlangddeseine.jpgTrès prochainement doit paraître aux Pays-Bas un ouvrage assez épais : Hoogtij langs de Seine (éditions Atlas), du peintre et baroudeur Diederik Stevens, une histoire des « Grandes heures » des écrivains et artistes néer- landais sur les bords de la Seine entre 1948 et 1968. Autrement dit, Parijs verplicht revisité et étoffé. Dommage simplement que l’auteur ait omis d’interroger l’un des témoins privilégiés de cette époque alors même que la voix de la plupart des Vijftigers s’est tue, nous laissant autant de « secondes bleues dérobées pour un plus tard ».

     

     

    Daniel Cunin

     

     

    Ce texte propose une version revue et augmentée de l'article qui a paru dans Action Poétique, n° 200, juin 2010, p. 131-136.

     


    Jeudis littéraires, par Pascale Casanova, 2 juillet 1998, France Culture

    Avec Pascal Boulanger et Liliane Giraudon

     

     

  • Hiver hollandais

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    Un poème d’Anna Enquist

     

     

     

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    Romancière qui conquiert de plus en plus de lecteurs en France grâce aux traductions publiées aux éditions Actes Sud, Anna Enquist a aussi à son actif un certain nombre de recueils de poésie. Si l’ine- xorable écoulement du temps et la relation mère-enfants forment la toile de fond d’une grande partie de ces poèmes – plus encore depuis la mort accidentelle de sa fille en 2001 –, d’autres reflètent son amour de la musique ou portent sur des sujets « légers », par exemple… le football, une autre de ses passions. Enquist se produit souvent tant aux Pays-Bas qu’au-delà des frontières avec Ivo Jans- sen; tandis qu'elle lit certaines de ses œuvres, le pianiste interprète des pièces de Chopin, Schumann, Debussy... Leur collaboration a débouché sur la publication de deux petits volumes de poésie accompagnés d’un CD. Quelques poèmes d’Anna Enquist ont paru en traduction française dans la revue Septentrion (n° 1, 1996; n° 2, 2001; n° 3, 2003; n° 1, 2009), dans l'anthologie Le Verre est un liquide lent (Farrago, 2003) ou encore dans Europe, n° 909-910, 2005. Celui qui suit, bien que très court, restitue tout un univers de sensations, de sons,  d’impressions visuelles, familier à tout Hollandais. Les onze villes dont il est question sont une allusion au quasi mythique Elfstedentocht.

     

     

     

    WINTERDAG

     

    Mijn zoon was zeven jaar; zijn schaatsen

    waren veel te groot. Wij zagen vissen en

    een kikker onder ijs, suisden langs riet,

    langs elf verzonnen steden, aten bevroren

    chocola en zaten op de wal. Wij vonden

    in het veen een potscherf. Heel de wereld

    lag helder en droog aan onze voeten.

     

     

     

     

    JOUR D’HIVER


    Mon fils avait sept ans ; ses patins étaient

    bien trop grands. On a vu sous la glace

    des poissons, une grenouille, rasé roseaux et

    cités imaginées, onze, mangé du chocolat

    gelé, on s’est assis sur la terre ferme. Dans la tourbe,

    on a trouvé un tesson de pot. Le monde entier,

    limpide et sec, s’étendait à nos pieds.

     

     

     

     

     

    L’œuvre poétique d’Anna Enquist

    (la liste ci-dessous comprend plusieurs anthologies)

     

    annaenquist3.jpgSoldatenliederen (Chants de soldats), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1991.

    Jachtscènes (Scènes de chasse), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1992.

    Een nieuw afscheid (Un nouvel adieu), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1994.

    Kerstziekte (Maladie de Noël), gravure sur bois C. Andriessen, Apeldoorn, De Witte Mier, 1994 [édition bibliophilique].

    Voel je de wind? (Tu sens le vent ?), Amsterdam, Thomas Rap, 1995 [édition bibliophilique].

    Klaarlichte dag (Plein jour), Amsterdam, De Arbeiderspers, 1996.

    De gedichten, 1991-2000 (Les Poèmes, 1991-2000), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2000.

    De tweede helft (La Deuxième mi-temps), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2000.

    Hier was vuur: gedichten over moeders en kinderen (Ici un feu brûlait. Poèmes sur les mères et leurs enfants), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2002.

    De tussentijd (L’Intervalle), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2004.

    Alle gedichten (Tous les poèmes), De Arbeiderspers, 2005.

    Kerstmis in februari: de vroege gedichten (Messe de Noël en février : premiers poèmes), Amsterdam, Singel Pockets, 2007.

    Drie gedichten, (Trois poèmes), litho Sam Drukker, Hilversum, Uitgeverij 69, 2007 [édition bibliophilique].

    Nieuws van nergens (Nouvelles de nulle part), Amsterdam, De Arbeiderspers, 2010.

     

    Recueils en traduction

    Ein neuer Abschied (Un nouvel adieu), trad. Gregor Seferens, Munich, Luchterhand, 1999 [édition bilingue allemand/ néerlandais].

    The fire was here: poems about mothers and children, traduction et introduction David Colmer, New Milford, CT, Londres, The Toby Press, 2003 [édition bilingue anglais/néerlandais].

     

     

    « Winterdag » est extrait du recueil Hier was vuur qui rassemble des poèmes paru antérieurement dans De gedichten 1991-2000 et De tweede helft.

     

  • De la mort prochaine

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    Un poème de Hans Andreus

    (1926-1977)

     

     

    Ne me restera que le souvenir de ma mort.

    François Debluë, « Proses de la mort prochaine »

     

     

     

     

    VOOR EEN DAG VAN MORGEN

     

     

     

    Wanneer ik morgen doodga,

    vertel dan aan de bomen

    hoeveel ik van je hield.

    Vertel het aan de wind,

    die in de bomen klimt

    of uit de takken valt,

    hoeveel ik van je hield.

    Vertel het aan een kind,

    dat jong genoeg is om het te begrijpen.

    Vertel het aan een dier,

    misschien alleen door het aan te kijken.

    Vertel het aan de huizen van steen,

    vertel het aan de stad,

    hoe lief ik je had.

     

     

    Maar zeg het aan geen mens.

    Ze zouden je niet geloven.

    Ze zouden niet willen geloven dat

    alleen maar een man alleen maar een vrouw,

    dat een mens een mens zo liefhad

    als ik jou.

     

     

     

     

    CouvHansAndreus.jpg

    J'entends la lumière, une anthologie, 1994

     

     

    POUR UN JOUR DE DEMAIN

     

     

    À ma mort demain,

    va-t'en dire aux arbres

    combien je t'ai aimée.

    Va le dire au vent

    qui grimpe aux arbres

    et tombe des branches,

    combien je t'ai aimée.

    Va le dire à un enfant,

    encore en âge de le comprendre.

    Va le dire à un animal,

    peut-être d'un simple regard.

    Va le dire aux murs des maisons,

    va-t'en le dire à la ville,

    combien je t'ai aimée.

     

     

    Mais n'en souffle rien aux hommes.

    Ils ne te croiraient pas.

    Ils ne voudraient pas croire combien

    rien qu'un homme rien qu'une femme,

    combien un être un autre aima

    comme moi toi.

     

    (trad. D. Cunin)

     

     

    Hans Andreus, biographie, De Bezige Bij, 1995

    CouvBioHansAndreus.jpgPoète, auteur (à succès) de livres pour les enfants et d’œuvres en prose d’inspiration autobiographique, Hans Andreus a été souvent rapproché des Vijftigers (poètes expérimentaux des années 1950 liés au mouvement CoBrA), même s’il s’est en réalité montré très éclectique et a connu un parcours bien différent de celui de son ami de jeunesse Lucebert. À 17 ans, Andreus s’est engagé pour aller combattre sur le front de l’Est. Alors qu’il vivait à Paris au début des années cinquante, il est tombé amoureux d’une Française, Odile Liénard, avec qui il vivra en Italie, une liaison tumultueuse qui constitue la trame du roman Denise (1962). Rentré en Hollande, Andreus traversera de graves crises, mais sa nature dépressive aura pour pendant une exubérance sensuelle dont regorgent certains de ses recueils. Son biographe, Jan van der Vegt, a révélé de nombreuses facettes cachées de cet homme qui fait sans doute partie des poètes les plus lus (et les plus chantés) aux Pays-Bas.

     

     

    Hans Andreus : un entretien en néerlandais

    (samenstelling Dolf Verspoor) (NB, 1975)


     

     

  • Un poème de Ramsey Nasr

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    JE VOUDRAIS ÊTRE DEUX CITOYENS

     

    Né à Rotterdam en 1974, Ramsey Nasr est écrivain, acteur et réalisateur. Après avoir été durant deux ans « poète officiel » de la ville où il réside, Anvers, il a été désigné, début 2009, et ce pour quatre ans, « poète des Pays-Bas », une fonction qui l’amène à écrire des poèmes sur des sujets de société. C’est l’un de ces poèmes qu’il déclame dans la vidéo ci-dessous : IK WOU DAT IK TWEE BURGERS WAS.


     

     


    JE VOUDRAIS ÊTRE DEUX CITOYENS

    (de manière à vivre avec moi)



    et voici mon poème, entrez je vous prie

    ne faites pas attention si ça résonne

    n’ayez pas peur, allons d’abord dans le vide

    bienvenue dans mon cratère de lumière


    vous et moi nous sommes déjà rencontrés, vous vous rappelez

    alors requinqués, sur la réserve, dans l’éclat d’un verre

    nos ombres pareilles à du cristal clair

    notre renommée aussi éphémère que l’éclairage

    sur la lettre d’une femme étale


    nous étions couverts de poussière d’or

    blêmes, presque diaphanes de trop aimer

    nous fermions les yeux l’un pour l’autre


    et aimions faire pénitence

    quand on nous demandait comment ça allait

    nous répondions conformément à la vérité

    nous sommes morts de honte, monsieur

    nous étions sacrément convaincus

    d’avoir un jour flagellé et cruciverbé

    de notre propre initiative

    le seigneur chair de notre chair

    l’apocalypse était une punition marquée

    par avance sur notre rétine


    et que s’est-il passé durant ces quelques siècles

    pendant que nous tournions la tête de l’autre côté ?


    j’aurais aimé vous montrer une patrie achevée

    pure aux métaphores menées de bout en bout

    pétrir un poème sur vous et moi, mais quand je m’y suis mis

    j’ai constaté qu’un peuple balayait

    de but en blanc un autre peuple

    pareils à deux républiques inconciliables


    comment sommes-nous passés aussi vite du futile au fruste

    des reflets à cet omniprésente masse criarde

    comment ce peuple de 4X4 a-t-il pu surgir de ces chiches chenilles ?


    ils disent : parce que dieu a disparu – notre père

    ayant décidé de se faire plus invisible qu’il n’était,

    voyons si c’est possible, non, impossible

    dieu avait fichu le camp

    et dans cette nature morte au grand absent

    les pays-bas abasourdis se retrouvaient

    la gueule encore pleine de corruptibilité

    de frivolité et d’une envie de mourir saluée par tous


    toute leur vanité se révéla vanité

    tous les semblants, la boue chérie, tout ce palais de glaces

    que l’on avait pris pour l’infini

    était déclaré à jamais inhabitable

    on entendait le givre crisser sur leurs âmes


    et de ce trou – nous sommes nés

    kevin, ramsey, dunya, dagmar, roman et charity

    comme par magie nous sommes apparus

    sautant à l’élastique, marteau gonflable orange à la main

    criant braillant antidépressifs

    ou silencieux devant un breezer gangbangé

    bienvenue aux pays-bas terre de vacances


    oui voilà ce qui arrive, ce peuple c’est ce qui reste

    une fois la culpabilité arrachée à nos corps

    nous remplissons le vide par un autre vide, rutilant


    entre chanteurs de psaumes et avaleurs de pilules

    entre l’or et le bling-bling

    j’ai trouvé un pays qui a été aboli

    ce pays, c’est la vengeance des ancêtres

    fureur iconoclaste, ils continuent de fulminer en nous

    pourtant il existe bien – de même que le lien

    entre le string pour enfants et la burka

    entre le petit-lait et le coma éthylique : creux et arrondis

    nous emboîtons nos siècles


    nous abolir les uns les autres voilà notre force

    par nature nous aspirons au vide

    tout comme le cyclope cherche l’abîme


    voyez-vous, je voulais vous montrer une patrie

    non pas ce désert d’infinie liberté

    mais c’est bien ici que nous habitons, comme ce serait beau

    de voir un jour quelqu’un à l’instar d’une divinité en solde

    édifier un pays rime après rime

    pour ce peuple en mal de son peuple


    voyez la fosse grande ouverte de notre âme

    c’est là qu’on pourrait faire quelque chose de grand

    commençons par un poème

     

    (trad. D. Cunin)

     

     

    Œuvres de Ramsey Nasr


    CouvRamsey.jpg27 gedichten & Geen lied, 2000 (poèmes)

    Kapitein Zeiksnor & De Twee Culturen, 2001 (prose)

    Twee libretto’s, 2002

    onhandig bloesemend, 2004 (poèmes)

    onze-lieve-vrouwe-zeppelin, 2006 (poèmes)

    Van de vijand en de muzikant, 2006 (recueil d'articles)

    Homo safaricus, 2008 (journal d'un voyage en Tanzanie)

    Tussen lelie en waterstofbom, 2009 (édition rassemblant ses 3 premiers recueils de poèmes)

    In de gouden buik van Boeddha, 2010 (journal d'un voyage en Birmanie ou Union du Myanmar)

     

    Ramsey Nasr a également écrit des monologues pour le théâtre, un libretto et des traductions/adaptations de deux opéras de Mozart (dont celle d'Il Re Pastore publiée dans Twee libretto's)

    Ses livres paraissent aux éditions De Bezige Bij

     

     

    PIC_0114.JPG

    poème de Ramsey Nasr sur un mur d'Anvers

     


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  • La Paix de Nimègue

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    Le poète Jaap Robben

     

     

    PaixdeNimègue.jpg

    Henri Gascard, La signature du traité de paix de Nimègue entre la France et l’Espagne, Musée Valkhof


     

    Né en 1984 aux Pays-Bas, Jaap Robben est auteur et metteur en scène.  Il a publié à ce jour les recueils Twee Vliegen (Deux mouches, 2004), De nacht krekelt (La Nuit grillonne, 2007) et Zullen we een bos beginnen? (Et si on commençait une forêt ?, 2008), trois livres illustrés réunissant des textes pour enfants. Son éditeur, De Geus, publiera cette année un roman jeunesse rehaussé d’illustrations de Benjamin Leroy, le dessinateur flamand qui a signé celles de Zullen we een bos beginnen?.

    Le 29 avril 2010, le musée Valkhof de Nijmegen, ville dont Robben est actuellement le « poète officiel », a ouvert une salle baptisée « salle de la Paix de Nimègue ». Lors de l’inauguration, Jaap Robben a lu un poème écrit pour l’occasion. Il en a présenté les traductions espagnole et française.




    Comment nous sommes devenus voisins

     


    Où nous nous trouvons, ça s’appelait

    ici

    et le lointain

    là-bas.


    Jusqu’à ce qu’une ligne sépare soudain

    notre herbe de celle des autres.


    Un trait bien plus fin que rien

    fit que dès lors nous fûmes pareils

    et tout le monde au-delà

    en réalité tout autre.



    ***

    CouvJaapRobben.png

     

    Mais c’est pour les enfants (et les plus grands) que Jaap Robben prend le plus de plaisir à écrire. Ci-dessous un poème du recueil Zullen we een bos beginnen ?

     

    JaapRobben1.png

     


    Toute l’eau vient-elle de nos chagrins ?



    Peut-on reconnaître mes larmes

    dans le bleu du globe terrestre ?


    Se rencontrent-elles

    dans la vapeur du thé ?

    dans la forte averse

    qui tient ma fenêtre éveillée ?


    Peut-être deux d’entre elles

    se retrouvent-elles

    dans un glaçon suspendu à un pont

    à moins que ce ne soit

    jamais ailleurs

    que sur une joue.

     

    (traductions : Daniel Cunin)