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Poètes & Poèmes - Page 16

  • Un poème de Bredero (1585-1618)

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    Un sonnet en français

      

    Bredero, poème, théâtre, Amsterdam, Pays-Bas, comédie

    Seul portrait connu de G.A. Bredero

    (gravure de Hessel Gerritsz., 1619)

     

     

    Fils d’un cordonnier relativement aisé d’Amsterdam, Gerbrand Adriaensz. Bredero a été surtout connu de son vivant comme auteur de théâtre. Sa comédie Spaanschen Brabander (Le Brabançon espagnol, 1617) est particulièrement savoureuse : « la pièce vaut par son réalisme intense. Adaptés ou inventés, les personnages sont pétillants de vie : petits vieux à l’esprit caustique, fossoyeur, fileuses babillardes, exempts à la main lourde… Chacun parle le langage qui convient […] Le comique revêt des aspects très variés, depuis la gaudriole jusqu’à l’humour le plus fin* ». « Il veut peindre le vice avec assez de relief pour le faire détester », a-t-on pu écrire à son sujet. Ce qui est sûr, c’est que l’Amstellodamois n’avait aucun rival dans le genre de la farce.

    Même s’il disait ne posséder que quelques rudiments de français : « een slechte Amstelredammer (die maar een weynich kints-School-frans in 't hoofd rammelde) », ceux-ci lui ont permis d’adapter en néerlandais la tragicomédie Lucelle de Louis Le Jars (1576), de traduire de la poésie, de s’inspirer d’une traduction française de L’Eunuque de Térence pour composer une de ses meilleures comédies : Moortje (La Petite Négresse, 1615) ou encore d’écrire le sonnet – certes pas forcément irréprochable – que nous reproduisons ci-dessous (extrait du volume posthume Groot Lied-Boeck).

     

    * Pierre Brachin, La Littérature néerlandaise, Armand Colin, 1962, p. 43-44.

     

    Bredero, poème, théâtre, Amsterdam, Pays-Bas, comédie

    Journal des Arts, des Sciences et de Littérature, 15 Messidor an 13

     

     

    SONNET

     

    Orsus Adieu Amour, adieu Espoir & Crainte,

    Vous troubleras non plus mon Ame ni mon Cœur.

    Alors, je prie toy mon Dieu & mon Sauveur !

    Allumez mon Esprit d’Amour devot & Saincte :

     

    L’Amour du Monde n’est que tromperie & fainte

    Leger & inconstant, vollant, & sans valeur,

    Sans rayson, sans Conseil, accompagnie de peur,

    En amitie faus, contrefaict par contrainte.

     

    Mays l’Amour de vertu est seulement fondée

    A l’unique de la Divine Trinitée,

    Qui gouverne le Ciel, qui gouverne la Terre !

     

    O Pere eternel scrivez avecq tes doicts

    Au millieu de mon Cœur, tes belles bonnes Loys,

    Que je t'en puis servir d’un amour volontaire.

     

     

    Bredero, poème, théâtre, Amsterdam, Pays-Bas, comédie

    page de titre d'un ouvrage posthume de Bredero (1621)

     

     

     

  • « Francis Jammes » de Paul van Ostaijen

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    « Jammes est riche comme est riche un coquelicot »

     P.v.O.

     

     

    En 1918, l’Anversois Paul van Ostaijen (1896-1928) retient dans son recueil Het sienjaal (Le Signal) un poème intitulé « Francis Jammes ». Maurice Carême en a donné une traduction dans son anthologie Les Étoiles de la poésie de Flandre. Guido Gezelle, Karel van de Woestijne, Jan van Nijlen, Paul van Ostaijen (Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1973, p. 183). On remarque que le Wallon a recherché la rime, absente de l’original. Ce qui l’amène à renoncer à certains mots (gelukkig = heureux, vers 1 ; nieuwe = nouveau, vers 5…), mais aussi à garder deux fois le « tu » du premier vers (le gij flamand) là où Van Ostaijen parle de Jammes à la troisième personne.

    Dans la bibliothèque du poète avant-gardiste mort de tuberculose, on a retrouvé deux recueils du Béarnais : De l’Angélus de l’aube à l’Angelus du soir (sixième édition, Mercure de France, Paris, 1911) et Feuilles dans le vent (Mercure de France, Paris, 1913).

     

    couvCarêmeEtoiles.png

     

     

     

      

    FRANCIS JAMMES

     

     

    Zo goed zijt gij als Jozef, gelukkig om het voedstervaderschap;

    toen schiepen de eenvoudigste liederen stemmen hen te zingen.

      

    D’Assisen ging tot de vogelen, d’eenvoudigste wijze van geloof.

    Dauw van de helderste morgen was hun beider kinderlijke woord.

     

    Jammes heeft een dorp gemaakt met nieuwe burgers:

    de steen, de ezel en de hond van den kantonnier. Dit is het dorp van Francis Jammes.

     

    In zijn lichte woning is hij een huis met veel meer licht;

    de helderheid van de beek en de diepte van de leeuwerikwijs.

     

    De avond is de eenvoud van een gelukkige glimworm,

    de avond van Francis Jammes; gemme, warm juweel van God.

     

     

      

     

    FRANCIS JAMMES

     

     

    Tu es aussi bon que l’était Joseph, le nourricier ;

    lors, les plus simples chants créaient des voix pour les chanter.

     

    Saint François allait aux oiseaux, simple façon de croire.

    La rosée du matin était pour eux mot ingénu à boire.

     

    Jammes, tu fis un village avec d’étranges habitants –

    la pierre, l’âne, le chien du cantonnier – un village étonnant.

     

    Dans ta maison, tu es comme une maison de lumière,

    tu es la ferveur de l’alouette, le ciel de la rivière.

     

    Le soir a la simplicité d’un ver luisant heureux,

    le soir de Francis Jammes, pierre précieuse de Dieu.

     

    trad. Maurice Carême

     

     

     

    Francis Jammes, Paul van Ostaijen, poésie, Flandre, traduction, Maurice Carême

    F. Jammes, Mémoires, préf. Monique Parent, Orthez, Gascogne, 2003

     

     

     

  • Je n’ai jamais

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    Un poème de Gerrit Kouwenaar

     

     

    CouvKouwenaarPlumes.pngGerrit Kouwenaar, dont on fêtera cette année le quatre-vingt-dixième anniversaire, a aimé sonder dans sa poésie ce qui l’entoure, gardant une certaine distance, travaillant sans perdre de vue le caractère langagier de la poésie : « Le langage appartient aux oiseaux / je suis trop homme pour voler ». Après la guerre, il est progressivement parvenu, sans cesser de traduire – par exemple Brecht et Sartre – et d’écrire des critiques, à se faire une place parmi les poètes majeurs de son pays. En 2002 il a publié son plus récent recueil intitulé Totaal witte kamer (Chambre totalement blanche) : des vers toujours aussi acérés et pénétrants. Il exerce une influence énorme, c’est un auteur incontournable. Cela n’est pas allé sans susciter chez certains du ressentiment ou se traduire, dans les années 1970-1980, par l’apparition d’épigones.

    Ses poèmes montrent qu’ils sont faits de main d’homme ; cela donne des assemblages froids, taillés à même la langue. Toutefois, ils échappent à la superficialité, à la sécheresse et révèlent une grande richesse ainsi qu’une conscience émue des choses : « l’homme s’abrite dans les mots ». Cette œuvre est charnelle, ancrée dans le monde, dénuée de sentimentalisme. Kouwenaar  prend soin d’éviter toute affectation et recourt à un registre polysémique difficile à rendre dans une autre langue. Pour lui, un poème, c’est « comme une chose ». Arrêté pendant l’Occupation pour avoir diffusé des journaux interdits, il est détenu pendant six mois dans les geôles allemandes. Après avoir passé le reste de la guerre dans la clandestinité, il publie de beaux romans. Mais reconnaissant la supériorité du grand auteur Willem Frederik Hermans dans la capacité à démasquer l’héroïsme de la Résistance (La Chambre noire de Damoclès), il décide de se consacrer à la poésie. Tout dans son œuvre est matière, chaque mot se fait substance.*

    couverture : Une odeur de plumes brûlées, trad. Jan H. Mysjkin & Pierre Gallissaires, Chambéry, Comp’Act, 2003.

     

     

     

    IK HEB NOOIT

      

    Ik heb nooit naar iets anders getracht dan dit:

    het zacht maken van stenen

    het vuur maken uit water

    het regen maken uit dorst

     

    ondertussen beet de kou mij

    was de zon een dag vol wespen

    was het brood zout of zoet

    en de nacht zwart naar behoren

    of wit van onwetendheid

     

    soms verwarde ik mij met mijn schaduw

    zoals men het woord met het woord kan verwarren

    het karkas met het lichaam

    vaak waren de dag en de nacht eender gekleurd

    en zonder tranen, en doof

     

    maar nooit iets anders dan dit:

    het zacht maken van stenen

    het vuur maken uit water

    het regen maken uit dorst

     

    het regent ik drink ik heb dorst.

     

    Gerrit Kouwenaar, Gedichten 1948-1978, Amsterdam, Querido, 1982, p. 113.

     

     

     

    JE N’AI JAMAIS

     

    Je n’ai jamais rien tenté d’autre que :

    tirer des pierres la douceur

    tirer de l’eau le feu

    tirer de la soif la pluie

     

    cependant le froid me mordait

    le pain était salé ou sucré

    le soleil un jour vibrant de guêpes

    et blanche d’ignorance la nuit

    ou noire comme il se doit

     

    parfois, je me confondais avec mon ombre

    comme on confond le mot avec le verbe

    le squelette avec le corps

    jour et nuit étaient souvent de même couleur

    sans larmes et sourds

     

    mais jamais rien d’autre que :

    tirer des pierres la douceur

    tirer de l’eau le feu

    tirer de la soif la pluie

     

    il pleut je bois j’ai soif.

     

     

    traduction Lena Westerink, Yvonne Pétrequin, Ellen Le Lardic, Brigitte Zwerver-Berret, Vincent Folliet, Daniel Cunin

     

    * Ces lignes sont en partie empruntées à la préface d’Erik Lindner : Poètes néerlandais de la modernité. Anthologie, Le Temps des Cerises, Paris, 2011.

     

     

  • Un poème, un livre – Benno Barnard

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    LANGUE MATERNELLE

     

     

    BennoNaufragé.png

    Benno Barnard, Le Naufragé,

    traduit du néerlandais par Marnix Vincent,

    Bordeaux, Le Castor astral, 2003

    (couverture : dessin de Philippe Roux).

     

     

    De langue néerlandaise, originaire des Pays-Bas mais vivant en Belgique, Benno Barnard a appris l'hébreu avec son père, parle anglais avec son épouse américaine et s’exprime couramment en français. Ce contexte culturel et historique paradoxal confère à son œuvre une tension particulière. Remarquables par leur musicalité et leur impressionnante virtuosité technique, ses poèmes, souvent longs et réunis en cycles, posent essen- tiellement la question de l’identité de l’Européen après la Seconde Guerre mondiale. Écrit à Anvers, « Langue maternelle » est à la fois un hommage à la mère disparue et à la langue maternelle.

     

     

    MOEDERTAAL

    In memoriam Christina Van Malde (1919-1995)

     

     

    U hebt het witte gezicht van de melk

    die ik dronk in het huis aan de Amstel

    waar ik geboren ben. (Zeker paste Parijs u

    nog in de lente, maar de zomer barstte uit

    uw deux-pièces, het werd november; en nu

    vulden regen en schemering de ruit:

    een negentiende eeuw legde haar blanke hand

    op mijn leven.) Mama, ik weet het wel,

    ik was een boze bloem met een roze kelk

    en ik ben niet veranderd. Ik ben iemand, niemand,

    Nederland.

    En nog altijd zuigt mijn grote mond

    op de consonant die ik zo lekker vond,

    nog altijd is mijn oudste klinker een en al verbazing

    over mijn gulzigheid en mijn verzadiging.

    Ik zal mijn hele leven melk hebben gegeten.

     

    U herinnert mij aan dingen die ik nooit geweten heb.

    U maakt rijmpjes, zoals vroeger, en vangt mij in het web

    van Sebastiaan.

    Vandaag was u weer mijn gouvernante met het knotje:

    vandaag hebben we redelijkheid, zedelijkheid,

    de vlucht der vogels en een beetje God gedaan.

     

    Pas hier in Antwerpen ben ik van u gaan houden

    als een verloofde met blauw geslagen ogen

    en het hart van een leeuwin. Vaak zit u aan de bar

    te babbelen, maar zijn uw naakte benen in elkaar

    verstrengeld

    om het kleine roofdier te beschermen… Ik slik

    uw diftongen als ouwels en noem u Lieve,

    want iemand moet u zonder ironie zo noemen;

    ik neem u

    mee naar huis en hoor in mijn slaap uw onzekere hakken

    op de glanzende honingraat van de kasseien.

     

    U bent Katinka genoemd door mijn latere vader.

    U bent mijn moeder die niet naar mij luistert,

    maar praat dat het gedrukt staat op mijn muren.

    O dode moeder,

    morgen is er weer een nacht waarin ik opschrijf:

     

    ik ben niet alleen van mijzelf.

     


    podcast

     

     

    LANGUE MATERNELLE

    In memoriam Christina Van Malde (1919-1995)

     

     

    Vous avez le blanc visage du lait

    que j’ai bu dans la maison de l’Amstel

    où je suis né. (Oui, Paris vous allait encore

    au printemps, mais l’été débordait

    de votre deux-pièces, et ce fut novembre ;

    et la pluie et le crépuscule remplirent

    la vitre : un XIXe siècle posa sa pâle

    main sur ma vie.) Maman, je sais bien,

    j’étais une fleur rebelle au calice rose

    et je n’ai pas changé. Je suis quelqu’un, personne,

    homme du Bas-Pays.

    Grande gueule, toujours et encore je suce

    la consonne que je trouvais si délicieuse,

    toujours et encore ma plus ancienne voyelle s’émerveille

    de ma voracité, de ma satiété.

    Toute ma vie j’aurai mangé du lait.

     

    Vous me rappelez des choses que je n’ai jamais sues.

    Vous faites des vers, comme jadis, et m’attirez

    dans la toile de la chanson.

    Aujourd’hui vous étiez à nouveau ma gouvernante

    avec son chignon : aujourd’hui nous avons fait

    la rationalité, la moralité, le vol des oiseaux et Dieu, un peu.

     

    Je n’ai commencé à vous aimer qu’ici à Anvers

    comme une fiancée aux yeux meurtris, bleuis,

    et au cœur de lionne. Souvent, au bar,

    vous bavardez, mais vos jambes nues sont

    entrelacées

    afin de protéger le petit fauve… J’avale

    vos diphtongues comme des hosties et vous appelle Chérie,

    car quelqu’un doit vous appeler ainsi sans ironie ;

    je vous emmène

    à la maison et dans mon sommeil j’entends

    vos talons incertains sur les losanges luisants des pavés.

     

    Katinka, c’est le nom que vous donna mon nouveau père.

    Vous êtes ma mère qui ne m’écoutez pas

    mais qui parlez à en imprimer mes murs.

    Ô mère morte,

    demain viendra une autre nuit où je noterai :

     

    je n’appartiens pas qu’à moi.

     

    trad. M. Vincent 

     

     

    BennoSiècle.png« Ici, plus d’émotions restreintes jouées sur une portée parcimonieuse, mais une respiration plus large, une interrogation métaphysique plus audacieuse à travers un vers librement rythmé, gorgé d'assonances, cellule en expansion de poèmes plus longs (et parfois de cycles de poèmes...) où se mêlent des séquences narratives ainsi qu’une méditation en saccades qui ne reculera ni devant l’émotion forte, ni devant l’image chargée sinon ‘‘choquante’’. Surgissent ainsi, au cœur des poèmes du Naufragé, des personnages et des lieux précis, très belges à vrai dire : des poètes se rencontrent à Watou (en Flandre-Occidentale), un amour déchirant est vécu à Bruxelles, on capte conversations et gestes à Anvers. Tout y est contemporain mais habité d’une nostalgie, d’une mémoire – heureuse ou torturante – qui travaille ou bouleverse les protagonistes. À l’évidence, les grandes références du poète Benno Barnard sont anglo-saxonnes, Rimbaud et Apollinaire dussent-ils émettre, çà et là, benno barnard,poésie,traduction,jacques darras,belgique,pays-bas,marnix vincentquelques signes. On songe moins aux Cantos d’Ezra Pound qu’à une suite poétique qui campe la vie de toute une ville tel le Paterson de W.C. Williams (la ville dont l’atmosphère imprègne la plupart des poèmes-séquences du Naufragé s’appelle An- vers...) ou aux longues compositions élégiaques, avec reprises fuguées, de T.S. Eliot (Mercredi des cendres) ou de W.B. Yeats (La Tour).

     

    BennoBelgie.jpg« Le Naufragé, solide cycle de sept poèmes dramatiques et incantatoires qui donne son titre à l’ensemble du livre, met en scène les rencontres, les errances et les propos alternés d’un ‘‘je’’ englué dans une passion malheureuse et d’un marin originaire des Îles Canaries, échoué à Anvers, et appelé Garcia. À l’origine, ce long poème fut écrit en marge de tableaux du peintre Jan Vanriet qui se référaient à l’Évangile de saint Jean. De fait, les allusions à cet évangile du Verbe abondent dans le poème : le Jourdain y devient l’Escaut et Garcia se profile à la fois comme un Christ et comme un nouvel Ulysse errant dans une ville tout à la fois juive, chrétienne et païenne… Dans ce tourbillon, le lecteur se met peu à peu à habiter et à vivre les émotions et les rêveries des ‘‘personnages’’. C’est avec le ‘‘je’’ du poème qu'il s’adressera à Garcia et qu’il l’écoutera ; c’est avec le même ‘‘je’’ que le lecteur, après la mort du Christ-Ulysse, parlera directement à la femme aimée et bafouée, présente en filigrane dès le début du cycle. De cette BennoAntho.pngmanière, le ‘‘naufragé’’ du titre concerne au bout du compte tous les acteurs impliqués dans l’écriture (et dans la lecture) de ce long cycle de poèmes composé avec doigté et sur un ton vibrant qui ne faiblit pas… » (Frans De Haes, « Benno Barnard, une voie singulière », Septentrion, 2003, n° 2, p. 81).

     

     

     

    Les couvertures

     

    Benno Barnard, Fragments d’un siècle. Une autobiographie généalogique, traduit du néerlandais par Monique Nagielkopf, Bordeaux, Le Castor Astral, 2005. 

    Benno Barnard, La Créature : monologue (théâtre), traduit du néerlandais par Marnix Vincent, Bordeaux, Le Castor astral, 2007.

    Jacques Darras, Geef mij maar België ! Moi, j’aime la Belgique !, préface de Geert van Istendael, traduction de Benno Barnard, Louvain, P., 2012 (édition bilingue).

    Ceci n’est pas une poésie. Een Belgisch-Franstalige ANTHOLOGIE belge francophone, Amsterdam/ Antwerpen, Atlas, 2005 (Benno Barnard a collaboré à la traduction de cette anthologie qui couvre 150 ans de poésie belge francophone).

     

     

  • Deshima, n° 6

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    De Anna Maria van Schurman à Rozalie Hirs

     


     

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    Anna Maria van Schurman


    Le dernier numéro de Deshima, revue d’histoire globale des pays du Nord, est largement consacré aux pays scandinaves à travers des dossiers portant sur le développement durable dans l’architecture et l’urbanisme et sur la littérature jeunesse. La rubrique « Savants mélange » invite ensuite le lecteur en Islande dans les pas de Xavier Marmier, à Paris dans ceux de Hans Christian Andersen et en Finlande dans l’œuvre de la peintre Helene Schjerflbeck.

    Les Pays-Bas ne sont toutefois pas oubliés : une visite, en 1652, de la Hollande savante, entre autres chez Anna Maria van Schurman, avec le grand érudit français Pierre-Daniel Huet, un article charnière dans la carrière de Johan Huizinga ainsi qu’un choix de poèmes de Vasalis et de la compositrice Rozalie Hirs*.

     

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     SOMMAIRE

     

    Thomas Beaufils & Thomas Mohnike : Préface


    Modèle nordique et développement durable

    Deshima, poésie, Pays-Bas, Scandinavie, Vasalis, Rozalie Hirs, Pierre-Daniel Huet, Xavier MarmierAurélie Choné & Philippe Hamman : Faut-il rendre la ville invisible ? Retours sur le « modèle nordique » d’urbanisme durable

    Philippe Hamman : Les ex- périences de « villes durables » nordiques en Europe. Visibilité et invisibilité d’un « modèle » d’action publique

    Karine Dupré : Ville ou quartier durable en Fin- lande. Entre modèle et fantasme

    Karen Hoffmann-Schickel : Le village du Père Noël de Rovaniemi : imaginaires du Nord, syncrétisme culturel et construction éco-touristique

    Giacomo Bottà : Sustainable Helsinki as a Reality and as a Cultural Representation

    Klas Sandell : Friluftsliv et allemansrätt : « vie au grand air » et droit universel d’accès à la nature en Suède : Identité, démocratie et inspiration éco-politique (trad. Emmanuel Curtil)

    Martin Kylhammar : Écologie et politique ? Et si l’on donnait la parole aux écrivains... (trad. Mélanie Hatava & Mélanie Louchard, révisée par Sylvain Briens)

     

    L’identité en question(s) dans la littérature de jeunesse scandinave

    Deshima, poésie, Pays-Bas, Scandinavie, Vasalis, Rozalie Hirs, Pierre-Daniel Huet, Xavier MarmierBente Christensen : L’argent et la vie : la littérature pour jeunes filles dans la Norvège de l’entre-deux-guerres

    Lena Kåreland : Les différents visages du pouvoir – classe, genre et sexualité. La littérature suédoise pour la jeu- nesse, 1985-2010

    Björn Sundmark : Guer- riers égarés : Les Vikings dans la littérature de jeunesse

    Catherine Renaud : Entre tradition, modernité et mondialisation, l’identité culturelle dans le livre pour la jeunesse danois contemporain

    Svante Lindberg : Performativité et ap- partenance samis et amérindiennes dans le roman pour la jeunesse. Ann-Hélen Laestadius (Suède) et Michel Noël (Québec)

    Annelie Jarl Ireman : La nouvelle Suède vue de l’intérieur. Jeunes en quête d’identité

     

    Savants mélanges

    Deshima, poésie, Pays-Bas, Scandinavie, Vasalis, Rozalie Hirs, Pierre-Daniel Huet, Xavier Marmier

    Pierre-Daniel Huet

    Guillaume Ducœur : Pierre-Daniel Huet et la Hollande : voyage, éru- dition et éditions

    Gaëlle Reneteaud : Évo- lution de la représentation de l’Islande et des Is- landais en France, l’apport du philologue et voyageur Xavier Marmier au XIXe siècle

    Kristina Junge Jørgensen : Hans Christian Andersen à Paris

    Anne-Estelle Leguy : Les visages d’Helene Schjerfbeck (1862-1946) – les traits contrastés d’une légende

    Johan Huizinga : De l’oiseau Charadrius (trad. Thomas Beaufils, Sébastien Pettoello, Guillaume Ducœur  & Martine Breuillot)

     

    Arts et lettres des pays du Nord

    Rozalie Hirs : Poèmes (trad. Kim Andringa & Daniel Cunin)

    M. Vasalis : Poèmes (trad. Daniel Cunin & Kiki Coumans)

     

    Pour se procurer le  numéro (392 p., 15 euros) : revue Deshima

     


    Deshima, poésie, Pays-Bas, Scandinavie, Vasalis, Rozalie Hirs, Pierre-Daniel Huet, Xavier Marmier* Les 10 poèmes de Rozalie Hirs publiés dans ce numéro sont extraits de Geluks- brenger (2008). Nous proposons ci-dessous un poème en néerlan- dais et sa version an- glaise tels qu’ils figurent dans le récent recueil ge sta mel de werken (Amsterdam, Querido, 2012) : il s’agit du premier volet d’une série qui explore les règles intrinsèques du néerlandais et de l’anglais – par le moyen de structures syntaxiques – à partir de groupes  lexicaux  présents dans le poème [0].

     

     

    het wil en wil je

     

    [0]

     

     

    het wil en wil je tegen die boom daar

    zien van hoe je stam bloeit in parels

    vochtigst zaadbad weg te drinken grasland

    in zeven sloten langs het tafelblad tegelijk

    onze handen elkaar te grazen trapgat

    nemen roekeloos waar met ons het roer om

    en om zonder een lettergreep knoppen

    betasten de jij en jij die wij bloot in het verwogen

    verhemelte weg te gaan aangroeien

    tot duizend sterren wegschietende

    hemelen er binnenin wegen

    tegen een huidrots van water?

     

     

     

    long at present longing

     

    [0]

     

     

    it wants and will you against that tree there

    look away from your stem blossoming pearls

    wettest bath of seeds drink pastures

    seven streams along the tabletop at once

    meadowing our hands into a daredevil stairwell

    turn the helm to where with us around and around

    without a syllable feel buds uncovering

    the you and you of us stirred bare in the palate

    go to grow away into a thousand stars

    expulsion of heavens inside as to weigh

    against the skinrock of water?



    deux reproductions du tableau de Helene Schjerfbeck, Park Alley, 1882-1884 (détails), Ostrobothnian Museum, Collection Karl Hedman (Pohjanmaan Museo) (©: Vaasa, Ostrobothnian Museum, Collection Karl Hedman).